BSC NEWS NOVEMBRE 2011 copie - Page 1 - BSC NEWS MAGAZINE - Spécial Classiques / Invité(e)s : Jacques Allaire, Patrice Leconte, Giampero Marongiu, Vanessa Gustaw, NAdeah, Hubert Artus, Eric Puybaret, Donquifoot, Robert Sabatier, Gallimard, Colette, Languedoc livre et lecture, Dorian Gray, Eric 2 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 41 - NOVEMBRE 2011 Profitez de cette offre exceptionnelle en cliquant ici 3 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 41 - NOVEMBRE 2011 u’il est à la fois passionnant et intimidant de se plonger dans les classiques. Mais c’est d’abord un mot qui nous renvoie à nos premières années de cours magistraux où q u e l q u e s p r o f e s s e u r s , q u e n o u s considérions comme bien peu facétieux, nous obligeaient à faire chambre commune avec une littérature opaque et lointaine. Je me souviens de pénibles immersions dans l’Assommoir de Zola où j’aurais mille fois préféré compter fleurette aux filles du coin. Les classique se sont vus attribuer bien malgré eux ce rôle o combien difficile de l’apprentissage littéraire dès le plus jeune âge « Pour découvrir les livres, lisez d’abord des classiques !». Ils ont représenté aux yeux de centaines de milliers d’élèves le premier contact avec le livre et ont donc ébauché pour ces jeunes esprits une certaine définition de la littérature. À tort peut-être. Car le livre classique est très souvent un univers entier de références situées dans une période très précise où existaient un langage, une écriture et une intelligence qu’il faut savoir appréhender pour comprendre et apprécier le texte. Ce sont peut-être des livres à dévorer lorsque la familiarité à la lecture est acquise. Puis, il y a cet étrange dédain pour les classiques qui découle peut-être de cet apprentissage difficile. Souvent taxé de «vieillot», «ringard» ou de «has been» pour les plus téméraires, le classique est méprisé au bénéfice d’une littérature plus actuelle et très souvent plus inepte, car elle repose sur la seule volonté «de faire plus moderne». D’où «Rien n'est plus dangereux que d'être trop moderne; on risque de devenir soudain ultra démodé. » Oscar Wilde. Aujourd’hui, nous avons bravé les modes molles d’un certain modernisme branché et nous vous proposons un numéro spécialement réservé à ces classiques que nous aimons tant. Ainsi, je vous invite à découvrir une sélection qui nous a semblé importante de remettre au goût du jour. Découvrez ou redécouvrez ce patrimoine culturel de plus en plus oublié au travers de chroniques et d’interviews de gens qui s’échinent à le faire survivre. Pour finir, nous n’avons pas limité notre sélection aux livres et nous avons élargi le propos à d’autres classiques culturels que nous nous faisons un plaisir de vous proposer dans ce 41ème numéro du BSC NEWS MAGAZINE. Q « Rien n'est plus dangereux que d'être trop moderne ; on risque de devenir soudain ultra démodé. » de NICOLAS VIDALL’édito Oscar Wilde 4 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 41 - NOVEMBRE 2011 Sommaire Giampero Marongiu Littérature Patrice Leconte Cinéma Entretien avec un réalisateur et scénariste aussi engageant que passionné, aussi impliqué que curieux de tout, aussi pointilleux que sensible. Rencontre avec un grand classique du cinéma francophone qui sait tout aussi bien diriger les plus grands acteurs que les jeunes premiers pleins de fougue. Vanessa Gustaw - Les Éditions Bleu Pétrole Édition Théâtre Jacques Allaire 5 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 41 - NOVEMBRE 2011 Sommaire Eric Puybaret Jeunesse Culture Hubert Artus Vies de libraires Portfolio Musique Nadeah 6 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 41 - NOVEMBRE 2011 Rencontre Propos recueillis par Julie Cadilhac/Photos:Alexis Bonnaire PATRICE LECONTE 7 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 41 - NOVEMBRE 2011 Parrain du festival breton des Passeurs de Lumière 2011, Patrice Leconte nous a confié les secrets de réalisation de son film Dogora, le plaisir simple et enivrant de tourner "Voir la mer", son dernier long- métrage pour lequel il a reçu le Swann d'or du meilleur réalisateur au festival de Cabourg en 2011, et son amusement à concocter une adaptation animée du roman de Jean Teulé, le magasin des suicides, devenu un incontournable en librairie. Entretien avec un réalisateur et scénariste aussi engageant que passionné, aussi impliqué que curieux de tout, aussi pointilleux que sensible. Rencontre avec un grand classique du cinéma francophone qui sait tout aussi bien diriger les plus grands acteurs que les jeunes premiers pleins de fougue et sait faire rire aux larmes autant qu'émouvoir le public français. Vous êtes le parrain du festival cette année: qu'est-ce qui vous a donné envie d'endosser ce rôle pour quelques jours? Il y avait de nombreux éléments disparates (dont la démarche de Michel Dupuy,la Bretagne etc...) qui, associés les uns aux autres, me tentaient beaucoup. Pour tout vous dire, je connais très mal la Bretagne mais j'y suis heureux chaque fois que j'y viens. Alors lorsque Michel dupuy m'a annoncé qu'il avait programmé Dogora cette année, cela a achevé de me convaincre et de me décider car Dogora est un film assez particulier dans ma filmographie et j'ai Michel Dupuy et Jibé Pouy lors du festival 2011 8 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 41 - NOVEMBRE 2011 besoin de l'accompagner plus que n'importe quel autre. Michel Dupuy souhaite faire un festival qui ne soit pas réservé au seul public cinéphile mais qui s'ouvre au plus grand nombre; il lui donne une ambition pédagogique... Faire un festival populaire est la démarche la plus noble et la plus remarquable qui soit, bien entendu, parce qu'on ne fait pas un festival pour s'adresser à des spécialistes. Le cinéma est un art populaire et c'est très bien ainsi. Quant au fait qu'il y ait une dimension pédagogique, si cela se concrétise et que ce ne sont pas que des mots et des volontés, c'est une démarche pertinente. Êtes-vous familier du milieu des documentaristes? J e s u i s f a m i l i e r d e c e m o n d e documentaire dans le sens où j'ai toujours été très curieux par nature et à la télévision, les documentaires, c'est ce que je regarde le plus. Je regarde peu la télévision, je ne regarde pas les fictions mais les documentaires peuvent m'intéresser car ils traitent souvent de sujets captivants dont je suis très curieux. D'ailleurs que la télévision devrait être faite pour ça:c'est son essence même... Quelles qualités, selon vous, sont nécessaires pour faire ce métier? J'ai l'impression que cela pourrait se résumer en deux mots: humilité et curiosité. Il faut être curieux par nature pour s'intéresser au monde qui nous 9 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 41 - NOVEMBRE 2011 entoure et il ne faut se sentir supérieur à rien: quand on fait un documentaire, il faut se mettre dans la position de celui qui ne sait pas et qui a envie de comprendre. Durant le festival a été diffusé votre film Dogora, que l'on qualifie d'impressionniste mais aussi d'humaniste. Peut-on qualifier cette oeuvre de documentaire? C'est une question de vocabulaire. Un reportage est destiné à transmettre une information, un documentaire a forcément de près ou de loin une ambition pédagogique.Or ce film Dogora s'éloigne un peu de tout cela car il n'a rien d'autre à transmettre que de l'humain et des émotions. Il souhaitait simplement sensibiliser sur l'idée qu'il y a sur cette terre des êtres qui vivent dans des contrées où l'on n'a pas la chance de pouvoir s'épanouir dans un pays équilibré, stable, en paix. La démarche n'est évidemment pas de dire aux occidentaux qu'ils ont tort de se plaindre mais simplement de faire prendre conscience qu'il y a des hommes, des femmes et des enfants surtout qui n'ont pas la chance que nous avons. Ce film est né du mariage de deux émotions que vous avez ressenties coup sur coup... En effet, j'ai beaucoup voyagé dans ma vie mais je n'ai jamais autant été bouleversé par le voyage que j'ai fait au Cambodge. Et,peu de temps avant, un musicien ( Etienne Perruchon) m'avait fait cadeau d'une suite musicale sublime qui s'appelait Dogora - d'où le titre du film- et il avait ajouté " j'espère qu'un jour elle vous inspirera des images". Et je suis allé au Cambodge sans penser réunir les deux choses mais ça a été le court- circuit positif entre cette musique qui me ratatinait d'émotion et ce pays qui me bouleversait comme ce n'est pas permis. Cette musique n'a rien d'oriental: c'est pour cela que Dogora n'a rien d'un documentaire sur le Cambodge. C'est un télescopage entre des émotions visuelles, musicales et humaines. La bande son n'est pas synchrone, il n'y a pas de son direct.... C'est parce que je tenais à faire un film dans les conditions de liberté les plus grandes aussi quand on l'a tourné , on était quatre simplement, 10 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 41 - NOVEMBRE 2011 on tenait tous dans un break. Si on avait du enregistrer les sons ( bruits, bruissements, brouhaha, voix etc...), il y aurait eu plus de personnes, plus de matériel et l'on aurait été moins discret, plus lourd. J'ai donc tourné le film sans aucune prise de son et j'ai envoyé ensuite sur place un ingénieur du son qui a fait le même périple que nous dans les mêmes rues, marchés, usines etc...et on a mixé tout cela au montage. Ces sons sont donc utilisés comme une deuxième musique avec celle de la suite musicale d'Etienne Perruchon. En effet, la musique et les bruits du quotidien cohabitent tout le temps et au niveau de la bande sonore, c'est assez formidable. Dans Dogora, l'orchestre apparaît flouté: pourquoi? J'avais besoin que lors de ce petit prélude, on oublie notre monde et la réalité. Au moment où l'on rentre dans le cinéma, on vient de garer sa voiture, on prend ses billets, ça s'éteint et là on a besoin - me semble-t-il - d'un petit sas d e d é c o m p r e s s i o n , d e "décontamination" qui passe par la musique...et pourquoi flou? parce que ce n'est pas la tête des musiciens qui m'intéresse, c'est cette musique...c'est une façon un peu abstraite de prendre les gens par la main pour les embarquer dans ce qui va suivre. Je n'ai pas osé démarrer ce film bille en tête par des images du Cambodge; il fallait d'abord déconnecter. Envisagez-vous de refaire un film comme Dogora? Pensez-vous que la genèse d'un film de ce genre doit être forcément précédée d'une émotion forte ? Absolument, il faut quelque chose de très fort et d'impérieux, que l'on a même du mal à déterminer bien souvent. C'est une démarche qui ne 11 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 41 - NOVEMBRE 2011 peut pas être raisonnable ou raisonnée. Quand j'ai fait Dogora, je ne savais pas trop où j'allais, il y avait quelque chose qui me dépassait un petit peu. Aujourd'hui, bien sûr , j'ai envie de refaire des travaux de ce genre mais il n'y a pas eu encore d'évidence qui me soit tombée dessus. Pour l'instant, Dogora est un film à part, unique dans ma filmographie et peut-être que ça le restera. En 2011, on a pu voir sur le grand écran " Voir la mer": quels souvenirs gardez-vous de la réalisation de ce film? Je voulais faire un film léger, libre, lumineux, sensuel et j'avais envie de raconter une histoire d'amour. Je voulais revenir à un cinéma léger dans son inspiration, dans ce qu'il raconte et dans la manière dont il a été fabriqué. On l'a tourné avec de jeunes acteurs; on constituait une toute petite équipe de 14 personnes, on était sur les routes tout le temps...il y avait une liberté folle. C'est un peu bizarre de dire cela mais j'avais l'impression de faire un premier film, avec peu de moyens et de l'insouciance. L'époque ne nous porte pas beaucoup à l'insouciance, vous l'avez remarqué, du coup, par esprit de contradiction, j'avais envie de liberté, de sensualité, de désir, d'amour, de choses simples mais essentielles. Actuellement vous travaillez sur une adaptation du roman "Le magasin des suicides" de Jean Teulé... Absolument, nous concevons un film d'animation. Pour vous, c'est un nouveau challenge? Un peu oui! ce n'est pas moi qui ait eu l'idée, c'est un jeune producteur qui est venu me trouver. Je connaissais déjà le roman de Jean Teulé parce que j'adore son écriture. On m'avait déjà proposé de l'adapter et je lui ai donc répondu " oubliez ça, on ne peut pas adapter ce bouquin, c'est impossible" mais lui m'a expliqué que son idée était d'en faire un film d'animation. J'ai trouvé l'idée brillante parce que l'animation permet un univers moins réaliste, décalé, hirsute...j'ai donc plongé dans ce projet illico presto.Il y a un maître d'oeuvre qui, avec moi, co-gère l'équipe technique et les dessinateurs.
BSC NEWS NOVEMBRE 2011 copie - Page 1
BSC NEWS NOVEMBRE 2011 copie - Page 2
viapresse
www.bscnews.fr