Actuel 74 - Page 1 - Actuel est un magazine hebdomadaire marocain francophone, appartenant au groupe « Logique Presse ». Des sujets très variés y sont abordés (économie, politique, société, culture...). Ce magazine généraliste se veut le porte-parole d'un Maroc moderne, dynam H ieràfleuretsmouchetés,l’affrontement desdeux«vainqueurs»del’électionpré- sidentielleenCôted’Ivoirealaisséplace, jeudi, aux premières victimes tombées sous les balles des forces de police lors delamarchedespartisansd’AlassaneOuattaravers la Radio télévision ivoirienne (RTI). En appelant ses partisans à prendre ce jeudi le contrôle de la radio télévision,puisàs’assurerdesbureauxdelaprésidence pour y installer son gouvernement en lieu et place de celui de Laurent Gbagbo, le président Ouattara savait prendre des risques. à commencer par celui d’affrontements sanglants avec les forces de l’ordre. Risques parfaitement calculés au demeurant. Président élu, adoubéparlaCommissionélec- torale indépendante, soutenu par l’ensemble de la commu- nauté internationale – ONU, états-Unis, Union européenne, Union africaine… -, Alassane Ouattara n’avait d’autre choix, plus de deux semaines après sa victoire, que de prendre l’initiative pour tenter de sortir de l’impasse dans laquelle Laurent Gbagbo, «président»désignéparunConseilconstitutionnel composé d’hommes liges, cherche à l’enfermer. En ciblant la RTI, Ouattara n’ignorait pas la portée symbolique de sa démarche. Aux côtés de l’armée, c’estlàlesecondsymboledupouvoirenCôted’Ivoire. Unevéritablemachineàcontrôlerl’informationet, partant, une opinion publique par ailleurs privée de tout accès à la couverture par les médias inter- nationaux, tels RFI ou France 24, ou même la BBC, habituellement très écoutés localement. à Abidjan, la question est désormais de savoir quel sera le comportement, à moyen terme, de l’armée. Laurent Gabgbo estime tenir la confiance de ses forcesarmées,etlesrênesdesprincipauxleviersdu pouvoir : trésor public, banques, télécommunica- tions, etc. Mais cette confiance pourrait apparaître rapidement toute relative. L’époque où les troupes deGbagboavaient,enmars2004,réprimédefaçon 3édito Côted’Ivoireendanger actuel du 18 au 24 décembre 2010 sanglante une marche de l’opposition d’alors, qui avait fait quelque 120 victimes, semble révolue. Le présidentsortantaperdulesoutiendelacommunauté internationale,quilemenacedesanctions.Etl’aver- tissementlancécettesemaineparleprocureurdela Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, qui menace de poursuites « quiconque se rendra coupable de crimes » (en clair, quiconque prendra la décision de tirer sur la foule), fait figure d’épée de Damoclès au-dessus du trio de généraux parmi les plus proches de Gbagbo . Et d’autres militaires pourraientégalementêtretenuspourresponsables des débordements d’un week- end de tous les dangers pour la Côte d’Ivoire. L’exemple du Kenya, où trois ans après les violences postélectorales, les noms de six suspects viennent d’être révélés par la CPI, dont deux candidats potentiels à la présidentiellede2012menacés de mandats d’arrêt, pourrait peut-êtreamenerlesgénéraux ivoiriens à réfléchir. Si la Côte d’Ivoire n’est pas signataire du Statut de Rome, fondement juridique de la Cour, ce qui - en théorie-permetàsesressortissantsd’échapperàune inculpation,leConseildesécuritédel’ONUpourrait prendre l’initiative de demander au procureur de diligenter une enquête. Ce faisant, il ouvrirait ainsi l’extension de la juridiction de la Cour à un Etat, la Côte d’Ivoire, non partie au statut de Rome. Au-delàdecettemenacesurlesplushautesautorités politiquesoumilitaires,LaurentGbagbodevraaussi compteravecl’inquiétudedefonctionnaires,armée comprise, dont il ne pourra longtemps assurer les salaires, faute du soutien international. L’impuis- sance première de Ouattara aura-t-elle raison de l’isolement politique et économique de Gbagbo ? LesIvoiriensméritentassurémentmieuxquecette tragi-comédie. ■ L’impuissance de Ouattara aura- t-elle raison de l’isolement de Gbagbo ? actuel actuel est édité par Logique Presse. SARL. Capital social : 12,5 millions DH. Directeur et éditeur: Henri Loizeau Directeur de la publication: Abdellatif El Azizi Directeur de la rédaction: éric Le Braz Rédacteur en chef-adjoint: Tarik Qattab Assistante de la rédaction: Meriem Zraidi Tél. 05 22 95 18 15 / 16 05 29 00 20 02/ 30 03 Fax. 05 22 95 18 14 SRéDACTION Chefs de service: politique : Abdellatif El Azizi économie : Mouna Kably société : Tarik Qattab culture : Bahaa Trabelsi Rédacteurs: Yanis Bouhdou, Amanda Chapon, Zakaria Choukrallah, Sabel Da Costa, Khadija El Hassani, Charlotte Hennebique (chef de rubrique), Meriama Moutik, Adam Berrada. Chroniqueurs: Fouad Benseddik, Pascal Boniface. Correspondants: Cyril Bonnel (Paris), Gaëlle Lucas (Madrid), Maud Ninauve (Tanger) Photographe: Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro: Inès Asensi, Mohamed ElHamraoui, Mohamed Mouhim. SéDITION Rédactrice en chef technique: Keiko Catala Directrice artistique: Fadoua Damiri Maquettiste: Youssef El Moutassaddik Iconographe: Mehdi Mariouch Révision: Laila Lebbar Conception graphique: Studio Baylaucq & Co. SPUBLICITé Tel : 05 29 00 40 04/50 05 Directeur commercial: Moulay Ahmed Alami ma.alami@actuel.ma Responsable commerciale: Ghizlane Malki g.malki@actuel.ma Chefs de publicité: Fatim Ezzahra El Hajji f.elhajji@actuel.ma Nadia El Ouafi n.elouafi@actuel.ma Assistante commerciale: Hanane Ben Izza h.benizza@actuel.ma SADMINIsTRATION Responsable administratif et financier: Younes Machhour IMPRIMERIE Idéale, Casablanca DIsTRIBUTION Sochepress Imprimé au Maroc – Printed in Morocco. Tous droits réservés. Reproduction interdite sauf accord de l’éditeur. Tirage: 20000 ex Sactuel 1, bd Abdellatif Benkaddour, 20050 Casablanca, Maroc Dépôt légal : 2010PE0042 Dossier presse : 19/09 actuel Sommaire écrivez-nouS à courrier@actuel.ma4 n°74 - du 18 au 24 décembre 2010 Le plan d’éradication? Du bidon! Le libre-échange ne leur profite pas. Sahraoui ou non? Deux fêtes pour le prix d’une. 12 26 40 46 64 SActualités 06 la semaine en images 08 décryptage 10 dernière heure SDossier 14 habitat | Villes (avec) bidonvilles, pourquoi ça continue Séconomie 26 commerce extérieur | UE,USA,Turquie,Tunisie, égypte, Jordanie, à qui profitent vraiment les accords de libre-échange? 30 cgem | Vision 2020, les patrons s’y mettent aussi! 32 urbanisme | Forum des villes Casablanca se surpasse 34 denrées | Beurre, la spirale inflationniste 38 bourse SPolitique 40 laÂyoune | Istiqlal / PAM, le bal des accusations 42 droits de l’homme | Nouveau bras de fer entre les salafistes et l’état SSociété 46 célebrations | Achoura ou Noël ? L’important c’est la fête! 50 information | La démographie galopante des médias Web 52 fait divers | Pour une poignée de dirhams... SMonde 56 arrêt sur image 60 côte d’ivoire | La fronde anti-Gbagbo 61 italie | La baraka de Berlusconi 60 chronique des deux rives SCulture 64 spécial festival | FIFM 2010 Les étoiles ont filé 66 spécial festival | Harvey Keitel veut travailler avec Goethe 67 spécial festival | Les courts nous en disent long 68 spécial festival | Les 5 leçons du parrain du cinéma 72 agenda STendances 74 voyage | Milan en impose 76 automobile | Fiat Punto Evo éco-citadine 78 nouveaux produits, nouveaux marchés 80 les 7 péchés | d’Elsa Zylberstein « Je suis une claqueuse» 82 les choix de... Claude Brasseur Faut pas le faire ch… photos de couverture brahim taougar/actuel étoile dans la main et dans les yeux. actuel semaine du 18 au 24 décembre 2010 Actualités6 Grève des professeurs de l’enseignement supérieur les 15 et 16 décembre dernier, manifestation des cinq principaux syndicats de l’enseignement à Mohammédia… La saison des grèves a repris de plus belle.n La Grèce était encore paralysée mercredi 15 décembre. Des dizaines de milliers de manifestants ont exprimé leur colère contre la politique d’austérité. Bilan des affrontements : trois blessés, dont un ministre et des dizaines d’arrestations.n Cliché pris le dimanche 12 décembre à «Lhafra» au douar Brahma à Mohammédia. Cette vieille dame de 102 ans, aveugle et malentendante, survit comme elle peut, sans assistance aucune, quinze jours après les inondations.n Grève de l’enseignement Reprise des hostilités Grèce Haro sur le plan d’austérité Inondations Il y a pire que Lahraouiyine sSapin du désert Le sapin de Noël le plus cher au monde se trouve dans un somptueux hôtel des émirats Arabes Unis. Malgré le désert, l’esprit de Noël est sauvegardé grâce aux 11 millions de dollars que coûte la chose. vu sur lA toile Un groupe de Kenyans a manifesté le 15 décembre contre l’ancien ambassadeur américain Michael Ranneberger. En cause : des cables diplomatiques dans lesquels le diplomate accuse des leaders politique de corruption.n WikiLeaks La diplomatie à rude épreuve sSweet dreams Annie ! Annie Lennox s’est plantée en direct live sur un plateau télé américain: elle a attaqué en retard sur un morceau. Iro- nique pour une star qui disait une minute plus tôt que «le trac ne servait à rien». AiCPress DrsimonMaina/AFP Kostastsiron/AFP actuel / Semaine du 18 au 24 décembre 2010 7Actualités / lA seMAine en iMAges Le prince Charles et sa femme Camilla ne se rendront pas au théâtre de sitôt. Leur Rolls-Royce a été attaquée par un groupe d’étudiants anglais. Le couple princier est sain et sauf mais la voiture a eu plusieurs vitres brisées.n Seize mariées ont dit oui en même temps. Idée géniale de l’association Karama qui a financé l’événement au profit de jeunes Tangéroises sans le sou, grâce au bénévolat et au mécénat. Plus d’un millier d’invités et seize fois plus de youyous!n Muhammad Abdu Al Aziz, plus connu sous le nom de Jermaine Jackson, autrement dit le frère du roi de la pop Michael, a fêté en grande pompe son 56e anniversaire à Marrakech, la semaine dernière. Apparemment, la star n’a pas lésiné sur les moyens.n Angleterre Charlesl’impopulaire Mariages collectifs L’union fait la force Jermaine Jackson Mon anniversaire à Kech Deux jeunes Iraniens sunnites se sont attaqués à une parade chiite à l’occasion de l’Achoura en Iran. Bilan : 39 morts au moins et plus d’une centaine de blessés. Un groupe sunnite insurgé, Jundullah, a revendiqué l’attentat.n Iran Le vrai pistolet de Achoura sLe Best of 2010 YouTube Rewind, gardez bien ce nom en tête. En tapant cette phrase, vous allez accéder aux vidéos les plus marquantes de l’année sur le site de partage de vidéo éponyme. sMan of the year Time a finalement préféré désigner le fondateur de Facebook, Mark Zückerberg, homme de l’année plutôt que le porte-parole de WikiLeaks, Julian Assange, donné favori au début ainsi que la chanteuse Lady Gaga. terrystephens/AFP AFP Maudninauve Brahimtaougar/actuel actuel / Semaine du 18 au 24 décembre 2010 Actualités / décryptAge8 Loi sur le littoral Le PJD met son veto ● les Faits Les députés du PJD ont critiqué vivement le projet de loi sur la « Protection et la mise en valeur du littoral », présenté par le gouvernement El Fassi au Parlement. ● le commentaire Le parlementaire Abdeljabar Qostalani s’est interrogé sur la capacité d’une simple loi à réguler un littoral marqué par l’anarchie au niveau de l’urbanisme des plages, et le trafic de sable pour ne citer que ces deux fléaux. Pour le PJD, les 3540 kilomètres de côtes marocaines ont besoin non seulement d’un arsenal juridique en béton mais plus encore d’une structure adéquate. Les parlementaires islamistes ne proposent pas moins que la création d’une agence chargée de la protection du littoral qui pourrait palier sérieusement l’incompétence avérée des différents intervenants en la matière. L’équipement, l’Intérieur, les communes et la gendarmerie se rejetant allègrement la patate chaude. D’autant plus que la loi Littoral, destinée à protéger et aménager à long terme le littoral du Royaume, répond aussi bien à des objectifs écologiques qu’à des considérations économiques, liées aux activités résidentielles et touristiques à la lisière du maritime. ● et demain Cette structure aura l’obligation de faire le bilan des politiques menées en faveur du littoral au regard des objectifs de la loi (prise en compte de la loi dans les documents d’urbanisme, évolution de la gestion du domaine public maritime...). A.E.A. ● les Faits C’est sans surprise que Miloudi Moukharik a été élu dimanche nouveau secrétaire national de l’UMT au terme du dixième congrès de la centrale syndicale, tenu les 11 et 12 décembre à Casablanca. ● le commentaire L’ère Benseddik semble avoir été définitivement enterrée avec la refonte des statuts de la centrale qui imposent désormais un quota de 20% de femmes dans les nouvelles instances dirigeantes du syndicat, la limitation de la législature du secrétaire national à deux mandats et la tenue du congrès de l’UMT tous les quatre ans. Première centrale syndicale à avoir été créée au Maroc en mars 1955, l’UMT aligne pas moins de 26 fédérations, 42 unions locales et régionales et 9 syndicats nationaux professionnels. Sa force? Ses adhérents ont toujours fait preuve d’un fort attachement à leur identité professionnelle, notamment chez les dockers et les cheminots. La force de l’UMT, c’est que ce syndicat a toujours privilégié un syndicalisme de métiers, alors que les confédérations affiliées aux partis s’en tiennent à un discours plus politique qui ne séduit plus les travailleurs. ● et demain Moukharik, qui ne pourra plus mener ce syndicalisme à l’ancienne à l’image de son prédécesseur, aura-t-il le courage nécessaire pour préserver l’indépendance de l’UMT et résister aux appels du pied incessants du PAM qui rêve de mettre la centrale sous sa coupe? Rien n’est moins sûr. A.E.A. ▲ Syndicat L’UMT enterre Benseddik AbdelhakSenna/AFp AIcpreSS Marché intérieur Tension sur le frais ▲ ● les Faits Une fois de plus, le budget de la ménagère est mis à rude épreuve. Les prix des légumes s’envolent et les raisons invoquées par les vendeurs ne manquent pas : limitation des tonnages transportés, pluies diluviennes, forte demande étrangère… ● le commentaire Le phénomène est récurrent. Le marché des légumes frais est soumis à de fortes fluctuations, aussi bien à la baisse, comme au mois de Ramadan dernier où la tomate s’écoulait à 3 dirhams le kilo, qu’à la hausse. Au-delà des facteurs conjoncturels, le secteur est en proie à des déséquilibres structurels que le plan Maroc vert n’a pas réussi à éradiquer. D’une part, la mainmise des intermédiaires qui empochent des marges bien plus conséquentes que les producteurs ; d’autre part, la forte pression exercée sur la vallée du Souss en proie à une grave pénurie d’eau. Les autres régions à fort potentiel tardent à prendre le relais. Le marché local continue ainsi à être le parent pauvre. ● et demain Il va falloir dépoussiérer le projet de réforme du commerce intérieur, élaboré par Driss Jettou, alors ministre du Commerce et de l’Industrie en… 1997. Parallèlement, toutes les régions à vocation agricole devront être mises à contribution. La régionalisation pourrait donc constituer une véritable aubaine pour peu que les pouvoirs publics prennent, enfin, le problème à bras-le-corps. M.K. Brahimtaougar/actuel ▲ actuel / Semaine du 18 au 24 décembre 2010 Actualités / décryptAge10 ● les Faits Le différend entre le Maroc et l’Algérie sur les événements de Laâyoune ne cesse d’enfler. Cette fois, ce sont les ONG des droits de l’Homme des deux pays qui font part de leur propre lecture des affrontements. ● le commentaire Tout a commencé quand le président de la Commission algérienne a qualifié les événements de Laâyoune de «génocide» et de «crime contre l’humanité commis par un pays agresseur». C’était début décembre. Le CCDH (Conseil consultatif des droits de l’Homme) a rétorqué aussitôt. Dans un communiqué, l’institution présidée par A. Harzenni a qualifié ces déclarations d’agressives et de «conspiratrices». émanant du responsable algérien, elles ne font que confirmer «l’absence d’indépendance de l’institution qu’il préside» et son «inféodation totale et de manière criarde, à la position hostile du gouvernement de son pays», peut- on encore lire. Un langage quasi militaire employé par l’un comme l’autre des deux organismes. La guerre diplomatique est ainsi en train de gagner des terrains aussi insoupçonnés que les organisations des droits de l’Homme. Au risque, avec une telle violence verbale, de tomber dans le ridicule. ● et demain Alors que le renforcement des droits de l’Homme dans les deux pays « frères » devrait être un impératif partagé, l’Algérie et le Maroc continuent de se traiter avec mépris sans jamais se remettre en question. Jusqu’à quand ? T.Q. ▲ Laâyoune : la guerre des ONG Brahimtaougar/actuel ▲ Blanchiment: le CDVM contre-attaque ● les Faits Le CDVM vient de diffuser une nouvelle circulaire dont l’objectif est de protéger le marché financier national contre le blanchiment de capitaux. Sa date d’entrée en vigueur est fixée au 1er janvier 2011. ● le commentaire Depuis l’arrivée de Hassan Boulaknadal à la tête de l’autorité des marchés, le CDVM est prolifique en matière de réglementation financière. Cette fois-ci, le Conseil s’est inspiré des normes et pratiques internationales pour compléter le cadre réglementaire du marché financier national en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux. La nouvelle circulaire prévoit, entre autres, un dispositif d’identification de la clientèle, une vigilance spécifique à chaque profil de risque client et un suivi rapproché des opérations effectuées par la clientèle. Cette circulaire complète l’arsenal réglementaire du CDVM, notamment en matière de contrôle interne et de formalisation de la relation avec la clientèle. ● et demain Cette nouvelle mesure intervient à point nommé, puisque le projet de loi 13-10 modifiant la loi 43-05 sur la lutte contre le blanchiment de capitaux devrait être adopté dans les prochains jours, en même temps que la loi de Finances 2011. Ce projet modifie également le code pénal ainsi que le code de procédure pénale pour une mise à niveau de l’arsenal juridique de lutte contre ce fléau. A.B. dr Maroc, ta jeunesse fout le camp! ▲ ● les Faits Une récente enquête du cabinet américain Gallup vient de nouveau le confirmer : plus de 37% des jeunes Marocains n’ont d’yeux que pour les perspectives prometteuses qu’offrirait l’étranger. 49% des sondés se disent «déçus» par leur vie au pays contre 31% de «satisfaits». ● le commentaire Plus du tiers de notre jeunesse rêve donc de partir s’installer ailleurs. Le chômage, la mauvaise qualité de vie et l’absence de perspectives d’avenir constituent les principales motivations des jeunes partants. Alors que le Maroc s’efforce de rapatrier les jeunes étudiants ou professionnels établis à l’étranger, de nouvelles vagues de candidats à l’émigration se préparent. Et bien qu’on ne jure que par les réformes à même de nous assurer des lendemains qui chantent, l’état des lieux ne fait qu’encourager la volonté de quitter le pays, à n’importe quel prix. Ni les initiatives à l’adresse des jeunes ni les freins à l’immigration mis en place par les pays d’accueil et encore moins les destins brisés par les pateras n’arrivent à dissuader les ambitions légitimes d’une vie meilleure. Sachant que le Maroc a, plus que jamais, besoin de toutes ses forces vives. ● et demain Cette jeunesse désabusée continue à servir de main-d’œuvre et à corriger les déséquilibres démographiques de bien d’autres pays. Et faute d’alternatives made in Morocco, la tendance n’est pas près de s’inverser. T.Q. actuel / Semaine du 18 au 24 décembre 2010 dr Actualités12 actuel / Semaine du 18 au 24 décembre 2010 Alors que le basculement vers Bâle II n’est pas parachevé, les banques ma- rocaines doivent se mettre au diapa- son des règles prudentielles de Bâle III. Le cabinet SIA Conseil estime à 271 mil- lions de dirhams le coût de ce chantier, à débourser dans les cinq prochaines années. Espérons que les clients n’en feront pas les frais. n Banques Bâle II,Bâle III... Budget 2011 Un vote dans la douleur Le projet de loi de Finances 2011 a finalement été approuvé, mercredi, en séance plénière au Parlement. Cependant, des «irrégularités» ont marqué son passage à la Chambre des conseillers. La plus singulière reste le rejet du budget de l’équi- pement par le PAM. Véritable camouflet pour Karim Ghellab, c’est aussi une preuve du manque de cohésion de la majorité. Finalement le rejet, jugé illégal, a été annulé et le budget de l'équipement a été revoté par la commission des Finances. n Retraites Les Marocains anti-réforme La majorité des actifs (72%) s’oppose à l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite. Ils n’étaient que 58% en 2008 (Baromètre AXA de la retraite). n Parlement Naciri craque Le ministre de la Justice Mohamed Naciri s'est montré très ému en pleine séance des questions orales au Parlement. «Si je souhaite le paradis pour ma personne, je voudrais le paradis suprême pour notre Justice», a-t-il déclaré. On dit que l’homme réputé bosseur et intègre vit sous la pression d’une impossible réforme. n France/Maroc La colère d’Alger Le soutien de la France à l’initiative marocaine d’autonomie, réitéré par Michèle Alliot-Marie, braque Alger. Pour L’Expression, proche des généraux: «C’est vraiment faire preuve de naïveté que de croire que les relations entre l’Algérie et la France allaient s’assainir [...] après le départ de Kouchner». n Un carnet de Bâle pour Jouhari. Affaire Oudghiri Le procès reportéLa grève des greffiers a contraint la Cour d’appel de Casablanca à repor- ter l’examen du dossier de Khalid Oudghiri, ancien PDG d'Attija- riwafa bank, condamné l’été dernier à 15 ans de prison ferme, assortis d'une amende de 5000 dirhams pour «compli- cité de faux et escroque- rie». Le notaire Moha- med Hajri condamné à 10 ans de prison ferme dans l’affaire Abdelkrim Boufettas, a été ramené à sa cellule de Oukacha en attendant la séance du mercredi 22 dé- cembre. n l La liste des noms proposés par Bensalem Himmich, pour remplacer le secrétaire général du ministère de la Culture, a été refusée par Abbas El Fassi. Ahmed Kouitej, avec lequel il entretient des relations tendues, avait été nommé SG sur proposition de Mohamed Achaari. l Mohamed Naciri a présenté une liste de 160 avocats sélectionnés pour postuler à la fonction de juge. Seuls 80 ont été jugés aptes à concourir par le Conseil supérieur de la magistrature. l Il a suffi d’évoquer l’éventuelle nomination de Abderrahman Youssoufi au poste d’ambassadeur itinérant pour qu’une intense fébrilité s’empare des politiques désireux de se positionner en vue d’une éventuelle carrière diplomatique. l La fille cadette de Abdesslam Yassine a été soumise à une fouille à l’aéroport de Fès Saïss, le 5 décembre, après que les douaniers ont découvert dans ses bagages une importante somme de devises, qu’elle s’apprêtait à emporter chez son mari en Allemagne. l Le PAM a fait le plein de notables, dimanche dernier dans la villa de Mohamed Zahidi, le maire d’El Jadida. Tout le gotha du parti avait fait le déplacement pour accueillir ses invités. DR SLe regard de Mouhim Les bruits du village Dernière heure 13 [ lu dans la presse arabophone ]Briques Une crise en béton Rien ne va plus entre les briquetiers. Frappés par la crise de l’immobilier, chez les professionnels du secteur, c’est le «chacun pour soi». Conséquence, les prix sont bradés par les uns, la qualité laisse à désirer chez les autres, un dumping dénoncé pourtant par la majorité des patrons. n PJD-MDJS Rien ne va plus Le torchon brûle entre le PJD et la Marocaine des jeux et des sports. En cause, les ambitions de cette dernière de développer ses activités en portant le nombre de ses points de vente de 1200 à 4500. Ce à quoi le parti islamiste s’oppose au nom du caractère «haram» des jeux de hasard. L’affaire a été portée au Parlement. à suivre. n Port de Tanger La Marina se précise Nous vous l’annoncions dans notre précédente édition. C’est désormais officiel. Le port de Tanger sera reconverti en port de plaisance. Coût estimé de l’opération: 6,2 milliards de dirhams. Les travaux seront entamés dès mars 2011 sur une surface globale d’environ 84 hectares. Outre la marina, un musée de 15000 m2 et un palais des congrès de 1500 places sont notamment prévus. n Sécurité Rafles anti- salafistes D’après leurs familles qui ont prévenu les ONG des droits de l’Homme et le procureur du roi, quatre sa- lafistes auraient été enlevés à Mohammédia. Le coup de filet aurait été organisé par les services de sécurité et mené au cours des mois d’octobre et novembre. n Maroc-Côte d’Ivoire Les affaires continuent Crise politique ou pas, la Côte d’Ivoire a porté son choix sur l’entreprise ma- rocaine Gemadec pour le pilotage et l’exécution de son projet de recensement des fonctionnaires et agents de l’état. Objectif: résorber le fléau des emplois fictifs et la fraude à l’emploi. Qu’en est- il des présidents fictifs? n Le dépar- t e m e n t de Aziz A k h a n - n o u c h risquedepas- ser un mauvais quart d’heure au cours de la prochaineassembléegénérale de la Fédération de la pêche maritime et de l’aquaculture (FPMA). Au menu notam- ment, la prolifération de la pêche anarchique qui n’est pas uniquement le fait des Marocains, la contrebande de poisson, la baisse des stocks due à la surexploitation des fonds marins et les retombées négatives sur le secteur de la pêche qui devraient résulter de la crise politique entre le Maroc et l’Espagne. C’est dire si le programme du ministre risque d’être chargé. n Le scandale des photos de nus prises dans le riad Justo à Marrakech pour le compte du magazine espagnol Interviu ne cesse d’enfler. Ayant «l’exclusivité» sur le sujet, Al Massae nous informe mercredi 15 décembre que son copropriétaire Justo Almendros, photographe de profession et de nationalité espagnole, a pris la fuite vers son pays dès que l’information s’est répandue. D’après le quotidien, le célèbre chorégraphe et icône gay Rafael Amargo a accordé un shooting photo tout nu au magazine précité, spécialisé dans la «pornographie». Un reportage photo qui a occupé neuf pages. Le tout sur l’invitation de Justo Almendros. Le moment est on ne peut plus mal choisi: les relations entre le Maroc et l’Espagne sont au plus bas et Al Massae fait sien le «combat» médiatique contre les supports espagnols. Citant des sources anonymes, le quotidien parle ainsi de la possibilité de poursuites judiciaires contre le magazine pour «atteinte à la réputation» de Marrakech. Si ce n’est pas un appel à manifestation, cela y ressemble fort. n BrahimTaougar/actuel Al Massae Des photos gay à Marrakech Akhbar Al Youm Une actualité brûlante Mardi 14 décembre dans la matinée, une voiture prend feu par accident au centre de Casablanca. L’incident provoque un déploiement en force de la police, des pompiers et d’éléments des renseignements généraux. Ce branle-bas de combat peu fréquent s’explique par la tenue d’une réunion im- portante à laquelle étaient présents des officiels amé- ricains au Hyatt Regency. n Al Ahdath Al Jazeera drague les MRE «Cherchez des Marocains résidant en Espagne qui ont des choses gênantes à ra- conter sur le Maroc.» Cette phrase aurait été pronon- cée par le top management d'Al Jazeera, en bisbille avec les autorités maro- caines depuis la fermeture de son bureau à Rabat. L’objectif étant d’«utiliser nos MRE contre nous». n Al-Alam Al Hoceima: un gradé «out» Les événements d’Al Hoceima, qui ont conduit à de violents affrontements entre les autorités et des manifestants, ne sont pas près de connaître leur épilogue. La gendarmerie royale a muté un haut gradé de la ville vers Rabat, et l’a remplacé par un autre res- ponsable qui connaît bien la région. n actuel / Semaine du 18 au 24 décembre 2010 Akhannouch sous tension Dossier14 SUn ministère incapable de mener sa politique, Al Omrane impliqué dans des scandales, des agents d’autorité et des élus qui s’approprient le business de la misère... La résorption des bidonvilles est un fiasco total. En voici les raisons. Villes(avec)bid Pourquoiçacontinue BrahimTaougar/actuel Sidi Moumen, ses bidonvilles horizontaux et verticaux... 15Dossier /haBiTaT L esgaminsenjambentunvéritable oued d’eaux usées, en marchant sur de vieilles planches submer- gées de boue. Des effluves nau- séabonds se mêlent aux odeurs de cuisine, sous un ballet inces- sant de moustiques. «Où sont le gouvernement, les élus, la police, les au- torités?», s’interrogent les résidents des Carrières Centrales qui ne voient les élus qu’une fois par an. Car les marchands des urnesnesesouviennentdubidonvillequ’en période électorale. Quant à la police, elle ne s’y aventure que pour traquer d’éven- tuels délinquants. Le tort de tout ce beau onvilles clées des pouvoirs publics répondent les as- tucesetlesystèmeDdesmafiasdesbidon- villes.Celles-cis’ingénientàfaireproliférer l’habitatinsalubredansdenouvelleszones par le biais de constructions nocturnes, de hangars d’usine reconvertis ou de simples baraquesquisetransformentenensemble résidentiel. Les familles qui emménagent ailleurs n’hésitent pas à sacrifier l’un deux pour garder un ancrage dans le bidonville afindebénéficierd’unappartementqu’elles revendront, etc. Que fait le département de l’Habitat? Ré- duireleseffortsd’AhmedTaoufiqHejiraaux soupçons de délits d’initié qui pèsent sur certains de ses collaborateurs équivaudrait à faire un mauvais procès au personnage. Les enjeux du business de l’habitat insa- lubre dépassent de loin le champ d’action de ce ministère. En témoigne le «débar- quement» récent et sans ménagement du patron d’Al Omrane. Hejira, surpris par le limogeage du directeur d’Al Omrane, monde? Vivre dans l’un des centaines de bidonvilles que compte le pays… Depuis le fameux discours royal du 20 août 2001, la lutte contre la prolifération de l’habitat insalubre s’est intensifiée. Et pour réaliser son programme «Villes sans bidonvilles» (VSB), le gouvernement a al- loué une enveloppe budgétaire de 75 mil- liards de dirhams, dont 25 milliards versés par l’état, avec la mise à disposition d’une assiette foncière de 18000 hectares. Malgré une cadence de près de 100000 logements par an, près de 5 millions de Marocains continuent à occuper un habitat insalubre. Aux descentes aussi sporadiques que mus- 〉〉〉
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