BSCNEWS AVRIL2014 - Page 1 - BSC NEWS MAGAZINE - Avril 2014 - Avec Matt Lennox, François Ayrolles, Star Wars Identities, Takuya Kuroda, Macha Garibian, Luca Aquino, Hotel Modern, Jizzy, Irene Frain, André Bouchard, 2 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 68 - AVRIL 2014 her ami lecteur, comme nous aimons à la dire dans ce nouveau numéro du BSC NEWS MAGAZINE, prends garde ! Prends garde à ne pas te faire imposer des choix, prends garde à ne pas te laisser tenter par quelques livres à la mode qui ne te conviendraient point. Prends garde à ne pas écouter de félonnes sirènes qui te murmurent des conseils de lecture douteux. Ne te laisse pas abuser par les faiseurs de gloire littéraire. Fais tout ce qu’il est en ton pouvoir pour éviter le margoulin qui te promet belle littérature. Ne te laisse pas distraire par celui qui est obnubilé par la forme plutôt que par le fond. Car la couverture ne fait pas un livre et l’instrument ne garantit pas le talent du musicien. Fuis l’emberlificoteur qui cherche à séduire certains de nos feignants instincts pour vendre sa camelote théâtrale. En somme, donne congé à tous ceux qui tentent de refourguer une marchandise peu ragoutante, estampillée culture. Ne sois pas dupe. Car il faut aussi savoir se prévenir de certains intrigants qui cherchent à imposer la vision parfois courte de leurs horizons culturels. Ainsi, ne te laisse pas abuser des réclames vulgaires pour quelques artistes mondains qu’il est de bon ton de vénérer. Garde toujours fièrement ce libre arbitre qui fait de toi un lecteur en pleine possession de son jugement. Fais le valoir à qui de droit pour porter vaillamment les valeurs fondamentales que sont la curiosité et la liberté de ce que bon te semble. Converse avec les guides et les éclaireurs. Congédie les Ayatolhas et les gourous de propagande. Pour ce nouveau numéro du BSC NEWS MAGAZINE, nous te proposons, cher ami lecteur un large horizon, où sous le ciel azur, s’offrent à toi de nombreuses découvertes culturelles à ton seul choix de plaisir ou d’indifférence. C Prends garde , Ami Lecteur... Par Nicolas Vidal L’édito 3 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 68 - AVRIL 2014 La vie de tous les jours par Bouchard 4 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 68 - AVRIL 2014 NOUVEAU THEÂTRE - P 14 Hotel Modern & Arthur Sauer ÉCRIVAIN US - P6 MATT LENNOX François Ayroles Laura Galbraith ILLUSTRATION - P26 INDIENS Des plaines EXPO - P168 BANDE DESSINÉE - P35 5 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 68 - AVRIL 2014 JAZZ CLUB - P148 LUCA AQUINO JAZZ CLUB - P136 TaKUYA KURODA MACHA GhARIBIAN JAZZ CLUB - P142 STAR WARS IDENTITIES EXPO - P162 JIZZY THÉÂTRE & JAZZ - P152 6 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 68 - AVRIL 2014 MATT LENNOXUne histoire de la rédemption Par Nicolas Vidal / Photo D.R Le premier roman du jeune auteur canadien Matt Lennox nous entraîne au coeur de l’Ontario dans une petite ville où une microsociété est établie selon des codes et des dispositions ancrées depuis longtemps. Leland King, qui vient de purger dix-sept années d’incarcération dans une prison de haute sécurité, revient chez lui car sa mère est gravement malade. Ce retour est l’essence même d’une trame qui se décante au fil des pages où il est question de rapports sociaux, de mensonges et de... rédemption. Un premier roman enlevé et brillant de Matt Lennox qui nous donne les clés de son histoire avec une maturité étonnante. Littérature US 7 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 68 - AVRIL 2014 GALERIE « Je suis naturellement intéressé par le côté sombre de la nature humaine et, quand j étais stationné en Afghanistan comme soldat, j y ai souvent été confronté » 8 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 68 - AVRIL 2014 Pour un premier roman aussi passionnant, on se demande toujours quelle est la genèse d’une telle histoire. S’appuie-t-elle sur des éléments personnels ou est-elle issue de votre imagination seule ? Mon roman est presque entièrement fictif, mais j’écris toujours sur des sujets et des gens qui me tiennent à coeur. Je crois que ceux qui me connaissent sont à même de repérer des éléments familiers ici ou là, mais l’histoire que je raconte sort de mon imagination. Cela dit, le personnage de Stan Maitland est basé sur un homme que j’ai connu. Il s’appelait Stan Miner et c’était un ami de mon grand-père, un ancien boxeur qui était devenu officier de police dans une petite ville du nord de l’Ontario. Mon grand-père m’a raconté de formidables histoires sur cet homme, et je m’en suis servi pour jeter les bases de mon personnage. Vous avez choisi une petite ville de l’Ontario comme décor de votre roman. Celle-ci est un personnage à part entière tant sa dimension sociale agit directement sur les personnages. Était-ce un choix délibéré dès le début de l’écriture ou aviez-vous aussi songé à fixer votre t r a m e d a n s u n e v i l l e p l u s importante ? Absolument, bien qu’il s’agisse de fiction, cette petite ville est basée en large part sur celle où j’ai moi-même grandi, Orillia, dans le nord de l’Ontario et d’où viennent des écrivains tels que Stephen Leacock et Gordon Lightfoot. Il était important pour le livre que ce soit une petite ville où tout se sait, tout se voit. Si vous connaissez Orillia, il y a des choses qui vous seront familières dans le livre, des lieux, une atmosphère. C’est une petite ville qui pourrait être américaine ou encore française, et qui pour le p e r s o n n a g e d e L e l a n d K i n g représente son foyer, l’endroit d’où il vient, comme c’est le cas pour beaucoup d’entre nous. Matt Lennox, c’est une question qui me brûle les lèvres. Que vous a apporté votre séjour en Afghanistan au sein de l’Armée canadienne ? Autrement dit, est-ce que votre roman comporte dans son essence des idées, des impressions ramenées de là-bas ? Ou en est-il totalement épuré ? « Il était important pour le livre que ce soit une petite ville où tout se sait, tout se voit. » 9 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 68 - AVRIL 2014 Il est difficile de dire s’il existe un lien ou une influence directe sur mon écriture du temps passé dans l’ar mée canadienne. Je suis naturellement intéressé par le côté sombre de la nature humaine et, q u a n d j ’ é t a i s s t a t i o n n é e n Afghanistan, j’y ai souvent été confronté. L’arrivée de Leland King dans cette ville natale introduit votre roman et nous plonge directement au coeur même de la mécanique que vous avez installée. Ainsi, Leland King entre dans le roman comme il entre petit à petit dans la vie de tous les personnages. Était-ce votre première idée d’introduction du roman ? Ou bien est-ce que cette première scène s’est imposée à vous ? La première scène que j’ai écrite, celle que j’avais en tête dès le début, est l’une des dernières du livre. Je ne savais pas vraiment dans quoi je m’étais lancé à ce moment-là. Je suivais juste une intuition et c’est à partir de cette scène que le roman s’est développé. Et cette scène d’ouverture du livre, c’est en fait la deuxième scène qui s’est imposée à moi, celle où Leland King revient c h e z l u i a p r è s d e s a n n é e s d’absence. Et je savais en l’écrivant que c’était le début de mon roman. Comment vibre en vous le thème de l a r é d e m p t i o n , e t c e personnellement, Matt Lennox ? Comme écrivain, je suis avant tout intéressé par ce qui tourne autour de la vie, de la mort, du bien et du mal. Je dirais que ce qui m’intéresse ce « La rédemption est une chose importante, c est l essence d une seconde chance, d une possibilité de tout reprendre à zéro. » 10 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 68 - AVRIL 2014 sont les différences entre les gens biens qui font quelque chose de mal et les gens peu recommandables qui peuvent aussi faire le bien. Dans ce contexte, la rédemption est une chose importante, c’est l’essence d’une seconde chance, d’une possibilité de tout reprendre à zéro. J’aime explorer cette zone d’ombre d’un point de vue philosophique, mais rien dans ma vie personnelle ne m’y rattache forcément. L’ambiance de votre roman, et c’est très régulièrement repris dans les articles déjà parus, confère une saveur toute particulière à la trame. Comment avez-vous appréhendé cela d’un point de vue stylistique, mais également fictionnel en tant que véritable personnage ? La comparaison avec James Gray revient d’ailleurs très souvent. Les premières moutures du manuscrit étaient bien plus sombres encore, y c o m p r i s a v e c u n e f i n p l u s dramatique. Martha Magor, mon agent, a attiré mon attention et m’a dit qu’il faudrait peut-être ajouter quelques petites touches d’espoir. Les changements étaient minimes, mais je crois qu’ils étaient importants. J’ai tendance naturellement, je crois, à créer des atmosphères ténébreuses, mais il ne faut pas en abuser et je préfère provoquer chez un lecteur la r é f l e x i o n d a v a n t a g e q u e l a dépression. Comme décririez-vous le rapport qu’entretien Leland King avec la religion, incarnée notamment par Barry ? Pour moi, Lee a une relation assez terre-à-terre avec Dieu et la religion, un rapport assez simple. Je pense qu’au fond, c’est un laïc dans le vrai sens du terme. Barry a une relation alambiquée avec la religion, alors que c’est son métier en quelque sorte. Il est souvent à côté de la plaque, même si ses intentions sont bonnes au départ. Comme on le dit si bien : “L’enfer est pavé de bonnes intentions” et je pense que c’est vrai dans son cas. Alors que Lee est déjà en enfer sur un plan métaphorique, il n’en est pas moins quelqu’un qui entretient une relation saine et simple avec Dieu et le fait religieux. On sent que Leland King est poussé par une volonté déterminée de se ︎©JEAN-CLAUDE GAL / Galerie Daniel Maghen « J ai tendance naturellement, je crois, à créer des atmosphères ténébreuses, mais il ne faut pas en abuser et je préfère provoquer chez un lecteur la réflexion davantage que la dépression » 11 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 68 - AVRIL 2014 racheter auprès de sa famille, de sa vie et de son passé. Mais on sent poindre un fatum tout au long du roman qui le conduit à des décisions et à des choix qui seront tragiques à la fin. Est-ce le cas Matt Lennox ? Sur un plan philosophique, je rejette l’idée de fatalité ou de destinée toute tracée. Je ne crois pas que cela soit fondé et ça ne me plaît guère. Je tenais d’ailleurs à ce que Lee (Leland King) partage ce point de vue. En d’autres termes, c’est toujours nous qui, à un moment donné, faisons tel ou tel choix. Sinon, nous serions les victimes passives d’un dieu cruel et insensible, comme Job dans l’Ancien Testament. Ce qui pour le coup serait profondément déprimant... Il fallait dans le roman que Lee ait la possibilité de faire des choix, parfois bons ou mauvais, et qu’il en assume pleinement les conséquences. En tant qu’écrivain et en tant que lecteur, je pense que ce sont les choix des personnages qui donnent à la littérature son énergie, sa tension et sa raison d’être. Leland King n’est-il pas, au-delà d’être le personnage central, l’antihéros même, le porteur également d’un passé difficile pour tous les gens de son entourage ? On pense notamment à sa confession finale auprès de Pete. Je ne sais pas comment répondre à cette question. J’ai écrit ce livre, et j’ai créé ce personnage de Leland King, et j’ignore encore maintenant si c’est un type bien qui a fait de mauvais choix ou quelqu’un de mauvais qui en a fait des bons. J’ai de l’affection pour cet homme, mais il me met un peu mal à l’aise, encore aujourd’hui. Lorsque Leland King rencontre Helen, l’espoir d’une rédemption renaît puis s’étiole au fur et à mesure de cette relation charnelle qu’on perçoit comme amoureuse ou du moins affective dans un premier temps. N’est-ce pas un moment important du roman ou la fatalité commence à fait son oeuvre dans le rapport qu’à Leland aux femmes et à la société en général ? L’idée derrière la relation entre Lee et Helen, c’était de montrer à quel point il était déphasé vis-à-vis des autres et de la vie normale, après " En tant qu écrivain et en tant que lecteur, je pense que ce sont les choix des personnages qui donnent à la littérature son énergie, sa tension et sa raison d être."
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