Actuel n°159 - Page 1 - Actuel est un magazine hebdomadaire marocain francophone, appartenant au groupe « Logique Presse ». Des sujets très variés y sont abordés (économie, politique, société, culture...). Ce magazine généraliste se veut le porte-parole d'un Maroc moderne, dynam L aprisedecontrôledeBimoparl’américain Kraft Foods, après celles de Lesieur par SofiproteoletdeCentraleLaitièreparDanone,nemanquepasdeposerlaquestion del’avenird’uncapitalismemarocainqui voitainsiquelques-unsdesesplusbeauxfleurons battreprogressivementpavillonétranger.Certes, la réputation des grands groupes mondiaux, champions de la recherche et développement et du marketing, implantés sur la quasi-totalité des grands marchés de consommation, n’est plus à faire. Et l’intégration des entreprises marocaines au cœur de la mondialisation présente bien des atouts. Il n’empêche, s’agissantdeBimo,leticketd’entrée pour une prise de contrôle était-il si insurmontable que cela pour des investisseurs marocains soucieux de conserver ce fleuron de notreindustriesouspavillon national?L’industriemarocaine n’aurait-elle vocation à ne s’offrir ainsi qu’aux seulsgroupesmondiaux?A cerythme-là,lecapitalisme marocainserabientôtréduit àsaplussimpleexpression, celledesecteurscommelafranchise,l’immobilier ou le tourisme. Mais avec quelle valeur ajoutée? Il est piquant d’observer que certains grands investisseurs de la place –qui, il y a peu, décriaient mezzo voce la présence de la holding royale SNI dans les affaires au prétexte qu’elle leur ferait de l’ombreetfausseraitlaconcurrence–seréfugient aujourd’hui dans une étonnante abstention. Faut-ilenconclurequ’ilnesetrouveraitauMaroc aucun industriel, aucun investisseur ou fonds d’investissement pour regarder d’un peu plus près une opportunité comme celle de Bimo? Ce quiestbonpourKraftFoodsneleseraitdoncpas pour nos capitaines d’industrie? Dans son dernier post sur son blog (mhe-online. 3Edito com), Moulay Hafid Elalamy en appelle à multiplier les «entreprises locomotives» pour contrer la crise. «Les entreprises locomotives, écrit-il, constituent indéniablement la pierre angulaire del’économiesectorielleetce,parlatailledeleurs investissements, du nombre d’emplois qu’elles génèrent et des effets bénéfiques qu’elles peuvent avoir sur les PME et sur la régulation sectorielle. Et de poursuivre: Aujourd’hui, nos entreprises locomotives doivent relever le double défi de la compétitivité et de l’international.» LeprésidentdugroupeSahamapparaîttoutefois étrangementisolé.Nombredesespairssemblent ainsis’êtreréfugiésdansun attentismerécurrentdepuisle printemps2011,témoignant d’unétonnantrelâchement généralisé.Est-cevraimentlà uncomportementdenature à contrecarrer la récession annoncée? La cession de Bimo à Kraft Foods est à saluer pour ce qu’elle est. Le respect d’un engagement pris par SNI au lendemain de la fusion avecONA.Uneopérationde cessionassortied’undouble succès,industrieletfinancier.Etlapromessed’un déploiementsousl’ailebienveillanted’unleader del’agroalimentaire.Ellen’eninterpellepasmoins sur la frilosité d’un capitalisme marocain, cantonné dans un coupable court-termisme. A trop attendre de l’Etat et de ses relais, notre économie et notre tissu industriel donnent le sentiment de se déliter dans une quasi-indifférence. Qui sonnera l’heure de la mobilisation? ■ Notre économie et notre tissu industriel donnent le sentiment de se déliter dans une quasiindifférence. Capitalismefrileux actuel actuel / Semaine du 14 au 20 septembre 2012 Sommaire ÉCRIVEZ-NOUS À courrier@actuel.ma actuel / Semaine du 14 au 30 septembre 2012 4 N°159 - DU 14 AU 20 SEPTEMBRE 2012 25 ans de prison, 171 jours de sit-in Mais que va-t-il faire au Congo? L’électron libre du PJD Elle menace l’Amérique 16 30 42 50 58 Tels frères, tels fils ! SActualités 08 LA SEMAINE EN IMAGES 10 DÉCRYPTAGE 14 DERNIÈRE HEURE SDossier 16 RECONNAISSANCE | Ex-prisonniers du Polisario: voyage au bout de l’enfer SEconomie 30 AWB, BMCE BANK, BCP | Les enjeux d’une stratégie africaine 34 SNI | Bimo passe sous pavillon américain 36 FINANCES PUBLIQUES | Un milliard de dollars à lever 38 GENERAL CONTRACTOR MAROC | L’honneur retrouvé de Benjamin Chetrit 39 EN BREF SPolitique 40 SOUTIEN | Maroc/Syrie: la guerre est déclarée 42 INTERVIEW | Abdelaziz Aftati: «Le PJD ne trahira pas ses électeurs» 45 EN BREF SSociété 46 DÉLINQUANCE | Trafic de voitures de luxe depuis l’Italie 48 SPORT DE COMBAT | Rida Mourak, nouveau boss du freefight arabe? 50 MANIF | «Les Américains n’ont qu’à creuser leurs tombes» 51 EN BREF SMonde 52 ARRÊT SUR IMAGE 56 IRAK | De mal en pis 57 ESPAGNE | Rajoy pris entre deux feux SCulture 58 CINÉMA | Les frères Noury font leur comédie 60 RÉSIDENCE D’ARTISTE | Une escale courte mais créative 62 COUP DE CŒUR | Daniel Aron photographie Tanger STendances 64 NOUVEAUX PRODUITS, NOUVEAUX MARCHÉS 66 LES CHOIX DE... | Rachid Badouri, humour érable PHOTO DE COUVERTURE BRAHIM TAOUGAR/ACTUELEL actuel actuel est édité par Logique Presse. SARL. Capital social : 25 millions de dirhams. Conseiller spécial: Henri Loizeau Directeur de la publication: Abdellatif El Azizi Directeur commercial: Moulay Ahmed Alami Directeur de la rédaction: Eric Le Braz Rédactrice en chef adjointe: Mouna Kably Assistante de la rédaction: Fatima Azzahra Ghoumari Tél. 05 22 95 18 15 / 16 05 29 00 20 02/ 30 03 Fax. 05 22 95 18 14 SRÉDACTION Chefs de service: POLITIQUE: Abdellatif El Azizi ÉCONOMIE: Mouna Kably CULTURE: Amira-Géhanne Khalfallah Rédacteurs: Slimane Ammor, Yanis Bouhdou, Zakaria Choukrallah, Ali Hassan Eddehbi, Khadija El Hassani, Abdelhafid Marzak, Asmaa Chaidi Bahraoui, Ranya Sossey Alaoui (stagiaire), Kaouthar Oudrhiri (stagiaire) Chroniqueurs: Fouad Benseddik, Pascal Boniface, Driss Jaydane Correspondants: Cyril Bonnel (Paris), Maud Ninauve (Tanger) Photographe: Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro: Salima Yacoubi Soussane, Merwann Abboud SÉDITION Rédactrice en chef technique: Keiko Catala Secrétaires de rédaction: Ferdinand Demba Révision: Laila Lebbar Directrice artistique: Fadoua Damiri Maquettiste: Youssef El Moutassaddik Conception graphique: Studio Baylaucq & Co. SPUBLICITÉ Tel : 05 22 36 77 02 Directeur commercial: Moulay Ahmed Alami ma.alami@logiquepresse.ma Responsable commerciale: Ghizlane Malki g.malki@logiquepresse.ma Chefs de publicité: Najat Bourkab n.bourkab@logiquepresse.ma Chargée de projet: Karima El Afi k.elafi@logiquepresse.ma Administratrice des ventes: Asmaa Bertal Filali a.filali@logiquepresse.ma IMPRIMERIE Idéale, Casablanca DISTRIBUTION Sochepress Imprimé au Maroc – Printed in Morocco. Tous droits réservés. Reproduction interdite sauf accord de l’éditeur. Tirage: 20000 ex Sactuel 1, bd Abdellatif Benkaddour 20050 Casablanca, Maroc Dépôt légal : 2010PE0042/ Lavieenrosebonbon LES SŒURS HARAKAT SDécrocher un premier stand aux Galeries Lafayette, fief de la mode, c’est chose faite pour les sœurs Harakat.Mais à y voir de plus près, la chance n’y est pas pour grand-chose. unettes rétro, vernis à ongle flashy, chemises et sarouels, Nisrine Harakat, 18 ans, et Sarã, son aînée de quatreans,portentlesmêmes vêtements, mais chacune à sa manière. Pour égayer le tout, un collier et quelques bracelets de «Sunshine», leur nouvelle collection. Avec leur look bohème chic, les sœurs Harakat sont des fashionistas dansl’âme…C’estendécembre dernierquetoutacommencé, lorsque les deux jeunes créatrices exposent pour la premièrefoisleursaccessoires. Passionnéesdèsleurplusjeune âge, les sœurs ont toujours créé leurs propres bijoux, histoire de se démarquer. A l’époque, elles étaient très loin d’imaginer que ce qui avait démarré comme un passe-temps allait prendre une tournure aussi significative. Leurs créations séduisent d’abord les copines. «Nos amies adoraient nos bijoux, du coup on en fabriquait pour elles et pour leur entourage. C’était très flatteur. Ça nous a donné envie de partager notre univers avec toutes les Marocaines. L’idée de l’exposition nous est venue quand la mère d’un ami a proposé de nous ouvrir sa galerie», raconte Nisrine. Un événement sera donc organisé via facebook, et rassemblera quelques centaines de personnes. Un grand succès pourlessœurs,encoreméconnuesàl’époque. Nombreux tomberont sous le charme des bijoux.Danslepublic,uneresponsabledes Galeries Lafayettes qui leur proposera, sur le champ, un espace de vente. «Tout est arrivé très vite, on était vraiment dépassées par les événements. Nous n’étions vraiment pas prêtes à passer à la production», relate Sarã.Lecontedeféepeutenfincommencer et il a la gaîté d’une palette de couleurs. Du jaune, du rose, de l’orange, la marque de fabriquedesHarakatSisters,c’estd’abordun cocktailsavoureuxdecouleurs,d’exotisme et de créativité. Leur point fort, apporter une touche flashy tout en alliant sobriété et subtilité. Des créations pétillantes et vivantes, complètement à leur image. «Au départ, nous étions sceptiques. Nous ne savions pas si les femmes allaient adopter notrestyle.Nousvoulionsquechaquecliente qui achète un de nos bijoux emporte avec elle une partie de nous», explique Nisrine. Richesse de l’érudition orientale De père marocain et de mère libanaise, les sœurs Harakat s’enorgueillissent d’une double culture qui élargit leurs horizons, et les accompagne à chaque pas. Mais leur plus grande source d’inspiration reste leurs voyages et la découverte de nombreuses cultures. Elles se retrouveront davantage dans la richesse de l’érudition orientale. «Les jeunes d’aujourd’hui s’identifient beaucoup et idéalisent, avouons-le, tout ce qui est occidental. Résultat: la culture arabe est délaissée même si elle est plus riche et exubérante», constate Sarã. Malgré leur penchant, les sisters restent de vraies citoyennes du monde, curieuses de découvrir ce que celui-ci leur réserve. A leur âge, ce sont surtout de véritables autodidactes qui travaillent en duo, de l’acte d’achat à la touche finale, pour des créations 100% handmade. Constituer le stock nécessite beaucoup de temps et de patience, surtout pour une clientèle qui en redemande. Photos de campagne, recherche de mannequins, leur marketing qui se fait essentiellement sur facebook,cesontelleségalement qui s’en occupent. Les sœurs Harakatportentbienleurnomet sont déjà en plein mouvement. «On n’a jamais créé de bijoux à desfinscommerciales.Nousnous sommes retrouvées en très peu de temps embarquées dans un cercle de demande, de production et de vente…», ironisent les filles, business women malgré elles. Les sisters ont pourtant eu le mérite de se lancer dans un domaine où la notoriété se gagne très difficilement au Maroc. Leur force? Une relation fusionnelle et surtout une grande complémentarité. Sarà entamesacinquièmeannéeàParis-LaVillette en architecture, études dont elle apprécie l’aspect pluridisciplinaire. Passionnée de photo, elle a exposé à la deuxième édition de Youth’s Talking en 2011. Elle apprécie la grâce d’Oum Kelthoum, et celle des actrices italiennes et égyptiennes des années 50. Quant à Nisrine, elle vient de décrocher son bac, rêve de devenir styliste, et de se balader sur les plages de Cuba. Sa passion pour le design l’entraîne à Paris pour une année de prépa artistique. Elle vivra avec sa sœur. Une nouvelle expérience pour elles. «J’ai hâte de voir ce que ça va donner», s’exclament en même temps les frangines. Après tout, répondre en chœur… c’est aussi ça être sœurs. Ranya Sossey Alaoui NOUVELLE GÉNÉRATION ©DR actuel / Semaine du 14 au 20 septembre 2012 Actualités8 En franchissant l’allée des deux usines à Lahore et Karachi, les ouvriers étaient loin de se douter qu’ils allaient signer leur arrêt de mort. 310 victimes confirmées dans ces incendies et le bilan ne cesse de s’alourdir. Triste drame pour le Pakistan. ■ Quand Harry ne montre pas ses fesses à Las Vegas, il pilote l’hélicoptère de l’armée britannique pour une mission en Afghanistan. Mais avec les talibans qui menacent d’avoir sa peau, ses fesses, il ferait tout de même mieux de les surveiller. ■ Non ne vous méprenez pas, ne vous emballez pas, ce n’est pas Obama qui en colle une à Romney. C’est juste leurs sosies réunis pour un spectacle de rue à Washington. Mais si le spectacle n’est que comédie, la guerre, elle, reste réelle entre les deux candidats. ■ Pakistan L’usine maudite Royaume-Uni De Vegas à Kaboul Présidentielles 2012 This is WAR! SCyprien, star de la webrigolade Après avoir créé le buzz en France, Cyprien envahit les réseaux sociaux marocains. Sa dernière victime, Sofiane, un ancien de la Star Ac qui aura attendu huit ans pour faire un clip. Pauv’ chou. VU SUR LA TOILE BernardArnaults’eniraitavecsesmillionsenBelgique.Info?Intox? Libération réagit à sa façon «Casse-toi riche con» en parodiant la fameuse réplique de Sarko. Libé ne rigole pas avec les mauvais payeurs... d’impôts. Mais la Une n’a pas fait rire tout le monde. ■ France Bernard se fait-il la malle? SCook vs Jobs Dans une vidéo délirante, Tim Cook en a marre qu’on ne jure toujours que par Steve Jobs presque un an après sa mort. Celui-ci affronte l’âme ressuscitée de Jobs dans un duel de rap. Sympa. ■ ©AFP ©AFP©AFP ©AFP actuel / Semaine du 14 au 20 septembre 2012 SL’humour vache de Naciri «J’ai découvert que Benkirane vous faisait plus rire que moi», «S’il s’achetait pas des cravates, c’est parce qu’il avait pas de quoi». Curieusement, Said Naciri fait rire quand il est méchant, mais on doute que Benkirane soit du même avis. SFaites l’amour, pas la guerre «Coucheriez-vous avec un Arabe?» C’est tout l’esprit du documentaire de Yolande Zauberman, tourné à Tel-Aviv, dont la bande-annonce ne cesse d’enflammer le Net. ■ 7Actualités / LA SEMAINE EN IMAGES 9 Pour marquer ses dix ans au sein des Nations unies, la Suisse a offert ce lundi à Ban Ki-moon un cadeau tant symbolique qu’original, «Le Rucher suisse du Parc d’Adriana». Après tout, une montre, ça fait trop cliché! ■ Classé 37e sur 164, le Maroc offre une prestation plus glorieuse aux Jeux paralympiques qu’aux JO. Quant aux champions, un accueil triomphal leur a été réservé par une foule chaleureuse à l’aéroport Mohammed V. Le Maroc est fier, et il le montre. ■ Pendant ce temps-là, Abdelilah Benkirane, entouré de Mehdi Qotbi et ses dames, a œuvré pour la promotion de la culture en recevant une délégation de la Fondation nationale des Musées. Décidément, ça lui va bien la Omra. ■ Suisse BanKi,roidesabeilles Maroc Merci les champions Parité Ladies and Benki-man Vous ne juriez que par Federer, Nadal ou Djokovic. Rajoutez Andy Murray à votre liste et profitez-en pour lui retirer son étiquette d’éternel perdant. Un vrai conte de fée du «tennis moderne» puisqu’il prouve à tous qu’à force de persévérance… tout arrive. US Open Il l’a eu son trophée ©AFP ©AFP ©B.Taougar/actuel ©MAP actuel / Semaine du 14 au 20 septembre 2012 Actualités / DÉCRYPTAGE10 Prisons Benhachem s’excuse ● LES FAITS «Le sureffectif dans les prisons marocaines est dû, en grande partie, au recours excessif des juges à la détention provisoire.» C’est ce qu’a déclaré le délégué de l’administration pénitentiaire, Hafid Benhachem. ● LE COMMENTAIRE Le cercle des magistrats a pointé du doigt une «ingérence» dans la souveraineté des juges et une «atteinte à l’indépendance de la magistrature». Le président du cercle est allé plus loin en déclarant: «Ce n’est pas un ancien responsable sécuritaire qui va nous donner des leçons!», faisant allusion aux liens passés entre Benhachem et Driss Basri. Choqué par cette réaction, Benhachem a aussitôt affirmé qu’il «n’entendait pas s’immiscer dans le pouvoir discrétionnaire des juges», présentant ses excuses à l’ensemble du corps des magistrats auquel il dit vouer un grand respect. Pourtant, le problème est réel. Les juges, par réflexe, ne recourent que rarement aux sanctions alternatives prévues par la loi. Pire, il arrive souvent que les juges condamnent systématiquement un prévenu à une peine équivalente à la durée de la détention provisoire pour éviter tout casse-tête, se dédouanant de ce fait de leur responsabilité. ● ET DEMAIN Les juges ne sont pas les seuls concernés par le problème du surpeuplement des prisons, lequel nécessite un véritable débat public tout en évitant un blocage corporatiste des juges ou une manipulation éventuelle des autres parties prenantes. A.H.E. ©BrahimTaougar/actuel ©DR Nouvelle ouverture du capital de BCP ▲ ● LES FAITS Le groupe BCP multiplie les performances. A fin juin, et malgré la conjoncture difficile, la banque publique se lance de nouveaux challenges. ● LE COMMENTAIRE Au-delà de ses bons résultats semestriels, dont un PNB en hausse de 12,3% et un résultat net consolidé en progression de 6%, le groupe bancaire continue sur sa lancée pour renforcer son positionnement à l’international, tout en diversifiant et en consolidant son tour de table. Le premier semestre a été marqué, d’une part, par le partenariat stratégique avec le groupe ivoirien Atlantic Financial Group (AFG). Et d’autre part, par l’ouverture de son capital à des institutionnels de renom, en l’occurrence Banque Populaire Caisse d’épargne (BPCE) et la Société financière internationale, à hauteur de 5% chacune. Et un troisième partenariat, portant également sur 5% de son capital, est en vue. Les négociations sont en cours et pourraient se concrétiser d’ici cinq à six mois. Ainsi, le groupe entend se donner les moyens et se faire accompagner dans son expansion à l’international. ● ET DEMAIN A noter toutefois que dans la nouvelle configuration vers laquelle le groupe s’achemine, 15% seulement du capital sera ouvert aux institutionnels étrangers. Une partie restera entre les mains de l’Etat et 15% comme flottant en Bourse. Mais l’essentiel devrait être contrôlé par un seul actionnaire majoritaire: les banques régionales. K.E.H. ©BrahimTaougar/actuel ▲ actuel / Semaine du 14 au 20 septembre 2012 ● LES FAITS Soumis à un feu nourri de griefs de la part de la hiérarchie des partis de la majorité, Benkirane a accepté d’être plus attentif dans ses déclarations à la presse. ● LE COMMENTAIRE Lors de la dernière réunion des chefs des partis de la majorité, les déclarations incendiaires des ministres PJD contre Mohand Laenser ont fait l’objet de vives critiques. Les partenaires du PJD ont exprimé leur irritation envers les sorties intempestives des ministres islamistes. Ils ont prié Benkirane d’être plus mesuré, évoquant au passage ses déclarations concernant les conseillers du roi et ses excuses présentées ultérieurement au souverain. Il a été notamment question de la nécessité de conserver un front uni dans le traitement des problématiques nationales. Benkirane a fait montre d’un activisme communicationnel qui lui a joué bien des tours. L’homme, qui semble considérer la communication comme élément central de toute action politique, à la différence de ses prédécesseurs, a recouru, dès le début de son investiture, à un franc-parler qui laissait entendre un désir de transparence. ● ET DEMAIN Même si Benkirane a promis de mettre un frein à son besoin effréné de créer le buzz, nul doute que le chef des islamistes ne résistera pas longtemps à l’envie d’user de ses petites phrases soigneusement calibrées, et de ses effets d’annonce dans les médias. A.E.A. Gouvernement La com’de Benkirane Actualités / DÉCRYPTAGE12 ▲ Primes de Mezouar Pendez le coiffeur! ● LES FAITS La cour d’appel de Rabat a décidé, le 11 septembre, de reporter l’examen du procès d’un fonctionnaire du ministère des Finances, poursuivi pour «divulgation de secret professionnel». ● LE COMMENTAIRE Les documents révélaient les montants des primes «croisées» entre Noureddine Bensouda, trésorier général du Royaume, et Salaheddine Mezouar du temps où il était ministre des Finances. Ces documents ont soulevé un véritable tollé auprès de l’opinion publique, et mis les deux bénéficiaires dans un sérieux embarras. Le parquet s’est saisi de l’affaire et a décidé de poursuivre ce fonctionnaire. Des acteurs politiques et des droits de l’homme ont pointé du doigt un procès politique et contraire à la Constitution qui consacre, dans son article 24, le droit à l’information. «La poursuite sur la base de divulgation du secret professionnel est politique et non juridique. Ce sont les bénéficiaires des primes qui doivent être jugés et non le fonctionnaire qui les a divulguées», estime l’avocat et militant des droits de l’homme Abderrahmane Benamrou. ● ET DEMAIN Qu’il soit anticonstitutionnel ou pas, ce procès est éminemment politique. Désormais, tout fonctionnaire y regardera à deux fois avant de dénoncer une irrégularité, et c’est tout le Maroc qui est perdant. N’aurait-il pas été plus opportun de se contenter d’un recours à des sanctions administratives en interne? A.H.E. ©BrahimTaougar/actuel Al Adl Wal Ihsane Guerre de succession ▲ ● LES FAITS Deux événements importants ont marqué récemment la Jamâa de Yassine: la démission de sa fille de la direction des sections féminines et le vote, pour la première fois, des membres du Conseil national du cercle politique. ● LE COMMENTAIRE Le communiqué triomphateur publié le 9 septembre par le Cercle politique cache mal le malaise que vit Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance) depuis la détérioration constante de l’état de santé de Yassine. Pour comprendre les déchirements que vit la mouvance, il faut savoir que le cheikh a développé une doctrine qui s’inspire de différents courants religieux ésotériques. Notamment à travers plusieurs ouvrages dans lesquels il laisse entendre qu’il serait le mahdi, sorte de messie de l’islam. C’est pour cela que la question de la succession pose autant de problèmes au sein de la Jamâa. Selon la tradition soufie, la succession se fait dans le «Royaume des cieux» et ne saurait être soumise au choix des hommes. Si Yassine a mis de l’eau dans son vin, c’est que l’option d’une femme à la tête de la mouvance a été brutalement rejetée par les bases. Reste la possibilité de soumettre la question d’un digne héritier au vote. ● ET DEMAIN Malgré tout, l’avenir de la mouvance paraît incertain, l’organisation se préparant à une crise de succession ouverte, que préfiguraient déjà, ces dernières années, les guerres intestines entre les héritiers biologiques de Yassine et ses lieutenants. A.E.A. ©BrahimTaougar/actuel actuel / Semaine du 14 au 20 septembre 2012 ● LES FAITS Le corps d’un nouveau-né, abandonné quelques instants après sa naissance, a été retrouvé à Fès au fond d’une poubelle, parmi les immondices. ● LE COMMENTAIRE La photo de ce bébé, qui heurte ce qu’il nous reste d’humanité, a naturellement engendré des réactions d’indignation en masse. Elle interpelle sur une réalité à laquelle notre pays ne cesse de se confronter, sans jamais trouver les voies et moyens d’y répondre: celle de la situation de détresse dans laquelle se trouvent des dizaines de milliers de jeunes filles et de jeunes femmes face à une maternité non désirée. Notre coupable aveuglement et l’indifférence dans laquelle nous préférons nous réfugier conduisent, chaque mois, à près de 20000 avortements clandestins. Est-ce ainsi que les jeunes Marocaines doivent et peuvent vivre? Faute d’une société en mesure de comprendre le drame de ces jeunes femmes, nous condamnons chaque jour ces dernières à mettre leur propre vie en danger. Les appels, timides, à une évolution de notre législation sont de peu de poids face au confort de nos certitudes et de celles de ceux qui nous gouvernent. ● ET DEMAIN Les quelques parlementaires sensibilisés à cette douloureuse question resteront-ils encore longtemps isolés? L’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC), que préside le docteur Chafik Chraibi, doit prochainement organiser une nouvelle journée d’étude au sein du Parlement. Y.B. ▲ La face sombre de notre société ©DR Actualités14 20-Février Le tour de vis Un nouveau chef d’inculpation voit le jour! Le 12 septembre, cinq militants du mouvement du 20-Février, poursuivis pour «participation à une manifestation non autorisée», ont été condamnés à des peines de huit à dix mois de prison ferme par le tribunal de Casablanca. Ces jeunes ont été condamnés après leur participation à une manifestation pacifique le 22 juillet à Casablanca. Le message est clair: si vous manifestez, vous risquez la prison. ■ Procès Radicontreactuel Après avoir surpris ses collègues en bénéficiant de passe-droits réels, ne disposant d’aucune autre légitimité que sa proximité et ses liens de parenté avec Abdelhanine Benallou (voir actuel n° 142), Majd Radi entend aujourd’hui s’enrichir sur le dos de notre magazine. Dans un procès pour diffamation intenté contre actuel, dont la première audience est prévue pour le 17 septembre, Monsieur Radi ne réclame pas moins de 1 million de dirhams en dommages et intérêts. actuel aura à cette occasion l’opportunité de démontrer la qualité de son enquête, la véracité des faits relevés et la bonne foi de son travail journalistique. ■ SLe regard de Mouhim ● A l’heure où le gouvernement resserre son budget et interdit l’achat de nouvelles voitures administratives, le ministre de la Jeunesse et des Sports roule, lui, dans une superbe Mercedes CLS 350, dont l’entrée de gamme coûte la bagatelle de 700000 dirhams. Rien à envier à l’Audi A8 de son prédécesseur Moncef Belkhayat. ● Le premier flic du Royaume a amorcé le redéploiement de ses directeurs. Nordine Snouni, qui occupait jusqu’à présent le poste de directeur des renseignements généraux à la DGSN à Rabat, vient d’être nommé préfet d’El Jadida. ● Les candidats en lice pour les élections partielles du 5 octobre prochain se préparent à une bataille acharnée pour décrocher le siège de la circonscription de Marrakech GuelizEnnakhil, qu’avait perdu le député PJD, Ahmed El Moutassadik, suite à une décision du Conseil constitutionnel. L’intéressé aura fort à faire avec la Pamiste Zakia Mrini et Najib Rafouch, dit «Ould Laroussia». ● Depuis que le prix des carburants a flambé en Espagne, et par conséquent dans les présides marocains occupés de Sebta et Mélilia, des réseaux mafieux se sont spécialisés dans le convoyage du carburant servi dans les stationsservice marocaines vers Sebta depuis Tétouan, ou vers Mélilia à partir de Nador. ■ Les bruits du village C’est le montant de la facture énergétique à fin juillet, en hausse de 12% par rapport à juillet 2011. 57,5milliards de dirhams La rumeur d’un départ de Abdellatif Jouahri, le gouverneur de Bank AlMaghrib, circule à nouveau dans les milieux d’affaires et les salles de marché. Pour lui succéder, deux noms sont évoqués: Mohamed El Kettani,leprésidentdirecteurgénéralde Attijariwafabank,etBrahimBenjelloun, administrateur directeur général de BMCE Bank. Certes, la nomination du prochain gouverneur de la Banque centrale relève du Palais, mais avec Benjelloun et Kettani, les banquiers placent leurs favoris. ■ ©BrahimTaougar/actuel Accident d’AlHaouz L’artilleriede Rebbah Suite à l'accident d'Al Haouz, Rebbah a annoncé le retrait définitif de l'agrément de transport en commun de voyageurs aux exploitants de la ligne Marrakech-Taguint, via Zagora et Ouarzazate. Les contrôleurs dans les gares routières concernées sont suspendus jusqu'à la clôture de l'enquête administrative. Parallèlement, les contrôles des autocars sont renforcés à l'intérieur et à l'extérieur des gares. Et les sanctions administratives seront désormais appliquées. Qui vivra verra... ■ SLe chiffre BAMQuipour succéderàJouahri? actuel / Semaine du 14 au 20 septembre 2012 15 [ LU DANS LA PRESSE ARABOPHONE ] Mouvement populaire Pas de congrès en vue Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire, s’oppose à l'organisation du 12e congrès du parti en 2013 et maintient sa date initiale, à savoir 2014. Laenser a laissé entendre qu’il ne présenterait probablement pas sa candidature et qu'il laisserait le champ libre à d'autres cadres du parti, notamment Mohamed Ouzzine et Lahcen Haddad. ■ Hanouty Fin de l’aventure L’idée était alléchante: moderniser et structurer le commerce de proximité. Elle n’a pas pris, suite à des failles dans l’élaboration du concept. Tous les points de vente ferment. Montant de l’ardoise: 250 millions de dirhams pour le groupe Benjelloun auxquels s’ajoutent 20 millions de dirhams à débourser par la Caisse Centrale de Garantie si les franchisés ne s’acquittent pas de leurs créances. ■ Radicalisme «Ansar Charia»voit le jour Une nouvelle «plateforme» a vu le jour sous le nom de «Ansar Charia» (défenseurs de la charia), s’assignant la mission de lutter contre les laïcs et la laïcité. Prônant une «lutte pacifique», ce mouvement affiche clairement son ambition d’instaurer un Etat islamique. Nouvelle entité ou effet d’annonce? Rien n’est encore sûr. ■ Elections partielles Rendez-vous le 4 octobre Les élections partielles de Tanger-Asilah: un test de popularité pour le PJD qui cherche à tout prix à récupérer ses sièges invalidés par le Conseil constitutionnel.■ Lois organiques Benkirane cède du terrain Le chef de gouvernement a pris goût aux concessions, même quand cela risque d’être en contradiction avec la Constitution. Benkirane aurait ainsi élaboré un «plan législatif» pour ne pas avoir à nommer les patrons de plusieurs institutions qui devront être créées par des lois organiques. Notamment, celles qui se rapportent au développement humain, à la bonne gouvernance, à la démocratie participative ou encore à la protection des droits de l’homme. Les textes de loi régissant le CCME, le Médiateur ou encore le CNDH, seraient supervisés par le Palais, tout comme ceux de la HACA. D’autres institutions, comme le Conseil de la concurrence, resteraient dans l’escarcelle du gouvernement. ■ ©MAP actuel / Semaine du 14 au 20 septembre 2012 Dernière heure C e n’est pas la légalité ou non du mémorandum du ministre Mohamed El Ouafa, portant interdiction pour les enseignants du secteur public de travailler dans le secteur privé, qui est en jeu, mais plutôt l’opportunité d’une décision qui est loin d’être applicable. Il y a d’abord ce timing fâcheux, à savoir un décret signé la veille de la rentrée scolaire, prenant à la gorge les directeurs des établissements privés. D’un autre côté, pourquoi n’a-ton pas contraint, pendant toutes ces années, ces établissements à appliquer un accord ancien qui imposait aux organismes privés de trouver des cadres qui répondraient à leurs besoins en matière d’encadrement pédagogique? Maintenant, il y a une réalité incontournable: les écoles privées ont recours, dans la seule ville de Casablanca, aux services de 3000 enseignants du public. D’où la question légitime que l’on est tenté de se poser: le ministre El Ouafa serait-il motivé, à l’instar de nombre de ses collègues au gouvernement, par le désir d’occuper la Une des médias? ■ Al Ahdat Al Maghribia Populisme:ElOuafas’ymet aussi La question de la semaine sur La question de la semaine prochaine Retrouvez-nous sur notre page fan facebook.com/actuelmaroc Préférence nationale: achèterezvous marocain? ■ Oui, si c'est le même rapport qualité/prix ■ Non, la qualité n'est pas au rendez-vous ■ Oui, car je suis patriote ■ Ça dépend des produits ■■■ qqq ■■■ rre ■■■ ■■■ 5,88% 33,33% 5,9% Les enseignants du public doivent-ils continuer à enseigner dans le privé? S Précision Dans notre numéro 157 du 31 août, en page 58, nous avons fait une confusion dans la légende décrivant la visite du général Lyautey. Cette visite se déroulait dans la kasbah de Mediouna et non dans la médina de Casablanca, comme indiqué par erreur. Nous prions nos lecteurs de bien vouloir nous en excuser. ■ 54,9% Dossier16 actuel / Semaine du 14 au 20 septembre 2012 ©BrahimTaougar/actuel
Actuel n°159 - Page 1
Actuel n°159 - Page 2
wobook