Lire un extrait de Aux prises avec la mort de Peter James - Page 3 - Lire un extrait de Aux prises avec la mort de Peter James DU MÊME AUTEUR Comme une tombe, Pocket, 2007 La mort leur va si bien, Pocket, 2008 Mort… ou presque, Pocket, 2009 Tu ne m’oublieras jamais, Fleuve Noir, 2010, et Pocket, 2011 La mort n’attend pas, Fleuve Noir, 2011, et Pocket, 2012 À deux pas de la mort, Fleuve Noir, 2012, et Pocket, mars 2013 194369FLX_JAMES_fm9.fm Page 4 Mercredi, 13. février 2013 7:47 19 PETER JAMES AUX PRISES AVEC LA MORT Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Raphaëlle Dedourge 194369FLX_JAMES_fm9.fm Page 5 Mercredi, 13. février 2013 7:47 19 Titre original : Dead Man’s Grip Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2e et 3e a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple ou d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Copyright © 2011, Really Scary Books/Peter James © 2013, Fleuve Noir, département d’Univers Poche, pour la traduction française. ISBN : 978-2-265-09627-1 194369FLX_JAMES_fm9.fm Page 6 Mercredi, 13. février 2013 7:47 19 7 1 Le matin de l’accident, Carly avait oublié de mettre son réveil. Elle se leva en retard, avec une méchante gueule de bois. Un chien mouillé l’écrasait de tout son poids et quelqu’un, dans la chambre de son fils, jouait de la batterie comme si sa vie en dépendait. Pour ne rien arranger, il pleuvait des cordes. Elle resta allongée quelques instants, histoire de reprendre ses esprits. Elle avait rendez-vous chez le podologue pour un problème de cor au pied. Dans un peu plus de deux heures, un client qu’elle détestait l’attendrait à son cabinet. Et elle avait l’intime conviction que la journée n’irait pas en s’arrangeant. À l’instar du bruit de la caisse claire. — Tyler ! hurla-t-elle. Arrête, nom de Dieu ! Tu es prêt ? Otis sauta du lit et aboya furieusement en découvrant son reflet dans un miroir. La batterie cessa. Carly tituba jusqu’à la salle de bains, trouva la boîte de paracétamol et avala deux comprimés. Je ne montre vraiment pas le bon exemple à mon fils, songeat-elle. Je suis même un mauvais exemple pour mon chien ! 194369FLX_JAMES_fm9.fm Page 7 Mercredi, 13. février 2013 7:47 19 Comme si c’était écrit dans le scénario, Otis fit son entrée dans la salle de bains, sa laisse entre les dents. — Y a quoi au petit déj, maman ? cria Tyler. Elle se regarda dans le miroir. Dieu merci, son visage était caché derrière sa tignasse blonde, qui ressemblait à de la paille sale. Elle avait l’impression d’avoir deux cent quarante et un ans – et non quarante et un. — De l’arsenic ! répondit-elle, enrouée par les trop nombreuses cigarettes de la veille. Du cyanure et de la mort-aux-rats ! Otis se mit à piétiner. — Désolée, Otis, pas de promenade ce matin. Plus tard, OK ? — C’est ce que j’ai mangé hier ! répondit Tyler à tue-tête. — Ouais, mais de toute évidence ça n’a pas marché, pas vrai ? Elle fit couler l’eau, attendit qu’elle soit chaude et se glissa sous la douche. 194369FLX_JAMES_fm9.fm Page 8 Mercredi, 13. février 2013 7:47 19 9 2 Assis dans sa cabine, en hauteur, Stuart Ferguson attendait impatiemment que le feu passe au vert. Il portait un jean, de gros godillots, un polo et une combinaison aux couleurs de sa société. Les essuie-glaces chassaient bruyamment la pluie. À cette heure de pointe, le trafic était saturé sur Old Shoreham Road. Le moteur de son semi-remorque vingt-quatre tonnes réfrigéré Volvo, seize roues, ronflait, tandis qu’un courant d’air tiède réchauffait ses jambes. On était déjà en avril, mais l’hiver ne voulait pas partir ; il avait eu de la neige au début de son trajet. Le réchauffement planétaire ? À d’autres ! Il bâilla, contemplant de son regard voilé la matinée pluvieuse, puis avala une longue gorgée de Red Bull. Il reposa la canette dans son porte-gobelet et passa sa grosse main moite sur son crâne rasé, avant de marteler le volant au rythme de la chanson « Bat Out of Hell », qui passait suffisamment fort pour réveiller les poissons morts, à l’arrière. Il en était à sa cinquième ou sixième canette en quelques heures. Il tremblait – excès de caféine. Mais il n’y avait que ça, et la musique, pour le tenir éveillé. 194369FLX_JAMES_fm9.fm Page 9 Mercredi, 13. février 2013 7:47 19 10 Il avait quitté Aberdeen, en Écosse, la veille, dans l’après-midi, et avait roulé toute la nuit, soit neuf cent soixante-dix kilomètres au compteur. Cela faisait dixhuit heures qu’il était sur la route. Il n’avait quasiment pas fait de pause, à part pour acheter à manger sur l’aire de Newport Pagnell et pour faire une courte sieste sur une autre aire de stationnement, deux heures avant. Sans cet accident à la jonction entre la M1 et la M6, il serait arrivé à Brighton une heure plus tôt, soit à 8 heures, comme prévu. Mais aucun déplacement ne se passait « comme prévu ». Il y avait toujours des accidents. Partout. Tout le temps. Trop de voitures, trop de camions, trop d’imbéciles, trop de distractions, trop de gens pressés. C’était toujours le même refrain. Mais il était fier de son palmarès : pas le moindre accrochage en dix-neuf ans – pas même un PV. Il jeta un coup d’œil machinal au tableau de bord, vérifia le niveau d’huile, la température – et le feu passa au vert. Il enclencha la première, traversa l’intersection, s’engagea sur Carlton Terrace, puis descendit vers le bord de mer, qui se trouvait non loin. Après un arrêt à la saumonerie Springs, située à quelques kilomètres au nord de Brighton, dans la région des Downs, il lui restait une dernière livraison pour vider son chargement. Il s’agissait du supermarché Tesco du centre commercial Holmbush, en proche banlieue. Il se rendrait ensuite au port de Newhaven, où il embarquerait un lot d’agneaux surgelés de Nouvelle-Zélande, grappillerait quelques heures de sommeil sur le quai et reprendrait la route pour l’Écosse. Où il retrouverait Jessie, qui lui manquait terriblement. Il regarda la photo d’elle fixée sur le tableau de bord, à côté des photos de ses deux gosses, Donal et Logan. Eux aussi lui manquaient énormément. Maddie, son ex-femme, qu’il ne pouvait plus supporter, 194369FLX_JAMES_fm9.fm Page 10 Mercredi, 13. février 2013 7:47 19 11 l’empêchait de les voir régulièrement. Mais sa douce Jessie l’aidait enfin à retrouver goût à la vie. Enceinte de quatre mois, elle portait leur enfant. Après trois années infernales, il était enfin sorti du tunnel, l’avenir lui souriait, il pouvait tourner le dos à un passé fait de reproches et de regrets. En général, quand il faisait ce trajet, il dormait davantage pour rester vigilant et être en conformité avec la législation. Mais le système de réfrigération était HS, la température à l’intérieur de la remorque augmentait facilement et il ne pouvait pas risquer de gâcher sa précieuse cargaison de Saint-Jacques, gambas, crevettes et saumons. Il fallait qu’il continue à rouler. Tant qu’il était prudent, il ne risquait rien. Il connaissait les endroits où étaient organisés les contrôles et, en écoutant la CB, il savait où se trouvaient actuellement les policiers. C’était d’ailleurs pourquoi il avait décidé de passer par le centre-ville plutôt que par la rocade extérieure. Mais la chance n’était pas avec lui. Des lumières rouges se mirent à clignoter et des barrières se baissèrent : le passage à niveau de la gare de Portslade allait se fermer. Les véhicules qui le précédaient freinèrent l’un après l’autre. Il appuya lui aussi sur la pédale, dans un crissement fort désagréable. Sur la gauche, il vit un homme blond ouvrir la porte de l’agence immobilière Rand & Co, luttant contre le vent et la pluie. Il se représenta la vie des gens qui ont ce genre de boulot. Aller au bureau tous les matins, rentrer chez soi le soir, auprès de sa petite famille, plutôt que passer des jours et des nuits seul, sur la route, manger dans les cafétérias des stations-service, avaler un hamburger devant une minuscule télévision, au fond de sa cabine… Peut-être serait-il encore marié s’il avait choisi ce genre de travail. Peut-être verrait-il encore ses gamins tous les soirs et tous les week-ends. 194369FLX_JAMES_fm9.fm Page 11 Mercredi, 13. février 2013 7:47 19 Mais il savait pertinemment qu’il n’aurait jamais été heureux coincé dans un bureau. Il aimait la liberté qu’offre la route. Il en avait besoin. Il se demanda si le gars qui ouvrait l’agence s’était un jour retourné sur un camion comme le sien en rêvant de s’asseoir au volant. L’herbe est toujours plus verte dans le pré du voisin. La vie lui avait appris que, quoi que l’on fasse, où que l’on soit, on n’est jamais à l’abri. Tôt ou tard, on marche dans une merde. 194369FLX_JAMES_fm9.fm Page 12 Mercredi, 13. février 2013 7:47 19
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