Actuel34 - Page 1 - A quoi reconnaît-on un bon maire ? En grande partie à sa capacité d’impri- mer sa marque sur sa ville. Et à son aptitude à répondre aux problèmes de ses concitoyens. Ces derniers se tournent d’abord vers l’élu de proximité. Au Maroc, les maires ont de la chance: les besoins sont tels qu’ils ont un espace immense pour apposer leur empreinte sur la cité. A Fès, les fontaines «son et lumière» de Chabat sontdevenuesl’emblèmedel’édile.Lepittoresque maire istiqlalien incarne sans conteste une ville qu’il a su embellir et qu’il dirige d’une main de maître. Il est adulé par la médina et respecté par la bourgeoisie. A l’instar d’un Georges Frêche, grand provocateurdel’autrerive,on lui pardonne ses excès quand on évalue ses résultats. Que retiendra-t-on de Sajid? Lesgrossesboulesdepétanque plantées sur la corniche? On espère qu’à l’issue de son deuxième mandat, le maire UC laissera un souvenir plus probant de son passage, au regard des immenses chantiers que la capitale économique mérite. Mais force est de constater qu’après avoir été (mal) élu, l’homme fort de la capitale économique peine à s’imposer, sauf quand il gèle les processus de décision en bloquant les délégations de signa- ture. À sa décharge, reconnaissons que sa marge de manœuvre est limitée par le wali et par une agence urbaine omniprésente qui décide de l’avenir de Casablanca dans une relative opacité. Et au moins le maire de la ville blanche donne de sa personne et reste présent sur les événements importants qui jalonnent la vie de la cité. On ne peut pas en dire autant du jeune maire PAM de Tanger qui brille par son absence à la tête de la cité du détroit. Que retenir de ses rares apparitions après huit mois de mandat? Qu’il change souvent de coiffure mais pas de cravate ! Maigre bilan. Les Tangérois ont élu un fantôme. Peut-être travaille-t-il dans l’ombre, comme l’affirment ses partisans. Mais ce n’est pas ce que les citoyens demandent à un maire. L’élu de proximité doit être disponible et rester à l’écoutedeceuxquil’ontchoisi.S’ilneseressaisit pas, le maire invisible de Tanger est en passe de devenir la plus belle erreur de casting du PAM. Sa jeunesse explique-t-elle cetteapparenteimmaturité? Du même parti et d’un an sa cadette, Fatima-Zahra Mansouriprouve,elle,quela valeurn’attendpaslenombre des années. Elle s’attelle avec courage et détermination à faire enfin le ménage dans la ville ocre. Il est vrai que sa marge de manœuvre est facilitée par l’absence d’un tuteur trop envahissant. À Marrakech, le prochain wali devra composer avec une première magistrate légitimée… Ce bref tour du Maroc prouve que c’est bien l’homme - ou la femme - et pas le titre qui fait la fonction. Handicapé par un système électoral bancal, bridé par des administrations pesantes, ligoté par des alliances parfois contre nature, le maire peut facilement se transformer en chef de pacotille. Mais un élu charismatique, décidé, peut vrai- ment faire bouger les choses. À condition d’être bosseur, bien sûr. ■ 3Édito actuel / Semaine du 13 au 19 février 2010 Ligoté par des alliances contre nature, le maire se transforme en chef de pacotille. Bossc’estbien, bosseurc’estmieux actuel SDirecteur général & Editeur: Henri Loizeau Directeur de la publication: Abdellatif El Azizi Directeur de la Rédaction: Eric Le Braz Assistante de la rédaction: Meriem Zraidi Tél. 05 22 95 18 15 / 16 Fax. 05 22 95 18 14 REDACTION Directeur de la rédaction: Eric Le Braz Chefs de service: POLITIQUE/INTERNATIONAL : Abdellatif El Azizi ÉCONOMIE : Mouna Kably SOCIÉTÉ : Tarik Qattab CULTURE : Bahaâ Trabelsi Rédacteurs: Yanis Bouhdou, Amanda Chapon, Zakaria Choukrallah, Khadija El Hassani, Sabel Da Costa, Dina Alami (Tendances) Correspondants: Sofia Amara (Beyrouth), Cyril Bonnel (Paris), Maud Ninauve (Tanger) Photographe: Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro: Alx, Inès Asensi, Malika Guillemain- Loudifa, Meriama Moutik, Mohamed Madani, Othmane Lazim, Jean Zaganiaris. ÉDITION Rédacteur en chef technique : Driss Douad Directrice artistique: Fadoua Damiri Secrétaire de rédaction : D.D. Maquettiste : Youssef El Moutassaddik Iconographe : Mehdi Mariouch Révision: Laila Lebbar Conception graphique: Studio Baylaucq & Co PUBLICITE: Directeur commercial : Moulay Ahmed Alami ma.alami@actuel.ma Chefs de publicité: FatimaZohra El Hajji f.elhajji@actuel.ma Imane El Haddad i.elhaddad@actuel.ma IMPRIMERIE Idéale, Casablanca DISTRIBUTION Sochepress Imprimé au Maroc – Printed in Morocco. Tous droits réservés. Reproduction interdite sauf accord de l’éditeur. Tirage: 20 000 ex actuel est édité par Logique Presse. SARL. Capital social : 10 millions DH. Directeur général : Henri Loizeau Directeur de la publication: Abdellatif El Azizi. 155 Boulevard d’Anfa, 20050 Casablanca, Maroc Tel : 05 22 95 18 15 / 18 16 Télécopie : 05 22 95 18 14 actuel Sommaire ÉCRIVEZ-NOUS À courrier@actuel.ma actuel / Semaine du 13 au 19 février 2010 4 N°34 - DU 13 AU 19 FÉVRIER 2010 Les maires à la loupe Anas Alami mise sur le CIH Le Grand Casablanca se défend bien Halte aux bavures ! nfa, , Maroc 5 / 18 16 95 18 14 Anas El Baz, le jeune premier 14 26 30 36 40 SActualités 06 LA SEMAINE EN IMAGES 08 DÉCRYPTAGE 10 ACTU POLITIQUE SDossier 14 MAIRES | Ceux qui bossent et ceux qui bullent SÉconomie 26 INVESTISSEMENT | CDG-CIH, une alliance en béton 30 PERFORMANCE | Grand Casablanca: les investisseurs marocains sauvent la mise 34 ÉCONOMIE | Privatisation: «Le potentiel cessible est plus important» 35 BOURSE | Masi Les volumes encore à la peine SPolitique 36 POLITIQUE | Services secrets, le dur chemin de la bonne gouvernance 38 POLITIQUE | Anniversaire, le Rif se rebiffe SSociété 40 REPORTAGE | Le niqab et nous 43 SANTÉ | Baddou rame avec le Ramed 44 SPORTS | FUS Manager contre supporters 46 FAIT DIVERS | Maître chanteur et grand malade 50 ARRÊT SUR IMAGE SMonde 54 MOYEN-ORIENT | L’uranium de tous les dangers 55 EUROPE | L’UE en quête de légitimité 56 DIPLOMATIE | France-Algérie La fièvre remonte 58 CHRONIQUES DES DEUX RIVES SCulture 60 FESTIVAL | Les semaines du film européen 62 CINÉMA | Merzak Allouache : Harragas 63 CINÉMA | Sherlock Holmes le retour! 64 PEINTURE | Limone tout en bleu 66 LIVRE | Des racines et des hommes… 67 SORTIR | Une semaine intello et festive STendances 68 VOYAGE | Sémillante Istanbul 70 VOITURE | Volvo XC60 D5 Summum, sûre et audacieuse 72 DÉCO | Couturiers en mode déco 76 SHOPPING | À vos marques... 78 LES 7 PÉCHÉS CAPITAUX DE... | Anas El Baz: «J’ai un bon fond» 80 PEOPLE | Le pire et le meilleur de Jamal Belahrach 82 LES CHOIX DE... | Ali Hajji minutieux Niqab, ni soumise 78 Actualités6 L’ex-vice-président nigérian Jonathan Goodluck vient de se voir nommé à la tête du pays, suite à l’absence prolongée de l’actuel chef de l’Etat. On lui souhaite beaucoup de chance dans ses nou- velles fonctions. ■ Un, deux, trois… puis quatre. Ces employés de M’dina bus à Casa ne battent pas des records de productivité pour nettoyer ce pan- neau indicateur. Le comble, c’est que cette photo a été prise le premier jour de la nouvelle grève (ratée) des transports ! ■ Le 9 février, à Fnideq, on a enterrée une mère de quatre enfants vi- vant de la contrebande. Elle a été victime cinq jours plus tôt d’une hémorragiecérébraleaprèsavoirétéfrappéeàlatêtepardesdoua- niers. Cela s’appelle «une campagne d’assainissement». ■ Nigeria Goodluck Mister President ! Partie carrée Dima dima m’dina Dérapage Morte pour 50 DH par jour S Cameron sollicité Menacée d’expulsion par un exploitant minier, une tribu indienne des Dongria Kondh vient de lancer un appel à l’aide au réalisateur d’Avatar. Leur si- tuation s’apparentant beaucoup à celle des Na’vi. Why not ? VU SUR LA TOILE actuel / Semaine du 13 au 19 fevrier 2010 Une statue représentant Nelson Mandela le jour de sa libération, il y a 20 ans de cela, a été érigée devant la prison de Groot Dra- kenstein, où il fut transféré de 1988 à 1990. Voilà qui tombe à «poing» nommé ! ■ Anniversaire Mandela de bronze SGoogle buzz Google va lancer prochainement un site de socialisation destiné aux uti- lisateurs du Google mail. Similaire aux autres sites du genre, l’appli- cation permettra aux internautes d’afficher des statuts ou d’échanger musiques, vidéos et liens. Copieur! EmmanuelWole/AFP AICPressGIANLUIGIGUERCIA/AFP B.Taougar/actuel DR DR 7Actualités / LA SEMAINE EN IMAGES Les chantiers en cours dans les quartiers chics nous remémorent que Casablanca est construite sur un oued. Ici, sous le futur im- meuble Galeria, le trou est encore plus impressionnant. Mais c’est du «eau standing» ! ■ Participant à un concours international ayant pour thème la sur- vie dans la jungle, ce marine américain est contraint d’avaler des lézards pour seule nourriture. 14 000 soldats en provenance de 6 pays participent à ce jeu militaire des plus curieux. ■ Une double attaque à la bombe a de nouveau fait des dizaines de morts parmi les passagers d’un bus et dans un hôpital de la ville. Depuis 2007, plus de 3 000 Pakistanais ont trouvé la mort dans des circonstances similaires. ■ Trous d’eau L’oued refait surface à Casa Soldat en compétition Un entraînement hardcore Explosion à Karachi Le Pakistan inhume ses morts Quand elle s’appelait Galilée, cette artère du quartier Gauthier à Casablanca était bordée de maisons Art déco. Aujourd’hui, la rue Taha Houcine vient de perdre dans un fracas de gravats sa der- nière villa. Casa continue son lent travail d’amnésie. ■ Trous de mémoire Encore une villa détruite S Les «Facebookois » font la tête 11 947 utilisateurs ont exprimé leur mécontentement suite aux change- ments qui ont récemment affecté leur page d’accueil. Ces modifications partaient pourtant d’une bonne inten- tion de la part des managers ! actuel / Semaine du 13 au 19 fevrier 2010 S BHL s’emmêle Le philosophe et écrivain Ber- nard-Henri Lévy a fait un boom après avoir cité un philosophe contredisant brillamment les théories de Kant… mais mal- heureusement inexistant! Il faut penser à vérifier ses sources! B.Taougar/actuel B.Taougar/actuel PornchaiKittiwongsakul/AFP AsifHassan/AFP DR DR Actualités8 Frontières À quoi joue Alger? ● LES FAITS La presse algérienne s’est largement étendue sur les travaux de l’autoroute transmaghrébine qui devrait relier le Maroc à l’Algérie avant juillet 2010. ● LE COMMENTAIRE El Moujahid nous apprend que «la ceinture autoroutière reliera bientôt les frontières est avec la frontière algéro-marocaine». Le journal en conclut que «l’Algérie a bel et bien ouvert les bras à ses voisins et attend l’arrivée des jonctions avec l’autoroute marocaine et tunisienne». Quant au quotidien Al Khabar, il rapporte que les habitants de Tlemcen qui possédaient des terres sur le territoire marocain, exploitées par des Marocains, pouvaient espérer «une probable indemnisation». Le journal ajoute «qu’une commission mixte algéro- marocaine chargée de l’ouverture des frontières et du règlement de tous les conflits en suspens entre les deux pays, en particulier l’indemnisation des propriétés des Algériens au Maroc, se penche sur ce dossier». Chose qui n’a été ni confirmée ni infirmée du côté marocain. ● ET DEMAIN Ce n’est pas la première fois que les Algériens expriment leur volonté de procéder à la réouverture imminente des frontières entre les deux pays, fermées depuis 1994. Affaire du Sahara oblige, ces effets de manche disparaissent dès que les Marocains avancent des propositions concrètes pour une reprise effective des relations. Jusqu’à quand ? A. E. A. ● LES FAITS Cela fait déjà un mois que les rapports de la Cour des comptes pour 2008 devaient être rendus publics. La haute juridiction a bien délivré le fruit de ses investigations, mais les rapports n’ont toujours pas été divulgués. ● LE COMMENTAIRE La loi oblige la Cour des comptes à publier ses rapports dans le Bulletin officiel avant la fin de l’année budgétaire. Le seront-ils un jour? La question est ouverte alors que les magistrats de la Cour des comptes se sont également penchés sur les dossiers de la CDG et de l’ONDA, assortis de deux départs précipités. Chaque année, les sages de la Cour des comptes passent au crible les dérives financières des administrations. La copie finale est transmise au cabinet royal avant d’être rendue publique. Depuis deux ou trois ans, cette juridiction s’est fait un point d’honneur d’épingler pêle-mêle, ministres, élus, directeurs d’offices, jusqu’au président du Parlement. Des rapports en général accablants, centrés sur la gestion hasardeuse des deniers publics. ● ET DEMAIN Le silence de la Cour des comptes est d’autant plus inquiétant que ses juges ont pour mission d’investiguer sur la situation des finances publiques et de signaler au gouvernement d’éventuelles irrégularités. Se priver du travail de cette instance, ce serait priver les citoyens d’un outil de contrôle efficace des deniers publics. A. E. A. ▲ Silence radio de la Cour des comptes DR AICPRESS Les Lions de l’Atlas vus par Chahata ▲ ● LES FAITS Al Massae nous apprend que le sélectionneur égyptien, Hassan Chahata, est prêt à travailler en tant qu’entraîneur des Lions de l’Atlas, à condition que «la confiance» et «le sérieux» soient au rendez-vous. ● LE COMMENTAIRE Dans une interview accordée par le « Maâlim » au quotidien marocain, on peut lire que le sélectionneur vedette des Pharaons est un grand admirateur du football national. «Mais je suis étonné de tout l’écart entre les grandes performances des joueurs dans leurs clubs européens et leur faible niveau en sélection.» Pour lui, cette situation est due à l’absence d’une stabilité technique et administrative dans la gestion de la sélection nationale. Venant d’un grand entraîneur dont le contrat avec l’équipe nationale égyptienne arrive à terme, ces propos sont aussi vrais que désolants. Jamais notre équipe nationale n’aura été aussi mal vue, ses (mauvais) rendements et sa gestion calamiteuse aussi évidents. À la nuance près que la plus grossière des erreurs de la sélection reste le recours systématique à des internationaux, au détriment de tous les talents que recèle le championnat. ● ET DEMAIN Un talent qui n’a d’égal que l’ambition de briller en équipe nationale, chose dont n’ont pas besoin les Chamakh et compagnie. Et l’expérience égyptienne est un cas d’école. Alors, à quand une sélection qui démarrerait par le bas au lieu des choix de facilité? T. Q. DR ▲ actuel / Semaine du 13 au 19 février 2010 9Actualités / DÉCRYPTAGE ● LES FAITS À l’issue de son procès en appel, lundi 8 février, le bloggeur Bachir Hazzam a été libéré, sa peine de 4mois de prison ayant été réduite aux deux mois déjà effectués. Il avait été condamné pour avoir couvert les manifestations étudiantes violemment réprimées du 1er décembre 2009 à Taghjijte. ● LE COMMENTAIRE Si la blogosphère marocaine et Reporters sans frontières se félicitent de cette libération, due en partie à «l’importante mobilisation nationale et internationale», ils appellent la justice à blanchir Bachir Hazzam et à libérer le bloggeur Boubaker Al-Yadib, ainsi que le propriétaire du cybercafé, Abdullah Boukfou, condamnés pour les mêmes raisons. Ils doivent passer les six prochains mois en prison, alors qu’ils ne faisaient que leur devoir de «netcitoyens», rappelle Saïd Benjebli, le président de l’Association des bloggeurs marocains, et ce, en exposant «les abus des autorités locales». Après les procès à répétition dont la presse a fait les frais depuis huit mois, voilà la blogosphère soumise à une tentative de censure qui ne veut pas dire son nom. Les cas de la Chine ou de l’Iran (sites fermés, moteurs très sélectifs, réseaux sociaux inaccessibles) sont pourtant autant de contre-exemples liberticides. ● ET DEMAIN Terrain d’expression planétaire, où la liberté est la règle (sous couvert de modération au regard du droit), le Net est un média trop précieux pour se voir placé sous tutelle. A. C. ▲ Internetsous hautesurveillance? DR ▲ Grève des transports : le flop ● LES FAITS La grève annoncée dans le secteur du transport le 8 février dernier n’a été que très faiblement suivie par les professionnels. Ceci, à un moment où plus de 60 syndicats et organisations professionnelles s’étaient donné le mot pour contrer le projet de Code de la route. ● LE COMMENTAIRE Que la grève ait échoué, cela n’a désormais rien d’étonnant. Trois ans après son introduction dans le circuit d’approbation, jamais un texte n’aura été autant décrié, discuté et négocié, à la ligne près. Il aura fallu que le ministre de tutelle, Karim Ghellab, mette beaucoup d’eau dans son vin et rencontre toutes les associations (qui comptent) pour arriver à convaincre de son bien-fondé. Au point que le débat a lassé. Et le désintérêt ressenti à l’égard de la grève en est la preuve. Résultat, nous sommes loin des grosses perturbations de la dernière grève. Et c’est tant mieux pour les usagers. On ne peut que s’étonner en revanche du revirement marqué par certains syndicats. Ayant appelé à la grève d’abord pour dénoncer des dispositions du Code, ils n’ont pas hésité par la suite à brandir la carte sociale, se disant en grève pour attirer l’attention des autorités. Etonnant. ● ET DEMAIN Si l’on ajoute à cela le fait que des syndicats aient décidé de débrayer parce qu’ils n’avaient pas été conviés à la table des négociations, il y a lieu de s’interroger sur l’avenir et les pratiques du syndicalisme au Maroc. T.Q. AicPress Marouane Chamakh Balle au centre! ▲ ● LES FAITS L’attaquant franco-marocain de Bordeaux devrait figurer –en 13e place, non éligible– sur la liste «Forces Aquitaine» présentée par le Modem de François Bayrou pour les prochaines élections régionales, dans la région Aquitaine. ● LE COMMENTAIRE L’information révélée par le député du Modem, Jean Lassalle, compagnon de route de François Bayrou, ne manque pas de piquant. La pêche aux acteurs de la société civile (acteurs, sportifs, chanteurs) est un exercice auquel se livrent régulièrement toutes les formations politiques françaises. Dernier en date, le judoka champion du monde et champion olympique, David Douillet, devenu député UMP par la grâce de Nicolas Sarkozy. Le résultat pour ces bleus de la politique est toutefois rarement probant. Et leur contribution au débat politique le plus souvent affligeante. Mais pour Chamakh, il n’est même pas question de prétendre à élection. Tout juste à représentation, pour faire joli et vendeur sur la photo! Un petit tour, et puis s’en va… puisque notre héros national est appelé à quitter Bordeaux pour un championnat étranger dès ce printemps. ● ET DEMAIN Marouane Chamakh n’a rien à gagner à ce type de prestation, si sympathique qu’elle puisse être. Notre footballeur, au sommet de son art cette année à Bordeaux, est plutôt attendu par les électeurs aquitains en… finale de la ChampionsLeague! Y. B. DR actuel / Semaine du 13 au 19 février 2010 Actualités / POLITIQUE10 pparemment, le ministre de la Jus- tice est inflexiblement attaché à une réforme du secteur qui s’accompa- gnera d’un raz-de-marée de change- ments juridiques auxquels les justiciables et les professionnels du droit n’ont pas été habitués. Comme il compte bien impliquer les magistrats dans cette aventure, Mohamed Naciri a convié lundi dernier, à Rabat, tous les premiers prési- dents et les procureurs généraux du roi près les cours d’appel, les présidents des tribunaux et les procureurs pour débattre des aspects concrets de cette réforme. Le nouveau patron de la Justice, qui était ac- compagné des responsables de son départe- ment, a ainsi préconisé une approche globale basée sur le principe de la concertation entre tous les acteurs. Au menu, la modernisation du système judiciaire, le soutien à l’indépendance de la Justice, le renforcement de la moralisation du secteur, l’immunisation des personnels et la mise en œuvre de mécanismes de contrôle effi- cients. Sur le temps que prendra la réforme, Na- ciri, qui s’est référé au discours royal du 20 août 2009, a précisé qu’on avait dépassé la phase du diagnostic et qu’on était déjà passé au stade fi- nal concernant les aspects organisationnels, les ressources humaines, les structures les équipe- ments en matériel informatique, etc. En attendant, « des juges-intermédiaires » vont être nommés pour « pallier la complexité des dispositions et règlements et assurer une aide aux justiciables dans des domaines précis ». ■ JusticeNaciriimposesonstyle ’initiative de l’ambassadeur français pour les Droits de l’Homme, François Zimeray, de « faire connaître la Shoah dans les pays arabes » a provoqué l’ire des islamistes qui ne se sont pas privés de tirer à boulets rouges sur les Instituts culturels français au Maroc qui « ont été mobilisés pour aider à la normalisation avec l’État hébreu ». Faire connaître la Shoah dans les pays arabes rentre dans le cadre des efforts de la France pour faire admettre Israël dans le giron de ces pays. L’offensive a commencé par la traduction en arabe de certains grands textes avant d’être suivie de nombreux événements qui ont été ainsi programmés dans des établissements culturels à Rabat, Casablanca, au Caire, Istanbul, Tunis, Amman... ■ Diplomatie La Shoah expliquée à mon fils SPresse «AkhbarAlYoum» dans le collimateur Fouad Ali El Himma a violement chargé Akhbar Al Youm pour un article faisant état d’une «polémique qui aurait eu lieu au sein du Conseil de la Ville sur la proposition de baptiser une avenue de Casablanca du nom du père d’El Himma ». Le 9 février FAH avait dénoncé par le biais de son avocat, Karim Taib, les informations publiées par ce quotidien arabophone dans son édition du 8 février. Rappelons que la même information avait été publiée auparavant par l’hebdomadaire Al Ousboue. ■ SStaréo Une conférence de presse... sans la presse ! La Société de transport urbain à Rabat, Staréo, a organisé le 8 février une conférence de presse en présence du wali de la région, Hassan Amrani, pour faire le bilan de ses actions. Le hic est que le nouveau prestataire des services de transport urbain n’a pas daigné inviter la presse écrite pour éviter d’être épinglé sur plusieurs questions. Car depuis l’entrée en service de cet opérateur à Rabat, la capitale vit une situation désastreuse en matière de transport urbain marquée par la prolifération du transport clandestin. ■ [ INFOS EXPRESS ] SDrogue : deux barons interpellés La BNPJ vient de coffrer un baron de la drogue notoire en cavale. Mimoun Soussi avait réussi, le 23 mai 2008, à s’évader de la prison agricole de Zaïo (province de Nador) où il purgeait une peine de 8 ans de réclusion pour trafic de drogue. Des sources bien informées indiquent qu’il était en Espagne durant toute cette période. A Tétouan, c’est un autre baron de la drogue, spécialisé dans le trafic de cocaïne, que la BNPJ a réussi à coffrer la semaine dernière. Surnommé « le borgne », l’homme était recherché par les différents services de police et figurait dans la liste nationale de la BNPJ des personnes recherchées pour «implication dans le trafic de drogues dures». ■ [ GROUPE TAMEK ] A L actuel / Semaine du 13 au 19 février 2010 AIcPress Mohamed Naciri, ministre de la Justice. DRFrançois Zimeray, ambassadeur français pour les Droits de l’Homme. l p d u a C d p H 9 a p B.Taougar/actuel Actualités / POLITIQUE12 actuel / Semaine du 13 au 19 février 2010 lus de 80 journalistes nationaux et étrangers ont fait le déplacement à Marrakech les 8 et 9 février pour débattre de «la li- berté d’expression des journa- listes, du rôle des médias dans le dialogue interculturel, ainsi que des modèles de formation des journalistes et du dis- cours de la haine. Sur cette question brûlante d’actualité, André Azoulay pense que c’est en «résistant avec la même détermination à l’islamophobie et à toutes les formes d’ex- clusion et de racisme, que l’on donne ses vraies chances à un espace euroméditerranéen réconcilié avec la profondeur de ses valeurs fondatrices». ■ Médias Azoulaycontretouteexclusion ominique de Villepin a tenu à remercier personnelle- ment les Rbatis qui étaient venus le soutenir devant le tribunal correctionnel de Paris le jeudi 28 janvier. «Après le prononcé de l’acquittement de l’ancien Premier ministre de la France, les couloirs du tribunal ont été marqués par des youyous stridents poussés par quelques Marocaines, originaires de Rabat, qui avaient fait le dépla- cement pour soutenir un fils du bled», explique un témoin. Pour rappel, Dominique de Villepin est né le 14 novembre 1953 à Rabat où il a passé le plus clair de son enfance. ■ Procès Des youyous pour Villepin SMeknès Belkora blanchi Aboubakr Belkora, ex- maire islamiste de la capitale ismaïlienne, a gagné son procès contre le ministère de l’Intérieur qui l’avait destitué en février 2009. Le tribunal de première instance de Meknès a conclu, lundi dernier, que l’accusation «d’avoir exonéré des citoyens des droits de timbre pour les amener à voter pour des candidats aux législatives de 2007» n’était pas fondée, d’autant que le maire ne s’était pas présenté à ces élections. Le PJD avait perdu la présidence du Conseil de la ville de Meknès, sur la base d’un rapport établi par l’inspection générale de l’administration territoriale. ■ P André Azoulay «résiste». Les bruits du village ● Le tribunal de commerce de Rabat a accédé à la demande des banques et nommé trois experts pour se prononcer sur les conditions de la mise en redressement judiciaire du groupe de textile de Senoussi. L’affaire Legler est donc loin d’être réglée. ● Rien ne va plus de nouveau à la Bourse de Casa. Les tensions sont au plus haut point entre le directeur général, Karim Hajji, et les administrateurs des sociétés de Bourse. Il est grand temps de repenser de fond en comble la gouvernance de cette institution pour redorer son blason. ● Le projet de la place financière internationale de Casablanca, piloté par Bank Al- Maghrib, refait surface après une hibernation forcée liée à la crise. Aux dernières nouvelles, on rechercherait un CEO pour mettre en œuvre le projet. Mohamed Agoumi, Marocain installé en France, ex-directeur général du Crédit Lyonnais, serait activement pressenti. ● On s’attend à un retour en grâce de Mohieddine Amzazi, écarté de la direction des affaires intérieures par Chakib Benmoussa. Le «wali sans fonction précise» a retrouvé une oreille attentive auprès du nouveau patron des lieux. ● Ça chauffe à la Poste, en proie à un profond malaise social au point que la Fédération nationale des postes et télécommunications réclame le départ du directeur du Pôle grand public en charge des services financiers. D e cès es pourparlers informels sur l’avenir du Sahara ont démarré sur les chapeaux de roue dans la ville d’Armonk, dans les en- virons de New York. Les discussions qui ont commencé mercredi 10 février sous l’égide de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Chris- topher Ross, sont basées sur les direc- tives fournies par la résolution 1871 du Conseil de sécurité. Résolution qui en- courage les parties prenantes à tenir des réunions informelles pour préparer un cinquième tour de négociations visant à trouver une solution politique et défini- tive au conflit. Du côté marocain, ce sont Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étran- gères et de la Coopération, Mohamed Yassine Mansouri, directeur général des Etudes et de la Documentation et Maouelainin Ben Kha- lihanna Maouelainin, secrétaire général du Conseil royal consultatif pour les Affaires sa- hariennes (CORCAS) qui ont défendu le pro- jet d’autonomie proposé par le Royaume. Des sources à New York nous ont confirmé que la délégation du Polisario, fortement encadrée par les Algériens, n’était pas à l’aise dans sa reprise de pourparlers avec les Marocains. En effet, outre le Polisario, une importante délé- gation algérienne et des émissaires venus de la Mauritanie étaient également de la partie.■ NewYorkLeSaharaaumenu Taïeb Fassi Fihri porte le projet du Royaume. AICPRESS L DR AICPRESS actuel / Semaine du 13 au 19 février 2010 Dossier14 À Casablanca, Mohamed Sajid peine à fédérer un bureau hétéroclite. Fatima-Zahra Mansouri, la maire de Marrakech s’en sort plutôt bien pour l’instant. Samir Abdelmoula, maire de Tanger, souvent absent aux rendez-vous importants. Ahmed Hilal, poursuivi par la malédiction de Belkora. actuel / Semaine du 13 au 19 février 2010 15Dossier / POLITIQUE PhotosAICPRESS L es élections municipales de juin 2009 ont-elles servi à quelque chose ? Huit mois plus tard, les habitants des villes parmi les plus importantes du Ma- roc sont en droit de se poser la question. En clair, si leurs élus – nouveaux ou anciens – exercent bien les responsabilités pour lesquelles ils ont été mandatés par les électeurs. Le constat gé- néral est relativement accablant. Nombre de municipalités tournent au ralenti, au grand dam de leurs partenaires qui peinent à trouver les bons interlocuteurs, dotés des pouvoirs afférents. Et de leurs concitoyens qui voient s’accumuler les retards sur des projets structurants, ou se détériorer la qualité des services publics municipaux. Exception faite de Marrakech où Fatima- Zahra Mansouri a pris le taureau par les cornes pour faire avancer tant bien que mal les affaires de la mairie, et de Fès où Hamid Chabat a su asseoir sa prééminence bien avant les élections de juin 2009, la plupart des mairies apparaissent singu- lièrement figées. À Casablanca, Mohamed Sajid vient tout juste de procéder aux dé- légations des pouvoirs sans lesquelles la gestion de la ville n’est guère possible. Alors SHuit mois après le renouvellement des municipalités, la plupart des villes semblent plongées dans une grande léthargie.La vacance ou la concentration du pouvoir y sont souvent flagrantes. Inquiétant. que le PJD a pourtant emporté 31 sièges sur 115, contre 21 pour le PAM, le maire a attendu longtemps avant de céder les fa- meuses délégations aux vice-présidents qui émargentau... PAM! Omar Farkhani a ainsi obtenu la gestion des projets d’infras- tructure de Casablanca en plus des relations extérieures ; Seddik Chakir, l’ensemble des gestions déléguées dont les abattoirs, la Ly- dec, le transport... Khadija Latnine s’est vue octroyer l’épineux (et néanmoins juteux) dossier de l’urbanisme, Soufiane Kertaoui, les affaires sociales. Ainsi, malgré une ma- jorité confortable au Conseil de la ville, le PJD - qui crie déjà au scandale - a hérité d’un hypothétique dossier des technologies de l’information, attribué à Abderrahim Oua- tass, deuxième vice-président du conseil. Aucun répit A Meknès, Ahmed Hilal est pratiquement court-circuité par le wali qui ne lui laisse aucun répit. L’homme d’affaires, qui a été élu maire de Meknès à l’issue du scrutin de juin 2009 sous les couleurs du Parti authen- ticité et modernité (PAM), en avait été exclu, peu après son élection, «pour avoir failli aux consignes de vote du parti sur l’élection 〉〉〉 Maires SHuit mois après le renouvellement des municipalités Ceuxquibossent etceuxquibullent Hamid Chabat, l’éternel maire de Fès, est présent sur tous les fronts. Fathallah Oualalou, maire de Rabat, miné par les transports urbains.
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