Nouveau wobook 165 - Page 1 - L’ absence de croissance en Europe peut avoir des conséquences très importantes, etengendrerdegravestroublespolitiques etsociaux.»Devantlesétudiantsdel’Université privée de Marrakech, Dominique Strauss-Kahn parle d’or. L’ancien patron du FMI n’est assurément pas le seul à penser cela, et l’on seraittentédeluiobjecterques’ilyaaujourd’hui, ici et là, absence de croissance, le FMI que pilote désormais Christine Lagarde n’y est pas tout à fait étranger… La nouvelle grève générale subie par la Grèce ce mercredi, avec sa cohorte de manifestations; les très violents affrontements qui se sont déroulés dans la nuit de mardi à mercredi à Madrid, aux abordsduParlementquelesmanifestantsvoulaient envahir; les centaines de milliers de Portugais descendusdanslaruesamedi dernier… témoignent de la désespérance d’une grande partie de la population des pays de la zone euro parmi lesplustouchésparlacrise,et particulièrementdesjeunes. Pris isolément, ces événementspourraientapparaître comme autant d’épiphénomènespassagersnourrispar une crise de confiance des citoyens à l’égard de leurs gouvernants.Maisc’esttoutlesuddel’Europe–de la Grèce au Portugal, de l’Italie à l’Espagne– qui s’enflammedésormais.Déjàsoumisàdesmesures drastiquespourrenforcerunepolitiqued’austérité, condition sine qua non des versements liés aux plans de sauvetage accordés par le FMI, l’Union européenne et la Banque centrale européenne (BCE), l’annonce de l’aggravation de ces mesures (baissedessalairesetallocationssociales,hausse desimpôts,baissedesretraites)placecespayssur un baril de poudre. Et nul ne semble réellement enmesuredeproposerlespolitiquessusceptibles d’éteindre la mèche. La politique d’austérité imposée par la «troïka» place bel et bien les Européens face à un risque systémique de «graves troubles politiques et sociaux».Ceux-làmêmesquirappellentlesheures 3Edito les plus noires d’une histoire pas si lointaine. La radicalisationd’unejeunessedésespérée,lamontée en puissance de l’extrême droite en Europe se nourrissent de la crise et de ses conséquences dramatiquement quotidiennes. Omniprésents danslesruesavecforcedrapeauxetchants,portés au Parlement à la faveur des dernières élections, auplushautdanslessondagesaufuretàmesure que l’austérité se renforce, les néonazis du parti Aube dorée menacent aujourd’hui clairement le pays qui a vu naître la démocratie. La tentation du repli sur soi est grande. L’exemple de la Grèce pourrait ne pas rester isolé. Lorsqueletauxdechômageatteintplusde15%ou 20%d’unepopulationactivequivoitsesrevenus s’effondrer, quand un jeune de 18 à 25 ans sur deux ne trouve pas d’emploi et voit se fermer les portesd’accèsàuneviedigne, la révolte point. Et le risque de déstabilisation s’accroît. Les partis au pouvoir l’ont appris à leurs dépens qui, en Italie, Grèce, Espagne, Portugaletjusqu’enFrance, ont été balayés. Seulement voilà, l’espoir de voir se desserrer l’étau de l’austérité s’est rapidement évaporé. Regagner la confiance, c’est d’abord trouver les voies et moyens de l’intégration de la jeunesse dans le monde de l’emploi. Ce chantier-là, le Maroc s’y trouve également confronté. N’est-ce pas la viceprésidente de la Banque mondiale qui vient de mettre en garde le Maroc contre un chômage qui toucherait 30% des jeunes de 15 à 29ans? La trop célèbre «résilience» de l’économie marocaine a depuislongtempsvoléenéclats.Onpeutplaindre nos voisins européens. Sans doute serait-il plus utile de se mobiliser pour enrayer, tant qu’il est encore temps, la lente dérive de notre propre imprévoyance. ■ Nul ne semble réellement en mesure de proposer les politiques susceptibles d’éteindre la mèche. Barildepoudre actuel actuel / Semaine du 28 septembre au 4 octobre 2012 Sommaire ÉCRIVEZ-NOUS À courrier@actuel.ma actuel / Semaine du 28 septembre au 4 octobre 2012 4 N°161 - DU 28 SEPTEMBRE AU 4 OCTOBRE 2012 Si Abdelkrim m’était conté Le BTP recrute encore et toujours La leçon du «professeur» Tous pour un... diplôme équivalent 16 30 32 48 56 La Velle a plusieurs cordes à sa voix SActualités 6 NOUVELLE GÉNÉRATION | Mehdi Sekkouri 8 LA SEMAINE EN IMAGES 10 DÉCRYPTAGE 14 DERNIÈRE HEURE SDossier 16 DOCUMENT | Abdelkrim, genèse d’une interview historique SEconomie 30 EMPLOI | Ces entreprises qui recrutent 32 GOUVERNANCE MONDIALE | DSK, l’homme qui aimait l’économie 34 LOI NOTARIALE | Les lobbys s’organisent SPolitique 38 ISTIQLAL | La chute du «Fassisme» 42 JUSTICE | Les juges se rebiffent SSociété 46 CARITATIF | La rentrée des enfants handicapés 48 SANTÉ PUBLIQUE | Les blouses blanches voient rouge SMonde 50 MONDE | Mali Il y a urgence au Sahel 52 CHRONIQUE DES DEUX RIVES SCulture 54 EXPOSITION | Le Louvre 12 siècles des arts de l’Islam vous contemplent 56 FESTIVAL | Tanjazz will survive 58 INTERVIEW | Hassan Hajjaj «J’ai dû me battre pour m’imposer» 60 LECTURE | Le cercle des lecteurs passionnés 62 AGENDA STendances 64 NOUVEAUX PRODUITS, NOUVEAUX MARCHÉS 66 LES CHOIX DE... | Touria Hadraoui PHOTO DE COUVERTURE AFPP actuel actuel est édité par Logique Presse. SARL. Capital social : 25 millions de dirhams. Conseiller spécial: Henri Loizeau Directeur de la publication: Abdellatif El Azizi Directeur commercial: Moulay Ahmed Alami Directeur de la rédaction: Eric Le Braz Rédactrice en chef adjointe: Mouna Kably Assistante de la rédaction: Fatima Azzahra Ghoumari Tél. 05 22 95 18 15 / 16 05 29 00 20 02/ 30 03 Fax. 05 22 95 18 14 SRÉDACTION Chefs de service: POLITIQUE: Abdellatif El Azizi CULTURE: Amira-Géhanne Khalfallah Chef de rubrique : ÉCONOMIE: Khadija El Hassani Rédacteurs: Slimane Ammor, Yanis Bouhdou, Zakaria Choukrallah, Ali Hassan Eddehbi, Abdelhafid Marzak, Asmaa Chaidi Bahraoui, Ranya Sossey Alaoui (stagiaire), Kaouthar Oudrhiri (stagiaire) Chroniqueurs: Fouad Benseddik, Pascal Boniface, Driss Jaydane Correspondants: Cyril Bonnel (Paris), Maud Ninauve (Tanger) Photographe: Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro: Salima Yacoubi Soussane, SÉDITION Rédactrice en chef technique: Keiko Catala Secrétaire de rédaction: Ferdinand Demba Révision: Laila Lebbar Directrice artistique: Fadoua Damiri Maquettiste: Youssef El Moutassaddik Conception graphique: Studio Baylaucq & Co. 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Son premier test de passage, il l’effectue à TelQuel en 2005 où il exerce comme journaliste avant d’être promu rédacteur en chef. «J’ai vécu de très belles choses durant cette période, beaucoup d’émotions couronnées notamment de plusieurs distinctions dont le Prix RSF 2007 et le Prix Lorenzo Natali 2008.» Il regrette un peu ces temps héroïques mais pas trop: «Il faut un temps pour tout. Quand on sent qu’on évolue peu ou prou dans un métier, il faut avoir le courage de décrocher, de penser que le meilleur est devant.» A 35ans et un moral d’acier, il a cette façon de surfer sur l’air du temps avec juste la dose d’avance qu’il faut pour réussir dans les affaires. Pour cela, il se sert de deux casquettes, l’organisation d’événements sportifs et son expertise de spécialiste en gestion des stades. Un libéralisme teinté de passion, en somme. Qu’est-ce qui fait courir Sekkouri aujourd’hui? L’argent? Peut-être. Pas seulement. Des convictions politiques? Si on considère que le sport est affaire de politique, pourquoi pas? Sur la table basse de son appartement casablancais s’empilent de beaux livres où le sport est roi. Délivré de ce passé riche en émotions, il répète ad nauseam qu’il suffirait de peu pour que ce pays décolle. Son truc à lui, c’est le sport comme levier de développement. Une passion pour le foot en particulier et le sport en général, mais c’est plutôt côté jardin, là où se joue l’avenir des équipes, le management des stades et la cuisine interne des politiques sportives. Emotion, irritation, séduction, il suffit de le provoquer pour qu’il vous entraîne dans un tourbillon de thèses où s’entremêlent considérations tactiques ou esthétiques, référents politiques et enjeux de l’heure. On est souvent surpris par ses sorties à rebrousse-poilcampéessurdesconvictions solidement charpentées. Ce garçon, promu à une carrière prometteuse au sein de la Sonarges en 2009; a claqué la porte en balançant droit dans les yeux au patron qu’il n’était pas d’accord avec une gestion éculée qui ne rapportait rien à la cause du sport. Il explique tout bonnement qu’il est parti parce que «ceux qui géraient la Sonargesprenaientdesdécisionsauquotidien en fonction des retombées qu’elles ont ou qu’elles pourraient avoir sur leur carrière, plutôtquederedoublerd’effortspourréussir la mission qui leur avait été confiée». Une fois libre de ses mouvements, il se lance dans une formation pointue sur la gestiondesenceintessportives.Lediplôme de Stadium Manager, obtenu au Centre de droit et d’économie du sport de Limoges (CDES), lui permet de fréquenter le même campusqueZinedineZidane.Al’issuedecette formation, Sekkouri qui devient le premier expert marocain de gestion moderne des stades enrage de voir tant de gâchis dans ce secteur. «Il est aberrant de construire des stades à plus d’un milliard de dirhams pour y abriter un match de football une à deux fois par mois. En Europe, le sportif ne représente que 20% du chiffre d’affaires d’un stade. Le reste provient des concerts, salons, séminaires, congrès, etc. chez nous c’est l’inverse, c’est un gâchis énorme.» Où sont passés les vœux pieux de faire de ces stades des lieux de vie, offrant des prestations de qualité, que ce soit pour le grand public ou les entreprises? Son rêve Le beau garçon à la barbe naissante et au sourire indécrochable aime plutôt la musique des seventies, affiche une belle joie de vivre, et se passionne vite pour le débat quand il est sur la même longueur d’onde que son interlocuteur. «En Europe, l’Etat ne construit plus de stades. Il fait appel à des partenariats public-privé pour financercetyped’infrastructures.DesBtpistes comme Bouygues, Vinci… qui construisent à leurs frais les stades. En contrepartie, ils le prennent en concession pendant une vingtaine d’années. Dans le cas du grand stade de Casa, on pourrait faire de même, cela ferait économiser ainsi 3 ou 4 milliards dedirhams.»Ilimagine«faireducomplexe Mohammed V le poumon sportif et culturel de Casablanca, voilà le rêve. J’aimerais bien que les Casablancais s’approprient ce patrimoine. Avec des aménagements intelligents, on pourrait disposer d’un resto panoramique ouvert toute la semaine, une crèche pour les gamins du quartier, une galerie d’art, une salle de fitness, etc. Il faut profiter de l’organisation de la CAN 2015 au Maroc pour apporter ces aménagements. Comme le futur grand stade de Casablanca neserajamaislivréàtempsetquelavillesera obligée de remettre à niveau le complexe, il ne faut pas se contenter comme d’habitude de changer les sièges et de donner un petit coup de peinture». En attendant, Mehdi a juste le temps de mettre les dernières retouches à un festival international des sports extrêmes. Abdellatif El Azizi NOUVELLE GÉNÉRATION ©BrahimTaougar/actuel actuel / Semaine du 28 septembre au 4 octobre 2012 Actualités8 La justice anglaise a suspendu, mercredi 26 septembre, l’extradition de l’imam radical Abou Hamza vers les Etats-Unis. Visé par onze chefs d’accusation liés au terrorisme, l’imam borgne et manchot peut souffler, mais jusqu’à quand? ■ Le cauchemar continue… Après une double attaque, à la bombe et à la voiture piégée, qui a visé, mercredi 25 septembre, le siège de l’état major syrien à Damas, de violents affrontement ont éclaté entre rebelles et militaires à l’intérieur du bâtiment. ■ En cette rentrée scolaire sainte et bénie, le maire de Casablanca, MohamedSajid,joueaupèreNoël.LawilayadeCasablancaaoffert cette semaine quatre bus scolaires à des associations d’aide aux enfants aux besoins spécifiques, et 264 vélos à des collégiens. ■ Royaume-Uni Sursis pour le pirate d’Al-Qaïda Damas Combats en Syrie Casablanca Sajid joue au père Noël SSacrebleu, il a réponse à tout! Une question vous turlupine depuis un moment et vous n’arrivez pas à trouver une réponse? Consultez ce site, vous ne serez pas déçu, enfin je ne sais pas. Je vais voir sur: http://yesnomaybe.info/ VU SUR LA TOILE Démonstration de force de la part des Chinois qui se dotent de leur premier porte-avions. Le lancement de ce dernier joujou militaire intervient dans un climat électrique entre la Chine et le Japon. Le message est clair: Tokyo, tenez-vous à carreau! ■ Chine Démonstration de force SLe court qui fait tabac! Ça parle addiction, pauvreté, frime, médisance ... Ça tourne est un court métrage réalisé par Mohamed Amine Mounna qui sonde avec humour la schizophrénie à la sauce marocaine. ©AFP ©AICPRESS©AFP ©AFP actuel / Semaine du 28 septembre au 4 octobre 2012 Page réalisée par Kaouthar Oudrhiri SLa vie palpitante d’un président Vous aimez (en secret) feu Kim Jong Il, ancien président de la Corée du Nord, ou vous avez tout simplement 5 minutes à perdre? Foncez sur: http://kimjongillookingatthings.tumblr.com/ SJe l’aime, beaucoup, passionnément… Aux USA, dernière ligne droite pour les élections présidentielles. Qui des stars américaines like ou hate Barack Obama? La réponse dans cette vidéo. 7Actualités / LA SEMAINE EN IMAGES 9 Banques, administrations, écoles, métros, hôpitaux… Il n’y a pas un chat! Une grève générale a été lancée, mercredi 26 septembre, par les principales centrales syndicales grecques contre le plan de rigueur réclamé par l’Union européenne et le FMI. ■ Trèsattenduàlatribunedel’AssembléedesNationsunies,leprésident iranien Mahmoud Ahmadinejad a livré, à la surprise générale, un discourstempéré,unbrinkantien,surlapaixetlajustice,laissant de côté ces phrases choc et ces piques anti-Occident. ■ En résidence à l’espace Darja, la compagnie «Anania» a foulé, lundi 24 septembre, le sol de ce lieu dédié à la danse contemporaine, lors de la présentation d’une nouvelle étape du travail sur la dernière création du chorégraphe Taoufiq Izeddiou, «Rev’Illusion» ■ Grèce Lock-outàlacité New York Un philosophe à l’ONU Chorégraphie La danse évolue darja darja Il a la pêche Réda Allali! Normal, la librairie Carrefour des livres étaitarchicomblelorsdelapremièresignaturedesonlivre Zakaria Boualem mardi dernier. Très attendu, le bouquin regroupe une sélection d’une centaine de ses fameuses chroniques. ■ Chroniques Boualem débarque en librairie ©AFP ©B.Taougar/actuel ©AFP ©DR actuel / Semaine du 28 septembre au 4 octobre 2012 Actualités / DÉCRYPTAGE10 Intérieur: le deux poids, deux mesures ● LES FAITS Le parti Al Badil Al Hadari a (encore) été interdit d’organiser une session de son «conseil national» le week-end du 22-23 septembre à Casablanca. Le ministère de l’Intérieur justifie sa décision par le fait que ce parti est «interdit». ● LE COMMENTAIRE Les ennuis de Mustapha Mouâtassim, secrétaire général du Parti Al Badil al Hadari, n’en finissent pas. En 2008, lui et un autre membre du parti ont été incarcérés et leur parti dissous dans le cadre du procès Belliraj. La décision administrative de dissolution n’a toutefois jamais été notifiée aux intéressés. Ensuite, les deux hommes ont été graciés par le roi en 2011 et pensaient, naturellement, pouvoir reprendre leur activité partisane. A l’instar du parti Al Oumma, lui aussi dissous dans les mêmes circonstances. En désespoir de cause, ils se sont tournés vers le tribunal qui a considéré leur plainte non recevable tant qu’ils ne produiraient pas la notification de leur interdiction effective… qu’ils n’ont toujours pas reçue! Même le Conseil national des droits de l’homme ne répond pas à leurs réclamations. ● ET DEMAIN Pourquoi Fizazi, Abou Hafs, Ketttani, et pas Moâtassim? Cette politique du deux poids, deux mesures ne fait que renforcer l’isolement de certains courants politiques qui, au lieu de s’intégrer dans la sphère politique, se radicalisent. L’on en a fait l’expérience amère avec les salafistes. Mais la leçon n’a toujours pas été retenue. A.H.E. ● LES FAITS La décision de Bank Al-Maghrib de maintenir le taux directeur à son niveau actuel de 3% prend de court le marché. Au vu du déficit de liquidités qui atteint la barre inquiétante des 70 milliards de dirhams, les financiers tablaient sur une nouvelle baisse. ● LE COMMENTAIRE Deux éléments fondent la décision de la Banque centrale: l’orientation globalement neutre des risques et la prévision d’un taux d’inflation en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. Cependant, compte tenu du besoin exacerbé en liquidités sur le marché monétaire, le Conseil de BAM a décidé d’assouplir la politique monétaire en baissant le taux de réserve obligatoire de deux points, à 4%. Selon les analystes d’Attijari Intermédiation, cet instrument est fortement sollicité par les pays développés pour soutenir les liquidités. Il se traduira par une baisse de la proportion de fonds dont les banques marocaines doivent disposer sous forme de réserve auprès de BAM. Une telle mesure devrait donc permettre au système bancaire de financer davantage l’économie et de stimuler la croissance. ● ET DEMAIN Malgré ce signal, le marché monétaire n’est pas totalement rassuré. La baisse de 2 points est jugée insuffisante pour résorber le déficit de liquidités. Selon les premières estimations de Attijari Intermédiation, cette mesure devrait se traduire par une réduction de ce déficit de 8 milliards de dirhams. Insuffisant. K.E.H. ▲ Liquidités CoupdepoucedeBAM ©B.Taougar/actuel ©B.Taougar/actuel L’USFP politise le procès Alioua ▲ ● LES FAITS La réunion au sommet de leaders de l’USFP à Rabat, le 24 septembre, a débouché sur la création «d’une commission de soutien à Khalid Alioua et à ses collaborateurs pour exiger leur libération». ● LE COMMENTAIRE Incarcéré depuis trois mois à la prison de Oukacha, Khalid Alouia est appelé à répondre de faits remontant à l’époque où il occupait le poste de directeur du CIH entre 1998 et 2002. La justice planche sur ce dossier depuis 2009 suite à un rapport de la Cour des comptes relevant l’existence de malversations dans le secteur de la promotion immobilière, entre autres. Au lendemain de son incarcération, l’USFP fut particulièrement embarrassée par cette affaire avant que des personnalités proches de Alioua, telles que Achâari ou encore Youssoufi ne fassent pression sur la hiérarchie du parti pour soutenir l’un des piliers du gouvernement de l’alternance. Si la défense de Alioua a raison sur la forme, puisque l’ex-patron du CIH n’a rien à faire en prison tant qu’il n’a pas été condamné, les accusations, telles que présentées par le Parquet, sont accablantes pour celui que l’on veut faire apparaître comme paré de toutes les vertus, fût-il l’un des représentants les plus éminents de la fine fleur de l’intelligentsia de gauche. ● ET DEMAIN En essayant de politiser un procès pour crimes financiers, en remettant en cause l’indépendance de la justice, l’USFP se trompe d’époque et le risque est grand que la manœuvre tourne court. A.E.A. ©DR ▲ actuel / Semaine du 28 septembre au 4 octobre 2012 Actualités / DÉCRYPTAGE12 ● LES FAITS Le Club des femmes administrateurs d’entreprises au Maroc (CFA Maroc) fait ses premiers pas. Mission: promouvoir la participation des femmes au sein des conseils d’administration des entreprises publiques et privées. ● LE COMMENTAIRE En fait, l’émergence de ce club n’est pas due au hasard. Sa création juridique date de mars dernier. Coïncidence ou pas, le code marocain des bonnes pratiques de gouvernance des entreprises publiques est lancé le même mois. Et CFA Maroc compte bien s’appuyer sur ce code qui prône l’indépendance des CA, la lutte contre les conflits d’intérêts, la transparence de la rémunération des dirigeants et de l’information financière, pour renforcer leur rôle au sein des instances dirigeantes des entreprises. Piloté par un bureau de femmes au parcours prestigieux dans des secteurs variés, ou encore le conseil et la haute finance, l’association affiche de grandes ambitions pour améliorer la gouvernance des entreprises.Pour sa première sortie, CFA Maroc recevait, à Casablanca, une invitée de marque, Daniela Weber-Rey, associée au bureau de Francfort de Clifford Chance et experte en gouvernance d’entreprises. ● ET DEMAIN Une rencontre édifiante qui illustre la volonté de CFA Maroc de privilégier le partage d’expériences, la formation au métier d’administrateur indépendant et l’intégration de réseaux internationaux, comme Women Corporate Directors, pour consolider le rôle de ses membres dans la gouvernance des entreprises. M.K. ▲ Administrateurs Femmes au diapason ©B.Taougar/actuel ▲ Torture Peut mieux faire ● LES FAITS A l’issue de sa visite au Maroc, Juan E. Mendez, rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et autres traitements cruels, a rendu publiques ses conclusions. ● LE COMMENTAIRE Le «monsieur anti-torture» de l’ONU a d’abord noté, avec satisfaction, «la coopération pleine et entière dont j’ai bénéficié pendant ma visite, en particulier en ce qui concerne l’accès sans restriction à tous les lieux de détention ainsi qu’aux détenus afin de m’entretenir avec ceux-ci en toute confidentialité». Il a aussi loué les efforts des différentes autorités rencontrées, dont le Conseil national des droits de l’homme, pour favoriser une culture institutionnelle qui interdise et prévienne la torture. Un petit bémol cependant puisque Mendez déplore le recours occasionnel aux mauvais traitements dans des situations d’exception. Il rappelle que la pratique des traitements cruels persiste à l’occasion «d’événements particulièrement intenses, tels que des grandes manifestations perçues comme une menace à la sécurité nationale ou du terrorisme». Dans ces moments-là, l’on peut remarquer une augmentation des actes de torture et de mauvais traitements, précise-t-il. ● ET DEMAIN Même si le Royaume peut se targuer d’avoir mis fin au recours systématique à des pratiques inavouables, tant que des sécuritaires zélés pourront pratiquer la torture sans en subir aucune conséquence, toutes les initiatives contre son utilisation resteront lettre morte. A.E.A. ©AFP Lionsdel’Atlas Lafédérations’enfoot ▲ ● LES FAITS La Fédération royale marocaine de football a nommé, le 22 septembre, le cadre marocain Rachid Taoussi nouvel entraîneur de la sélection nationale, en remplacement du technicien belge Eric Gerets. ● LE COMMENTAIRE L’expérience Gerets s’est avérée coûteuse et n’a rien apporté au Onze national. Le meilleur moyen de laisser passer l’orage est donc de nommer un cadre national. Mais pas pour longtemps… Rachid Taoussi a, pour le moment, objectif unique: absorber la colère ambiante et –si possible– gagner le prochain match contre le Mozambique. Et d’après les bruits qui circulent, il signerait, au mieux, un contrat d’une année. Baddou Zaki, qui était LE favori pour ce poste, et qui voulait de la visibilité, a refusé de prendre l’équipe dans pareilles conditions. Il souhaitait préparer le projet d’une équipe nationale. Trop demandé pour un Marocain? Apparemment, c’est ce que semble penser la Fédération. On oublie toutefois que le problème est peut-être moins celui de l’entraîneur que des joueurs eux-mêmes, enfants gâtés, frappés du syndrome de l’équipe de France en Afrique du Sud lors de la dernière Coupe du Monde. ● ET DEMAIN Cela fera bientôt dix ans qu’on s’obstine à garder la même gestion, en dépit des résultats désastreux. On méprise le cadre marocain, et on se méprise face aux techniciens étrangers. Aujourd’hui, rien n’indique que les choses iront mieux à l’avenir. A.H.E. ©AICPRESS actuel / Semaine du 28 septembre au 4 octobre 2012 Actualités14 Les Chevaux de Dieu à Paris Après le succès cannois en mai dernier, Les Chevaux de Dieu, réalisé par Nabil Ayouch, fait sa sortie parisienne. C’est dans le cadre d’IMAG’IMA, Rencontres des Cinémas Arabes, un événement organisé par l’Institut du monde arabe, que le public parisien a découvert, en avant-première, le dernier film du réalisateur marocain. Ce festival qui s’est tenu du 21 au 25 septembre inaugure sa première édition, et prévoit dorénavant une fréquence annuelle, à partir du mois de juin 2013. ■ Enseignement Les agrégés s’indignent Les professeurs agrégés n’en peuvent plus des tracasseries de leur ministre. «El Ouafa s’est trompé d’époque», s’indignent les intéressés. Ils ont décidé de déposer une plainte au tribunal administratif contre le ministère de l'Education nationale, en raison des prélèvements effectués sur leurs salaires. Alors que El Ouafa les punit pour avoir exercé leur droit syndical, ils comptent remettre ça, en organisant une grève nationale les 4 et 5 octobre prochain. Tant que le gouvernement ne se sera pas prononcé sur une nouvelle législation du droit de grève, pouvoirs publics et syndicats continueront de s'affronter. ■ ● El Hossein El Ouardi aurait-il subi des pressions pour arrêter l’enquête sur les détournements et autres marchés frauduleux commis au cours de la législature précédente? En tout cas, au lendemain de la victoire de Chabat, la mission de l’inspection générale qui enquêtait sur les dossiers sulfureux a été priée d’arrêter son travail. ● Sur la demande de Mohamed Ouzzine, les juges de la Cour des comptes ont débarqué au ministère de la Jeunesse et des Sports, mardi 25 septembre, pour passer au peigne fin les dossiers hérités de Moncef Belkhayat. ● Le nouvelorganigramme de l’ONDA a été rejeté par la DEPP pour cause d’inflation de postes budgétaires. Et les fournisseurs de l’Office sont au bord de l’asphyxie, la réunion à la Primature n’ayant abouti à aucune décision concrète. ● En décidant de soumettre les salariés marocains de l’ambassade des USA au régime fiscal marocain, Samuel Kaplan a semé la confusion au fisc qui ne sait pas dans quelle rubrique comptabiliser ces prélèvements. ● Khadija Zoumi, dont on disait pourtant qu'elle était pressentie pour remplacer Hamid Chabat à la tête de l’UGTM, n’a même pas été élue au sein du nouveau comité exécutif. Un revers pour Chabat ou pour Zoumi? Ou pour les deux? ■ Les bruits du village millions de dollars, c’est le prêt accordé par la Banque mondiale au Maroc pour soutenir l’INDH. 300 A Madrid, la police n’a pas fait dans la dentelle dans la nuit de mardi à mercredi, en chargeant violemment lesmanifestantsquivoulaientpénétrer dansl’enceinteduParlement.AuMaroc, si la police malmène un manifestant, le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Juan Mendez, n’est jamais très loin. Au point de relever que «des pressions physiques et mentales se produisentassezsouventpourmériterune attention».Cenesontpaslesmilitants duM20incarcérésquiledémentiront. Pas plus que Mustafa Ramid, qui vient dereconnaître«plusieurscasd’abus». ■ ©AFP DSK Guest star de la finance islamique Hier à Yalta ou Marrakech, demain en Allemagne et en Corée du Sud, Dominique Strauss-Kahn poursuit son tour de la planète pour distiller ces «quelques idées» dont il espère qu’elles «pourront aboutir et faire réfléchir». L’expatron du FMI voit son agenda se remplir pour les prochains mois. Le Maroc continue à y occuper une place de choix. DSK devrait y être de retour à la minovembre. Et ce sera à Casa pour débattre de la finance islamique. ■ SLe chiffre Espagne/Maroc Aabus,abusetdemi SLe regard de Mouhim actuel / Semaine du 28 septembre au 4 octobre 2012 15 [ LU DANS LA PRESSE ARABOPHONE ] Transportscolaire Lecloudelarentrée Mohamed El Ouafa a oublié de se soucier des conditions de transport des petits écoliers de Chefchaouen et région. Pour répondre présent lors de la rentrée des classes, les communes de Amtar et de Gebha n’ont rien trouvé de mieux qu’une ambulance pour acheminer trente élèves vers leur école. C’est le Centre marocain des droits de l’homme qui tire la sonnette d’alarme. ■ Tourismeinterne Lueurd’espoir Un nouveau départ se profile pour le tourisme interne avec la future station de Mehdia. Le plan Biladi qui peine à décoller, faute d’une offre adaptée, devrait bénéficier d’un coup de pouce avec ce projet. Avec un investissement de 380 millions de dirhams, la nouvelle station offrira 5580 lits sur une superficie globale de 23 hectares. Cette capacité litière sera répartie entre bungalows, appartements, camping et résidences immobilières. Le projet génèrera, à terme, 700emplois directs. ■ Crédits Les PME s’en sortent La décision de réserver 25% des facilités à 3 mois accordées par les banques aux PME et TPE porte ses fruits. En septembre, BAM note une progression de 13% des crédits octroyés aux petites entités. Parallèlement, une enquête interne de la Banque centrale révèle que seuls 15% des dossiers de demande de financement des PME sont rejetés. ■ T oute la ville de Safi ne parle que de ça. Un conseiller de la seconde Chambre a mis en émoi la population safiote en procédant à l’édification d’un café chic à l’intérieur même des remparts de la cité portugaise, inscrite au patrimoine national dans les registres du ministère de la Culture. Plus grave, dans l’impunité la plus totale, notre notable a fait entrer dans le périmètre de son café, le tombeau de Moulay Yazid, l’un des rois alaouites, un lieu pourtant protégé par un dahir royal. Non content d’avoir décroché, dans des conditions opaques, une autorisation pour l’ouverture d’un établissement de luxe dans un endroit protégé, notre parlementaire a mis la main sur une grande partie du domaine public. N’hésitant pas, au passage, à démolir un petit kiosque qui se trouvait à proximité. Un député, fût-il représentant des habitants de Safi, ne peut avoir qu’une autorité morale sur le site, le peuple restant le seul propriétaire des lieux. Ce qui est encore plus condamnable, c’est que ces monuments font partie du patrimoine universel de l’humanité. Ce n’est pas parce qu’ils sont chargés de voter les lois que les représentants du peuple ont le droit de les transgresser. Et quelle garantie aurions-nous du respect des lois par les citoyens, quand ceux qui les votent n’en ont aucun? Avant de donner des conseils, même avisés, au gouvernement et à la population, ces messieurs de la coupole sont d’abord priés de respecter les lois du Royaume.■ Al Anbaa Undéputétransformeun mausoléealaouiteencafé ©AICPRESS La question de la semaine prochaine Retrouvez-nous sur notre page fan facebook.com/actuelmaroc Chabat à la tête de l'Istiqlal: quelles conséquences? Dernière heure actuel / Semaine du 28 septembre au 4 octobre 2012 Veolia Maroc Sous pavillon britannique? Le souhait de Fipar (CDG) et de ECP (fonds de pension) de céder les 25% détenus dans Veolia Maroc (Amendis et Redal) a suscité bien des convoitises. Et non des moindres, puisque plusieurs candidats se porteraient acquéreurs non pas de 25%, mais bien de 100% du capital de Veolia Maroc. Des offres étudiées attentivement par le groupe français, actionnaire à 75%, qui verrait là tout à la fois l’occasion d’accélérer son plan de retrait entamé dans ses filiales à l’étranger, et une opportunité pour le Maroc de relancer dans les meilleurs délais un programme d'investissements devenu nécessaire. Cité parmi ces candidats, le puissant fonds d’investissement britannique Actis. Un fonds soucieux d’étendre ses activités en Afrique, et de se servir du Maroc comme porte-avion à destination de la zone subsaharienne. Younès Maâmar, ancien directeur général de l’ONE, cité comme étant missionné par Actis pour négocier l’acquisition de Veolia Maroc, a démenti. C’est pourtant bien le même Younès Maâmar qui vient de multiplier les rendez-vous avec quelques grandes banques de la place, notamment avec BMCE Bank. ■ Dossier16 ©AFP
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