BSC NEWS MAI 2015 - Page 1 - BSC NEWS MAGAZINE - MAi 2015 - N°80 - Avec : Sarah messa, Ilhan Ersahin, Maly Siri, Noemie Waysfeld, Antonio Altaribba, Yana Bibb Dossier Spécial Comédie du livre de Montpellier 2015 ... 2 Ce sont de jeunes adolescents. Ils vivent aux Etats-Unis, en Argentine, en Suisse ou en France. Leurs passions : les livres, la vidéo et You Tube. Leur credo : faire des critiques de livres grâce à des vidéos réalisées par leurs propres moyens. Les Booktubers (contraction de book et de Youtube) sont inventifs, créatifs et passionnés par les livres. Les vidéos sont publiées régulièrement et suivies par de très nombreux lecteurs. Les Booktubers ont élaboré un langage bien à eux et très codifié : PAL (pile de livres à lire), la PALM ( la pile de livres à lire du mois), la Whistlist (une liste de souhaits littéraires et les livres à lire ou à se procurer) et l’intrigant SWAP (un échange de paquets entre deux individus d’une valeur équivalente). Ainsi, le Booktuber crée et poste des vidéos sur une chaîne Youtube qu’il a préalablement créée selon ses envies et sa disponibilité. Certains d’entre eux tiennent un blog en plus des vidéos qu’ils publient. Ainsi, chaque YouTuber est suivi par des abonné(e)s plus ou moins nombreux qui attendent avec impatience soit les rendez-vous réguliers de présentation de livres à venir appelés IMM ( in my mail box) ou BookHaul, soit les Wrap Up qui sont des chroniques mensuelles de critiques littéraires ou encore les Unboxing qui consistent à filmer l’ouverture des paquets et de cartons de livre en direct devant les abonné(e)s. Il est à noter qu’une grande majorité des Booktubers sont des adolescentes et de jeunes filles. Libérés de toute idée de compromission ou de ce sentiment si désagréable de l’entre-soi, ajouté au fait que les BookTubers sont très jeunes, ils sont ainsi devenus de puissants prescripteurs de livres auprès d’un public d’adolescents qui reconnaissent en eux des semblables. On comprend alors que les maisons d’édition s’intéressent de très près aux plus influents d’entre eux comme c’est le cas depuis quelques années pour les bloggeuses de mode/beauté par l’industrie du luxe. Réjouissons nous tout de même de ce phénomène, démarré au USA, qui tend à se propager en France pour la promotion des livres et de la littérature. Ces jeunes gens pourraient ainsi via You Tube amener à la lecture de nombreux adolescents et constituer à nouveau une nouvelle population de lecteurs passionnés qui a sérieusement tendance à s’étioler depuis quelques années en France et qui pourrait ainsi redonner le sourire à tous les acteurs de l’édition à commencer par les éditeurs eux-mêmes. You Tube peut-il sauver le livre ? par Nicolas Vidal nicolasvidalbscnews 3 La vie de tous les jours par André Bouchard 4 MALY SIRI P.6 P.6 SARA MESA Antonio Altaribba P.38 P.58 Arts graphiques ROMAN GRAPHIQUE LIVRES 5 NOËMI WAYSFELD P.6 P.124 ILHAN ERSAHIN YANA BIBB P.116 P.100 JAZZ MUSIQUE JAZZ 6 Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir illustratrice? D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné. À l’école primaire je me souviens d’une institutrice qui nous donnait l’exercice hebdomadaire d’inventer une histoire et de l’illustrer. Mon artiste intérieur adorait ça! Ma passion du dessin passait par l’heure de la lecture avec tous mes livres, et par les dessins animés, comme tous les enfants! À 8 ans je déclarais à ma mère que je voulais être illustraMaly Siri est une peintre et illustratrice qui a tout juste trente ans. Après avoir obtenu son diplôme à l’école de dessin Émile Cohl à Lyon, elle débute sa carrière en publiant des bandes-dessinées chez Dupuis, Le Lombard, Akiléos. Très vite, elle se sent attirée par le «rétro» et, «admirative de l’esthétisme et de l’élégance d’un univers poli par la patine du temps», elle devient peu à peu une «pin-up artist». En 2009, elle s’installe à Montréal et travaille pour la firme de haute-couture Vivienne Westwood, pour Playboy, pour Comix Buro. Tout de même! Élégamment sexy, Maly Siri l’est autant que les pin-up qu’elle crée et à n’en pas douter, vous tomberez sous le charme de son univers où la beauté, l’humour et le vintage forment un trio affriolant. Good girls Bad girls paraîtra fin mai dans la collection Métamorphoses des éditions Soleil sous la forme d’un Artbook. A l’occasion de la sortie du livre, la galerie Daniel Maghen expose le travail de l’artiste au 47, quai des Grands Augustins ( Paris6eme). Deux occasions conjointes de fréquenter les créatures de Maly Siri! Qui ne se laissera pas tenter?! ILLUSTRATION - COUVERTURE MALY SIRI Propos recueillis par Julie Cadilhac / photo DR 8 trice pour faire rêver les gens ! Que les enfants sont drôles tout de même (rires)… Puis devenue un peu plus grande j’ai voulu être animatrice. À 16 ans je suis entrée à l’Ecole Emile Cohl à Lyon en France, et j’y ai véritablement découvert les joies de la BD et de l’illustration, de la peinture. Les vies des illustrateurs des années 50 me fascinent et me font rêver, celle de Norman Rockwell notamment, qui faisait poser tout son entourage et les habitants de sa région ! Cette fascination, entre mille autre circonstances, m’a amenée vers le pin-up art. Vous êtes une pin-up artist : qu’est-ce qui vous séduit dans les pin-up? Oh, vaste et passionnant sujet ! Outre l’esthétique, c’est un thème extrêmement intéressant. C’est un des domaines de l’illustration qui est particulièrement lié avec l’Histoire, et même l’histoire de la condition féminine, ce qui est a priori paradoxal. Les premières pinups étaient celles de Charles Dana Gibson, les Gibson Girls, aumoment où les premières suffragettes sortaient leurs pancartes - si tant est que la première pin-up n’était pas la Vénus naissante de Botticelli ! - puis, la publicité des années 1920-1950 a utilisé l’image de la femme pour vendre des produits avec un graphisme jamais égalé à notre époque. Dans les années 1940, les pin-up girls habillaient les murs des bunkers et devenaient pour les boys américains le petit bout de Kansas ou de New Jersey qu’ils emmenaient avec eux, représentation souriante et sexy de l’idéal pour lequel ils se battaient au front. C’est ce côté affectif qui me plaît: tout en étant glamours, sophistiquées, ou encore amusantes ou érotiques, les pin-up girls sont très attachantes, jamais vulgaires. Une séduction un peu « bon enfant » que je trouve émouvante. Avez-vous des mentors en la matière? J’ai beaucoup d’inspirations parmi des illustrateurs contemporains bien évidemment, tel que Carlos Nine, Jean-Pierre Gibrat, John Currin, ou Olivia de Berardinis, mais il est certain que mes inspirations viennent en majorité du passé. Des pin-up artists tels qu’Alberto Vargas, Gil Elvgren, George Petty, John Willie, Enoch Bolles, Milton Caniff sont des inspirations évidentes, mais il y a aussi des illustrateurs plus « généraux » comme Norman Rockwell donc (encore lui!), James Montgomery Flagg, J.C. Leyendecker, Coby Whitmore, Robert O.Reid, JohnLagatta, John Whitcomb qui me fascinent 10 tout autant avec leurs glamour girls et pretty girls. (Ces deux dernières catégories diffèrent des pin-up, il s’agit de toute autre jolie femme représentée au sein d’illustrations de nouvelles, de couvertures de magazines, ou encore, de publicités) ! J’habite près de la frontière entre le Canada et les Etats-Unis et tous les ans je vais dans le Massachussetts voir le musée de Norman Rockwell à Stockbridge. Ils changent les tableaux souvent donc j’ai la chance de pouvoir en apprécier la diversité. Norman Rockwell ne faisait pas à proprement parler de pinup art mais il a quelques représentations de femmes, comme sur certaines de ses couvertures du Saturday Evening Post qui pour moi sont magistrales, il représente toujours les femmes avec beaucoup de sensualité, de dignité, ou d’humour. La pin-up est à la fois sexy et chic... est-ce ce contraste qui vous séduit tout particulièrement? ! Absolument ! Elle est non seulement sexy et chic, elle peut aussi être drôle ! Lorsque vous regardez les pin-up de Vargas, versus celles d’Elvgren, vous constatez que les premières sont conscientes de leurs charmes, elles vous regardent droit dans les yeux… Les secondes ne font pas exprès, elles sont maladroites et craquantes. On peut tout raconter au travers d’un personnage féminin, de la mélancolie à la coquinerie ! Vos illustrations ont charmé des créateurs de mode, comme Chantal Thomass, ou le fameux magazine Playboy : c’est quoi le secret d’un dessin de pin-up de qualité, selon vous? Je n’aurai pas la prétention de le définir, car les uns et les autres ne recherchent pas la même chose dans tel ou tel dessin de pinup, ou image représentant une femme. Tout à fait personnellement j’aime la façon dont la femme était représentée avant les années 70, avant la montée de la pornographie. Il y avait là une fraîcheur et un érotisme contenu que je trouve d’autant plus charmants. Il y a une charge érotique dans le fait d’être charmé, ce sentiment inclut le coeur et la tête et pas seulement les parties érogènes évidentes. J’aime ce côté chez les pin-up. On peut jouer entre l’allégorie et le charme en dosant à chaque fois et en essayant de rester chic, ou drôle,ouenvoûtant…C’estunbeauchallenge à chaque dessin que je commence. Vous ne me verrez probablement pas dessiner de femme dans des postures trop explicites. J’aime que ce soit elle qui mène la séduction, le concept de femme-objet me laisse…plus que perplexe je l’avoue ! 12 Dans quel cadre avez-vous collaboré avec Chantal Thomass? J’ai eu le plaisir de collaborer avec elle dans le cadre de mon nouveau livre « Maly Siri’s Pinup Art » dont elle m’a fait l’honneur d’écrire la préface, qui est magnifique d’ailleurs. Ce fut un réel plaisir de l’avoir à mes côtés lors du lancement presse du livre en mai dernier ! En toute sincérité, c’est avec un grand enthousiasme que j’accueillerais toute autre collaboration avec cette grande dame qui fut la première à donner à la lingerie l’appellation de « Haute Lingerie » comme on fait de la « Haute Couture». Êtes-vous très féminine vous-même et attirée par la mode, les tenues, coiffures et accessoires? ! Je pense pouvoir dire que je suis « féminine », oui,jeportedesjupes,desrobes,desbas…(rire) Mais être « à la mode » ne m’intéresse pas vraiment, j’aime surtout m’entourer de belles choses qui me plaisent et qui m’inspirent. J’adore les accessoires et les vêtements vintage ou dans l’esprit vintage. À-vrai-dire je crois que c’est surtout au travers de mes dessins que j’exprime ma passion pour les accessoires, les vêtements, les coiffures. C’est drôle vous savez, j’adore les brocantes et je suis capable d’acheter des objets, des accessoires seulement pour le plaisir de les posséder, de les regarder. C’est bien plus pour en tirer une inspiration pour une illustration, une histoire, que pour l’utiliser ou le porter moi-même. Pour ce qui est des coiffures, entre nous, j’en ai une qui me va bien et je reste dessus (rire)! En dessin, je prends un tel plaisir à dessiner les cheveux crantés, bouclés, apprêtés en rouleaux… C’est mon fetish à moi ! Du 29 avril au 23 mai 2015, vous exposez à la Galerie Daniel Maghen : comment est née l’idée de cette «exhibition» de votre travail? ! Il y a un peu plus de deux ans et demi, lorsque la Galerie Daniel Maghen m’a approchée pour une collaboration, j’étais en pleine réalisation 13 Don Quixote 14 Atalanti
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