Actuel32 - Page 2 - I l y a au moins une excellente mesure dans le nouveau code de la route dont on attend l’adoption depuis des lustres, c’est l’intro- duction d’alcootests. On sait que l’alcool au volant n’est pas réprimé car, officiellement, leMarocestunpaysmusulmandontlesconduc- teurs sont sobres comme des chameaux. Sauf que cette fiction provoque plus de 500 morts par an. Les islamistes qui contestent l’intro- duction d’alcootests, au prétextequeleurutilisation reviendrait à cautionner la consommation d’alcool, adoptent une attitude à peu près aussi responsable que les papes qui proscri- vent le préservatif quand le sida tue trois millions de personnes par an. Ad- mettrequecenesontpasles 50000résidentsétrangers qui boivent 650000 bou- teilles de Flag chaque jour (car après tout il faut être marocain pour apprécier la Spéciale !) serait une petite révolution. Et un authentique symbole. Car en reconnaissant un vice marocain (l’alcoolisme), on en combattra un autre (la violence... routière en l’occurrence) et on en supprimera un troisième (l’hypocrisie). C’est d’ailleurs ce dernier vice qui est notre principal problème et c’est en grande partie de ce défaut que résultent tous les autres… qui n’en sont que parce que nous les considérons comme tel.Unvicen’existequ’enfonctiond’uneépoque et d’une civilisation. N’importe quel philosophe athénien ou n’importe quel Marocain d’avant la nouvelle Moudawana marié à une jeune file à peine pubère serait aujourd’hui sous les verrous pour pédophilie. Entendons-nous, il n’est pas question de cautionner les vices d’autres temps et d’autres lieux. Mais de rappeler que le curseur de la morale se déplace allégrement suivant les époques et les cultures. Notre kif national, qui était dans l’ADN du Royaume, est aujourd’hui au ban de la société… parce que la morale d’autres paysconsommateursnousl’impose.Etàquoisert cette interdiction sinon à susciter de nouvelles dérivesmafieuses?OnsaitdepuisAlCaponeque la prohibition crée la criminalité, le sordide et l’arbitraire. Il y a toujours des vices cachés dans la vertu ostentatoire. Lapénalisationdel’amourhors mariage et la sacralisation de la virginité engendrent d’autres effets pervers dans notre pays où15%desprostituéesdéclarent avoir conservé leur hymen (1) ! D’abord parce que les perma- nences de lutte contre le sida reçoiventdesjeunesfillescertes viergesmaispourtantinfectées par d’autres pratiques. Ensuite parce que les gynécos accou- chent régulièrement de jeunes mèrespucellesquiontpratiqué l’amour sans pénétration. Mais pas sans risque. Il reste maintenant à faire le tri entre les vices dontilfautatténuerlesconséquencessicelles-ci sont préjudiciables à la santé des Marocains (la drogue, l’alcool, le sexe à risques) et combattre efficacement ceux qui minent les fondements de notre société (la corruption, la violence...). Mais pour cela, il faut d’abord regarder en face la mère de tous les vices, l’hypocrisie, dont l’em- prise mentale empêche toute évolution sereine. Il faut dépénaliser les vices qui n’en sont que dans la tête… des vicieux. ■ (1) Enquête de l’Organisation panafricaine de lutte contre le sida au Maroc (OPALS-Maroc). Réalisée en janvier 2008 auprès de 500 prostituées marocaines. 3Édito actuel / Semaine du 30 janvier au 5 février 2010 La prohibition crée la criminalité, le sordide et l’arbitraire. Il y a toujours des vices cachés dans la vertu ostentatoire. Letourdesvices l / d actuel SDirectrice de la publication: Meriem Lahrizi Éditeur, conseiller de la rédaction: Henri Loizeau Assistante de la rédaction: Meriem Zraidi Tél. 05 22 95 18 15 / 16 Fax. 05 22 95 18 14 REDACTION Directeur de la rédaction: Eric Le Braz Chefs de service: POLITIQUE/INTERNATIONAL : Abdellatif El Azizi ÉCONOMIE : Mouna Kably SOCIÉTÉ : Tarik Qattab CULTURE : Bahaâ Trabelsi Rédacteurs: Yanis Bouhdou, Amanda Chapon, Zakaria Choukrallah, Khadija El Hassani, Sabel Da Costa, Dina Alami (Tendances) Correspondants: Sofia Amara (Beyrouth), Cyril Bonnel (Paris) Photographe: Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro: Alx, Inès Asensi, Malika Guillemain- Loudifa, Meriama Moutik, Mohamed Madani. ÉDITION Rédacteur en chef technique : Driss Douad Directrice artistique: Fadoua Damiri Secrétaire de rédaction : D.D. Maquettiste : Youssef El Moutassaddik Iconographe : Mehdi Mariouch Révision: Laila Lebbar Conception graphique: Studio Baylaucq & Co PUBLICITE: Directeur commercial : Moulay Ahmed Alami ma.alami@actuel.ma Chef de publicité: Imane El Haddad imaneelhaddad@gmail.com IMPRIMERIE Idéale, Casablanca DISTRIBUTION Sochepress Imprimé au Maroc – Printed in Morocco. Tous droits réservés. Reproduction interdite sauf accord de l’éditeur. Tirage: 20 000 ex actuel est édité par Logique Presse. SARL. Capital social : 10 millions DH. Directrice générale: Meriem Lahrizi. 155 Boulevard d’Anfa, 20050 Casablanca, Maroc Tel : 05 22 95 18 15 / 18 16 Télécopie : 05 22 95 18 14 Dépôt légal : en cours Dossier presse : 19/09 actuel Sommaire ÉCRIVEZ-NOUS À courrier@actuel.ma actuel / Semaine du 30 janvier au 5 février 2010 4 N°32 - DU 30 JANVIER AU 5 FÉVRIER 2010 Chauds les Marocains ! Ça plane pour Airbus. Mezouar plébiscité. Attention aux secousses ! 05 22 95 18 14 l : en cours esse : 19/09 Flamenco: du beau et du nouveau. 14 26 34 44 68 SActualités 06 LA SEMAINE EN IMAGES 08 DÉCRYPTAGE 10 ACTU POLITIQUE SDossier 14 ENQUÊTE | Les 7 vices des Marocains SÉconomie 26 SECTEUR | Airbus affiche ses ambitions au Maroc 28 ÉCONOMIE | Dewhirst Maroc les dessous d’un retrait 30 ECO STAR | HP tisse sa toile au Maroc 32 BOURSE | Le MASI sur un rebond technique 33 BOURSE | HPS, une valeur d’avenir SPolitique 34 PARTIS | RNI : le triomphe de Mezouar 38 ACTUALITÉ | Affaire Elias Mejjati : la DGST en procès SSociété 40 GRÈVE DES TRANSPORTS | Code de la route, les enjeux d’un débrayage 43 SCANDALE | Un bébé pour 50000 dirhams 44 FAIT-DIVERS | Meurtre à Marrakech 46 CATACLYSME | Séismes : ce qui nous attend 50 ARRÊT SUR IMAGE SMonde 54 LIBAN | Les deux objectifs de Saad Hariri 55 AFRIQUE | Nigéria : morts au nom de la religion 56 IRAK | Marines : la Bible au fusil 57 CHRONIQUES DES DEUX RIVES SCulture 58 FESTIVAL | Tanger Le cinéma marocain en fête 60 CINEMA | Les films d’ados ont bon dos 61 INTERVIEW | Ali Benjelloun, «Le but était de rester objectif» 62 CULTURE | Festival des deux rives, une déferlante d’émotions 66 LIVRES | Epitaphes amoureuses 67 AGENDA | Une semaine pour tous, petits et grands STendances 68 TOURISME | Rome: un musée à ciel ouvert 70 VOITURE | La Mustang GT V8 Coupé 4,6 l déchaîne les passions 74 DECO | Maison et Objet, paysage domestique 77 SHOPING | Voyage imaginaire 78 LES 7 PÉCHÉS CAPITAUX DE... | Farid Belkahia 80 PEOPLE | Le pire et le meilleur de Patrick Simonin 82 LES CHOIX DE... | Driss Alaoui Mdaghri multipleVoir Rome et... 62 Actualités6 Le gouvernement russe a décidé de procéder à la démolition de plusieurs maisons à Moscou, sous prétexte qu’elles avaient été construites illégalement. Une mesure également avalisée par le tribunal fédéral de la ville. ■ Les retraités dockers en ont plein le dos. Mercredi 27 janvier, ces vaillants gaillards, aujourd’hui vieux et laissés pour compte, ont manifesté devant les locaux de Marsa Maroc à Casablanca. Objectif: réclamer des indemnisations. ■ UnnouveaulivreoùAbdeljalilBounharexpliqueenphotocomment la petite ville de Dar El Beïda est devenue en moins de 100 ans «la mégalopole de l’Afrique du Nord». Anfa, Dar El Beïda, Casablanca. Trois noms, une seule ville, aux éditions La croisée des chemins. ■ Russie Maisons à la casse Conflit social Les dockers manifestent La mégalopole en photos De Dar El Beïda à Casa S Hi! le iPad Le mystère qui entourait le dernier gadget d’Apple a fini par se dissiper. La tablette a enfin été dévoilée au public. Trois fois plus grand que l’iPhone, le iPad regroupe à la fois les propriétés d’un ordinateur et d’un iPod… VU SUR LA TOILE actuel / Semaine du 30 janvier au 5 février 2010 Acquitté jeudi par le tribunal correctionnel de Paris pour absence de faute, l’ancien Premier ministre n’aura pas à purger la peine de 18 mois qui lui avait été initialement infligée. Une décision qui a éclipsé le 28 janvier, l’anniversaire de son détracteur... ■ Happy birthday Sarko Villepin s’en tire! SDélit de couleur À en croire une publicité de l’UMP, la délinquance juvénile en France serait exclusivement le fait de gens de couleur. Ayant très mal réagi à la chose, le CRAN (Conseil représen- tatif des associations noires) a exigé le retrait de la photo en question. DR B.Taougar/actuelBorisHorvat/AFP B.Taougar/actuel DR DR 7Actualités / LA SEMAINE EN IMAGES NotreCléopâtrenationale,SophiaEssaïdi,aremportélePrixNRJMusic Awards dans la catégorie «Artiste féminine francophone de l’année». Plébiscitée par le public français, la Casablancaise retrouvera bientôt sa ville natale lors d’un show le 6 mars, en partenariat avec actuel. ■ La fin de match opposant le Raja aux FAR le 24 janvier était pour le moins mouvementée. À la sortie, les supporters des Verts se sont attaqués au car transportant l’équipe féminine du Wac. Ré- sultat : un autocar vandalisé et plusieurs joueuses blessées. ■ And the winner is… Sophia awardée Drôle de match Des blessées Wac au Raja/Far! S Duce froide Une nouvelle application tient le haut du pavé en Italie. Œuvre d’un jeune homme de 25 ans, elle permet de télécharger les discours et vidéos du Duce pour seulement 79 centimes d’euros. Le Imussolini est la deu- xième meilleure vente cette semaine. actuel / Semaine du 30 janvier au 5 février 2010 S La dernière de Rachida «Comment je me suis fait jeter par Rachida Dati», c’est le der- nier post du correspondant de Libé à Bruxelles dans lequel il raconte comment elle l’a planté après 2 mn 30 d’interview. La prochaine fois, c’est une claque… Les industriels de la lessive adopteront bientôt des mesures éco- logiques en produisant des lessives concentrées, dans des embal- lages 25% plus petits et 15% plus légers pour une performance identique. Une très bonne nouvelle ! ■ Détergents écolos On ne lessive plus l’environnement B.Taougar/actuel Profitant de l’inauguration de sa galerie d’art, la CDG a rendu un grand hommage au peintre décédé sept ans plus tôt et dont voici la dernière photo. Ses œuvres sont exposées du 27 janvier au 6 mars. ■ Art et Culture Hommage à Mohamed Kacimi B.Taougar/actuelAICPress DR DR DR Actualités8 La France veut interdire la burqa ● LES FAITS La mission parlementaire sur le voile intégral vient de remettre son rapport. Elle préconise une déclaration des députés condamnant le voile intégral et en recommande l’interdiction dans les services publics. ● LE COMMENTAIRE L’islam - au sens large – passionne décidément la France et sa classe politique. En quelques mois, les musulmans et/ou les immigrés ont été l’objet, malgré eux, de plusieurs polémiques. Le débat sur l’identité nationale lancé par Eric Besson a viré au débat sur les immigrés ; des clandestins afghans ont été renvoyés vers leur pays en guerre... Quant au referendum sur les minarets suisses, il a suscité des interrogations aussi en France. Pour ajouter à la confusion, une soixantaine de députés ont formé une mission parlementaire sur l’opportunité d’une loi interdisant la burqa. Alors même que le gouvernement reconnaît qu’on dénombre en France moins de 2000 femmes la portant. Si la majorité comptait marquer des points en mettant en avant des thèmes tels que la lutte contre l’immigration et l’insécurité, mais aussi la défense de la laïcité, l’opération semble plutôt contreproductive. ● ET DEMAIN Pour calmer le jeu, la majorité préfère finalement reporter toute décision à l’issue des élections régionales. Mais la prudence s’impose car le Conseil constitutionnel ou la Cour européenne des droits de l’Homme pourraient remettre en cause les ambitions des députés français. C.B. ● LES FAITS Sama Dubai vient de démentir tout désengagement du projet Amwaj à Rabat. Si ce démenti venait à se confirmer, cela devrait satisfaire les promoteurs mais pas les riverains. Les travaux font jaser de plus en plus, en raison de la volonté des promoteurs de raser plusieurs cimetières autour du Bouregreg. ● LE COMMENTAIRE Le projet, qui s’étend sur des terrains qui relevaient du ministère des Habous, est situé sur une zone où sont recensés la plupart des cimetières de Rabat et de Salé. Pour faire passer la route côtière, une grande partie du cimetière mitoyen aux Oudayas a été détruite. A Salé, ce sont les cimetières de Sidi Massoud Amsar à Bab Sebta et de Sidi Ben Achir qui ont laissé place à des routes. La plupart de ces cimetières ont atteint la durée limite qui permet, quarante ans après la fermeture, de s’en saisir. Mais se pose la question de trouver de nouveaux terrains pour inhumer les morts. En raison de la spéculation immobilière, les donateurs réfléchissent désormais à deux fois avant de céder des terrains qui valent de l’or. Quant aux terrains de l’Etat, ils ont été engloutis par les projets de relogement des populations des bidonvilles. ● ET DEMAIN « L’humanité est faite de plus de morts que de vivants », disait Valéry. C’est encore plus vrai aujourd’hui, d’où la nécessité pour les Habous de réfléchir à des propositions alternatives. Quitte à revoir de fond en comble la législation, les règlements et la symbolique relatifs aux cimetières. A. E. A. ▲ Rabat-Salé Les morts en sursis DR DR Remaniement : Radi s’explique ▲ ● LES FAITS Le remaniement a été au cœur des discussions du Conseil national de l’USFP qui s’est réuni samedi dernier. ● LE COMMENTAIRE Le récent remaniement a fait beaucoup de mécontents au sein du parti de la rose. Il y a d’abord ceux qui considèrent que l’USFP a perdu un département stratégique pour un ministère de moindre importance, et ceux qui considèrent qu’il aurait fallu quitter le gouvernement bien avant. Sur cette question, Abdelwahed Radi s’est livré à une explication de textew. Il a ainsi rappelé à ses militants qu’il avait souhaité être libéré «de sa fonction ministérielle pour s’occuper de la restructuration de l’USFP ». En effet, lors du huitième Congrès de 2008 qui l’a porté à la tête de la première formation socialiste au Maroc, Radi avait promis de quitter le ministère de la Justice pour se consacrer à son parti. Mais l’homme a été confirmé à son poste par le souverain, dans le but d’achever le projet de réforme du secteur de la Justice que Radi estime « avoir mené à terme ». ● ET DEMAIN L’initiative, timide, de Radi de rendre son tablier devrait donner des idées à tous ces dinosaures qui trônent à la tête des partis avec l’unique objectif de se garantir un portefeuille ministériel. Quant à les voir démissionner pour «clause de conscience», il ne faut pas trop rêver. Dans l’histoire du pays, Mohamed Ziane restera l’unique chef de parti à avoir démissionné de son poste de ministre des Droits de l’Homme. A. E. A. AICpress ▲ actuel / Semaine du 30 janvier au 5 février 2010 9Actualités / DÉCRYPTAGE ● LES FAITS Le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH) et l’Université MohammedV Agdal de Rabat ont signé, lundi 25 janvier, un partenariat pour la création d’un Master en Histoire contemporaine du Maroc. Le CCDH apportera son aide en soutenant la recherche sur le terrain, la mise en place d’une bibliothèque dédiée à cette période et en faisant appel à « des maîtres de conférence étrangers spécialisés ». ● LE COMMENTAIRE Il était temps. Héritage des « années de plomb », l’histoire contemporaine marocaine est pratiquement «terra incognita ». Aucun ouvrage ne traite de cette période qu’on ne fait d’ailleurs que survoler à l’école. Du coup, les jeunes ne savent même pas qui est Ben Barka ! (voir actuel n°17). Jusqu’à présent, seuls quelques magazines ont exploré ce terrain miné, butant sur deux obstacles majeurs : l’impossibilité de consulter des archives manquantes ou inaccessibles, et le manque de spécialistes. Il est d’ailleurs assez piquant de faire venir des universitaires étrangers pour enseigner l’histoire de notre pays? Cette initiative est donc un premier pas dans la bonne direction, même si nulle part ne sont mentionnées les fameuses archives. ● ET DEMAIN Au même titre que les journalistes, les historiens doivent rechercher la vérité et faire preuve d’objectivité, dans le traitement de l’Histoire. On veut croire que les chercheurs auront accès à toutes les sources, faute de quoi cette louable initiative ne sera qu’une coquille vide de plus. A.C. ▲ Et demain, la vérité, toute la vérité ? AICPress ▲ 1 dollar par jour pour 1,5 milliard de femmes ● LES FAITS Le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) sur la pauvreté dans le monde relève la tendance de « la féminisation de la pauvreté» avec 1,5 milliard de femmes qui vivent avec moins d’un dollar par jour, notamment en Afrique. ● LE COMMENTAIRE Les pays pauvres affrontent les pires effets du changement climatique et il n’est un secret pour personne que les femmes représentent la plus vulnérable des couches sociales, tout simplement parce qu’elles constituent une part importante de la main-d’œuvre agricole - près de 70% - dans nombre de ces pays. Le changement climatique y dépasse le cadre de rendement énergétique ou d’émission de gaz à effet de serre, pour concerner prioritairement le problème de la dynamique démographique, de la pauvreté et de l’équité des sexes. D’où l’intérêt d’une meilleure approche de la planification familiale, des soins de santé, des projets de lutte contre la pauvreté au bénéfice des femmes, de nature à influer sur la capacité d’adaptation aux changements climatiques et à réduire leurs impacts sur les conditions de vie d’une large frange de la population mondiale. ● ET DEMAIN Oubliées du sommet de Copenhague, ces centaines de millions de femmes, et leurs enfants, n’ont sans doute que faire du constat. Les Nations unies, elles, sont attendues sur le terrain. Mais ses capacités d’intervention ont depuis longtemps montré leurs limites… Y.B. DR À la télé, Baddou sort ses griffes ▲ ● LES FAITS La ministre de santé Yasmina Baddou a été, mercredi 27 janvier, l’invitée de l’émission de débat Nouqat Ala Alhourouf, animée par Driss Bennani sur 2M. Un grand moment de télévision où l’istiqlalienne a brillé par une audace que le public ne lui soupçonnait pas. ● LE COMMENTAIRE Le rendez-vous a été celui de toutes les révélations. Yasmina Baddou nous apprend ainsi que son département procédera à des fermetures de cliniques privées, jugées hors normes, en 2010. Elle n’hésite pas à pointer du doigt le corporatisme des médecins. Pour elle, si des centres de santé au Maroc profond et dans le rural sont aujourd’hui fermés, c’est parce que nos toubibs refusent de travailler en dehors du confort des grandes villes. La ministre se dit déterminée à faire baisser les prix des médicaments, en s’attaquant au coût de fabrication, le lobby des laboratoires s’entend. Voilà qui ne lui vaudra pas que des amitiés au sein de corps pour le moins puissants. Nouqat Ala Alhourouf a également été l’occasion de passer aux aveux. Pour le régime d’assistance médicale aux plus démunis (RAMED), il faudra repasser. L’annonce de son lancement en 2010 n’est pas tenable. Tout comme la corruption est, et restera, le mal dont souffre son secteur. ● ET DEMAIN Si elle même dit ne pas être une voyante, Yasmina Baddou, par ses propos, devra s’attendre à bien des résistances. Cliniques, médecins et laboratoires sont désormais en ordre de bataille. T. Q. AICPress actuel / Semaine du 30 janvier au 5 février 2010 Actualités / POLITIQUE10 halid Oudghiri ne s’est pas présenté ce mardi 26 janvier devant la Chambre délictuelle près du tribunal de première instance de Casablanca pour répondre à l’accusation de corruption dans une af- faire de gros sous. Le juge Torchi, qui avait pourtant donné ses instructions pour que Oudghiri soit conduit à la barre, devrait signer un mandat d’amener contre l’ex- patron d’Attijariwafa bank qui réside ac- tuellement à l’étranger. L’audience n’a pas duré plus de 20 mi- nutes, Oudghiri et plusieurs hommes clés du dossier, tels que l’homme d’affaires Mohamed Benjelloun, ne s’étant pas présen- tés, le juge a renvoyé Abdelkrim Bouftas et les autres personnes citées dans ce dossier, à l’au- dience du 9 février 2010. L’ancien patron d’At- tijariwafa bank est poursuivi sur la base d’une plainte déposée en août 2008 par l’homme d’affaires Abdelkrim Bouftas, neveu de l’ancien ministre de l’Habitat, Abderrahmane Bouftas. Le dossier d’accusation est particulièrement lourd : Oudghiri devra ainsi répondre des chefs d’inculpation d’escroquerie, d’abus de confiance, de vol caractérisé, d’extorsion de fonds, de faux et usage de faux, de corruption et d’abus de pouvoir. L’ouverture du procès qui oppose Abdelkrim Bouftas à l’ex-PDG d’Attijariwafa bank, et au notaire Mohammed Hajri, fait suite à l’instruction menée par Jamal Serhane, qui a bouclé son enquête le 23 novembre dernier. ■ JusticeOudghiri en cavale a Chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca a accepté la demande de la défense d’abandon- ner la procédure de jugement par contumace, adop- tée initialement par la cour contre Abderrazak Afi- lal, l’ex-patron de l’UGTM. Dans cet énième feuilleton d’un pro- cès hautement poli- tique, Afilal qui s’est présenté en chaise roulante en raison de son état de santé, était accompagné de Hamid Chabat, le maire de Fès et patron de l’UGTM ainsi que de grosses pointures du parti de l’istiqlal. Rappelons que Chabat et l’UGTM ont fait de ce procès une af- faire personnelle, estimant que «ce sont l’UGTM et le Parti de l’istiqlal qui sont en train d’être jugés à travers Abderrazak Afi- lal». Présidé par le numéro deux de l’UGTM, Kafi Cherrat, un comité de suivi de ce procès devra organiser une série d’actions de solidarité avec les accusés. ■ AffaireAfilal Un procès politique selon les syndicats S Crash d’Air France Ghellab défend la RAM « La RAM n’a rien à voir avec le dossier des victimes du crash de l’avion A330 d’Air France, et l’indemnisation des trois Marocains qui faisaient partie des passagers relève de la responsabilité totale d’Air France », a répondu le ministre de l’Equipement et du Transport à une question du Groupe istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme, à la Chambre des conseillers, au sujet de «l’assurance au profit des victimes marocaines de l’accident de l’avion d’Air France, survenu le 1er juin 2009». Ghellab a précisé que le représentant de la compagnie française au Maroc a assuré que les indemnisations appliquées au terme de la Convention internationale de Montréal consistent en des droits de tirages spéciaux (DTS), soit l’équivalent de 100000 euros, sans distinction entre les nationalités des victimes. ■ SDécès Un juste s’en va Jean Védrine est décédé lundi à Paris, à 96 ans. L’homme est une figure politique connue des Marocains en raison du rôle qu’il a joué dans la défense de l’indépendance du Maroc sous le protectorat français. Le père d’Hubert Védrine, ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, a été l’un des premiers Français à être décoré du Wissam alaouite de l’ordre de commandeur, en 1957, par MohammedV. Il s’était illustré par sa mobilisation au sein du Comité France- Maghreb, durant la fameuse « crise franco-marocaine » (1952-1955).■ [ INFOS EXPRESS ] SL’ambassadeur de Lybie promu L’ambassadeur de Libye à Rabat, a été propulsé au devant de la scène politique de la Jamahiriya après sa désignation mardi dernier, à la tête du secrétariat du Congrès général du peuple, la plus haute instance législative en Libye. Mohamed Aboulkacem Zoui, fait partie de la garde rapprochée du dirigeant libyen. Il a occupé les postes de ministre de la Justice et de l’Intérieur. C’est lui qui a mené à terme les négociations pour régler nombre de dossiers, objets de divergence entre la Lybie et les pays occidentaux, dont l’affaire Lockerbie. Aboulkacem Zoui a décroché dans les années80, le poste d’ambassadeur de la Jamahiriya à Rabat, avant d’être reconduit au même poste en 2007. ■ [ DIPLOMATIE ] K L actuel / Semaine du 30 janvier au 5 février 2010 Khalid Oudghiri. AICPRESS AICPRESS Afilal, en chaise roulante, était soutenu par Hamid Chabat, le maire de Fès (à g.). Actualités / POLITIQUE12 actuel / Semaine du 30 janvier au 5 février 2010 ctuel a reçu plusieurs cour- riers d’adeptes de la bout- chichiya en réponse à un article paru sous le titre « 40 au cœur du pouvoir », dans le n°28 du magazine. La plupart se disent cho- qués du titre utilisé dans la description de leur maître, « le gourou de la bout- chichiya » et du pouvoir qui lui est prêté. Pour Rachid Hamimaz, chargé de la communication de ce mouve- ment, « la boutchichiya n’est pas une secte et si cheikh Sidi Hamza est au cœur du pouvoir, il maîtrise un pouvoir particulier. Le pouvoir de contrôler ses pulsions, ses mauvais penchants afin de se parer des vertus du bel agir (…) ». Question : si cheikh Hamza n’avait pas une forte capacité à infiltrer l’appareil étatique, comment se fait-il que son propre fils, Hmida Boutchich ait été rappelé pour être nommé Réactions Lesboutchichisserebiffent égolène Royal aime bien le Royaume. En visite au Maroc, la présidente de la région Poitou-Charentes s’est prêtée de bonne grâce aux explications de Nouzha Skalli qui lui présentait un centre de pro- tection sociale, «Samusocial», à Casablanca, le 23 janvier. Ségolène Royal, qui accompagnait la ministre du Dévelop- pement social, de la Famille et de la Solidarité, a précisé qu’elle a tenu à se rendre à ce centre qu’elle trouve «exem- plaire par la qualité de la prise en charge à la fois des en- fants des rues et des mères célibataires ». Ce n’est pas la première fois que Ségolène Royal se rend au Maroc. Durant l’été 2008, elle avait tenu à passer trois jours à Oujda pour une visite qui visait à remercier toutes les personnes issues de l’Oriental qui l’avaient soutenue lors de sa campagne élec- torale présidentielle de 2007.■ Casablanca Ségolène Royal en visite SAlger-Rabat Centrales solaires, l’autre discorde Les Algériens n’ont pas réussi à faire passer les Allemands à la caisse pour le financement de projets d’énergie solaire. La directrice du département des énergies renouvelables au ministère allemand de l’Economie, Christina Wittek, a en effet précisé lors de la conférence de presse qu’elle a animée lundi à Alger, que le gouvernement allemand ne participerait pas au financement du projet «Desertec» en Algérie. Les Algériens livrent ainsi une course contre la montre face au Maroc pour tenter de se positionner au mieux dans un marché de construction de centrales solaires, pour lequel l’UE a débloqué pas moins de 400 milliards d’euros. ■ A DR Cheikh Hamza, chef de la confrérie des boutchichis. gouverneur de la province de Berkane, alors qu’il était déjà parti en retraite, et que des fi- gures très proches du cheikh comme Ahmed Taoufiq se retrouvent à des postes aussi stra- tégiques que celui de ministre des Habous ? ■ Les bruits du village ● Ahmed Osman a décliné l’invitation faite par les partisans de Mezouar de soutenir ce dernier dans le bras de fer qui l’opposait à Mansouri. L’argument de Osman ? « Je suis trop occupé à rédiger mes mémoires » ! ● Après le désistement de Samir Abdelmoula, c’est Abdelhadi Alami qui achéte «Le Temps». En protestation, le rédacteur en chef et cofondateur du journal a claqué la porte. Abdelhadi Alami qui possède déjà un hebdomadaire en arabe, «Maghrib Yaoum», planche sur un quotidien arabophone, «Al Khabar». ● Younes Maamar, ex-directeur général de l’ONE, est sur la short list pour le poste de CEO du fonds Inframed. Un fonds d’infrastructures créé par les trois Caisses des Dépôts, marocaine, française, et italienne, suite à l’initiative de l’Union pour la Méditerranée lancée par Nicolas Sarkozy. ● La mission d’inspection dépêchée par le ministère de l’Intérieur, sous la houlette de Saâd Hassar, pour apporter toute la lumière sur ce qui est connu désormais comme « l’affaire immobilière de Jettou », révélée par la presse il y a quelques semaines, a fini son travail. Ses conclusions ne seraient pas très tendres avec l’ex-Premier ministre. ● Imad Kotbi quitte Hit Radio pour un désaccord. On devrait le retrouver sur Radio Plus en avril probablement pour un «Morning»... BrahimTaougar/actuel S Ségolène Royal vient régulièrement au Maroc. Dossier14 Sexe,alcool,haschich,j Les7vicesdes S Le Maroc, pays de tous les interdits ? A voir comment certaines pratiques se développent et prolifèrent, rien n’est moins sûr. Sans juger, «actuel» en a listé sept, parmi les plus répandues. Florilège. ENQUÊTE N otre culture musulmane et notre éducation nous les interdisent formellement. Dans la pratique, il n’en est pasunparminousquin’ait briséaumoinsl’undecesin- terdits.Allégrement.Alcool, haschich,jeuxdehasard,bakchich,paroles ou actes violents de tout acabit, sexe (sans pénétration)… Ces interdits que d’aucuns qualifientdepurspéchéssontdefactoune composante de la vie de tout Marocain. Certainsserventd’échappatoireàunedure réalité,d’autressontunevoiehasardeusevers unlendemainmeilleurfantasmé.D’autres encoreunemanièredeseprocurerduplaisir, obtenirunefaveurous’exprimer,tantbien quemal.Installésdanslesmœurs,nombre de ces «vices» ont été «marocanisés». Ce sontlaplupartdutempsdespéchésuniver- sels, mais mijotés à la sauce locale. C’est tout naturellement, parce que le Ma- rocestlepremierproducteuretexportateur mondial de cannabis que la simple évoca- actuel / Semaine du 30 janvier au 5 février 2010 15 ,jeux… Dossier / VICES s Marocains tion de nos contrées renvoie, chez bien des esprits, à la drogue illicite. Tout comme il n’estpasunrapportquin’évoque,outraite en détail, ce fléau endémique qu’est la cor- ruption.Unepratiquequiatteintdansnotre pays un degré de normalité pour le moins choquant. Autre sujet choc : le sexe. Faire l’amour au Maroc, en dehors du cercle de plus en plus inaccessible du mariage, c’est d’abord pré- server une virginité toujours aussi essen- tielle dans l'esprit des hommes comme celui des femmes. A la nécessaire libéra- tion des corps liée à l’occidentalisation de la société, survivent, vous l’aurez compris, les blocages inhérents à toute nation tra- ditionnelle en mutation. Être marocain, c’est s’évertuer éternelle- ment à contourner ces obstacles culturels pour pouvoir s’exprimer comme tout un chacun. Ce besoin d’expression peut revê- tiruncaractèreviolentetsetraduitparfois pardescomportementsinciviques.Lesplus saillantssontceuxobservésdansnosrues: gesticulations, insultes et coups de klaxon sont le quotidien des grandes villes. Tous ces vices sont drapés d’une hypocri- sie qui fait que nous n’arrivons toujours pas à regarder en face ces « pratiques » en- veloppées dans un voile de codes et d’as- tuces 100% marocaines. «Il m’a fallu plus de deux ans pour enfin comprendre que je peux tout me permettre, mais suivant des règles locales qui s’apparentent à une véri- table culture. Conduire au Maroc, c’est être muni d’un permis en bonne et due forme actuel / Semaine du 30 janvier au 5 février 2010 AICPress
Actuel32 - Page 2
Actuel32 - Page 3
wobook