actuel n°65 - Page 2 - P our assurer un salaire confortable et l’immunité aux députés», répondrait le premier quidam venu. Mais encore? à elle seule, la Chambre des repré- sentants coûte au contribuable plus de 300 millions de dirhams par an, dont 90% en dépenses de personnel (fonctionnaires et députés), le reste étant affecté au matériel, au transport, voyages et autres pèlerinages! Contre quels services rendus? L’absentéisme est une maladie chronique de tous les parlements du monde mais chez nous, c’est déjà la métastase. Le parlement buissonnier est pratiqué à grande échelle et les menaces à répétition de «sanc- tions politiques et financières» à l’égard des absentéistes, avec l’énoncé des noms des contrevenantsavantl’ouverture des questions orales et leur publication dans le Bulletin officiel, n’ont rien changé. Le Parlement remplit-il sa mis- sion? Produit-il des lois? Les lois qu’il faut? D’une manière générale, le vote des lois se limite, pour les députés de la majo- rité, à un blanc-seing donné au gouvernement et, pour l’opposition, à un refus de principe systématique. Depuis l’avènement du gouvernement d’alter- nance, en 1998, les établissements publics sont tenus de fournir un rapport détaillé sur leurs budgets à la commission des Finances de la Chambre des représentants. Or, une fois encore, combien de véritables commissions d’enquête –avec publication des rapports– ont été diligen- tées sur les dépassements de nombreux offices? Deux, en tout et pour tout. Une enquête de la Chambre des conseillers sur la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et une de la Chambre des représentants sur les frasques du Crédit immobilier et hôtelier (CIH). Pire, l’équilibre des pouvoirs est devenu un déséquilibre fonda- mental puisque la transhumance des députés a non seulement provoqué la balkanisation du champ politique mais a fini par dégoûter défi- nitivement les citoyens de la politique. Résultat, le Parlement –et c’est là sa défaite– est désormais perçu comme un obstacle, non comme une solution. Entre ceux qui sèchent le Parlement et ceux qui piquent un somme dans l’hémicycle, quel avenir espérer de la vénérable institution? Il faut résister à la tentation de discréditer les politiques et de façon plus large la politique, en faisant le siège de la Chambre des députés et en hurlant: «à bas les ripoux!» On pense aux propos de Montesquieu sur le caractère indispensable du respect de la vertu dans un système démocratique qui favorise la tentation de tous les vices. Mais aux rêveurs de systèmes alternatifs, il faut expliquer que la crise de la représentation parlementaire, loin de dévaluer l’institution, n’aura fait que confirmer son importance. Si l’on considère, avec le compas de l’Histoire, les transformations considérables qui travaillent aujourd’hui le Maroc de l’intérieur, on cessera de broyer du noir. On reconnaîtra la dynamique de changement impulsée à la coupole par le discours royal (voir page 38), conjuguée à la conscience chez de nombreux citoyens que le Parlement, avec les médias et la société civile, restent les derniers contre-pouvoirs dans toute démocratie qui se respecte. ■ 3édito Unparlement, pourquoifaire? L’absentéisme est le cancer de tous les parlements. Mais chez nous, c’est la métastase. actuel actuel / Semaine du 16 au 22 octobre 2010 actuel est édité par Logique Presse. SARL. Capital social : 12,5 millions DH. Directeur et éditeur: Henri Loizeau Directeur de la publication: Abdellatif El Azizi Directeur de la rédaction: éric Le Braz Rédacteur en chef-adjoint: Tarik Qattab Assistante de la rédaction: Meriem Zraidi Tél. 05 22 95 18 15 / 16 05 29 00 20 02/ 30 03 Fax. 05 22 95 18 14 SRéDACTION Chefs de service: politique : Abdellatif El Azizi économie : Mouna Kably société : Tarik Qattab culture : Bahaa Trabelsi Rédacteurs: Yanis Bouhdou, Amanda Chapon, Zakaria Choukrallah, Sabel Da Costa, Khadija El Hassani, Charlotte Hennebique (chef de rubrique), Meriama Moutik, Adam Berrada. Chroniqueur: Fouad Benseddik. Correspondants: Cyril Bonnel (Paris), Maud Ninauve (Tanger) Photographe: Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro: P. Abboud, I. Asensi, M. ElHamraoui, M. Mouhim, M. Guillemain-Loudifa, A. Makdessi. SéDITION Rédactrice en chef technique: Keiko Catala Directrice artistique: Fadoua Damiri Secrétaire de rédaction: Fadwa Islah Maquettiste: Youssef El Moutassaddik Iconographe: Mehdi Mariouch Révision: Laila Lebbar Conception graphique: Studio Baylaucq & Co. SPUBLICITé Tel : 05 29 00 40 04/50 05 Directeur commercial: Moulay Ahmed Alami ma.alami@actuel.ma Responsable commerciale: Ghizlane Malki g.malki@actuel.ma Chefs de publicité: Fatim Ezzahra El Hajji f.elhajji@actuel.ma Nadia El Ouafi n.elouafi@actuel.ma Assistante commerciale: Hanane Ben Izza h.benizza@actuel.ma SADMINISTRATION Responsable administratif et financier: Younes Machhour IMPRIMERIE Idéale, Casablanca DISTRIBUTION Sochepress Imprimé au Maroc – Printed in Morocco. Tous droits réservés. Reproduction interdite sauf accord de l’éditeur. Tirage: 20000 ex Sactuel 1, bd Abdellatif Benkaddour, 20050 Casablanca, Maroc Dépôt légal : 2010PE0042 Dossier presse : 19/09 actuel Sommaire écrivez-nouS à courrier@actuel.ma actuel / Semaine du 16 au 22 octobre 2010 4 n°65 - du 16 au 22 octobre 2010 Qui m’aime me suive Discours de recadrage Tilila, la maison de la 2e chance Le témoignage d’un survivant 14 36 48 56 78 SActualités 06 la semaine en images 08 décryptage 12 dernière heure SDossier 14 politique | RNI, politic show Séconomie 26 portrait | Saâd Zouak, un Marocain vert à New York 30 croissance | Les nouvelles ambitions de JP Industrie 34 bourse | MASI, qui va piano, va sano SPolitique 36 actualités | Rentrée parlementaire, le roi fustige les députés 42 justice | Promotion nationale, les corrompus de Laâyoune SSociété 46 marketing | Bracelet équilibre, le gri-gri des temps modernes 48 reportage | Mon mari, ce tortionnaire SMonde 52 arrêt sur image 56 moyen-orient | La foi d’Amine Gemayel 58 proche-orient | Palestine-Israël, le conflit s’enlise 59 chronique des deux rives SCulture 60 marrakech art fair | Bouffée d’art frais 64 concert | Le Maroc s’est converti au gospel 66 buzz | Théories du complot 68 agenda STendances 70 voyage | Francfort «Mainhattan» 74 shopping | Mon Mug à moi 76 déco | Jean Paul Gaultier habille Roche Bobois 78 automobile | Mondial de l’automobile 2010, l’odyssée électrique 82 les choix de... Adil Fadili, une âme d’enfant photo de couverture aic press Celle-ci n’est pas électrique... Actualités6 Les éléments de la protection civile ont dû se mobiliser pour venir à bout de cet incendie survenu le 11 octobre dans une fa- brique de produits en plastique à Aïn Sebaâ. La marchandise est partie en fumée mais, heureusement, il n’y a aucune victime. n Quand le souverain Pontife rencontre les membres du Festival international du cirque au Vatican, cela donne une photo inso- lite. Benoît XVI a tenu à encourager ces adeptes de BMX devant la basilique Saint-Pierre. n Qui a dit que tout le monde avait peur des sanctions depuis l’entrée en vigueur du nouveau code de la route? Pas ce trans- porteur en tout cas, pris en flagrant délit de surcharge par notre photographe sur l’axe Casablanca-Marrakech. n Incendie Inflammables nos usines? Insolite Le pape béni le BMX Pris en flag’ La hchouma sur l’autoroute sSlogan réservé, pas touche! «There’s an app for that» (en français: il y a une application pour cela); cette petite phrase est désormais la propriété exclusive d’Apple. Attendez-vous donc à la lire souvent! n vu sur lA toile actuel / Semaine du 16 au 22 octobre 2010 à Gênes, le match de qualification à l’Euro 2012, opposant la Serbie à l’Italie, a été suspendu au bout de la septième minute, suite aux attaques des supporters serbes. Seize personnes ont été blessées et 17 autres arrêtées. Très sportif tout ça…. n Football Une rencontre minée sBracelet musical! Avec ce nouveau bracelet MP3 signé Creative, le leader mondial du divertissement numérique, vous allez pouvoir écouter vos musiques préférées et arborer un bijou en même temps. Avis aux amateurs d’objets high-tech… n MAP B.taougar/actuel Andreassolaro/AFP GiuseppeCacace/AFP 7Actualités / lA seMAine en iMAGes Les amateurs de Hassan El Glaoui apprécieront jusqu’au 13 dé- cembre ses œuvres dans l’espace Actua de la fondation Atti- jariwafa bank. Au programme, conférences et ateliers dans le lieu qui regroupe le plus grand nombre d’œuvres de l’artiste. n Lors de sa visite en Russie pour la promotion des hautes tech- nologies, le futur ex-gouverneur de Californie s’est aussi vu «proposer» la mairie de Moscou par Medvedev. Plus intéressé par une carrière d’écrivain, «Schwarzy» a gentiment décliné. n Quatre morts et six blessés, c’est le bilan de l’effondrement mardi 12 octobre de deux bâtisses dans les carrières Hajoui du quartier Ben Dabbab à Fès. Les maisons se trouvaient dans une zone à risque. n Hassan El Glaoui 60 ans de peinture! Schwarzenegger en Russie L’offre de la semaine Médina de Fès Les effondrements continuent Réunis à Syrte pour définir de nouvelles stratégies économiques, les chefs d’états africains et arabes se sont retrouvés face à un Mouammar Kadhafi, plus que familier. Tous ces partenariats, ça donne des bras ou plutôt des ailes. n Sommet afro-arabe Kadhafi et ses «potes» sTiens, prends ça! Voulant faire lire le livre qu’il a écrit au président Obama, un ci- toyen américain n’a rien trouvé de mieux que de le lancer sur lui en plein speech. Mais heureusement, personne n’a été touché. Qui veut la fin... n actuel / Semaine du 16 au 22 octobre 2010 sL’église Michael Jackson Un groupe de fans a décidé de se constituer en église pour pouvoir rendre hommage au roi de la pop et être enfin autorisé à se rendre sur sa tombe. Pas bête comme astuce! n B.taougar/actuelAlexandernemenov/AFP KhaledDesouki/AFPAiCPress Actualités / décryptAge8 Ould Sidi Mouloud L’Algérie, état voyou? ● les Faits Le sort de Ould Sidi Mouloud, qui a été «libéré» du conteneur qui lui servait de cellule pour être conduit vers une destination inconnue, in- quiète la communauté internationale. ● le commentaire Ni ses parents, ni sa femme, ni les ONG qui suivent ce dossier ne peuvent dire si l’homme est toujours en vie. Il y a une semaine, un communiqué des séparatistes annonçait que sa «libération intervenait en réponse à la demande des organisations internationales des droits de l’Homme». Pour ce faire, les autorités sahraouies étaient entrées en contact avec les ONG qui avaient réclamé cette libération, a précisé l’agence de presse sahraouie. Mustapha Salma avait été arrêté le 21 septembre à M’heriz sous l’accusation de trahison et d’espionnage au profit du Maroc, un pays avec lequel le Polisario se dit «en guerre». Au lendemain de son arrestation, des ONG de renom, des personnalités politiques de premier plan et des instances internationales crédibles avaient réclamé «le droit à la liberté d’expression et la protection de l’intégrité physique de Ould Sidi Mouloud». ● et demain L’Algérie, qui gère le dossier Ould Sidi Mouloud, est-il un état voyou? Selon la formule consacrée, un état voyou est caractérisé par «la corruption de ses dirigeants, le rejet des droits de l’Homme, le non-respect du droit international et la volonté d’acquisition d’armes de destruction massive à des fins de conquête». Toute ressemblance…A. E. A. ● les Faits Nadia Essalmy, pionnière et mi- litante de l’édition des livres pour enfants, a pris l’initiative d’une manifestation originale: une lecture dans le tramway de Rabat-Salé du 1er au 14 novembre. Une activité dédiée aux enfants et aux femmes analphabètes. ● le commentaire Plus de 2000 chèques livres d’un montant de 35 dirhams préachetés par des sponsors, pour que l’enfant choisisse le livre qu’il aimerait lire, seront distribués. Donner goût à la lecture et apprendre aux enfants à lire est une entreprise de plus en plus difficile aujourd’hui avec le développement des nouvelles technologies et les consoles de jeux en tout genre. Nadia Essalmy y croit, s’active, se démène pour mettre en place des animations à la fois ludiques et éducatives, une initiative courageuse de la part de la directrice de la première mai- son d’édition pour enfants, Yomad. L’Institut royal de la culture ama- zighe achètera 1000 exemplaires de la BD publiée pour l’occasion. L’ambassade de France a contribué à hauteur de 10000 dirhams. Un important soutien a été octroyé par le Goethe Institut et par la Biblio- thèque nationale. Et le ministère de la Culture? Fidèle à lui-même, il fait des promesses. Paroles et paroles… ● et demain à quoi sert un ministère de la Culture? à défaut de budget à la hauteur de ses ambitions, il pourrait soutenir les initiatives de ce genre. Mais notre ministre, lui, parade dans les salons du livre, signe les siens mais semble oublier l’essentiel. B. T. ▲ Un tramway nommé lecture dr dr CNIA Saada Interrogations ▲ ● les Faits Le visa du CDVM autorisant l’intro- duction en Bourse de CNIA Saada est toujours en cours d’octroi, après la demande d’éclaircissements rela- tive à un prêt de 800MDH. ● le commentaire Ce prêt, délivré à taux zéro, contracté par Saada en 2009, a été obtenu auprès du fonds de solidarité créé par les compagnies d’assurance pour éviter les faillites dans le secteur. Selon Ghita Lahlou, directrice géné- rale, il s’agit d’un prêt sur dix ans, et non d’une subvention, rembour- sable en deux fois, à concurrence de 400MDH par échéance. La note d’information, toujours à l’étude par le CDVM, devrait en tenir compte dans la liste des risques liés à l’opé- ration d’introduction en Bourse. Pour les analystes, il suffit d’en informer les épargnants et de l’intégrer dans la valorisation de l’entreprise. Il n’y aurait donc pas de risque de compro- mettre la cession en Bourse de 15% de CNIA Saada. Cette opération fait suite à la décision prévue par le pacte d’actionnaires, de céder les 12% du capital détenus par le fonds saoudien Kingdom Zephyr Africa Company au bout de trois ans. Le fonds saoudien engrangera, au passage, une plus- value conséquente si l’on en juge par la pénurie de papier dont souffre la place de Casablanca. ● et demain En dehors de ce prêt, la principale interrogation concerne le niveau de valorisation de CNIA Saada qui sera proposé au marché, comparative- ment à celui de ses pairs déjà cotés. Le marché parle de 5 milliards de DH pour la totalité de l’entreprise. M. K. dr ▲ actuel / Semaine du 16 au 22 octobre 2010 Actualités / décryptAge10 actuel / Semaine du 16 au 22 octobre 2010 ● les Faits Huit ans après son entrée en vi- gueur, la loi sur la Vente en l’état de futur achèvement (VEFA) –censée fournir toutes les garanties néces- saires aux parties contractantes– est boudée. ● le commentaire La vente sur plan n’en finit pas de semer la zizanie entre promo- teurs et acquéreurs. Notaires, promoteurs et représentants du ministère de l’Habitat réunis par le Club Entreprendre ont débattu de la loi sur la VEFA qui est loin de faire l’unanimité. Les promoteurs la jugent incomplète et contraignante, notamment au niveau des cautions bancaires à fournir. De leur côté, les acquéreurs reçoivent, le plus souvent, un simple reçu de réserva- tion au lieu d’un contrat préliminaire comme le stipule la loi. Et celle-ci ne prévoit aucun dédommagement pour l’acheteur en cas de retard de livraison. Le ministère estime, lui, que la loi a été bien conçue, après moult concertations avec les opéra- teurs du secteur. Mais la Fédération nationale des promoteurs immobi- liers dénonce la mauvaise applica- tion de la loi par les opérateurs. Elle appelle à une professionnalisation du métier car n’importe qui peut s’ériger en promoteur immobilier. ● et demain Le ministère de l’Habitat planche sur ces dysfonctionnements depuis un an. Il est urgent d’apporter des modifications, notamment sur la question de la caution bancaire. Un atelier doit à nouveau réunir les ac- teurs du secteur pour en finir avec ces blocages. A.B. ▲ Loi sur la VEFA Ça piétine toujours dr ▲ Tétouan Des gabelous ripoux ● les Faits La descente opérée le 28 septembre dans le bureau de la douane de Mar- til-Mdiq a conduit à la suspension de treize douaniers. ● le commentaire Selon des sources locales, la commission d’enquête adressée par l’administration centrale a pris les douaniers en flagrant délit, les uns chargés de produits de contre- bande, les autres avec d’importantes sommes d’argent en liquide. Dans les postes frontières du Nord, la contrebande semble être devenue une véritable industrie. à pied ou au volant de leur voiture, des contre- bandiers font la navette. Ils amènent de Sebta (ou de Melilia) des alcools, des cigarettes, des produits de marque ou de grande consom- mation avant d’exporter, en sens in- verse, «des immigrés clandestins» et des drogues. Ce trafic est contrôlé par le crime organisé et alimente les revenus parallèles de tout ce que la frontière compte d’uniformes. Et pas seulement de ce côté-ci de la fron- tière… Empochant à chaque mou- vement un bénéfice, des douaniers volants, autorisés à contrôler des transporteurs sur tout le territoire national arrondissent, eux aussi, leurs fins de mois sur les axes Tétouan-Larache ou Nador-Fès. ● et demain L’administration des Douanes lance régulièrement des campagnes anti- corruption. Cela suffira-t-il? Pas sûr. Tant que des douaniers feront toute leur carrière dans la même région, les soupçons qui font état d’affecta- tions négociées au prix fort risquent de se confirmer. A. E. A. dr France 24, en arabe 24/24 ▲ ● les Faits La chaîne de télévision d’informa- tions France 24, émet depuis mardi 24 heures sur 24 en langue arabe, aux côtés de ses canaux en français et en anglais. ● le commentaire Créée en décembre 2006 à l’initiative de Jacques Chirac, France 24 avait lancé sa chaîne arabophone en avril 2009, au rythme de dix heures de programmes quotidiens. Filiale d’un organisme public, l’Audiovisuel exté- rieur de la France, France 24 (20 mil- lions de téléspectateurs par semaine sur la zone Europe/Moyen-Orient/ Afrique), avait pour vocation d’offrir une alternative aux chaînes AlJazee- ra et AlArabiya. Georges Pompidou, alors président de la République, di- sait naguère de l’ex-ORTF (télévision française) qu’elle était «la voix de la France». Entendre par là qu’elle ne devait pas s’écarter de la commu- nication gouvernementale. France 24, créée pour «porter» la voix de la France à l’étranger, a su faire preuve d’indépendance sous la houlette du tandem Pouzilhac-Ockrent. Mais la «perspective française» posée sur l’actualité, souhaitée par le nouveau directeur de la rédaction, Jean Le- sieur, devra faire montre de discer- nement si la chaîne veut séduire tout à la fois les téléspectateurs arabes de par le monde et la communauté arabophone vivant en France. ● et demain La chaîne pourra compter sur une soixantaine de journalistes de toutes les nationalités du monde arabe, sous la responsabilité de Nahida Na- kad, ex-grand reporter et spécialiste du monde arabe sur TF1. Y.B. dr Actualités12 actuel / Semaine du 16 au 22 octobre 2010 Une révolution aux USA: la Maison- Blanche veut mettre fin à la politique de tabou homosexuel dans l'armée, après qu'un juge a déclaré anticons- titutionnelle la loi qui oblige, depuis 1993, les militaires gays à dissimuler leur orientation sexuelle. n G.I.gay… Coming out légal pour l'US army Supermarchés Qui peut s’offrir Metro? Les directions de Marjane-Acima et Aswak Essalam doivent être sur le qui-vive. L’Allemand Metro serait en train de chercher ac- quéreur pour ses huit magasins dans le Royaume. De source sûre, les locaux seraient déjà vendus, reste à trouver acheteur pour les fonds de commerce. Contacté par actuel, le management de La- bel'Vie a déclaré ne pas être dans la course. L'hypothèse d'ache- teurs étrangers étant également écartée, les filiales distribution de l'ONA et d'Ynna Holding restent donc seules en lice. n Tanger Intoxication au travail Une vingtaine d'ouvrières travaillant dans une conserverie de fruits de mer dans la zone franche de Tanger ont été victimes d'une intoxication suite à l'inhalation d'une substance chimique (Fumispore Orthophenylphénol) utilisée comme conservateur alimentaire.n Festival Un Marocain à Abou Dhabi Le réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi a été choisi comme membre du jury du Festival du cinéma d'Abou Dhabi. à noter aussi la participation des acteurs Younès Mégri, Hicham Bahloul et Sanae Mouziane.n « In the navy, yes, you can sail the seven seas ! » Caricatures Le Danemark rebondit La ministre danoise des Affaires étrangères a cherché mercredi 13 octobre au Caire à dé- samorcer les tensions après la réédition au Danemark de carica- tures de Mohammed, estimant «très regret- table» que de nom- breux musulmans se soient sentis «profon- dément blessés» par ces dessins. Un livre reproduisant douze caricatures de Moham- med a été mis en vente le 30 septembre, jour anniversaire de leur première parution, en 2005, dans le quotidien Jyllands-Posten. n l William Bourdon et Henri Leclerc ont fini par obtenir l’autorisation d’assurer la défense du colonel Kaddour Terhzaz devant la Cour suprême, au cours du procès le 20 octobre. l Le secrétariat du gouvernement planche sur un texte de loi permettant d’épingler les milliers d’associations bidon, créées uniquement pour bénéficier des subventions de l’état. l Complètement dépassé dans sa gestion des agenciers, Ali Bouzerda, le patron de la MAP serait sur le départ. Pour le remplacer, on parle de Chakib Laâroussi qui a déjà régné sur le redoutable bureau de l’agence à Paris. l Nommé directeur de la Fondation Esprit de Fès, Faouzi Skalli reprend donc les rênes du Festival des musiques sacrées. l Après avoir séché les deux rounds de la session ordinaire du Conseil de la ville du mois de juillet, Samir Abdelmoula, le maire PAM de Tanger a encore boudé la réunion du 5 octobre. Irritée par cette désinvolture, l’opposition a refusé de discuter l'ordre du jour et a sollicité l’arbitrage du ministère de l’Intérieur. l Jeffrey Feltman, secrétaire d'état adjoint pour le Proche-Orient, doit effectuer du 13 au 22 octobre une tournée en égypte, en Arabie saoudite, au Maroc et en France. DR milliard de dirhams et plus de 3500 emplois en 4 ans, c’est le poids de l'offshoring au Maroc, a affirmé le président de l'Association APEBI, Abdallah Deguig. SLe chiffre 1,2 SLe regard de Mouhim Les bruits du village Dernière heure 13 [ lu dans la presse arabophone ] actuel / Semaine du 16 au 22 octobre 2010 Parlement Ghellab tancé par l'Istiqlal Des parlementaires de l'Istiqlal ont accusé, en direct à la télé, le ministre Karim Ghellab d'avoir tenu une réunion secrète avec les transporteurs, qu'il aurait autorisé à transporter 15tonnes de marchandises au lieu de 8, afin d'endiguer la hausse des prix. Des propos que le ministère a rapidement démentis.n Asilah Suicide d’un gendarme Est-ce que le suicide du gendarme d’Asilah, jeudi dernier, a un lien avec l’affaire de l’avion de trafiquants de drogue espagnols immobilisé la semaine dernière à une dizaine de kilomètres au nord d’Asilah, dans la commune de Briech? L’ouverture d’une enquête que vient d’ordonner le procureur du roi près du tribunal de Première instance d’Asilah devrait jeter la lumière sur les dessous de ce suicide. n Centre d’appel marocain La vie en rose Mardi soir a eu lieu en grande pompe l'inaugura- tion du nouveau siège social de Intelcia à Casanearshore. Cette société au capital marocain est, depuis sa récente opération de crois- sance externe, le premier centre de relation clientèle au Maroc, en termes de taille, avec 1200 positions, mais également de qualité puisqu'elle gère des clients aussi prestigieux que Google ou SFR. n Investissements à l'assaut de l'Afrique TMSA vient de s'engager à encadrer la gestion du port de Malabo, lui-même construit par la société marocaine Somagec. De son côté, Attijariwafa bank continue d'avancer ses pions en s'installant sur l'île de Bioko en 2011. n Turbulences à la RAM Plusieurs cadres, parmi les meilleurs, et dont certains détenaient une expertise re- connue dans l'aérien, vien- nent de quitter la compagnie nationale. Un départ assorti d’une jolie somme d'argent, négociée au titre du départ volontaire. La plupart d’entre eux ont rapidement retrouvé du travail, à des postes de haut niveau, notamment à la CDG. Outre ces départs, la RAM doit affronter les turbu- lences d’un bilan 2010 pour le moins délicat: un déficit de quelque 2,3 milliards de dirhams (dont 1,6 milliard de redressement fiscal) et un niveau de fonds propres tombé à 450MDH, soit le plus bas niveau de l’histoire de la compagnie. Avec un ratio de dettes sur fonds propres de 17 qui ne devrait pas réjouir ses créanciers. Les détails arrivent au compte-gouttes sur le réseau de narcotrafiquants international démantelé la semaine dernière par la police marocaine. Dans son édition du jeudi 14 octobre, le quotidien Assabah révèle cependant que ce réseau serait en relation avec al-Qaïda au Maghreb islamique. (AQMI) «Selon les investigations du bureau national de lutte contre la drogue dépendant de la brigade nationale de la police judiciaire, des éléments d’AQMI offriraient une protection à ce réseau en l’hébergeant à la garnison Tarik Ibn Ziyad située au nord du Mali», écrit le quotidien généralement bien informé dans ce type de dossiers. Et de poursuivre: «AQMI aurait également offert la logistique et aidé le réseau à circuler facilement au Sahara et dans la zone du Sahel.» Ce coup de filet est l'un des plus importants du genre. Le réseau démantelé avait des ramifications jusqu’en Amérique latine, en passant par l’Europe et l’Afrique. Composée de cinq Marocains et de deux Espagnols, l’équipe disposait d’hélicoptères et d’avions touristiques dans des pays africains ainsi que de petits bateaux. Les têtes pensantes du groupe sont espagnoles et vénézuéliennes et opéreraient principalement dans les pays d’Amérique latine, en Guinée-Bissau et au Mali. Selon Assabah, ce réseau ferait dans le trafic de drogues en tout genre, et serait surtout spécialisé dans la cocaïne. La poudre blanche provenait du Venezuela. Elle était acheminée par bateau et transitait par le Sénégal et d’autres pays subsahariens. La drogue était ensuite transportée par avion jusqu’au Mali puis de gros 4x4 se chargeaient de la faire passer au Maroc. La cocaïne passait ensuite par le nord du pays, pour arriver à Sebta et Melilia et finalement en Europe. Selon l’édition du jeudi 14 octobre du quotidien Akhbar Al Youm, le procès des sept membres du réseau allait débuter le vendredi. Au total, le réseau aurait blanchi plus de 120 milliards de dirhams durant les dix années de son activité. n BrahimTaougar/actuel Démantèlement Les narcotrafiquants d’al-Qaïda?BrahimTaougar/actuel Dossier actuel / Semaine du 15 au 21 mai 2010 14 AICPress actuel / Semaine du 16 au 22 octobre 2010 15 S L’opération «Trois journées à Agadir» du RNI a réuni plus de 4000 jeunes, cadres, hommes d’affaires et notables de la région du Souss. L’occasion d’en savoir plus sur le nouveau RNI, ses hommes, menés par Salaheddine Mezouar, et sa communication 2.0. Reportage. I l est 11 heures du matin ce samedi 9 octobre au plus grand centre de conférences de la ville d’Agadir, la Concorde. Le stress et l’empresse- ment dans cet espace jurent avec le calme religieux dans lequel baigne la capitale du Souss. Un invité de taille est attendu. Il s’agit de Moncef Belk- hayat, ministre de la Jeunesse et des Sports, venu ce jour-là en sa qualité de membre influent du conseil exécutif du Rassem- blement national des indépendants (RNI). étaient également attendus 1600 jeunes venant des deux préfectures et des dix-sept provinces que compte la région du Souss- Massa-Drâa. Ce territoire, qui dénombre 3,3 millions de Marocains, est également la deuxième région la plus importante économiquement avec 76 milliards de dirhams en produit local brut. C’est dire que pour accueillir ses jeunes invités, le parti a sorti le grand jeu. Exit les tentes caïdales et place aux traiteurs RNI Legrand politicshow Dossier / PolItIque de renom. Fini le temps des militants or- ganisateurs et bienvenue aux agences de communication pour garantir le succès de la rencontre; aux sociétés de sécurité pour veiller au grain; aux rétroprojecteurs et écrans LCD pour bien se faire entendre et voir. La logistique est digne des pres- tigieux séminaires des multinationales. Soldate de l’ombre, Latifa Yacoubi, celle- là même qui chapeaute l’organisation du festival Timitar et dont les compétences font l’unanimité. Preuve de la réussite de l’opération, les jeunes étaient bel et bien là. « Je suis là pour les écouter », nous déclare le ministre RNI à son arrivée. Le rock du groupe AC/DC Aux discours pompeux et autre langue de bois, Belkhayat, entouré des élus et parlementaires du parti, jouera la carte de la simplicité tout au long des nom- breuses heures qu’aura duré ce que l’on pourrait résumer à une séance de ques- tions-réponses. Pour ce faire, il n’hésite pas à projeter un film sur la jeunesse, sur fond de titres rock du groupe AC/DC! à l’instar d’un animateur de shows à l’amé- ricaine (façon Jay Leno), il adopte la da- rija comme langue officielle du meeting, demandant à tout le monde de tomber la veste et ponctue ses interventions par des gags: «Les gars, il faut faire vite pour qu’on puisse voir le match Maroc-Tanza- nie », qui devait commencer à 13h ce jour-là. On retiendra que les jeunes ont empêché le ministre des Sports de suivre le match en l’enjoignant de répondre à leurs ques- tions, non dénuées d'intérêt par ailleurs. Même si pour de nombreux invités cette participation a pris les allures d’un week- end de vacances tous frais payés. Quand on sait que certains jeunes viennent de zones aussi éloignées et démunies que Chtouka Aït Baha ou encore Tinghir, on ne peut que comprendre. D'ailleurs, nom- breux étaient ceux qui demandaient 〉〉〉
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