Nouveau wobook 140 - Page 2 - Actuel est un magazine hebdomadaire marocain francophone, appartenant au groupe « Logique Presse ». Des sujets très variés y sont abordés (économie, politique, société, culture...). Ce magazine généraliste se veut le porte-parole d'un Maroc moderne, dynam E n2007,lefilsd’unimmigréhongroisavait trouvé en Henri Guaino un scribe inspiré quand il s’exclamait : « Moi, Français de sang-mêlé, je ne me sens pas étranger à cette jeunesse des cités aux citoyens mélangés... » Cinq ans plus tard, un nouveau scénariste, Patrick Buisson, ancien directeur de la rédaction du journal d’extrême droite, Minute, est devenu l’inspirateur en chef d’une campagne de Nicolas Sarkozy où les messages plus ou moins subliminaux d’une invasion islamique programmée se disputent la bande passante des électeurs. Lors du débat entre le président sortant et François Hollande, l’immigration n’a certes pas été au centre d’échanges gonflés à la testostérone où l’invective et l’émotion ont souvent pris le pas sur les idées. Mais alors qu’on évoquait le droit de vote des étrangers et que François Hollande soulignait que le Maroc l’avait prévu en cas de réciprocité, Nicolas Sarkozy ne s’est pas privé de fairelelienentrelesorigines et l’insécurité. « Les pays d’Afrique du Nord sont de confession musulmane, de l’autre côté de la Méditerra- née. Les tensions communautaires, elles viennent de qui ? Elles viennent d’où ? » Cinq ans plus tard, « la jeunesse des cités aux citoyens mélangés » est devenue celle des horaires séparés dans les piscines et des menus halal dans les cantines. Une campagne obsédée par les frontières, des références incessantes au communautarisme et un clip électoral indigne où un panneau de douane (écrit en arabe, en français et en catalan) illustre un discours ouvertement xénophobe, ont ponctué une dernière ligne droite... à droite de l’extrême-droite. Pour autant ce « Français de sang-mêlé » est-il raciste ? Non, il est simplement opportuniste et même capable de boire un verre de vin pour rafler les voix des vignerons alors qu’il ne carbure qu’au jus d’orange. Sa « lepénisation » flagrante est d’abord la posture électoraliste d’un homme 3Edito actuel sans réelles convictions. Pourtant, Nicolas Sarkozy aime le Maroc quand il s’agit d’y vendre des TGV ou de passer des réveillons à Marrakech. Il ne dédaigne pas non plus lorgner vers l’électorat franco-marocain allant jusqu’à affirmer pendant la campagne que son idole sportive était Hicham El Guerrouj que le roi lui a fait rencontrer. Mais en déplaçant le curseur politique français vers les valeurs de l’extrême droite, le candidat-président a obligé son adversaire à durcir à son tour son discours. Pendant le débat, François Hollande ne s’est pas privé de souligner qu’il maintiendrait les centres de rétention, combattrait les menus halal et limiterait les immigrés économiques. Un glissementenruptureavec les positions habituelles des socialistes. Quel que soit le résultat, cette campagne aura fait des dégâts et détérioré l’image de la France. Pour la restaurer, si François Hollande est élu, il aura intérêt à tenir quelques promesses de campagne, à commencer par la sup- pression de la circulaire Guéantquitransformedes ingénieurs marocains en travailleurs clandestins. Et à appliquer les propo- sitions de ses soutiens qui veulent mettre en place un « passeport culturel et économique de la francophonie » (voir notre dossier page 24). La langue que nous avons adoptée et que l’on veut remettre en cause aujourd’hui dans le Royaume, ce n’est pas seulement une grammaire, c’est aussi le véhicule de valeurs de liberté et de tolérance devenues universelles. La langue dans laquelle nous nous exprimons et que nous aimons, c’est celle de Voltaire, de Victor Hugo ou d’Albert Camus, pas celle de Patrick Buisson. ■ actuel / Semaine du 5 au 11 mai 2012 Une campagne obsédée par les frontières, des références incessantes au communautarisme et un clip électoral indigne. LalanguedeVoltaire Sommaire écrivez-nous à courrier@actuel.ma actuel / Semaine du 5 au 11 mai 2012 4 n°140 - du 5 au 11 mai 2012 Fils, ouvre-toi au monde ! Opération vigilance On prend les mêmes et on recommence La thérapie par le sommeil ? 16 32 36 46 60 Voyage au bout de la terre SActualités 06 nouvelle génération | Rachid Sassy 08 la semaine en images 10 décryptage 14 dernière heure SDossier 16 débat | Faut-il abandonner le français ? SEconomie 32 emploi | Climat social Benkirane sur le qui-vive 34 industrie | Maghreb Steel armé pour résister à la crise SPolitique 36 parti | RNI Un congrès plus aroubi qu’américain ! 40 parlement | Ils ne font pas que buller... Une journée avec un député SSociété 46 bien-être | L’hypnose peut soigner 48 en bref SMonde 52 entretien | Wassyla Tamzali : « Lendemains de revolutions » 52 mali | Putschistes contre putschistes 53 algérie | Un scrutin plus démocratique mais pas populaire 54 chronique des deux rives SCulture 56 evénements | Les festivals à l’ère du PJD 60 théâtre | Des racines et des branches 62 agenda STendances 64 nouveaux produits, nouveaux marchés 66 les choix de... | Mohamad Ahansal Un seigneur du désert photo de couverture photomontage actuelactuel est édité par Logique Presse. SARL. Capital social : 25 millions de dirhams. Conseiller spécial : Henri Loizeau Directeur de la publication : Abdellatif El Azizi Directeur commercial : Moulay Ahmed Alami Directeur de la rédaction : Eric Le Braz Rédactrice en chef adjointe : Mouna Kably Assistante de la rédaction : Fatima Azzahra Ghoumari Tél. 05 22 95 18 15 / 16 05 29 00 20 02/ 30 03 Fax. 05 22 95 18 14 SRéDACTION Chefs de service : politique : Abdellatif El Azizi économie : Mouna Kably culture : Amira-Géhanne Khalfallah Rédacteurs : Slimane Ammor, Yanis Bouhdou, Zakaria Choukrallah, Ali Hassan Eddehbi, Khadija El Hassani, Abdelhafid Marzak, Asmaâ Chaïdi Bahraoui, Nicolas Salvi (stagiaire), Ranya Sossey Alaoui (stagiaire) Chroniqueurs : Fouad Benseddik, Pascal Boniface, Driss Jaydane Correspondants : Cyril Bonnel (Paris), Maud Ninauve (Tanger) Photographe : Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro : Mohamed Mouhim, Salima Yacoubi Soussane SéDITION Rédactrice en chef technique : Keiko Catala Secrétaires de rédaction : Ferdinand Demba Bassirou Bâ Révision : Laila Lebbar Directrice artistique : Fadoua Damiri Maquettiste : Youssef El Moutassaddik Conception graphique : Studio Baylaucq & Co. 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Un pur centriste, mais avec une petite touche militante. uand ont sait qu’il s’est présenté, sans aucunechance,contre Salaheddine Mezouar lors du cinquième congrès du Rassemblement na- tional des indépendants (RNI), on a tendance à croire que Ra- chid Sassy n’est qu’un lièvre qui reviendra à l’anonymat juste après la fin de la course. Erreur ! Membre du parti de la colombe depuis 1991, il a une longue carrière derrière lui. « J’ai intégré le RNI alors que je commençais ma carrière d’avo- cat. » Un choix plutôt incom- préhensible quand on sait à quoi ressemblait le RNI des années 90 ! « Il est tout à fait vrai que le parti avait la répu- tation d’une formation admi- nistrative, mais moi je l’ai inté- gré pour une seule raison. Son idéologie de social-démocratie qui n’existait nulle part ailleurs à l’époque », justifie-t-il. Et aus- sitôt inscrit au parti, Rachid Sassy se jette dans le bain de la politique. Il a 23 ans quand il se présente pour la première fois, en 1991, aux élections communales dans son quartier. « J’avais à peine l’âge légal de me porter candidat. J’ai perdu par un écart de cinq voix, qui plus est dans la circonscription des Orangers à Rabat, fief de l’USFP. » La deuxième fois sera la bonne : le jeune rniste réussit l’examen des urnes et devient conseiller communal à l’Agdal-Riad. Il mène alors une longue carrière dans la gestion locale qui le porte au poste de maire adjoint de Rabat. Mais au sein de sa propre formation, Rachid n’a pas fait beaucoup de chemin. Il lui a fallu patienter de 1991 à 2007 pour deve- nir « à peine » membre du conseil natio- nal. « Parce qu’on ne tient pas de congrès, et le renouvellement des élites n’a jamais été une priorité », confesse l’avocat rbati. « Le RNI, ma deuxième famille » Malgré tout, Rachid confie ne s’être jamais vu ailleurs qu’au sein de la formation de la colombe. « Le RNI est ma deuxième fa- mille, j’y appartiens malgré les problèmes internes », assure-t-il. Encore plus surpre- nant pour un rniste, Rachid se trouve être un vingtfévriériste dans l’âme ! « Je suis sorti le 20 février 2011 et j’étais au premier rang… juste devant le wali avec qui, nor- malement, je travaille en tant que maire », se souvient-il sourire aux lèvres. Et peu avant la deuxième grande marche du 20 mars, Rachid réussira à organiser un dé- bat entre les jeunes du mouvement et quelques cadres du RNI, dont son président, Salaheddine Mezouar. « J’ai eu beaucoup de mal à les convaincre de venir débattre. Mais finalement ils l’ont fait le 18 mars 2011. » Ils ont, naturellement, demandé à Mezouar de démissionner du gouvernement. Mais celui-ci a expliqué aux jeunes militants qu’il ne pouvait pas le faire au nom de la solidarité gouvernemen- tale. Une solidarité que Mezouar n’a d’ailleurs pas hésité à écorner quand il s’en est pris à son rival Abbas El Fassi en pleine campagne électorale. Gestion unilatérale Lors de sa campagne pour la prési- dence du parti, Rachid Sassy n’a eu de cesse d’attirer l’attention sur certains problèmes qui bloquent la démo- cratie interne, dont les prérogatives « trop » élargies de l’équipe dirigeante. « C’est très dur, surtout pendant les trois dernières années. L’équipe diri- geante a pris des décisions contraires aux statuts du RNI », affirme Rachid avant de citer un exemple. « Lors du passage à l’opposition, nous avions dit que seul le conseil national était habilité à trancher cette question, mais Mezouar a invoqué comme argu- ment que le conseil national était très di- visé sur la question. » Et de s’interroger: « N’est-ce d’ailleurs pas là tout l’intérêt de le réunir ? » « Les militants n’ont jamais accepté cette gestion unilatérale, tout comme l’intru- sion de membres parachutés à la dernière seconde », ajoute le candidat malheureux du dernier congrès du RNI. Alors pourquoi ne font-ils rien pour l’ex- primer ? C’est une question qui restera sans réponse. Ni Rachid Sassy ni les autres ne sont en mesure d’expliquer pourquoi les rnistes acceptent tout cela sans réagir… Ali Hassan Eddehbi Nouvelle génération actuel / Semaine du 5 au 11 mai 2012 ©B.Taougar/actuel Actualités8 En Egypte, alors que le Parlement se passionne pour l’enjeu primordial des relations sexuelles post mortem, la population prend la rue pour protester contre la mainmise militaire dans le pays. En guise de réponse, des balles de caoutchouc. n Cette semaine, on a assisté à un sketch incroyable entre la Chine et les Etats-Unis concernant le dissident Chen Guangcheng. D’où la question : comment garder la face sans froisser son premier partenaire commercial ? n Ce qu’il y a de bien à Casablanca, c’est qu’on est proche de tout. Près de la corniche, après vous être empiffré de Big Mac, vous pourrez régler votre problème de surpoids dans la clinique d’en face, spécialisée dans l’obésité ! n Egypte Les balles crépitent Chine La diplomatie est aveugle Calories McDobèse sKafkaïen Elle s’appelle Samia, 17 ans. Elle voulait lire un Nabokov place de la Poste à Rabat pour Nod t9ra . Mais un flic lui a dit : « Tu désertes l’endroit, sinon le pire est à venir. » Son témoignage a fait le tour de Facebook toute la semaine... vu sur la toile Aux Etats-Unis, l’activiste Occupy est très en vogue. Tout le monde se l’arrache ! Le cliché est devenu banal : une manifestation pacifique qui s’achève par une répression assez difficile à comprendre. C’était à Oakland, en Californie. n Etats-Unis Vend manifestant, à saisir de suite sParodie Marrant ou effrayant ? Des internautes se sont amusés à poser le sourire envoûtant de Marine le Pen sur des célébrités. Plus sur http:// peoplewithmarinelepensmile. tumblr.com ©AFP ©BrahimTaougar/actuel©AFP ©AFP actuel / Semaine du 5 au 11 mai 2012 7Actualités / La semaine en images 9 Ils se sont battus contre le Front Polisario. Ils ont été faits prisonniers. Ils ont été libérés. Puis, plus rien. Pas d’aide, pas de reconnaissance. C’est si dur à admettre que des prisonniers ont été faits pendant les combats ? n Ce n’est pas parce qu’on n’a pas le droit de montrer son visage qu’on n’a pas le droit de donner son avis. Pour preuve, cette Bahreïnie qui crie son mécontentement de la politique menée par le gouvernement à l’occasion du 1er mai. n L’initiative de dimanche dernier était belle : se réunir sur la place publique pour bouquiner, discuter, échanger des idées. A Casablanca, l’opération a été un franc succès ! A Rabat en revanche, un peu moins (voir buzz) n Rabat Prisonniersd’après-guerre Bahreïn Ras-le-bol intégral Nod t9ra Lecture publique Les franchisés Hanouty, victimes d’un surendettement pour le moins injuste, ne baissent pas les bras. Ils ont fini par retrouver la trace du patron de Atcom, un des responsables de la situation, dans un bureau discret de Casablanca. n Hanouty Tel est pris qui croyait prendre ©BrahimTaougar/actuel ©BrahimTaougar/actuel ©AFP ©Latif Actualités / décryptage10 Do you speak tachelhit ? ● les Faits Le 30 avril, lors d’une séance à la première Chambre, la chanteuse populaire et députée RNI, Fatima Tabaâmrant, a préféré poser sa question en tachelhit, un dialecte amazigh utilisé dans le sud du Maroc, provoquant un étonnement quasi général sous la coupole. ● le commentaire La démarche est aussi surprenante que légitime. L’amazigh étant une langue officielle aux côtés de l’arabe, rien n’empêche les députés de poser leur question dans la langue parlée par une écrasante majorité de Marocains. Sauf que certains ont rapidement trouvé des prétextes pour reprocher à Fatima Tabaâmrant son initiative. C’est le cas de l’istiqlalien Abdelkader El Kihal et du chef du groupe PJD, Mohamed Ammari, qui estiment que tant que la loi organique sur l’amazigh n’a pas vu le jour, le fait de poser des questions dans cette langue pose certaines difficultés d’ordre technique, notamment pour en organiser la traduction. Un argument qui tient à peine la route quand on sait que ces deux partis, défenseurs acharnés de la langue arabe, on été irrités par le coup d’éclat de Fatima Tabaâmrant. ● Et demain En attendant la loi organique, il suffit de recruter un traducteur dans les deux Chambres pour assurer la traduction officielle des questions posées en amazigh par les députés ainsi que des réponses en arabe des ministres… A moins que l’Istiqlal ne bloque la démarche pour vice de forme ! A.H.E. ● les Faits Les affaires tournent au ralenti et les entreprises sont à sec. Le niveau des impayés explose et Bank Al-Maghrib, qui vient de publier les chiffres, tire la sonnette d’alarme. ● le commentaire Dans son dernier rapport sur les instruments de paiement, la Banque centrale confirme que la crise est bel et bien là. La méfiance à l’égard des différents moyens de paiement est à son paroxysme. C’est la consé- quence directe de l’envolée des taux de rejet qui dépassent 17% pour les lettres de change normalisées (LCN) et 62% pour les avis de prélève- ment ! Sachant que les LCN ont drainé, en 2011, 3,4 millions d’opé- rations pour un montant global de 101 milliards de dirhams. En pleine ascension, les avis de prélèvements ont quasiment doublé en une année pour atteindre 3 millions d’opéra- tions. Ce qui constitue un facteur supplémentaire d’inquiétude pour Bank Al-Maghrib. Autre élément aggravant : 90% des rejets enregis- trés par la Banque centrale sont liés à l’absence de provision. Même si ce taux est en légère baisse pour les chèques, il reste alarmant car il constitue l’instrument de paiement le plus utilisé. ● Et demain Le motif le plus courant du rejet concerne l’insuffisance de provision. Ce qui confirme l’extrême tension sur la trésorerie des entreprises, en particulier les plus vulnérables comme les PME. Une fragilité ag- gravée par les retards de paiement enregistrés au niveau des marchés publics, eux-mêmes suspendus à l’adoption de la loi de Finances. M.K. ▲ Paiements Les entreprises à sec ©B.Taougar/actuel ©B.Taougar/actuel Polémique Je l’aime à mourir ▲ ● les Faits L’Association égyptienne du Conseil national pour les femmes (NCW) a demandé au Parlement, à majorité islamiste, de ne pas adopter la loi autorisant un mari à avoir des rapports sexuels avec sa femme... jusqu’à six heures après sa mort. ● le commentaire L’association tente de bloquer deux lois controversées. La première vise à légaliser le mariage de mineures de 14 ans, et la seconde porte sur le sexe post-mortem entre époux. Ce projet de loi, proposé au débat à l’Assemblée du Peuple (Majlis al-Shaab), fait suite à la fameuse fatwa de Abdelbari Zemzmi, qui avait déclaré que les liens du mariage ne pouvaient être rompus par la mort d’un des conjoints et que de ce fait, le mari était autorisé à avoir des relations sexuelles avec sa défunte épouse ! Ce que l’on pouvait considérer comme les élucubrations d’un individu malade est repris par l’honorable institution qu’est l’assemblée du peuple égyptienne. Encore une fois, ces salafistes d’un autre âge donnent une image des musulmans qui est aux antipodes du monde moderne. ● Et demain Tant que les intellectuels musulmans éviteront de s’opposer fermement à ces pseudo oulémas, les femmes ne cesseront d’être placées en situation d’infériorité et, la plupart du temps, reléguées à l’état d’objet sexuel n’ayant d’autre raison d’exister que celle de satisfaire les fantasmes de leurs congénères. A.E.A. ©B.Taougar/actuel ▲ actuel / Semaine du 5 au 11 mai 2012 Actualités / décryptage12 ● les Faits La capitale économique est, à nouveau, dans l’expectative ! Faute de quorum, le Conseil de la ville n’a pas pu tenir sa session d’avril, lundi dernier. Celle-ci est reportée à mardi. Si elle a lieu, cette réunion devrait enfin permettre à Sajid de faire valider les comptes administratifs 2010 et 2011. ● le commentaire Des réunions marathons pour examiner et valider le compte administratif de la ville pour les années 2010 et 2011. Les différentes commissions, notamment celle des finances, épluchent les différents comptes et passent au peigne fin les marchés passés par la ville au cours des deux derniers exercices. Un travail qui doit précéder la session de ce mardi qui prévoit le vote des comptes 2010 et 2011. La question qui se pose, au terme de ce long feuilleton de tractations entre le maire et les élus de la ville, est de savoir si Sajid aura finalement le quitus pour ces deux exercices. Et surtout, si les chantiers ouverts peuvent réellement reprendre. Pourvu qu’aucune autre entrave ne vienne ajourner, une fois de plus, la tenue du Conseil de la ville. ● Et demain Casablanca restera-t-elle toujours otage des querelles intestines au sein du Conseil de la ville ? Il est temps de mettre sur pied une formule qui permettrait à la métropole de fonctionner normalement et aux chantiers d’être réalisés indépendamment de l’humeur de ses élus. K.E.H. ▲ Casablanca : Sajid aura-t-il son quitus ? ©AICPRESS ▲ Ceuta et Melilia proposées à la vente ● les Faits Horacio Vixande, journaliste du site Galicia Confidencial, propose de vendre Ceuta et Melilia au Ma- roc pour renflouer les caisses de l’Espagne. L’info a fait le tour de l’Europe... ● le commentaire « C’est une bonne affaire : vendre à quelqu’un quelque chose qui est déjà à lui. » C’est ainsi qu’Horacio Vixande donne le ton. On l’a compris, sa thèse cynique est traitée sur le mode de l’humour. Mais ça ne l’empêche pas de développer des arguments histo- riques en rappelant par exemple que Napoléon avait vendu la Louisiane aux Etats-Unis. Les habitants de Melilia ont moyennement apprécié et ont proposé « de vendre toute la Galice au Portugal à la moitié du prix de ce que valent Melilia et Ceuta ». ● Et demain Le journaliste, qui ne précise pas de montants pour la vente, estime que de toute façon ce ne sera pas une bonne affaire pour le Maroc. « L’opé- ration doit se faire immédiatement, écrit-il, avant que les Marocains ne découvrent que nous ne pouvons plus défendre ces deux enclaves coloniales qu’avec des vagues et des bâtons, et que nous n’avons plus tellement envie de le faire. » Bref, autant avouer que la surveillance des frontières et l’entretien d’une popu- lation enclavée constituent un luxe que l’Espagne n’a plus les moyens de s’offrir. Alors à défaut de gagner de l’argent, elle pourrait au moins faire des économies en rendant ce qui ne lui appartient pas. Et promis, on dira aux Anglais de faire la même chose avec Gibraltar ! S.A. ©AFP 1er mai :Benkirane s’attaqueauxmédias ▲ ● les Faits Au cours des festivités marquant le 1er mai, Abdelilah Benkirane, devant ses partisans à Derb Soltane, a violemment chargé les journalistes : « Notre principal ennemi, ce ne sont pas les partis politiques. Notre en- nemi, c’est une partie de la presse. » ● le commentaire Visiblement remonté contre les médias qui cherchent à lui créer des problèmes avec le roi, Benkirane, dans son enthousiasme, a également promis de rendre publics les noms des supports qui font « partie de ce complot ». Ce n’est pas la première fois qu’un chef de gouvernement exprime son ras-le-bol de ce qu’il considère comme « des attaques ciblées de la presse ». Avant lui, il n’y a pas eu de chef de gouvernement qui ait su gérer les attaques per- sonnelles dont il fut l’objet. Abbas El Fassi a opté pour la politique de l’autruche, en évitant la presse. Quant à Youssoufi, le leader de la gauche peut se targuer d’avoir inter- dit d’un seul coup trois journaux qui mettaient en cause l’USFP. En effet, en 2000, l’interdiction du Journal, d’Assahifa et de Demain avait été décidée suite à la publication de la lettre de Fquih Basri impliquant Abderrahim Bouabid (fondateur de l’USFP) et Abderrahman El Youssoufi dans la tentative d’assassinat de feu Hassan II par Oufkir, en 1972. ● Et demain Un journaliste qui sort de prison en cache toujours un autre. Avec un code de la presse inique, rien n’em- pêchera Benkirane de sévir par un procès contre les journaux « enne- mis ». A.E.A. ©AICPRESS actuel / Semaine du 5 au 11 mai 2012 Actualités14 Internet Le Maroc champion régional Le Maroc enregistre une grande avancée dans le virtuel et une nouvelle enquête le confirme. De tous les pays d’Afrique du Nord, le Royaume est celui qui a enregistré la plus forte augmentation d’internautes. Ces derniers représentent dé- sormais 49% de la population. C’est ce que révèle une étude du cabinet international d'intelligence économique Oxford Business Group (OBG). Cette croissance est surtout due au déploiement en force de la technologie sans fil 3G aux quatre coins du Royaume. n TramwayRabat Directionl’aéroport Après la première expérience jugée concluante, les initiateurs du tramway de Rabat-Salé planchent sur la possibilité d'étendre le réseau du tram à d'autres quartiers à Rabat, Salé et Témara. Dans le pipe, une ligne reliant l'aéroport de Rabat-Salé et l'avenue Mohammed VI. Un accord devrait être signé bientôt. n Boxe UnMarocainauxJO Un boxeur marocain, Mehdi Khalsi, s’est qualifié pour les jeux Olympiques qui se dérouleront cette année à Londres. Le boxeur, qui évolue dans la catégorie des moins de 69 kilo, a décroché son ticket lors du tournoi africain de qualification organisé du 28 avril au 5 mai à Casablanca. n SLe regard de Mouhim l Après avoir vainement attendu le plan de relance promis par Comarit, Rebbah s'apprête à adjuger les lignes maritimes à la seule compagnie italienne GNV. Celle-ci a répondu à l’appel d’offres pour le choix d'un transporteur à même d’assurer l’opération transit 2012. l De nombreuses PME qui travaillent avec l'Etat sont menacées de faillite en raison des difficultés rencontrées par les administrations pour régler les prestations, la loi de Finances n'étant toujours pas adoptée. l En présidant le conseil d'administration d'Al Omrane, Benkirane a mis fin aux espoirs de Nabil Benabdellah de reprendre sous sa tutelle la holding. l Présence discrète de Yassine Mansouri à l'enterrement de l'écrivain et journaliste marocain, Abdeljabbar Shimi, décédé mardi dernier des suites d'une longue maladie. l La commission chargée de la logistique du congrès du PJD, qui se tiendra les 14 et 15 juillet, a mis les dernières retouches à l'appel d'offres pour le choix de la société qui fournira des badges électroniques pour tous les militants. l Pizzorno Environnement a des projets de valorisation des déchets en combustible au Maroc. Le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 196,7 millions d'euros en 2011, dont 21% à l'international. Le Maroc et la Tunisie y contribuent pour 17%. n Les bruits du village c’est le montant des exportations marocaines des produits de la mer. 11,7en milliards de dirhams Sébastien Castro, ancien PDG de RMA Watanya auquel avait succédé Fouad Douiri, revient aux côtés de Zouheir Bensaïd en tant que conseiller. Pour rappel, Castro a effectué toute sa carrière au sein de la RMA jusqu’à en devenir le PDG en 2003. Il a ensuite accompagné l’opération de fusion RMA Watanya initiée par le groupe FinanceCom. Il occupera le poste de PDG de la compagnie entre 2005 et 2007, date à laquelle il passera le relais à Douiri. n RMAWatanya LeretourdeCastro ©DR USFP Chaminon grata ? L’Union socialiste des forces populaires (USFP ) se dirigerait vers un report de son neuvième congrès national, dont la date n’est pas encore offi- ciellement fixée. Les socialistes ont aussi soumis au conseil na- tional un amendement des statuts obligeant les candidats au poste de premier secrétaire à compter un mini- mum de quinze ans d’ancienneté au sein du parti. Une manière de barrer la route au candidat Ahmed Réda Chami qui n’est membre du parti de la rose que depuis six ans. n actuel / Semaine du 5 au 11 mai 2012 SLe chiffre Dernière heure 15 [ lu dans la presse arabophone ] Risma Newlook Amine Echcherki est le nouveau président du direc- toire de Risma, succédant à Azeddine Guessous. Quant à Gérard Pélisson, il cède la présidence du conseil de surveillance à Yann Caillère. Natif du Maroc, Yann Caillère est à l’origine de la relance de la chaîne Sofitel à l’échelle mondiale. Amine Echcherki est, lui, un ancien cadre de FinanceCom, actionnaire de Risma, qui a piloté la restruc- turation de Budget Maroc et de Finatech. Marc Thépot est maintenu à son poste de vice- président de Risma. n Dond’organe Nouveaucoupde pouce Le gouvernement continue à se mobiliser pour promou- voir le don d’organe. Après Mustafa Ramid qui a décidé de faire don de son corps après son décès, c’est au tour du ministre de la Santé, El Hossein El Ouardi, de lancer un plaidoyer pour la sensibi- lisation du public. Le gouver- nement espère convaincre les Marocains, encore peu nombreux à signer le docu- ment autorisant le prélève- ment d’organe, comme l’avait fait l’Allemagne en 2011, qui a réussi à engranger 7 millions de nouveaux donneurs. n SNCF DesMarocains attaquent Plus de 700 salariés et retraités de la SNCF, dont une majorité de Marocains, assignent la société française des chemins de fer pour discrimination tout au long de leur carrière. L’affaire remonte aux années 70 quand la SNCF, en quête d’une main-d’œuvre bon marché pour entretenir son réseau, s’était tournée vers le Maroc. Quelque 2 000 hommes ont alors été recrutés. L'avocat de ces travailleurs, Léopold Mendes, réclame à la SNCF entre 300 000 et 500 000 euros en guise de réparation des dommages. n Businessvert Courseouverte Dans le cadre du programme Maghreb Startup Initiative issu du partenariat entre les Etats-Unis et l’Afrique du Nord en faveur des opportuni- tés économiques, un concours vient d’être lancé au Maroc, en Algérie et en Tunisie au profit de projets innovants. Doté d’une enveloppe de 30 000 dollars, cette compéti- tion ouverte cible les secteurs de la biotechnologie, l’éco- nomie verte, l’énergie et les TIC. n Aéroports Bingo pour Marrakech Le classement annuel mondial établi par Skytrax dans la catégorie Aéroports régionaux a accordé à celui de Marrakech-Ménara la 3e place. Il est suivi par l'aéroport de Tunis- Carthage en 4e position. On trouve dans le peloton de tête deux aéroports d'Afrique du Sud : King Shaka et East London. Les classements de Skytrax sont basés sur les votes pendant dix mois de plus de 12 millions de passagers qui notent la qualité de 39 services proposés par 388 aéroports. n A l Massae a pu obtenir de nou- velles données sur la rente télévisée dont les montants ont suscité un large débat ces derniers temps. Selon les informa- tions recueillies, la société de production Arcolt Com a, par exemple, récolté des sommes farami- neuses pour la production de programmes du mois de Ramadan, notamment la sitcom Sir Hta Tji, diffusée sur Al Aoula en trois parties, et qui a coûté à la chaîne plus de 1,8 million de dirhams (soit 20 000 dirhams l’épisode), contre 1,4 million pour une autre sitcom, produite il y a plus d’une dizaine d’années, La famille de Si Marbouh. D’autres émissions pro- duites par la même société ont coûté jusqu’à 100 000 dirhams la capsule. L’acteur Mohamed El Jem a, par exemple, perçu 10 000 di- rhams pour chaque épisode de Sir Hta Tji. Il a ainsi en- caissé, au total, une somme de 90 000 dirhams pour l’ensemble de la série. Idem pour l’humoriste Mohamed Khayari. Al Massae a égale- ment appris qu’Arcolt Com est en train de produire une nouvelle série pour le pro- chain mois de Ramadan. n Al Massae Lesscandales delarentetélévisée ©AICPRESS La question de la semaine sur La question de la semaine prochaine Retrouvez-nous sur notre page fan facebook.com/actuelmaroc Quelle serait votre priorité si vous étiez maire de Casablanca ? n Rénover tous les trottoirs n Sauvegarder le patrimoine n Raser les bidonvilles n Réinsérer tous les chamkara n Tripler les espaces verts n Construire un musée de la ville 10,7% 49,1% 21,4% 12,5% 4,5% 1,8% actuel / Semaine du 5 au 11 mai 2012 Quelle place accorder à la langue française au Maroc ? Amine Echcherki. Dossier actuel / Semaine du 5 au 11 mai 2012 16 S Faut-il abandonner le français ? Un débat sans fin et presque consubstantiel à l’identité marocaine. Un débat qui n’est pas dénué d’arrière-pensées et qui induit une question subsidiaire : faut-il remplacer le français par l’arabe... ou l’anglais ? Autre interrogation paradoxale pour un journal francophone, qui mérite toutefois d’être posée. A défaut d’être tranchée. C’ estunministredelaCom- munication anglophone et américanophile qui a osé mettre les pieds dans le plat avec la réforme des cahiers des charges de l’audiovisuel. Si toutes les polémiques se sont cristallisées autour de la réduction de la place du français sur les écrans, ce n’est pas un hasard. Langue du colon puis de l’élite, l’idiome a mauvaise presse auprès de ceux qui ne le parlent pas. Et le combat est inégal face à l’arabe. « L’arabe n’est pas la langue de ce monde, c’est la langue de Dieu. A côté d’elle, au- cune langue n’existe », souligne l’écrivain Driss Jaydane. Vouloir remplacer un journal en français par un débat en arabe n’est pas non plus innocent et masque d’autre desseins pour MehdiLahlou(universitaire,membreduPSU). « Dans le débat sur les cahiers des charges, la question de la langue est en réalité acces- soire. Le véritable problème est la création d’un espace médiatique qui soit démocra- tique. La langue n’est que la feuille de vigne qui cache une volonté idéologique voulant changer la façon de réfléchir de la société. » Ahmed Assid renchérit : « Le PJD veut faire passer le discours religieux à travers l’arabe ؟ classique. » Mais l’arabe des médias, que la moitié de la population ne comprend pas, n’est pas le seul enjeu de la francophobie latente. Il y a surtout la place qu’est ame- née à laisser (où à prendre davantage ?) la langue de Molière dans l’enseignement. Déjà conspué par les chantres de l’arabi- sation, ceux-là mêmes qui envoient leurs enfants dans les missions tout en appelant le peuple à s’arabiser, le français se trouve aujourd’hui minorisé dans nos écoles et mal inculqué. Ne faudrait-il pas commen- cer par mieux enseigner, et l’arabe et le français, avant de déclarer cette dernière langue caduque ? N’est-ce pasun repli iden- titaire que de vouer cette langue aux gé- monies parce qu’on en a été écarté ? « Ap- peler à enseigner l’anglais, c’est bien, mais que les tenants de cette proposition aient le courage d’aller jusqu’au bout ! », assène Assid.Ilslepourraientdifficilementdansla mesure où le français est bien implémenté dans notre pays, en plus d’être stratégique pour le développement du business. La so- lution réside peut-être dans l’acceptation de cette langue comme élément constitu- tif du patrimoine marocain et de l’ensei- gner correctement aux Marocains. A tous les Marocains ! Zakaria Choukrallah et Eric Le Braz ©J.Belin الفرنسية عن التخلي يجب
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