Actuel30 - Page 1 - L a crise financière qui affecte l’ensemble de l’économie mondiale depuis dix-huit mois est venue rappeler durement combien les nations modernes, grandes ou petites, sont dépendantes de leurs systèmes financiers. Il n’est aucune capitale économique dont les acteurs comme les institutions n’aient été, directement ou indirectement, fragilisés. Et c’est bien parce que les systèmes financiers qui régissent les grandes nations ont montré leur faiblesse, et les règlementations leurs failles, que la stabilité économique et financière de la planète tout entière s’en est trouvée ébranlée. Loin de l’épicentre du séisme qui a frappé l’économie mondiale, notre pays s’est mobilisé en attendant les répliques. Mais plus que les dispositifs anticrise, qui ont fait en partie leur œuvre depuisdébut2009,c’estsans nul doute la solidité de notre propre système financier – l’un des plus avancés du continent après l’Afrique du Sud – qui a permis à l’économie nationale de se tenir éloignée des dégâts collatéraux de la crise des subprimes. De ce point de vue, les efforts déployés au cours des deux dernières décennies pour bâtir patiemment un corpus de règles, de pratiques, d’institutions, auront été de première importance. Ces efforts ont certes été portés par les pouvoirs publics, mais surtout par quelques hommes déterminés qui ont su utiliser à bon escient les opportunités offertes par une dynamique de réformes structurelles. De la privatisation des banques publiques aux opéra- tions de restructuration ou d’assainissement des banques spécialisées, le secteur financier marocain a vécu tout au long de ces années une mutation sans précédent de son cadre réglementaire. Mutation qui lui a permis de voir émerger de grandes banques nationales indépendantes. Il n’est pas si éloigné le temps où pour attribuer un crédit de quelque 50 millions de dirhams, les établis- sements bancaires devaient en référer à leur autorité de tutelle. Aujourd’hui, c’est en toute indépendance que les plus grands parmi les établissements de la place accordent des crédits à hauteur de un ou deux milliards de dirhams. Alors que les économistes s’accordent à reconnaître la relation entre le niveau de développement d’une économie et celui de son secteur financier, le Maroc ne saurait constituer plus bel exemple. La réforme du cadre législatif, le renforcement des règles pru- dentielles, la dérèglementation de l’activité bancaire, l’évolution du cadre juridique afférant au secteur des assurances, la libéralisation des changes, la mutation du marché des capitaux… autant de réformes qui ont permis à l’ensemble des acteurs éco- nomiques – entreprises ou particuliers – de bénéficier d’un environnement sûr et fiable. C’est bien parce que notre pays a su se doter de groupes bancaires indépendants, d’un secteur d’assurance libéralisé, d’une banque centrale qui fait autorité, et d’instances de réglementation crédibles que notre système financier contribue à orienter de façon efficiente l’épargne vers l’investissement. Cette mutation était d’autant plus importante qu’elle était la condition sine qua non de notre propre développement. Reste que la mutation n’est pas totalement achevée. La libéralisation en cours des services financiers et les réformes attendues en provenance du G20, imposent que soit reposée la question de la conver- gence de notre système vers les normes de l’Union européenne, au regard d’un marché mondialisé et hyperconcurrentiel. Ce chantier-là reste ouvert. ■ 5Édito actuel / Semaine du 16 au 22 janvier 2010 Les efforts déployés depuis 20 ans pour bâtir un nouveau modèle auront été déterminants pour notre économie. Atoutbanques actuel SDirectrice de la publication: Meriem Lahrizi Éditeur, conseiller de la rédaction: Henri Loizeau Assistante de la rédaction: Meriem Zraidi Tél. 05 22 95 18 15 / 16 Fax. 05 22 95 18 14 REDACTION Directeur de la rédaction: Eric Le Braz Chefs de service: POLITIQUE/INTERNATIONAL : Abdellatif El Azizi ÉCONOMIE : Mouna Kably SOCIÉTÉ : Tarik Qattab CULTURE : Bahaâ Trabelsi Rédacteurs: Yanis Bouhdou, Amanda Chapon, Zakaria Choukrallah, Khadija El Hassani, Sabel Da Costa Correspondants: Sofia Amara (Beyrouth), Cyril Bonnel (Paris) Photographe: Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro: Alx, Inès Asensi, Malika Guillemain- Loudifa, Meriama Moutik, Dina Alami, Mohamed Madani. ÉDITION Rédacteur en chef technique : Driss Douad Directrice artistique: Fadoua Damiri Secrétaire de rédaction : V.M.A Maquettiste : Youssef El Moutassaddik Iconographe : Mehdi Mariouch Révision: Laila Lebbar Conception graphique: Studio Baylaucq & Co PUBLICITE: Directeur commercial : Moulay Ahmed Alami ma.alami@actuel.ma Chef de publicité: Imane El Haddad imaneelhaddad@gmail.com IMPRIMERIE Idéale, Casablanca DISTRIBUTION Sochepress Imprimé au Maroc – Printed in Morocco. Tous droits réservés. Reproduction interdite sauf accord de l’éditeur. Tirage: 20 000 ex actuel est édité par Logique Presse. SARL. Capital social : 6 millions DH. 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Trop fort! 14 32 40 46 60 SActualités 08 LA SEMAINE EN IMAGES 10 DÉCRYPTAGES 12 ACTU POLITIQUE SDossier 14 ENQUÊTE | BMCE Bank, une gestion du cours de Bourse qui interpelle SÉconomie 28 SORTIE DE CRISE | Capital investissement, à la recherche d’un nouveau souffle 30 BOURSE | MASI: un démarrage positif SPolitique 32 POLITIQUE | Syndicats L’UGTM monte au créneau 34 POLITIQUE | France - Maroc: le dossier explosif des essais nucléaires SSociété 38 PSYCHIATRIE | Suicides à la marocaine 40 MÉDIAS | La chaîne Tamazight, les Berbères dans la lucarne 44 FAIT DIVERS | De vieilles voitures très convoitées 46 SPORT | CAN 2010 Terreur, monopole et football 50 ARRÊT SUR IMAGE SMonde 54 AMÉRIQUE | Haïti, une population martyre 56 AFRIQUE | Le chantage d’Al-Qaïda au Maghreb 57 CHRONIQUES DES DEUX RIVES SCulture 58 INTERVIEW | Narjiss Nejjar: «Je suis une bonne Marocaine schizophrène» 60 PORTRAIT | Mohamed Mourabiti tutoie les cieux 64 LIVRES | 3 leçons de tolérance 65 AGENDA | Danse avec les films STendances 66 VOYAGE | Tout sourit à Fès 68 VOITURE | BMW X1, XDrive 20d TD, un SAV dans l’air du temps 70 DÉCO | Le Trocadéro Dokhan’s «so cosy»! 74 SHOPING | Casual for men 76 J’AI TESTÉ | Ma partie contre Garry Kasparov 78 LES 7 PÉCHÉS CAPITAUX DE... | Choumicha : «Je suis gourmande mais je partage» 80 PEOPLE | Le pire... et le meilleur de Dominique Besnehard 82 PEOPLE | Noureddine Amir sans limitesMourabiti, peintre iconoclaste 76 Actualités8 Cette mère (au centre) du quartier Sidi Othmane de Casablanca pleure son fils, tué par un voisin le 5 janvier dernier. Abdeloua- hed, 16 ans, a poignardé à deux reprises Youssef, 23 ans, après un banal accrochage entre les deux belligérants. ■ Le Shady Lady Ranch entre aujourd’hui dans l’Histoire comme la première maison close des États-Unis à accepter la candidature d’hommes pour ses clientes potentielles. Ci-dessus, la maîtresse des lieux posant dans le local attribué à ses futures recrues. ■ 1 kg de résine de cannabis, 69 g de cocaïne et 50 bouteilles de bière saisismercredidernierparlapolice,àAïnHarrouda,àborddecette Mercedes volée. Les trois personnes arrêtées (photo) ont été accu- sées de trafic de drogue. ■ Petits meurtres entre voisins Un crime pour rien Maisons closes Le Nevada à fond pour l’égalité… Mercedes “connection” Dos au mur S Une belle reconversion À défaut de la vice-présidence, Sarah Palin a pu décrocher un contrat en or avec la chaîne Fox News. Elle tentera des analyses politiques et animera une émis- sion de télé-réalité. VU SUR LA TOILE actuel / Semaine du 16 au 22 janvier 2010 Des membres de Witness against Torture, une ONG défendant les droits des détenus de Guantanamo, ont défilé lundi, vêtus du tradi- tionnel uniforme des prisonniers, afin de marquer le huitième an- niversaire du camp de la honte. ■ Manifestation à Washington La Maison-Blanche voit orange STo you Mrs Robinson! La liaison de l’ex-première dame irlandaise Iris Robinson, 60 ans, avec un jeune de 19 ans, aura suffit à remettre d’actualité la chanson de Simon et Garfunkel, «Mrs Robin- son». Le tube a connu un record de 1200% au niveau du downloading. AICPress AICPressAlexWonG-GETTYIMAGES/AFP RobynBeck/AFP DR DR 9Actualités / LA SEMAINE EN IMAGES Les deux derniers paniers de légumes «bio» de la première enseigne casablancaise à recevoir le label français «Écocert». Produits à Aga- dir, leur acheminement à Casa n’est pas si écolo que ça. Mais allez racontez cela aux bobos casaouis! ■ Un attentat à la bombe a coûté la vie à un physicien iranien alors qu’il sortait de chez lui. Massoud Ali Mohammadi était connu pour sa proximité avec le régime et ses travaux sur le programme nu- cléaire de Téhéran qui lui valurent d’être fiché à l’international… ■ Des macarons comme s’il en pleuvait (même dans les cheveux), des éclairs délicieux comme à place de la Madeleine à Paris. Le plus luxueux des traiteurs vient de s'installer à Casa... à deux pas de Chez Paul et face à Lenôtre. Miam! ■ Écocert à Casa Qu’il est bio mon légume! Téhéran en crise Toutes les thèses sont possibles Éclairs et macarons Fauchon à Casa Une première : les employés du McDonald’s Mohammed V ont manifesté, le mardi 12 janvier. Une première action mais pas la dernière. Revendications : l’application du code du travail, le Smic et la garantie des libertés syndicales. ■ Manifestations au McDo I’m (not) loving’it! S Vive le portable sucrivore! Un Nokia, dont la batterie se re- charge grâce au sucre de nos sodas, va très prochainement envahir le marché. Conçu par une designer chinoise, ce téléphone au look futu- riste serait quatre fois plus autonome qu’un GSM standard. À vérifier… actuel / Semaine du 16 au 22 janvier 2010 S Facebook, ce héros! L’application peut vous faire divorcer ou perdre votre job, mais peut également sauver une vie. Un jeune Anglais, au groupe san- guin très rare, a pu recevoir un don grâce à une annonce postée par sa famille sur Facebook. B.Taougar/actuel AICPress PRESSTV/AFP B.Taougar/actuel DR DR Actualités10 Beni Mathar : omerta sur la centrale ● LES FAITS Attendue pour 2009, la centrale thermo-solaire à cycle combiné de Ain Beni Mathar, lancée par Younes Maamar, alors DG de l’ONCE, au sud d’Oujda, n’est toujours pas opérationnelle. En cause, le renoncement de l’ONE à utiliser le gaz algérien qui transite à destination de l’Europe au profit du… fuel. ● LE COMMENTAIRE Construite sur le parcours du gazoduc Maghreb-Europe, cette centrale (5 milliards de dirhams) devait permettre au Maroc de substantielles économies. D’abord, en terme énergétique, avec le choix du gaz, ce sont quelque 12 000 tonnes de fuel qui devaient être économisées, autorisant de surcroît une réduction des émissions de CO2 d’environ 33 000 tonnes par an. Et en optant – grande première!– pour un prélèvement du gaz algérien circulant dans le gazoduc à destination de l’Europe, le Maroc optimisait son projet. Las, au lieu de profiter du gaz algérien sans avoir à débourser un seul dollar, l’ONE aurait décidé de revenir à l’option fuel, laissant le budget de l’Etat poursuivre l’encaissement des recettes liées au transit, soit quelque 12% du montant du prix du gaz livré à l’Europe. ● ET DEMAIN L’utilisation du fuel n’est pas neutre. Les contraintes de refroidissement obligeraient à pomper dans les nappes phréatiques environnantes, alors que la région pourrait être amenée à pâtir du manque d’eau. Autant de sujets, majeurs, sur lesquels Ali Fassi Fihri se refuse, pour l’heure, à communiquer. H.L. ● LES FAITS Le bras armé du PJD, le MUR (Harakat Tawhid Walislah) vient d’adresser une lettre de protestation à l’ambassade d’Egypte, où il exhorte le gouvernement à ouvrir les passages au niveau de la ville de Rafah, et à arrêter la construction d’un mur de séparation entre Gaza et l’Egypte, de manière à casser le blocus imposé aux Palestiniens. ● LE COMMENTAIRE Depuis, les événements de l’opération Plomb durci, en décembre 2008 (1 315 morts et plus de 1 000 blessés selon les autorités palestiniennes), les Gazaouis sont soumis à un blocus terrible. Les tunnels situés entre la bande de Gaza et l’Egypte, sous la frontière de la ville de Rafah, restent le seul moyen de recevoir des vivres et des marchandises. Alors qu’Israël tente de les détruire sous prétexte d’infiltrations d’armes et de matériel de guerre destinés au Hamas, l’Egypte a commencé, de son côté, à construire un mur métallique souterrain pour bloquer définitivement ces tunnels. ● ET DEMAIN Les observateurs redoutent que l’initiative de l’Egypte étouffe complètement une bande de Gaza susceptible d’imploser. Que feraient alors les soldats égyptiens devant des hordes de Gazaouis contraints de forcer le passage de la frontière en nombre pour venir se ravitailler ? Encore du pain bénit pour les islamistes radicaux de tous bords, qu’ils émargent au Caire, à Riad ou à Casablanca. A.E.A. ▲ Egypte-Gaza : les tunnels bloqués AICPRESS DR France : appels gratis au Maroc pour les MRE ▲ ● LES FAITS Le 22 décembre, Free et SFR, deux fournisseurs d’accès à Internet, ont annoncé qu’ils incluaient désormais les appels vers les lignes fixes marocaines dans leur offre de téléphonie illimitée. ● LE COMMENTAIRE Les « box » incluant l’accès illimité au Web, aux chaînes de télévision et à la téléphonie fixe, séduisent de plus en plus de foyers français. La guerre fait rage non pas sur les tarifs mais sur le nombre de destinations qu’il est possible d’appeler sans restriction. En incluant le Maroc dans le club des pays en accès illimité, Free et SFR se différencient de la concurrence. Ils sont les premiers à «offrir» les appels vers la mère patrie d’une importante communauté immigrée, alors que les opérateurs préféraient, jusque-là, appliquer le prix fort à une clientèle captive. Les deux opérateurs entendent surtout séduire la communauté MRE estimée à 1,2 million de personnes en France. Les appels vers les lignes à mobilité restreinte de Wana et vers les mobiles restent toutefois… payants. En somme, la majorité des lignes téléphoniques existant au Maroc n’est pas concernée par la « gratuité ». ● ET DEMAIN La concurrence va sans doute s’aligner si elle ne veut pas voir la clientèle MRE «migrer» vers les opérateurs les plus généreux. Ainsi, Bouygues Télécom «réfléchit très fortement». Les Algériens devraient être la prochaine cible commerciale des opérateurs télécoms. C.B. DR ▲ actuel / Semaine du 16 au 22 janvier 2010 11Actualités / DÉCRYPTAGE ● LES FAITS Le Parti de la justice et du développement a brandi la menace de poursuivre Hakim Benchemach, le dirigeant du PAM, pour diffamation, suite aux propos tenus par ce dernier lors de l’émission «Hiwar» diffusée mardi 5 janvier sur Al Oula. ● LE COMMENTAIRE Lors de cette émission, Benchemach a reproché à l’un des dirigeants PJD d’avoir déclaré, et déploré, que le conseil de la ville de Rabat ne soit désormais constitué que de « Aroubis et de Rifains ». Mal lui en prit. Le plus consternant, c’est justement le fait que des politiques, a priori respectables, en viennent à critiquer mutuellement, non pas leurs programmes, encore moins des projets intéressant leurs électeurs, mais leurs origines sociales ou ethniques ! Nous sommes là dans des considérations de basse politique. Loin du tant attendu débat d’idées devant permettre à chacun de clarifier ses positions et ses ambitions pour un Maroc ancré dans la modernité. Très loin aussi de cette compétition saine et salutaire, mais aussi respectueuse des personnes, entre les tendances et courants qui animent la société. ● ET DEMAIN Il est piquant de noter que ce sont ceux-là mêmes qui se disent choqués par le peu d’intérêt ressenti par les Marocains quant à la chose publique, qui instillent de bien mauvais débats. Si l’on a que les politiques qu’on mérite, les Marocains méritent toutefois assurément mieux. T.Q. ▲ Le PJD menace encore le PAM AICPress ▲ Guinée : retour express pour Camara ● LES FAITS Le Maroc a demandé «avec insistance» au Burkina Faso d’accueillir le chef de la junte guinéenne, arrivé mardi à Ouagadougou après avoir été hospitalisé plus d’un mois à Rabat, selon le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Alain Bédouma Yoda. ● LE COMMENTAIRE Arrivée surprise, départ surprise. Le Maroc avait vu débarquer Dadis Camara à Rabat le 4 décembre, au lendemain de l’attentat dont il avait été victime. Cette fois-ci, ce sont les Burkinabés qui se déclarent surpris de l’arrivée inopinée du chef de la junte guinéenne, venu «en convalescence » à Ougadougou. Le Maroc « a accompli son devoir » en accueillant et soignant le chef de la junte et « n’a pas de comptes à rendre à ce niveau », a affirmé mercredi le ministre marocain de la Communication, Khalid Naciri. Circulez, il n’y a (plus) rien à voir… ● ET DEMAIN Le moins que l’on puisse dire, c’est que Dadis Camara n’est pas le bienvenu à Ouagadougou, et encore moins à Conakry, où l’on craint ouvertement de graves affrontements en cas de retour au pays. Le président intérimaire, le général Sékouba Konaté, a soulevé beaucoup d’espoir en annonçant que le Premier ministre de la transition serait « issu de l’opposition » et « désigné par elle-même ». La communauté internationale, qui a salué cette initiative, attend que cette intention soit transformée sans délai. H.L. DR Nadia Yassine : France 24 piégée ▲ ● LES FAITS L’émission « Une semaine au Maghreb », proposée par la chaîne France 24, nous a gratifiés, samedi 2 janvier, d’un portrait des plus élogieux de Nadia Yassine, présentée tantôt comme la chef de section féminine d’Al Adl Wal Ihssane, tantôt comme sa porte-parole. ● LE COMMENTAIRE Encore une fois, la fille du cheikh Yassine, aura épaté la galerie par son verbe assassin et son charisme (ou charme) naturel. Aux Marocains, le portrait apporte peu. Nadia Yassine sert la même sauce: son penchant pour le modèle républicain, le traumatisme post- internement de son géniteur, sa rencontre « accidentelle » avec la politique. Le plus gênant, c’est que la première dame du mouvement y est dépeinte comme celle par qui le salut viendra : une militante qui revendique un islam ouvert accordant une place importante à la femme, une femme voilée mais libre et pleine d’audace, une héroïne qui veut «débarrasser l’Islam de son image sulfureuse» et, surtout, une martyre vivante. Mais Yassine est aussi une grande comédienne. Ainsi se déclare-t-elle «artiste» pour expliquer son «indiscipline» autoproclamée. Du grand art… de la manipulation. ● ET DEMAIN Ses années de gloire médiatique étant derrière elle, le portrait de Nadia Yassine tombe plutôt mal. Il nous est également servi alors que le mouvement est au plus mal et que la guerre de succession à Abdeslam Yassine bat son plein. T.Q. DR actuel / Semaine du 16 au 22 janvier 2010 Actualités / POLITIQUE12 actuel / Semaine du 16 au 22 janvier 2010 n vue de contrer la tenue du comité central du RNI qui setientàRabatle16 janvier, Salaheddine Mezouar, chef de file du courant réfor- mateur du RNI, a adressé une convocation en bonne et due formeauxmembresduconseil national pour une réunion à Marrakech le… 23 janvier. Considérant que Mezouar a commis un acte illégal en convoquant le conseil natio- nal à Marrakech, Mansouri a saisi le tribunal de cette ville pour interdire cette réunion. Pour sa part, le courant de Mezouar opère une danse du ventre endiablée pour convaincre la majorité des 800 membres qu’il compte regrouper à Marrakech, sur la base de la liste déposée au Mansouri-MezouarLabataillecontinue uelques jours à peine après l’ins- tallation solen- nelle de la Com- mission consultative de la régionalisation (CCR), Ab- delhamid El Ouali, l’un des 21 membres de la Com- mission, était à Paris lundi dernier pour sensibiliser les décideurs, et l’opinion, sur le bien-fondé du projet de régionalisation. Samedi 9 janvier, il était par ailleurs l’invité d’une ONG au cours d’un colloque à la Sorbonne, avant de participer le surlendemain à une rencontre avec les jour- nalistes au Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE). Dernière étape, un exposé devant les députés français, en compagnie de Charles Saint-Prot, universitaire et directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques. Autant de rendez- vous destinés à présenter le projet de régionalisation tel qu’évoqué par le roi lors de son discours. ■ Régionalisation El Ouali fait campagne à Paris SLaâyoune : le PAM fait des jaloux Lors d’un rassemblement organisé à l’occasion de l’anniversaire du 11 janvier, Hamdi Ould Errachid, président de la municipalité de Laâyoune a rendu hommage à Abbas El Fassi, soulignant la simplicité d’un Premier ministre qui n’hésite pas à se déplacer en empruntant un vol régulier de la RAM, alors que « des chefs de partis affrètent des avions privés pour se déplacer au Sahara ». Un clin d’œil appuyé au PAM et à son patron El Himma, qui ne lésinent pas sur les moyens lors de leurs déplacements. ■ E AicPress Salaheddine Mezouar et Mustapha Mansouri. ministère de l’Intérieur, après le congrès de 2007. Selon une source fiable, Mezouar n’au- rait aucune chance de faire le plein puisque plus de 250 membres qui figurent sur cette liste ont migré vers d’autres partis. ■ Les bruits du village ● La liste des nouveaux walis et autres gouverneurs établie par Chakib Benmoussa est tombée à l’eau, le nouveau patron de I’Intérieur ayant sa propre idée sur les profils nécessaires pour piloter efficacement les wilayas. ● Les lieutenants d’El Himma ont entamé des tractations secrètes dans le but de former le noyau dur d’un syndicat proche du parti. Première cible des chasseurs de têtes du PAM, les cadres du ministère des Finances. ● Saïd Saadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un des principaux partis d’opposition en Algérie, a passé le réveillon à Agadir. ● Amninatou Haidar qui s’apprête à se rendre en Espagne pour y subir des examens médicaux, compte saisir l’audience nationale de la Péninsule pour une plainte contre l’Etat marocain. ● Il a juste fallu qu’Éric Besson fasse miroiter des bourses d’un million d’euros pour financer la mise en œuvre de l’Office méditerranéen de la jeunesse pour que Fassi Fihri donne son accord. ● Mohamed Cheikh Biadillah s’est mis à dos de grosses pointures politiques en démasquant les 18 fonctionnaires fantômes qui émargeaient à la chambre des conseillers et touchaient un salaire sans y mettre les pieds. Ces tire-au-flanc professionnels sont des proches de leaders partisans. AicPress Association sahraouie de défense des droits de l’Homme (ASADEDH) tient son assemblée générale ordinaire le 25 jan- vier à Barcelone. En 2008, l’ASADEDH avait dé- posé une plainte auprès de l’Audience nationale, la plus haute juridiction pénale espagnole, contre des dirigeants du Polisario et de hauts gradés de l’armée algérienne pour détention illégale et vio- lations des droits de l’Homme à Tindouf. La plainte a été acceptée en août 2009. Le 19 novembre dernier, le juge espagnol Balthazar Garzon avait envoyé une commission rogatoire en Algérie. ■ Droitsdel’Homme Les victimes du Polisario montent au front L’ Q Abdelhamid El Ouali. Dossier14 actuel / Semaine du 16 au 22 janvier 2010 xxxx SBMCE Bank soutient son cours en Bourse, contre vents et marées. Rachats de ses propres titres, OPV dédiées à ses salariés, cessions de parts aux partenaires étrangers. Une stratégie rodée qui fonctionne, mais jusqu’à quand? Analyse. A vec le temps, la Bourse ne résiste pas au maquillage et l’évolution du cours finit toujours par refléter les per- formances réelles de l’entre- prise cotée. Le top manage- ment de BMCE Bank est en train de l’apprendre à ses dépens. Chouchoutée par les investisseurs pour son aspect spéculatif et liquide, l’action BMCE a clôturé l’exercice 2009 à 265 di- rhams, soit le niveau le plus haut de l’an- née. Comme en 2008, les spéculateurs ont joué pleinement le jeu entre novembre et décembre, stimulés par les perspectives de gains auxquels la banque les a habitués. Durant les deux derniers mois, l’action BMCE évoluera progressivement entre 220 et 255 dirhams, avant d’atteindre le pic de 265 dirhams lors de la dernière séance de l’année. Mais dès le 4 janvier 2010, le cours plonge à 255 dirhams. «En réalité, la banque voulait absolument que le cours finisse l’année à 265 dirhams l’action, pour éviter de provisionner éventuellement des pertes latentes sur les titres déjà détenus et acquis au prix fort », explique un analyste financier, spécialiste des valeurs bancaires. Pour cela, BMCE n’hésitera pas à recourir massivement à son programme de rachat. Déjà, à fin novembre, la banque détenait, via ce programme, 9 257 657 titres BMCE, soit 5,83% du capital. Durant le seul mois de novembre, elle a ramassé 1 517 542 ac- tions, au prix moyen de 219,74 dirhams, totalisant 55% du volume de l’année. En revanche, pour la première fois, la BMCE a procédé en février 2009 à la cession sur le marché de blocs, via son programme de rachat, de 6,35 millions de titres pour un montant de 1,84 milliard de dirhams. L’état mensuel du CDVM pour le mois de décembre n’était toujours pas diffusé à l’heure où nous mettions sous presse. Mais en moyenne, le volume des titres acquis dans le cadre du programme de rachat a représenté jusqu’à 50% du volume men- suel traité sur la valeur. UN TITRE DE PLUS EN PLUS ILLIQUIDE ET VOLATILE Le recours massif au programme de rachat, durant ces dernières semaines, a eu pour effet de rendre l’action BMCE moins liquide et plus volatile, diminuant ainsi son attrait auprès des investisseurs institutionnels. Entre les 4 et 8 janvier 2010, son cours a perdu 3 points pour terminer à 252 dirhams, avant de remonter à 267 dirhams. «Ce nou- veau sursaut pourrait être lié aux rumeurs persistantes sur d’éventuelles négociations avec des repreneurs potentiels», avance un banquier. Certains observateurs estiment que l’annonce officielle de l’accord de ces- sion n’est qu’une question de temps. Elle aurait été différée afin d’éviter une sortie BMCEBank Unegestionducou deBoursequiinter 15Dossier / ENQUÊTE urs rpelle Jan-08 60 70 80 90 100 110 120 Feb-08 M ar-08 Apr-08 M ay-08 Jun-08 Jul-08 Aug-08 Sep-08 Oct-08 Nov-08 Dec-08 Jan-09 Feb-09 M ar-09 Apr-09 M ay-09 Jun-09 Jul-09 Aug-09 Sep-09 Oct-09 Nov-09 Dec-09 Siège de BMCE bank à Casablanca. BMCEbase100 MASIbase100 Indicedesvaleursbancaires BrahimTaougar/actuel Dossier16 cial) auprès d’une de ses filiales, la Banque fédérative du Crédit Mutuel. Une opération banale qui ne concernait pas le marché de Casablanca et ne nécessitait nullement une suspension de la cotation!» D’autant plus que cette suspension avait eu lieu après l’opération. Ce subterfuge aurait permis à la BMCE d’éviter un grand mouvement de vente de ses actions qui n’aurait pu être absorbé par son programme de rachat, et de clôturer ainsi, l’année sur une bonne note. D’ailleurs, la passivité du gendarme du marché dirigé à l’époque par Dounia Taârji suscite toujours bon nombre de questionnements. COMPTE À REBOURS Aujourd’hui, ce n’est pas un hasard si BMCE Bank est à son cinquième programme de rachat depuis le 1er décembre 2008. Au lieu d’atténuer les fluctuations, ces programmes successifs servent davantage à soutenir le cours. Ainsi, pour contrecarrer le mouve- ment de vente, la banque n’a pas hésité à débourser, le 26 novembre dernier, 2 mil- liards de dirhams pour acquérir 5% de son capital et déclaré un franchissement de seuil. «Depuis son lancement, ce cinquième programme de rachat aura contribué pour 47%, au volume global des transactions sur le titre BMCE, portant sur 16 500 000 titres échangés», précise un broker. Et de relever au passage que le programme de rachat est détourné de son objectif premier. Celui-ci est censé donner la possibilité à l’entreprise de puiser dans sa trésorerie excédentaire pour racheter ses propres actions à un ni- veau jugé bas ou les annuler, avant de les revendre à des ratios de valorisation plus intéressants, à condition qu’elle ne soit pas actuel / Semaine du 16 au 22 janvier 2010 concomitante avec Attijariwafa bank qui vient de révéler, le 28 décembre dernier, le renforcement de la SNI dans son tour de table, au détriment de Banco Santander. En attendant, l’action BMCE fait les frais de son manque de liquidité, provoqué de manière artificielle par le programme de rachat. Déjà, la valeur a été retirée depuis le 30 novembre de l’indice standard de Mor- gan Stanley pour les pays émergents (MSCI), «faute de liquidité suffisante». Anticipant cette décision, les investisseurs étrangers qui se réfèrent au benchmark de Morgan Stanley, se sont défaits de leurs titres BMCE. Ainsi, entre les 2 et 16 novembre, le cours est passé de 244 à 204 dirhams, sous l’effet d’un large mouvement de cessions. Mais pour atteindre ses objectifs de fin d’an- née, la banque a été contrainte de racheter massivement ses propres titres. A partir du 17 novembre, le cours remontera la pente pour graviter autour de 220 dirhams, prix plancher à partir duquel la banque peut re- courir à son programme de rachat. D’UN SUBTERFUGE À L’AUTRE Au-delà de ces aspects conjoncturels, la valeur BMCE est, depuis plusieurs mois, recommandée à la vente par bon nombre de banques d’affaires locales et ce, pour des raisons structurelles liées aux choix stratégiques de la banque et à ses perfor- mances financières mitigées. Sollicité par actuel, le top management n’a pas donné suite à nos nombreuses requêtes visant à apporter un éclairage supplémentaire sur ces aspects fondamentaux. Toutefois, à en croire des analystes finan- ciers, l’action BMCE ne présente pas d’in- térêt fondamental pour l’investisseur, hormis son caractère spéculatif favorisant les allers-retours. «L’intérêt des acheteurs potentiels s’explique par le fait qu’ils sont sûrs que la banque soutiendra jusqu’au bout son action en Bourse», explique un analyste. Aussi, les ventes massives obser- vées en novembre sont-elles motivées par la possibilité de racheter le titre BMCE à un cours plus bas qui permettrait de dé- gager des plus-values plus importantes à la fin décembre. Le scénario a fonctionné en 2009. Il était censé en être de même en décembre 2008. Mais ayant eu vent de la vague de cessions probables durant la dernière séance de l’année (alors que l’action BMCE caracolait à 273 dirhams), la banque avait requis, in extremis, la sus- pension de la cotation du titre, pour une raison faussement stratégique. «En fait, il s’agissait d’un simple reclassement des actions BMCE détenues par son partenaire français, le CIC (Crédit industriel et commer- « Pour atteindre ses objectifs de fin d’année, la banque a été contrainte de racheter massivement ses propres titres.» 〉〉〉 Source:Etatsfinanciers ÉVOLUTION COMPARÉE DU COEFFICIENT D’EXPLOITATION DE BMCE, AWB ET BP (en %) ÉVOLUTION COMPARÉE DU PRODUIT NET BANCAIRE ENTRE BMCE ET AWB (en millions DH)
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