Lire un extrait de Le seigneur des ames de Greg Keyes - Page 1 - Lire un extrait de Le seigneur des ames de Greg Keyes Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L.122-5, 2e et 3e a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple ou d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. © Copyright © 2011 ZeniMax Media Inc. ZeniMax, Bethesda Softworks, Bethesda Game Studios, The Elder Scrolls, Oblivion and Morrowind are trademarks or registered trademarks of ZeniMax Media Inc. in the US and/or other countries. Used under license. All Rights Reserved. © 2012, Fleuve Noir, département d’Univers Poche, pour la traduction française. ISBN : 978-2-265-09380-5 Titre Original : Lord of Souls (An Elder Scrolls Novel) This translation published by arrangement with Del Rey, an imprint of The Random House Publishing Group, a division of Random House, Inc. Ouvrage publié sous la direction de Bénédicte Lombardo Fleuve Noir, une marque d’Univers Poche, est un éditeur qui s’engage pour la préservation de son environnement et qui utilise du papier fabriqué à partir de bois provenant de forêts gérées de manière responsable. 186108TGE_ELDER2_fm9.fm Page 6 Mardi, 23. octobre 2012 4:55 16 PREMIÈRE PARTIE 186108TGE_ELDER2_fm9.fm Page 33 Mardi, 23. octobre 2012 4:55 16 35 Chapitre 1 Le vent poussa Colin à ouvrir les yeux mais c’est en voyant la fenêtre déverrouillée que son cœur se mit à battre la chamade et ce fut l’absence de bruit qui lui fit tendre le bras vers le poignard caché sous son matelas. Une main rencontra la sienne et se referma sur son poignet, avec force. Il fit volte-face pour frapper l’ombre entraperçue dans l’obscurité mais on lui agrippa également les chevilles. Un sac s’abattit sur sa tête, suivi d’un retour au sommeil qui aurait pu se faire en douceur si une partie de son être n’avait pas hurlé qu’il ne se réveillerait jamais. Ce qui s’avéra faux, d’ailleurs. Le sac et l’odeur écœurante du somniculous étaient toujours là, mais l’effet de la drogue s’était de toute évidence dissipé. Il était allongé sur une surface à la fois dure et mouvante. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu’il se trouvait sur un navire ballotté par les flots. Ses mains et ses pieds étaient soigneusement ligotés. Ses ravisseurs ne disaient rien mais il percevait leur souffle et leurs halètements d’efforts liés au maniement des rames. Impossible de discerner quoi que ce soit à travers l’étoffe, à l’exception de la lumière. Mais il sentait le 186108TGE_ELDER2_fm9.fm Page 35 Mardi, 23. octobre 2012 4:55 16 36 soleil sur sa peau et estima qu’il devait être environ midi. Peu après, il y eut quelques secousses puis les heurts d’un bateau qui accostait. Colin huma une odeur de sapins. Ils tranchèrent les liens à ses pieds et le firent marcher. Il ne cessait de se répéter qu’il devrait dire quelque chose, mais ses ravisseurs se comportaient de manière si professionnelle qu’il savait que cela ne servirait pas à grand-chose. Il serait impossible de les convaincre de renoncer à ce qu’ils avaient prévu pour lui. Il ne pouvait que patienter en se demandant ce que le sort lui réservait. Le sentirait-il ? Saurait-il que le moment fatidique était arrivé ? Colin avait un jour tué un homme. Il était mort en pleine confusion, suppliant, incapable d’admettre ce qui lui arrivait. Le jeune homme aurait voulu revoir sa mère et, prenant conscience qu’il pleurait, il se sentit honteux. Il aurait aimé faire preuve de plus de bravoure. La prise sur son bras se relâcha. Il tenta de ne pas trembler. Puis l’un des hommes émit un bruit particulier, semblable au soupir d’un homme fourbu enfin capable de s’allonger. — Quoi ? demanda l’autre avant d’inspirer vivement. Colin entendit distinctement deux bruits sourds puis plus rien pendant quelques instants. Il se demanda s’il devait tenter de fuir. — Pour qui travailles-tu ? demanda une voix féminine. Il la reconnut et un frisson glacé lui parcourut l’échine. La dernière fois qu’il avait entendu cette voix, c’était dans une maison du quartier des marchés, juste 186108TGE_ELDER2_fm9.fm Page 36 Mardi, 23. octobre 2012 4:55 16 37 avant que sa propriétaire massacre au moins huit hommes. — Allons, dit-elle. Parle ! — Je n’ai pas le droit de vous le dire, répondit-il. — Ne bouge pas. Quelques secondes plus tard, le sac qui lui recouvrait la tête fut retiré. Elle se trouvait là, devant lui. Letine Arese. Sa silhouette fine, son nez retroussé et ses cheveux blonds et courts lui donnaient presque l’allure d’une petite fille. Colin savait néanmoins qu’elle avait trente et un ans et il n’y avait rien d’enfantin dans la froide intensité de ses yeux bleus. Des yeux qui l’observaient à présent d’un air suspicieux. — Ta tête me dit quelque chose, dit-elle. Je t’ai déjà vu. J’imagine que c’est logique. Il jeta un coup d’œil vers les deux corps étendus derrière elle. Le premier était un Argonien, le deuxième un Bosmer. Tous deux semblaient morts, sans toutefois qu’il puisse en deviner la cause. — Ils t’avaient amené ici pour te tuer, dit-elle. — J’avais compris, répondit Colin. Je vous suis reconnaissant d’avoir empêché ça. — Vraiment ? Nous y reviendrons dans un moment, dit-elle en croisant les mains dans son dos. Elle était vêtue à la manière des Bosmers vivant dans les bois, avec de hautes bottes, des chausses et un gilet en cuir souple. Une tenue inhabituelle sur elle, pour ce qu’il en savait ; il l’avait toujours vue plus ou moins habillée à la mode citadine. — Que dirais-tu si j’affirmais qu’ils travaillaient pour moi ? demanda-t-elle. — Je ne saurais quoi penser, répondit Colin avec prudence. 186108TGE_ELDER2_fm9.fm Page 37 Mardi, 23. octobre 2012 4:55 16 38 — Oui, j’espère bien. Ils ont remarqué que tu m’espionnais et m’en ont informée. Alors, bien sûr, j’ai fait quelques vérifications de mon côté. Colin Veneben, d’Anvil. Ton père est mort et ta mère est lingère. Tu as été recommandé puis entraîné au sein du Penitus Oculatus, organisation dans laquelle tu viens d’être nommé inspecteur. C’est toi qui as découvert le massacre de la garde personnelle du prince Attrebus et le meurtre supposé de celui-ci. Toi également qui as suggéré à l’empereur que le prince n’était pas mort en réalité. Or il s’avère que tu avais vu juste. Et voilà qu’à présent tu m’espionnes mais, semble-t-il, sans l’autorité officielle pour le faire. Alors je me demande si quelqu’un d’autre t’emploie. — Pourquoi les avez-vous tués ? demanda-t-il. — Parce que sinon c’est toi que j’aurais dû exécuter, s’agaça-t-elle. Maintenant je vais devoir rendre des comptes à leur sujet, prétendre les avoir envoyés en mission dans quelque endroit fatal. Sans cela, ils se seraient demandé tous les deux pourquoi tu étais toujours debout et, au bout d’un moment, cette question serait remontée jusqu’au ministre lui-même. — Je ne comprends pas, avoua Colin. — Je risque ma tête pour toi, espèce d’idiot ! s’emporta Arese. Ça ne se voit pas ? — Je le vois bien, répondit-il, mais je ne comprends pas pourquoi. Elle tira un poignard à sa ceinture et s’avança vers lui. La poitrine de Colin se serra mais elle se contenta de trancher les liens qui lui maintenaient les mains dans le dos. Puis elle recula de quelques pas et défit les lacets de son pantalon, dont elle abaissa un pan afin d’exposer sa hanche. — Tu sais ce que c’est ? demanda-t-elle en indiquant un petit tatouage noir en forme de tête de loup. 186108TGE_ELDER2_fm9.fm Page 38 Mardi, 23. octobre 2012 4:55 16 39 Il le savait, bien sûr. Il s’agissait de la marque personnelle de l’empereur, arborée uniquement par les membres de son cercle le plus intime. Il ne dit rien mais elle vit qu’il avait reconnu le symbole. Elle remonta ses chausses et renoua les lacets. — Il m’a placé au sein du bureau du ministre il y a dix ans, dit-elle. Personne ne le sait à part lui et moi. Et toi, maintenant. — Pourquoi me dites-vous ça ? — Parce que j’ai besoin d’aide et parce que je pense que nous pourrions avoir un objectif commun. — C’est-à-dire ? — Découvrir pourquoi le ministre Hierem souhaite la mort du prince Attrebus. — C’est vrai ? — Je sais de quoi je parle, dit-elle. C’est moi qui ai organisé l’embuscade, à sa demande. — Pourquoi ? explosa Colin. Si vous êtes loyale envers l’empereur… Elle lâcha un éclat de rire sans joie. — Tu savais ! lança-t-elle. Tu étais là, n’est-ce pas ? Quand je me suis occupée de Calvur et de ses comparses. J’étais sûre qu’il y avait quelqu’un ! Elle ferma les yeux pendant un bref instant et parut soudain très fatiguée. — Je ne voulais pas qu’il arrive quelque chose au prince, dit-elle. Si j’avais pu prévenir l’empereur, je l’aurais fait. Mais c’était impossible sur le moment, en tout cas pas sans révéler mon véritable rôle à Hierem. Au final, il a fallu prendre une décision. — Et vous avez décidé que vous étiez plus importante que le prince ? — Oui. Et si tu en savais un peu plus à son sujet, tu serais sans doute d’accord. — Et pourtant Hierem veut sa mort. 186108TGE_ELDER2_fm9.fm Page 39 Mardi, 23. octobre 2012 4:55 16 40 — Apparemment. — Alors pourquoi l’empereur n’a-t-il pas fait arrêter son ministre ? — Quand l’empereur m’a placée au sein du ministère, il n’avait pas d’inquiétude particulière à propos de Hierem, seulement le genre de paranoïa générale qu’un monarque ayant réussi se doit de cultiver. Pendant l’essentiel des dix dernières années, le ministre s’est montré au-dessus de tout soupçon mais il y a environ un an, il s’est mis à me tester. D’abord de manière subtile, puis ouvertement. Il était clair qu’il désirait bénéficier de sa propre organisation d’espionnage et d’élimination qui ne soit ni connectée au Penitus Oculatus ni connue de l’empereur. L’attaque sur Attrebus a été… surprenante. Je ne l’avais pas vu venir. Ce n’est que parce que certains des assassins se sont montrés gourmands que le prince a survécu. L’empereur n’est pas prêt à passer à l’offensive contre Hierem car il estime que nous ne savons pas tout. Et parce que, politiquement parlant, le ministre est un homme important, très important même. L’empereur est toujours sur le trône parce qu’il attend de connaître la position et l’ampleur de toutes les forces en présence avant de frapper. Pour l’heure, Hierem pense que son action est demeurée invisible. Nous voulons maintenir le statu quo un peu plus longtemps. C’est là que tu interviens, si tu y es préparé. — Préparé à quoi ? — Hierem me fait désormais confiance. Totalement. Mais cela limite mes possibilités. Et je ne peux me fier à personne d’autre au sein du ministère. Je peux ouvrir certaines portes, mais j’ai besoin de quelqu’un à même de les franchir. Peux-tu être celui-là ? Colin réfléchit quelques instants. Arese pouvait aussi bien mentir que dire la vérité ; d’une certaine façon, 186108TGE_ELDER2_fm9.fm Page 40 Mardi, 23. octobre 2012 4:55 16 cela n’avait pas d’importance. S’il acceptait de l’aider, cela lui donnerait une chance de trouver les réponses qu’il cherchait, même si elle tentait de le tenir à l’écart. S’il refusait, il était pratiquement certain de ne jamais quitter cette île. — Je suis votre homme, répondit-il. 186108TGE_ELDER2_fm9.fm Page 41 Mardi, 23. octobre 2012 4:55 16
Lire un extrait de Le seigneur des ames de Greg Keyes - Page 1
Lire un extrait de Le seigneur des ames de Greg Keyes - Page 2
viapresse