Actuel13 - Page 2 - L a mort, le 15 août dernier, de Aïcha Mo- khtari, n’est pas seulement une doulou- reuseépreuvepourtoussesproches.Elle révèle un dysfonctionnement lié à des pratiquesadministratives quiconfinent à l’absurde. Cette Marocaine aurait-elle pu être sauvée si elle avait été autorisée à se rendre dans un hôpital français? Nul ne le saura jamais. Les servicesconsulairespeuventtoujoursseréfugier derrièrelestrictrespectdesprocédures,sondécès pose clairement la question du sort réservé à unepartnonnégligeabledesdemandesdevisas. L’accélération des flux migratoires, notamment en provenance du Sud, a conduitlespaysdel’Union européenne à mettre en place un dispositif ri- goureux pour contrôler l’installation durable de ressortissants étrangers sans ressources, sans tra- vail, sans logement. Les accords de Schengen ont scellé cette politique sans réussir pour autant à endiguer l’afflux de migrants qui prennent tous lesrisquespourveniréchouersurlescôteseuro- péennes. La politique de contrôle aux frontières est donc amplement partagée par les Européens qui agissent de concert pour veiller à l’accueil et à l’intégration des ressortissants étrangers. Mais si Schengen fait consensus, la mise en œuvre progressive d’une politique de quotas fait débat. Parce que pour beaucoup d’Européens, l’idée même de quota n’est, souvent, pas très éloignée del’arbitraire.Etsamiseenœuvrenevapassans engendrer de nombreuses difficultés, y compris avec les pays – notamment africains – qui ont signé les premières conventions. Lesdéfenseursd’uneFrancerepliéesurelle-même aiment à rappeler la célèbre phrase d’un Michel Rocard, alors Premier ministre de François Mit- terrand,pourqui«laFrancenepeutpasaccueillir toute la misère du monde…». Reprise à l’envi, elle soulignait les limites que la conjoncture économiqueetsocialeimposeàtoutedémarche d'immigration. Ce rappel des contraintes pesant sur les responsables politiques, par un homme de gauche, continue pourtant à être interprété de façon perverse comme un ralliement à une doctrined'immigrationzéro,aussiirréalistepour la France que dangereuse pour son économie. Michel Rocard ajoutait en effet «… mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part». Alors même que 20% des demandes de visas sont aujourd’hui refu- sés – sans justification aucune – aux citoyens marocains,cesontbien lesconditionsd’obten- tiondevisasquidoivent êtreréexaminées.Àtout lemoins,lesconditions d’examen par une ad- ministration soumise à des pressions peu… diplomatiques. Mais le cas tragique de Aïcha Mokhtari ne pose pas seulement la question du traitement de son dossier par des services consulaires. Sans doute devrions-nous comprendre pourquoi nos conci- toyens sont contraints de solliciter un visa pour se faire soigner convenablement. De même, il ne serait pas vain de porter attention aux milliers de jeunes Marocains qui, faute d’avoir accès, ici, à un enseignement supérieur de qualité, se voient contraints de poursuivre leurs études en Europe. Le vrai scandale n’est-il pas, d’abord, dans la double faillite de notre système de santé et de notre enseignement? ■ 3Édito actuel / Semaine du 12 au 18 septembre 2009 Unedoublefaillite actuel Un dysfonctionnement lié à des pratiques administratives qui confinent à l’absurde. SDirectrice de la publication: Meriem Lahrizi Éditeur, conseiller de la rédaction: Henri Loizeau Assistante de la rédaction: Meriem Zraidi Tél. 05 22 95 18 15 / 18 16 REDACTION Directeur de la rédaction: Eric Le Braz Chefs de service: POLITIQUE/INTERNATIONAL : Abdellatif El Azizi ÉCONOMIE : Mouna Kably SOCIÉTÉ : Tarik Qattab CULTURE : Bahaâ Trabelsi Rédacteurs: Yanis Bouhdou, Amanda Chapon, Zakaria Choukrallah, Khadija El Hassani, Correspondante: Sofia Amara (Beyrouth) Photographe: Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro: Abla Ababou, Dina Alami, Alx, Inès Asensi, Lino Bacco, Malika El Aoudi, Jorge Garcia, Louza L.C, Nabil Maleki, Meriama Moutik, Jean-Michel Quatrepoint, Rymza Crédits photo: AFP, MAP et AIC Press ÉDITION Rédacteur en chef technique : Driss Douad Directrice artistique: Fadoua Damiri Secrétaires de rédaction : Annabelle Lhomme V.M.A Maquettiste : Youssef El Moutassaddik Révision: Laila Lebbar Conception graphique: Studio Baylaucq & Co PUBLICITE Moulay Ahmed Alami ma.alami@actuel.ma DIRECTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE Fouad Imadi IMPRIMERIE Idéale, Casablanca DISTRIBUTION Sochepress Imprimé au Maroc – Printed in Morocco. Tous droits réservés. Reproduction interdite sauf accord de l’éditeur. Tirage: 20 000 ex actuel est édité par Logique Presse. SARL. Capital social : 4 millions DH. Directrice générale: Meriem Lahrizi. 155 Boulevard d’Anfa, 20050 Casablanca, Maroc Tel : 05 22 95 18 15 / 18 16 Télécopie : 05 22 95 18 14 Dépôt légal : en cours Dossier presse : 19/09 actuel Sommaire ÉCRIVEZ-NOUS À courrier@actuel.ma actuel / Semaine du 12 au 18 septembre 2009 4 N°13 - DU 12 AU 18 SEPTEMBRE 2009 C’est encore loin l’Italie? Oudghiri, le début de la fin. Cet homme a 3500 élèves. Chez les mangeurs de cochon. Dossier presse : 19/09 Driss Roukhe aux multiples facettes 14 20 26 58 60 SActualités 06 LA SEMAINE EN IMAGES 08 DÉCRYPTAGE 10 ÉTAT-MAJOR | La chaude rentrée d’Ahmed Akhchichine SDossier 14 SCHENGEN | Visas, de la pagaille et des failles 20 ENQUÊTE | Oudghiri, de l’abordage au sabordage SÉconomie 26 PORTRAIT | Abderrahmane Lahlou, entrepreneur de l’enseignement 30 SECTEUR | BTP, Transport, Offshoring, le trio recruteur 34 STAR | Marwa se diversifie dans les accessoires 35 WARNING | Concentré de tomates : les industriels voient rouge SPolitique 36 ZAKAT | Les méandres de l’argent hallal SSociété 40 REPORTAGE | Héroïne, les fantômes du cimetière de Tanger 44 FAIT-DIVERS | Sanglant infanticide 46 AFFAIRE SKAH | La thèse de l’enlèvement confirmée 48 ARRÊT SUR IMAGE SMonde 52 AFGHANISTAN | Le temps de la suspicion 53 GABON | Port-Gentil compte ses morts 54 MONDE ARABE | Unesco : l’Égyptien Hosni sur le gril 56 CHRONIQUES DES DEUX RIVES SCulture 58 EXPO | Mon oncle Ahmed au pays du Gouda 60 CINEMA | Zéro faute pour CasaNegra 61 LIVRES | Des nouvelles couronnées par le Prix 2M 62 PORTRAIT | Lina Tazi, galets coquets 66 SORTIR | Nuits blanches sur le dance floor STendances 68 VOYAGE | Un week-end (accro) branché 70 RENTRÉE | J’ai testé l’achat des fournitures scolaires 72 VOITURE | Toyota Avensis D-4D, confortable et sécuritaire 74 DÉCO | La galette de Francfort 78 SHOPPING | Must have de la rentrée 81 DRISS ROUKHE | «J’aime tous mes personnages» 82 LES CHOIX DE... | Don Bigg, Itoub alih!En route vers Hollywood? 81 Actualités6 Actualités6 Le 8 septembre dernier, un pique-nique pop ramadan pour les diplômés chômeurs qui maintiennent leur mouvement pour obtenir des emplois dans le Public. Une fois n’est pas coutume, dans une ambiance agréable. ■ C’est à l’aéroport international Ben Gourion qu’un nouveau mi- grant, débarqué d’Amérique du Nord, embrasse le sol sacré. Selon les autorités d’immigration israélienne, 204 immigrants sont arri- vés à bord de cet avion pour rejoindre leur patrie de cœur, Israël. ■ En Malaisie, A.M.S.P Suppiah et sa femme sourient. Ils ont rem- porté un procès contre McDonald’s, le géant américain. La fran- chise du célèbre fast food avait porté plainte contre le couple pour faire supprimer de l’enseigne McCurry, le préfixe Mc. ■ Sit-in des chômeurs Le ftour de la colère Terre Promise Israël, mon amour Procès bollywoodien McCurry gagne contre McDo S Green is power ! On en rêvait, BMW l’a fait. Son dernier concept car, baptisé “Vision Efficient Dynamics” est al- léchant: un moteur hybride, mais sans perdre en puissance. http:// www.synergy-space.com/index. php/Design-et-Tendances/ VU SUR LA TOILE actuel / Semaine du 12 au 18 septembre 2009 LesoragesdejeudimatinontétévirulentsauMarocetondéplorait trois disparus emportés par les crues à Imilchil. À Casa, l’ambiance étaitapocalyptiquedanscertainsquartiersoùleségoutssontmon- tés…lesvoituresontchangédecouleurboulevardOuedOumrabii.■ Orages, ô désespoir Débordements d’égouts à Casa S Masques chic pour grippe choc Pour rester «tendance», à découvrir sur Internet des masques design (siglés Hello Kitty) ou rigolos (groin de cochon). Le chic ultime: personnaliser son masque en imprimant son visage dessus… www.compact-impact.com/ MehdiFedouach/AFP STR/AFPBrahimTaougar/actuel JackGuez/AFP 7Actualités / LA SEMAINE EN IMAGES 7Actualités / LA SEMAINE EN IMAGES Plus de peur que de mal, ce samedi 5 septembre. Malgré les dé- gâts matériels, l’incendie survenu dans une usine de fil de coton n’a pas fait de victimes. Une fois n’est pas coutume, les pompiers sont arrivés à temps. ■ Le recyclage élevé au rang d’art, c’est le thème de l’exposition d’œuvres d’enfants de Hay Mohammadi qui se tient jusqu’au 30 septembre aux anciens Abattoirs de Casablanca, eux-mêmes recyclés en plateforme d’événements culturels. ■ Les pompiers étaient là Incendie à Casablanca Rien ne se perd Tout se transforme Quelquesjeunesmembresdel’ONG«Idmaj»balaientetramassent les ordures qui jonchent un bidonville insalubre à Ben M’Sik. Idmaj apourbutd’aiderlesjeunesdesbidonvillesafindelesdissuaderde tomber dans la drogue, la violence ou l’extrémisme. ■ Opération bidonville propre Un coup de balai contre la fatalité S Ramadan en débat « Pour un débat serein entre ceux qui jeûnent et ceux qui mangent ». C’est le titre (traduit de l’arabe), d’un groupe Facebook créé il y a quelques semaines. Le sujet déchaîne les passions. actuel / Semaine du 12 au 18 septembre 2009 S Casting de petits… Selon la télévision belge (RTBF), le staff présidentiel a sélectionné des ouvriers de petite taille pour entourer Nicolas Sarkozy lors d’une visite d’usine. Gros buzz: les Français n’ont jamais autant regardé la télé belge ! BrahimTaouguar/actuel AbdelhakSenna/AFP Une jeune veuve a été condamnée pour indécence et doit régler une amende de 500 livres soudanaises (200 dollars) pour avoir porté un pantalon. La journaliste soudanaise, Lubna Ahmed al- Hussein, a déclaré préférer la prison plutôt que de payer l’amende■ La veuve était en pantalon Comme un garçon au Soudan BrahimTaougar/actuel AshrafShazly/AFP Actualités8 Des Marocains relégués à l’étable ● LES FAITS Douze exploitants agricoles ont comparu le 7 septembre devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour «prêt illicite de main-d’œuvre, travail dissimulé et emploi d’étrangers» notamment. Ces viticulteurs sont accusés d’avoir employé au début de l’année 2003, des travailleurs marocains en situation illégale et de les avoir logés dans une étable. Dans ses réquisitions, le procureur a demandé 3 ans de prison dont 2 avec sursis à l’encontre d’Émile Van Lierde, de 3 à 6 mois de prison avec sursis pour les autres accusés et une amende de 1000 euros par salarié exploité. Le jugement a été mis en délibéré au 12 octobre. ● LE COMMENTAIRE «C’est l’exploitation d’une misère plus grande que la leur», observe Christelle Jouteau, l’avocate des parties civiles. «Dès le premier jour, j’ai été frappé par le logement» raconte Abdelatif Azirar à la barre, «mais je n’avais pas assez d’argent pour retourner en Espagne, alors je suis resté». Abdelatif est logé dans une ancienne étable, sans isolation, sans chauffage et équipée d’une installation électrique rudimentaire. Serait-ce nouveau? Travail au noir, logements précaires dans des ghettos, conditions de travail portant atteinte de manière ostentatoire aux droits des hommes, la France n’en est pas à un procès près. ● ET DEMAIN Ce n’est pas un fait divers, mais un véritable problème de société. Les condamnations feront jurisprudence, mais décourageront-elles ces pratiques d’un autre âge? B. T. ● LES FAITS Le 7 septembre, le «groupe Zahra Boudkour» est transféré de la prison Boulmharez de Marrakech à la prison locale de Kelaât Sraghna, sans que les principaux intéressés, la famille et encore moins les avocats, en soient avertis. Le comité de défense de ces prisonniers «politiques» est monté au créneau, dénonçant ce transfert «illégal». ● LE COMMENTAIRE Au-delà des relents de scandale politico-judiciaire de l’affaire Boudkour, ce dernier rebondissement remet sous les feux de la rampe la problématique du traitement réservé aux prisonniers et à leur famille. «C’est illégal parce que le jugement n’est pas fini. Il faut que les détenus soient proches du tribunal pour comparaître», s’exaspère Me Massoudi. Pourtant, d’autres prisonniers moins médiatisés ont chaque jour droit à ce type de transfert, dans le déni total de leurs droits les plus élémentaires, et notamment celui d’en être informé ainsi que leurs familles. L’avocat va plus loin et estime que cet agissement des autorités pénitentiaires pourrait être assimilé à un enlèvement. ● ET DEMAIN Des personnes arrêtées dont on perd la trace pendant des jours, des prisonniers transférés d’une prison à l’autre sans qu’ils aient la moindre idée de la nature de leur déplacement, des PV signés par la force, etc. Les méthodes de la police et des autorités pénitentiaires apparaissent ainsi parfois très discutables. Jusqu’à quand? Z. C. ▲ ZahraBoudkour àKelaâtSraghna DR DR Régulation de l’enseignement privé ▲ ● LES FAITS Alors que l’enseignement public cumule les échecs, le secteur de l’enseignement privé est perçu par l’État comme un mal nécessaire. Suscitant suspicion et parfois même, mépris, ces écoles serviraient, aux yeux des gouvernants, tout juste à recycler les rescapés des écoles publiques. ● LE COMMENTAIRE Les écoles privées, qu’elles soient primaires, secondaires ou supérieures, sont appelées à gagner du terrain face au discrédit dont souffre l’enseignement public. Nombreux sont les parents prêts à payer le prix fort pour la formation de leurs enfants. Il incombe donc à l’État de veiller à la qualité de cet enseignement. D’où la nécessité d’entretenir le dialogue avec les opérateurs privés, de valoriser leurs prestations et surtout de mettre en place, en urgence, une agence de régulation autonome dotée d’un cahier des charges bien précis. C’est le seul moyen de renforcer la qualité des prestations de ces écoles. La loi 01/2000 qui prévoit la création d’une instance de contrôle a été promulguée mais aucun décret d’application n’a, à ce jour, été publié… ● ET DEMAIN Pour attirer des capitaux étrangers et accélérer la restructuration du secteur privé en vue d’améliorer le taux d’insertion des diplômés, l’État doit passer à la vitesse supérieure en commençant d’abord par appliquer la loi. Il en va de la crédibilité des écoles et de la confiance des parents. M. K. BrahimTaougar/actuel ▲ actuel / Semaine du 12 au 18 septembre 2009 9Actualités / DÉCRYPTAGE ● LES FAITS Bouchra Edaou et Ali Anouzla, du quotidien «Al Jarida Al Oula» devront finalement comparaître le 29 septembre devant un tribunal pour avoir écrit et publié une «information erronée» sur l’état de santé du roi Mohammed VI. Deux autres titres, les hebdomadaires «Al Michal» et «Al Ayam» sont également poursuivis pour les mêmes faits. ● LE COMMENTAIRE Un pas en avant, trois pas en arrière. Comment décrire autrement le processus de libéralisation de la presse et des médias au Maroc. Qu’un communiqué informe les citoyens de l’état de santé du roi est une grande avancée. Que des journalistes qui osent commenter la nouvelle autrement qu’en collant au texte du communiqué officiel soient arrêtés: trois pas en arrière! Mieux encore, Anouzla et Edaou auraient été «enlevés», leurs téléphones éteints. Cela s’appelle un interrogatoire. Mais que la Fédération marocaine des médias (FMM) se fende d’un communiqué critiquant ces derniers, l’absurde n’est jamais loin. Quatre directeurs de journaux et membres du bureau exécutif de cette instance ont démissionné. ● ET DEMAIN L’autocensure, ce n’est pas un mystère, est un mécanisme d’auto- défense très répandu dans les médias nationaux. De telles affaires ne font malheureusement que renforcer le phénomène. La route vers la liberté de la presse semble encore singulièrement semée d’embûches… A. C. ▲ AffaireAnouzla: encoreunprocès AICPress ▲ Commémoration des50ansdel’USFP ● LES FAITS Dimanche 6 septembre 2009, tout le gotha de l’USFP a fait le déplacement au théâtre Mohammed V à Rabat pour l’inauguration de l’exposition commémorant les 50 bougies du parti de la rose. On y a croisé Abderrahmane Youssoufi, ancien Premier secrétaire du parti et ancien Premier ministre, aux côtés des caciques du parti et d’Abdelouahed Radi, en leader plutôt solitaire ● LE COMMENTAIRE Il y a 50 ans, naissait l’UNFP, l’Union nationale des forces populaires, et avec elle l’esprit de gauche qui a séduit toute une génération, celle des années 1970. Cinquante ans plus tard, que reste-t-il de cette mouvance, transformée en une USFP fragilisée par l’alternance? Au cours de la soirée, un militant a publiquement regretté que son parti ne soit plus que l’ombre de lui-même. Aujourd’hui, la maison ittihadie est à la traîne dans les résultats électoraux, en constante perte de crédibilité auprès des masses populaires qui avaient placé tous leurs espoirs dans l’avènement d’un Maroc démocratique. ● ET DEMAIN L’USFP saura-t-elle rebondir ou restera-t-elle condamnée aux effets de manche, comme cette exposition, ou encore à des propositions de réformes constitutionnelles enterrées sitôt passés les rendez- vous électoraux? Le projet de la gauche unifiée pourra-t-il se concrétiser un jour? Rien n’est moins sûr au regard des clivages qui traversent le parti et la famille de la gauche en général. Z. C. MAP Maroc-Libye: retouraucalme ▲ ● LES FAITS Après une visite à Tripoli lundi 7 septembre, à l’invitation du colonel Maâmar Kadhafi, une délégation d’officiels marocains est rentrée au pays. Traduction: les relations entre les deux pays sont revenues au beau fixe après les tensions nées suite à la présence du Polisario aux festivités du 1er septembre, marquant le 40e anniversaire de Mouammar Kadhafi au pouvoir. Festivités dont le Maroc s’est retiré. ● LE COMMENTAIRE Le calme et la confraternité maghrébine, arabe et africaine entre les deux pays étant rétablis, on est en droit de s’interroger sur la fragilité des rapports du Maroc avec certains de ses «pays amis». Il aura suffi que trois titres marocains critiquent ouvertement le colonel pour que celui-ci monte sur ses grands chevaux, revenant à une vieille position pro-Polisario. Cela en dit long sur la capacité de certains pays à changer de posture, tapant là où ça fait le plus mal. Il n’y a d’ailleurs qu’à voir comment les médias algériens se sont réjouis de cet incident pour s’en rendre compte. ● ET DEMAIN Une visite de quelques jours du président du Parlement et de deux ministres d’État a réussi le tour de force d’éteindre le feu d’un nouveau conflit diplomatique et le feuilleton de ce début de ramadan semble ainsi bien se terminer. Mais jusqu’à quand? Est-ce avec de tels partenaires que le tant attendu Maghreb a quelque chance de se construire? T. Q. (lire aussi page 12) DR actuel / Semaine du 12 au 18 septembre 2009 10 Actualités / ÉTAT-MAJOR10 e ministre Ahmed Akhchichine fait sa rentrée politique un peu plus tôt que ses autres camarades du gouvernement. Normal, il dirige le ministère de l’Éducation natio- nale, de l’Enseignement supérieur, de la Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique, en plein branle-bas de combat pré-rentrée scolaire. C’est l’un des dépar- tements ministériels les plus importants, si ce n’est LE plus important, au regard de l’effort financier (37 milliards de dirhams soit 25% du Budget et 6% du PIB en 2008), du nombre de fonctionnaires et de jeunes Marocains qui en dépendent (près de 8 mil- lions d’écoliers, sans compter le supérieur et la recherche scientifique). «C’est un mi- nistère complexe, qui gère de nombreuses ressources, matérielles et humaines et qui doit satisfaire plusieurs attentes », explique S Risque de grippe A, programme d’urgence pour réanimer une école publique en perte de crédibilité... Ahmed Akhchichine a du pain sur la planche. Fatima Loukili, madame Communication au sein du cabinet Akhchichine. Plan d’urgence La rentrée scolaire de cette année est par- ticulièrement riche en nouveautés. C’est la première à bénéficier du «programme d’urgence». Une sorte de «boîte à outils», se plaît à dire le ministre, destinée à re- pérer les dysfonctionnements et surtout à trouver des solutions. Objectifs: créer 1100 nouveaux établissements scolaires et 372 internats pour faire face à l’encombre- ment des classes. Le ministre se donne un délai de deux ans pour concrétiser ce projet. Dans l’immédiat, 3,7 millions d’écoliers ont reçu un cartable cette année, soit la moitié des effectifs. De même, 300 millions de di- rhams serviront à équiper les écoles. Cette année, le ministre désormais technocrate (son parti, le PAM, a décidé de «geler» son adhésion au bureau politique suite à son passage à l’opposition) a de grandes ambi- tions. Son département place cette rentrée scolaire sous le thème de «la génération de la réussite». Un autre programme, intitulé cette fois-ci «Tous pour l'école de la réus- site», vise à ramener le taux d'abandon scolaire (primaire) à 5%, voire 0%. Grippe A: un dispositif anecdotique Autre dossier chaud que l’ancien directeur général de la Haute autorité de la commu- nication audiovisuelle (HACA) doit gérer: la menace de grippe A. À ce niveau, ce qui a été fait semble peu rassurant. Jugez-en vous-même: sensibilisation auprès des enseignants et obligation pour les enfants de se laver les mains. Anecdotique, com- paré au dispositif choc mis en place dans des pays comme la France par exemple (voir actuel n°12). Bref, un énorme chan- tier attend cette année ce communicateur. Réussira-t-il là où tous ses prédécesseurs ont échoué? ■ Zakaria Choukrallah Lachauderentrée d’AhmedAkhchichine L’enseignement a été défini comme un chantier urgent par le roi. Pour épauler Ahmed Akhchichine, Mohammed VI a nommé Latifa El Abida au poste de secrétaire d'Etat. Fidèle à sa réputation de bosseuse, cette Iscaïste a commencé sa carrière en 1973 en tant qu’enseignante. Elle connaît très bien ce ministère pour y avoir toujours travaillé au poste de DRH depuis 2003, et connaît également son personnel très syndicalisé. Cette femme dynamique est certainement la plus compétente pour se pencher sur les problèmes des enseignants. Le département qu’elle gère avec son ministre présente un organigramme complexe. On peut y distinguer deux grands départements : l’Enseignement scolaire, géré par Youssef Belkacem chargé de superviser 70académies régionales et leurs délégations, ainsi que le département de l’Enseignement supérieur, de la Formation des Cadres et de la Recherche scientifique, supervisé par le secrétaire général Abdelhafid Debbagh. Ce dernier service regroupe 15 universités et deux établissements publics. Sans compter les directions centrales, les délégués et les directeurs d’académies supervisés par ces deux départements. Un véritable mastodonte. ■ S Le ministère de l’Éducation nationale est un mastodonte Latifa El Abida Abdelhafid Debbagh actuel / Semaine du 12 au 18 septembre 2009 DR DR Ahmed Akhchichine occupe un portefeuille essentiel. Actualités / POLITIQUE12 oute la presse a glosé sur le ca- mouflet porté par Kadhafi aux Marocains lors de l’anniversaire de ses 40 ans de pouvoir. La dé- légation marocaine conduite par Abbas El Fassi a dû plier bagage après que Mohamed Abdelaziz ait été invité à parader aux côtés des chefs d’État et des personnalités étran- gères. Pourtant, Tripoli avait donné des ga- ranties fermes sur la non-présence du chef du Polisario. Ce coup fourré, parfaitement dans les cordes de Kadhafi, n’est pourtant pas le fait du leader libyen. Selon des sources fiables, la présence du secrétaire général du front Polisario Mohammed Abdelaziz à Tripoli le mardi 1er septembre serait plutôt une initiative des Algériens. Il semblerait que ce soit le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui ait personnellement invité le chef des in- dépendantistes, au grand dam du ministère li- byen des Affaires Étrangères. «Tout s’est joué la veille. Mohammed Abdelaziz, qui s’apprêtait à prendre l’avion pour Alger après avoir participé au sommet de l’Union africaine a été rappelé en catastrophe par le président algérien. Celui-ci lui a signifié qu’il devait rester à Tripoli. Devant l’hésitation du chef du Polisario qui connaît les colères de Kadhafi, Bouteflika l’aurait alors ras- suré, assumant la responsabilité de cette présence pour le moins indésirable. Et c’est ainsi que Kad- hafi aurait été piégé par le président algérien » rapporte notre source. ■ Maroc-Libye:KadhafipiégéparBouteflika près avoir été taxé de populisme, Rachid Nini, direc- teur du quotidien arabophone «Al-Massae», est ac- cusé maintenant de… racisme. Le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem) a envoyé une lettre de protestation à Rachid Nini. L’ONG constate «une tendance à véhiculer une image né- gative et stigmatisante des migrants d’origine subsaharienne ou comme les appelle le journal, AL MOUHAJIRINE AL AFA- RIKA». Citations du journal datées à l’appui, la GADEM relève qu’«Al-Massae» traite les Subsahariens de «menace sécuri- taire pour le Maroc, gens malhonnêtes, trafiquants de drogue, arnaqueurs, terroristes» et les femmes migrantes de «prosti- tuées, porteuses du virus du Sida». ■ PlainteRachid Nini raciste SOujda Un juge poursuivi pour agression sur mineure À l’issue de l’enquête sur l’agression d’une mineure par ses employeurs, le procureur général du roi à Oujda a ordonné l’arrestation de l’épouse d’un magistrat et la poursuite de l’accusée pour «sévices et séquestration d’unemineure». Le procureur général a présenté une requête au Premier président de la même juridiction pour ouvrir une enquête sur cette affaire avec le juge, époux de la personne poursuivie. L’affaire remonte au mois d’août, lorsque la petite bonne s’est enfuie du domicile du couple après avoir été battue et séquestrée durant des mois. ■ S Maroc-Israël Réouverture du bureau de liaison ? Alors que le forum international d’Al Qods se tiendra en octobre au Maroc, à l’initiative de la fondation Yasser Arafat en collaboration avec l’Agence Bayt Mal Al Qods Acharif, de nombreuses associations marocaines se sont manifestées pour mettre en garde Abbas El Fassi contre tout rapprochement avec Israël. Le secrétaire général de l’Association marocaine de soutien à la lutte palestinienne (AMSLP) compte organiser une manifestion à Rabat mercredi prochain. Derrière cette agitation, des rumeurs sur l’éventualité de la réouverture du bureau de liaison Maroc-Israël fermé en octobre 2000. ■ [ INFOS EXPRESS ] SUn réseau terroriste devant le tribunal Trente-huit personnes soupçonnées d’appartenir à un réseau de recrutement de Marocains pour l’Irak et l’Algérie ont comparu le 3 septembre devant le tribunal anti- terroriste de Salé. Les membres de ce réseau démantelé en juillet 2008, sont issus des villes de Tétouan, Tanger, Chefchaouen, Larache, Ahfir et Al Hoceima. Selon les procès verbaux de la police, les suspects projetaient de rejoindre des « groupes terroristes » dans des camps d’Al Qaida pour le Maghreb islamique (AQMI) au Sahara avant de regagner ensuite l’Irak. Le tribunal de Salé a reporté à début octobre l’examen de cette affaire à la demande de la défense. ■ [ JUSTICE ] T A actuel / Semaine du du 12 au 18 septembre 2009 AICPRESS Abbas El Fassi a subi un véritable camouflet à Tripoli. AICPRESS 13Actualités / POLITIQUE actuel / Semaine du 12 au 18 septembre 2009 ● Le fils du Premier ministre, MAJID EL FASSI, 25 ANS, est pressenti à la tête de la chaîne de télévision satellitaire «Al Maghribia» pour remplacer Driss El Mrini. ● Veolia qui s’était engagé à mettre en service le TRAMWAY DE RABAT en août 2009 est en retard sur les délais de livraison consignés dans le cahier des charges. Légalement, Oualalou a parfaitement le droit de mettre fin au contrat qui avait été signé avec son prédécesseur. ● AHMED REDA CHAMI mènerait une guerre sans merci pour dégommer son secrétaire général. Bousselham Hilia, secrétaire général du ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies depuis des lustres ne semble pas s’inquiéter outre mesure des sautes d’humeur à répétition de son ministre. Il a le temps pour lui. ● Sahib et Ibn Mansour, deux EX ATTIJARIWAFA, s’associent pour créer une société de gestion dénommé Winéo gestion pour lancer des sicav sur le marché. ● Un jeu de chaises musicales est attendu prochainement au sein de BMCE Bank. Au sein de la banque, on lie « ce branle-bas de combat » au renforcement de RMA Watanya dans le capital de la BCP rendu officiel cette semaine. En dépit du démenti officiel du top management de BMCE, JALOUL AYAD SERAIT SUR LE DÉPART. A suivre. Les bruits du village l en faut beaucoup pour mettre les juges au pas mais la réforme de la justice version Radi commencera d’abord par la construction de nou- veaux tribunaux, dans différentes villes. La CGI et la société Al Omrane ont été ainsi chargées des travaux de construction de 22 juridictions, dont 4 Cours d’appel et 18 tribunaux de pre- mière instance, qui devront être prêtes entre 2009 et 2012. Comme il faut du monde pour remplir les tribunaux, Abdewahed Radi a gonflé les budgets pour le recrutement de nouveaux magistrats et fonctionnaires qui sont déjà passé de 100 postes en 2008, à 1000 postes en 2009. Quant à l’application des orientations royales en matière de réforme de la justice, qui insistent notamment sur la moralisation de la justice, le ministère de la Justice a décidé de créer un numéro vert qui permettra à tout citoyen qui a un problème avec un juge, de porter plainte et de mettre au courant les services du minis- tère de tutelle de sa doléance, par téléphone. ■ JusticeLaréformeversionRadi SMarché de gros : 20 milliards détournés par la mafia des fruits et légumes La PJ de Sidi Othman Benmsik devrait bientôt rendre sa copie sur le dossier du marché de gros de fruits et légumes de Casablanca, qui avait été instruit par le juge d’instruction Jamal Serhane en 2003, avant d’être transféré à la police pour complément d’enquête. Dans cette affaire où pèsent de graves soupçons de détournement des deniers publics sont impliqués plusieurs parlementaires, des élus qui émargent au conseil de la ville, des administrateurs du marché et des com- merçants véreux. Selon le PV d’accusation, ce sont plus de 20 milliards de centimes qui ont été engrangés par cette mafia des fruits où sont impliquées de grosses légumes. ■ SSidi Othman Le roi a bon dos Le roi Mohammed VI a inauguré, le samedi 5 septembre à Casablanca, l’hôpital préfectoral Ben M’Sik, réalisé dans le cadre de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) pour un coût global de 26 millions de dirhams. Jusque-là tout va bien, sauf que les habitants des immeubles situés en face de l’hôpital se sont fait forcer la main par les autorités locales pour passer à la caisse. 500 dirhams par habitation pour retaper et peindre les murs qui longent l’avenue en question. Des pratiques qui rappellent une époque où les citoyens se faisaient systématiquement racket- ter, à chaque visite de Has- san II, par des sécuritaires et des agents d’autorité au zèle douteux. ■ SDes puces contre les grandes oreilles A l’approche du renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers qui aura lieu le 2 octobre prochain, la bourse électorale est au plus fort. Chargé de lutter contre le phénomène de corruption, l’Intérieur a mis sous écoute la plupart des grands électeurs ainsi que les candidats. Mais la tâche est particulièrement compliquée avec l’apparition de nouvelles méthodes de «triche» telles que le recours à des puces de téléphone achetées au noir pour éviter les écoutes. ■ Plusieurs élus sont impliqués dans le trafic. AICPRESS Le ministre de la Justice Abdelouahed Radi. DR I Dossier14 VISASactuel / Semaine du 12 au 18 septembre 2009 BrahimTaougar/actuel Delapagailleetdes
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