BSCNEWS NOVEMBRE 2013 - Page 1 - Invité(e)s : Clotilde Courau, Charb, Benjamin Lacombe, Hervé Briaux, Jean-Christophe Spinozi, Kat Edmonson, José Lenzini, Jean-Bernard Pouy, 2 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 63 - NOVEMBRE 2013 L’ÉDITO de NICOLAS VIDAL Alors que nous venons de vivre (pour certains, subir) la valse des prix littéraires on en sort un peu essoufflé, les yeux encore rougis par les flashs qui ont crépité notamment sur Pierre Lemaître ( et un peu sur les autres ) pour la remise du Prix Goncourt chez Drouant. Et je me pose la question à la sortie de ces derniers jours qui ont fait frétiller d’excitation le monde littéraire, à savoir si l'engouement médiatique autour du Goncourt est à la mesure de l'intérêt que la société française a encore pour le livre. La pression médiatique nous aurait presque donné l'impression que la France a vécu au rythme des prix littéraires pendant toute une semaine avec des flashs infos, des directs, des alertes sur les mobiles et des Unes. D'ailleurs, les auteurs n'en sont pas responsables. Ni leurs romans par ailleurs. Je ne suis pas personnellement fidèle au Goncourt, ni autres prix plus globalement ainsi qu’aux multiples consécrations et autres récompenses. Je lis ce qui me plaît et au fil de mes lectures. Mais je lirai Pierre Lemaître, car le sujet m'intéresse. Et non pas parce qu'il est Goncourt. C’est une question de goût. Et parce qu'il y a une autre actualité culturelle malgré cela, le BSC NEWS met en avant ce mois-ci de nombreuses personnalités et une polyphonie de voix que je vous invite à écouter. Nous accueillons ainsi avec un grand plaisir les dessins d'André Bouchard que vous pourrez découvrir dans ce numéro dans une nouvelle rubrique " la vie de tous les jours par Bouchard ". Benjamin Lacombe revient dans nos pages pour nous parler de ses nouveaux projets et vous offre en avant-première une déclinaison graphique de ses futures parutions. Clotilde Courau nous présentera sa création originale sur Édith Piaf. Nous aurons le plaisir d’accueillir José Lenzini pour sa bande dessinée sur Camus. Élise Griffon et Sébastien Garnier nous parleront, quant à eux, du pire job du monde en bande-dessinée. Yves Ferry, Hervé Briaux, Philippe Car et Dag Jeanneret présenteront respectivement leurs pièces. Dans le cadre du Festival des Passeurs de lumières, nous recevons deux personnalités singulières : Charb et Jean-Bernard Pouy se sont prêtés toutes deux au jeu de l’interview, chacun dans leur style. Jean-Christophe Spinozi et Kat Edmonson complètent la partie musicale de notre magazine avec des créations qui m’ont donné un grand plaisir d’écoute dont il serait dommage de se priver. Excellente lecture à toutes et à tous dans un numéro très généreux de plus de 200 pages bourrées de culture ! LE goncourt est-il le thermomètre de la littérature ? 3 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 63 - NOVEMBRE 2013 La vie de tous les jours par Bouchard 4 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 63 - NOVEMBRE 2013 José lenzini CLOTILDE COURAU THÉÂTRE - P42 BENJAMIN LACOMBE ILLUSTRATION - P8 BANDE DESSINÉE P 51 JEAN-BERNARD POUY CINÉMA - P143 DAG JEANNERET THEÂTRE - P72 5 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 63 - NOVEMBRE 2013 CHARB KAT EDMOnSON JAZZ - P221 JEAN-CHRISTOPHE SPINOZI CLASSIQUE - P226 YVES FERRY THEÂTRE - P64 PRESSE - P138 HERVE BRIAUX THEÂTRE P 100 6 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 63 - NOVEMBRE 2013 Le BSC NEWS, c est aussi un site d actualités ! Suivez quotidiennement l’actualité de la culture sur le BSCNEWS.FR 7 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 63 - NOVEMBRE 2013 8 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 63 - NOVEMBRE 2013 BENJAMIN LACOMBEPropos recueillis par Julie Cadilhac / crédit photo © Pauline Le Goff 9 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 63 - NOVEMBRE 2013 Par Julie Cadilhac Le travail de Benjamin Lacombe pourrait être comparé à une pierre précieuse aux mille éclats dont le noyau serait occupé par un coeur de chair et de sang, bouillonnant et sensible. Le 13 novembre 2013 paraîtra aux Editions Albin Michel Jeunesse Madame Butterfly. À la plume et au pinceau, Benjamin réinterprète cette inoubliable histoire amoureuse au travers d'un livre d'artiste superbe dans lequel il a imaginé, au verso des pages reliées e n p a r a v e n t o ù l e l e c t e u r découvrira le récit illustré par des peintures à l'huile, une immense fresque au crayon et à l'aquarelle qui se déploie sur dix mètres de long. Un travail titanesque digne d'un artiste soucieux de se renouveler et de se dépasser sans cesse. Dans ce Madame Butterfly au manteau rouge sang, le Japon d ' a u t r e f o i s e t s e s m y s t è r e s impénétrables sont sublimés par sa p r o s e p o é t i q u e a u x i m a g e s délicates et ses représentations g r a c i l e s e t é m o u v a n t e s d e nombreuses scènes du drame amoureux. Quand on découvre une illustration de Benjamin Lacombe, on est d'abord saisi par l'émotion qui s'en d é g a g e , l a b e a u t é éclaboussante des couleurs, la délicatesse du trait et l'élégance du mouvement. Ce que savent moins ses lecteurs, ce sont tous les rhizomes de sens qui circulent à l'intérieur de ses images. Ainsi, si sa Madame Butterfly narre bien sûr l'histoire d'un jeune officier américain qui contracte un mariage avec une jeune geisha, lui fait un enfant puis l'abandonne trois ans plus tard sans prêter d'importance à cette liaison exotique, provoquant le désespoir de la jeune fille et son suicide lorsqu'elle découvre sa nouvelle épouse américaine, elle lui est aussi l'occasion d'évoquer en filigrane une catastrophe écologique, celle de la disparition des papillons dont l'utilité pour l'écosystème, à l'instar des abeilles, n'est plus à démontrer. Le papillon, insecte éphémère dont la beauté réside aussi en sa fragilité, est en train de prendre congé de la Terre et son froissement d'ailes imperceptible ne sera bientôt plus qu'une rêve qu'il faudra conter aux enfants. Benjamin Lacombe nous les offre donc en bouquets, soulignant également le caractère éphémère de la vie et la vulnérabilité de l'amour. 10 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 63 - NOVEMBRE 2013 Ses inquiétudes et questionnements écologiques feront d'ailleurs l'objet d'une exposition au mois de décembre à la galerie Daniel Maghen durant laquelle vous pourrez découvrir un bestiaire imaginé par l'artiste, souhaitant insister sur la beauté de la nature et l'importance de la préserver. Benjamin Lacombe est heureux également de voir son livre Memories enfin disponible à cette même galerie ; un album dans lequel l'artiste a compilé des s o u v e n i r s a r t i s t i q u e s e t personnels...une sorte d'Il était une fois Benjamin Lacombe en mots et en images ( dont beaucoup ont été retouchées à la main par Benjamin lui-même)... Des livres uniques donc, en exemplaires limités, pour les inconditionnels de son travail. Enfin, lorsque 2014 s'annoncera, viendra l'heure de la parution de la bande-dessinée Léonard et Salaï chez Soleil Editions. Un ouvrage en deux tomes qui évoquera la vie du grand Léonard de Vinci et abordera l a q u e s t i o n d e s e s a m o u r s passionnels avec un jeune garçon qui travaillait dans son atelier. L'opportunité renouvelée de t o u c h e r e n c o r e à u n e problématique actuelle, celle de la tolérance et du droit de chaque être d'être libre d'aimer qui il souhaite. Assez parlé! Rentrons dans son atelier, sanctuaire chaleureux, et laissons-le bavarder - des rires perlés aux lèvres, Virgile à ses pieds et l'enthousiasme chevillé au corps - de son travail d'autant plus admirable que ce démiurge est modeste! «Quand on découvre une illustration de Benjamin Lacombe, on est d'abord saisi par l'émotion qui s'en dégage, la beauté éclaboussante des couleurs, la délicatesse du trait et l'élégance du mouvement.» 11 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 63 - NOVEMBRE 2013 Comment avez-vous travaillé avec Paul Echegoyen (techniquement parlant) sur Léonard et Salaï? Au départ j'ai écrit le scénario puis exécuté un story board détaillé que je remets à Paul. Ensuite, Paul s'en empare, dessine de beaux décors, avec les valeurs et tous les détails. Je récupère ensuite ces décors que je reporte à la table lumineuse et j'y ajoute les personnages. Je corrige parfois aussi deux ou trois détails des décors et harmonise la stylisation. Enfin je rajoute les couleurs à l'aquarelle et le tour est joué. On se pose souvent l'utilité de redessiner le décor deux fois, et en réalité, en plus du souci d'harmonisation de la stylisation entre les personnages et le décor, techniquement je ne pourrais pas rajouter les personnages et repeindre directement sur les décors de Paul, car il fait ses décors à la graphite et l'aquarelle n'accrocherait pas dessus. Quel est l'intérêt du quatre mains? Tout d'abord le rythme ! La bande dessinée est un sacerdoce, le livre fait près de 90 pages, il faut tenir !!! Et puis Paul apporte aussi sa grande sensibilité au livre. Les décors bénéficient de son regard, de sa poésie. Un mot sur le traitement de la couleur? On trouve des camaïeux , des sépias, des gris, des violines: des couleurs qui rappellent les carnets de De Vinci ( ses croquis en noir et blanc etc..) mais aussi ses peintures du fait qu'on les connaît sous l'effet du vieillissement...La tonalité principale de l'album tourne autour de ces couleurs donc; ça permet aussi de faire un vrai distinguo entre l'action, les peintures de De Vinci et les peintures oniriques intercalées entre les dix chapitres. De plus, j'ai fait beaucoup de livres en couleurs et là j'avais envie de " Le peintre doit tendre à l'universalité" ( Léonard de Vinci) Léonard & Salaï
BSCNEWS NOVEMBRE 2013 - Page 1
BSCNEWS NOVEMBRE 2013 - Page 2
viapresse
www.bscnews.fr