00_TAI CHI CHUAN - Page 2 - Ce qu'est le Tai Chi Chuan (Taiji quan ) en 9 chapitres © Éditeur - La Griffe du Tigre 4 rue de Pouvet, 17770 Burie Avril 2011 Conception graphique de la couverture : Yves Cozic Traduction des textes chinois : Claudy Jeanmougin I l n’est plus rare de voir, lors d’une promenade matinale dans un parc, un groupe de personnes qui évoluent lentement avec des gestes majestueux, aussi étranges que beaux, qui ne manquent jamais d’interroger le passant, spectateur malgré lui d’une sorte de danse qui se perpétue depuis des millé- naires. Quand ce passant ose satisfaire sa curiosité, il apprend que ces gens font du Taiji quan (Tai Chi Chuan). Oui, dans ce petit livret, il ne sera question que de cette disci- pline chinoise, née dans la nuit des temps, qui a réussi à conquérir l’Occident après des millénaires de confinement dans un milieu qui se veut encore le centre du monde, la Chine, l’empire du mi- lieu comme son nom chinois l’indique : Zhong guo 中國 (guo 國 : pays ; zhong 中 : centre). Il serait présomptueux, dans ces lignes, de vous faire partager la pratique du Taiji quan, car il nous faudrait faire un choix parmi tous les styles qui existent. Ce choix vous appartient et vous saurez vous renseigner, là où vous vivez, pour trouver un cours qui vous convienne, ou des ouvrages spécialisés présentant les différents styles. En effet, si le Taiji quan est unique, il existe de nombreuses écoles comme c’est le cas dans tous les arts martiaux, parce qu’il est aussi un art martial. Cependant, malgré la diversité des écoles, les principes demeurent uniques. Ils sont contenus dans des textes qu’on a coutume de nommer « Classiques ». Introduction 3 TAI CHI CHUAN Un art de vivre Ce que nous vous proposons consiste en une courte promenade jalonnée de neuf chapitres pour vous faire découvrir l’essence de la discipline par l’intermédiaire de la culture chinoise. S’il n’est pas nécessaire d’être chinois pour pratiquer le Taiji quan, il serait vain de vouloir en saisir toute sa saveur sans un minimum de connaissances. Romanisation du chinois Transcrire un son chinois avec notre alphabet demande cer- taines règles, il en existe plusieurs dont celles adoptées par les chinois dans les années cinquante qui est le pinyin 拼 音. De nos jours, il est le système le plus usité dans le monde entier. En France, les lettrés utilisent encore le système de l’École Française d’Extrême-Orient… Les sinologues avertis seront certainement surpris par le choix que nous avons effectué de la romanisation du chinois pour le titre du livret Tai Chi Chuan, alors qu’en pi- nyin nous aurions Taiji quan. La romanisation Tai Chi Chuan ne répond à aucune règle, même lue dans notre langue, le son demeure très éloigné du chinois. Pour le non-initié, nous aurions pu écrire : « taille dji tchuanne » et nous aurions approché au mieux les différents phonèmes. Mais voilà, il y a les habitudes qui sont dures à combattre lorsqu’elles sont devenues une se- conde nature. Tout au long de ce livre, à l’exception du titre Tai Chi Chuan, nous utiliserons le pinyin, ce qui permettra au sinologue amateur de retrouver les caractères chinois plus facilement dans un dic- tionnaire. Dans le corps du livre, Taiji quan sera toujours en pi- nyin afin d’éviter les confusions possibles entre les homophones. 4 Chacun des chapitres aura une présentation identique et pourra être lu dans l’ordre qui vous conviendra. La voie est unique, mais les chemins sont multiples… Choisissez les vôtres au gré de votre balade, le tout finira bien par se reconstruire. Tout d’abord, une introduction à la numérologie chinoise en relation avec le titre du chapitre, qui n’est rien d’autre que le nu- méro en chinois, l’énergétique et les classiques. Selon les textes classiques de référence, nous ne manquerons pas de faire une ap- proche simple des philosophies chinoises marquantes. Savoir d’où nous vient cette discipline nous conduira à un petit historique sur ses précurseurs en sachant bien que la légende, l’histoire et la pe- tite histoire font bon ménage dans la culture chinoise. Sans entrer dans les détails qui différencient les écoles, nous présenterons les grandes lignes directrices des techniques de la discipline. Puis, nous montrerons tous les aspects du Taiji quan qui en font sa richesse sans oublier les prolongements possibles. Enfin, sans vous faire entrer dans un style particulier, nous vous ferons goûter à la pratique avec quelques exercices que vous pourrez ainsi exé- cuter sans crainte de vous blesser. Nous espérons que le plaisir de cette promenade se poursuivra au-delà de ce livre et pourquoi ne vous conduirait-elle pas jusqu’à un cours de Taiji quan… Introduction 5 CHAPITRE 1 YI 一 ZHANG SANFENG L ’énumération commence toujours par le chiffre 1. Le compte à rebours se termine par zéro… Ce zéro que les Indiens ont inventé tardivement et que les Chinois ont fini par adopter sans vraiment en avoir eu jamais besoin… Le 1 serait-il donc un début et le 0 une fin ? Une telle question ne peut pas se poser dans l’esprit chinois, tout comme le 1 ne peut être la suite du zéro. Qu’y a-t-il donc avant ce Un qui marque une nais- sance, un renouveau, car n’est-il pas associé à la naissance du printemps ? «Au commencement il y avait le néant, le néant n’avait pas de nom (Wuji 無 極). De là se reproduisit l’un (Taiyi 太 一); il y eut l’un sans avoir de forme matérielle (Taichu 太 初). Les êtres en naquirent (Tai- shi 太 始) : c’est ce qu’on appelle sa vertu (De 德 ). Dans ce qui n’avait pas de forme, il y eut une distribu- tion (Taiji 太 極) d’où s’en- suivit un mouvement perpétuel qui a pour nom Destin (Ming 命). Au cours de ces trans- formations sont nés les êtres.» Zhuangzi Œuvres complètes, chap. XII Chapitre 1 Yi 一 9 Numérologie chinoise En numérologie chinoise, il ne s’agit pas de prévoir l’avenir à partir des éléments chiffrés de sa naissance. Après avoir révélé la situation d’ambiance au moment de la naissance, elle peut, à chaque instant de la vie, faire une sorte « d’état des lieux » qui permettra d’effectuer des choix en fonction de la circonstance. Le libre-arbitre de- meure constant puisque le consultant est livré à lui-même devant ses choix possi- bles. L’avantage de la consultation en nu- mérologie est de bénéficier d’une vue lucide de ses choix. Le nombre 1 : yi 一 (prononcez comme notre voyelle i). De type Yang, il repré- sente l’unité et se relie à l’hiver et au froid. Mots clés : début, individuel, précurseur, lancement, entreprise, solitaire. TAI CHI CHUAN Un art de vivre Avant le Grand Un (Taiyi 太 一) il y eut le Non-Faîte (Wuji 無 極), le « grand chaos primordial » qui comprend toutes les poten- tialités sous une forme non organisée. Le Grand Un correspond à un début d’organisation de cette espèce de magma sans que la forme ne soit encore manifestée. N’oublions pas que dans la pen- sée chinoise, l’organisation de l’être correspond à la représentation microscopique de l’univers, le macrocosme. De plus, il y a influence réciproque entre l’univers et l’être humain : l’empereur des Chinois n’était-il pas le fils du ciel ? De ce fait, pour être en parfait équilibre, l’être humain doit être en phase avec l’ordre de l’Univers et, surtout, il ne doit pas aller à l’encontre des lois qui régissent cet agencement tellurique et cosmique puisqu’il est la conjonction des forces (énergies) du Ciel et de la Terre. Les règles de l’ordre universel sont à respecter sous peine de voir ces forces se retourner contre soi, ce qui a donné naissance au rituel que nous retrouvons dans la pratique du Taiji quan, et particulièrement en début de séance avec le Salut. Notons que nous avons affaire ici à une écologie avant l’heure : respect des lois de la nature, totalement lié à la notion de non-intervention (Wu Wei 無為) chère aux Taoïstes. Le Rituel de la pratique : le Salut La notion de rite est tellement importante dans la pensée chi- noise qu’elle a fait l’objet d’un ouvrage complet, le Liji 禮記, qui traite absolument de tous les actes de la vie, de la naissance à la mort. Si le rituel est manifeste dans le Salut qui s’exécute avant et 10
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