Dorfevrier2013vdef - Page 2 - 2 Bibliographie sélective à propos de la pédagogie Freinet Écrits de Célestin Freinet «Œuvres pédagogiques », réédition en deux volumes établie par Madeleine Freinet, avec introduction de Jacques Bens - éditions du Seuil, 1994 Tome 1 : L’éducation du travail - Essai de psychologie sensible appliquée à l’éducation Tome 2 : L’école moderne française - Les dits de Mathieu - Méthode naturelle de lecture - Les invariants pédagogiques - Méthode naturelle de dessin - Les genèses Écrits d’Élise Freinet Naissance d’une pédagogie populaire, Cannes, éd. de l’École Moderne, 1949, rééd. Paris, Maspero, 1969 Dessins et peintures d’enfants, Cannes, BEM, 1962 L’enfant artiste, Cannes, éd. de l’École moderne française, 1963 L’école Freinet, réserve d’enfants, Paris, Maspero, 1974 L’itinéraire de Célestin Freinet, Paris, Payot, 1977 Histoire du mouvement Freinet Barré Michel, Célestin Freinet : un éducateur pour notre temps, éditions PEMF, 1996 Tome 1 : 1896-1936 Les années fondatrices Tome 2 : 1936-1966 Vers une alternative pédagogique de masse Freinet Madeleine, Élise et Célestin Freinet. Souvenir de notre vie, tome 1, 1896-1940, Paris, Stock, 1996 Écrits à propos de la pédagogie Freinet Barré, Michel (1996) : Avec les élèves de Célestin Freinet. Extrait des journaux scolaires de sa classe à Bar-sur-Loup, Saint Paul et Vence de 1926 à 1940, Paris, Institut national de recherche pédagogique. Boumard, Patrick (1996) : Célestin FREINET, Paris, PUF, Collection "Pédagogues, pédagogies". Le Bohec, Paul (1996) : Le texte libre… libre, Nailly, Éditions Odilon, coll. Petits Précis de Pédagogie Pratique. Le Bohec, Paul : Rémi à la conquête du langage écrit. Désirs d'écrire d'un dyslexique. Éditions Odilon. Le Bohec, Paul (2007) : L'école, réparatrice de destins ? L'Harmattan Le Gal, Jean (2007) : Le maitre qui apprenait aux enfants à grandir. Éditions libertaires. Les Amis de Freinet (1997) : Le mouvement au quotidien. Des praticiens témoignent, Brest, Éditions du Liogan. Documents audiovisuels : divers témoignages peuvent être empruntés au local. Un double DVD reprenant entre autres « L'école buissonnière » est en vente. 3 CHRONIQUE D’UNE CLASSE MATERNELLE UNE CLASSE MATERNELLE, NATURELLEMENTFÉVRIER2013 ÉDITIONS ÉDUCATION POPULAIRE RUE JOSEPH II, 18 1000 BRUXELLES Françoise DOR J'ai été institutrice maternelle pendant de nombreuses années. Je suis à présent une « jeune retraitée ». À vingt ans, j’ai commencé à travailler dans l’enseignement spécial avec des IMC (Infirmes Moteurs Cérébraux). Je mettais scrupuleusement en pratique ce que j’avais appris à l’École normale. Mais très vite, je me suis ennuyée, m’interrogeant sans cesse sur le sens de mon travail. À cette époque, j’ai suivi des cours de pédagogie le samedi matin et suis « tombée » sur une professeur qui nous a parlé de Freinet (c’est la première fois que j’entendais son nom). Elle nous a fait visiter une classe Freinet dans l’enseignement spécial primaire. J’y ai observé des enfants qui travaillaient seuls (dans de superbes petits cahiers de textes et dessins libres) ou en petits groupes à des activités très diverses, tous très intéressés par ce qu’ils faisaient, très autonomes, très calmes... 4 UNECLASSEMATERNELLE,NATURELLEMENT J’ai su tout de suite que c’était cela que je voulais faire dans ma classe. J’ai pris contact avec le mouvement Freinet et je me suis abonnée à la revue. De nombreux stages organisés par le mouvement Freinet, des visites de classes et des réunions en Belgique et à l’école de Freinet à Vence m’ont permis de découvrir la pédagogie Freinet et de la vivre dans ma classe, à mon rythme. Dans le grenier de mon école, j’ai retrouvé une imprimerie (presse et caractères) et j’ai commencé à réaliser un journal avec les enfants. Après sept ans de travail avec les IMC à Liège et huit ans avec des enfants de type 2 (débiles modérés) à Momalle, où j’ai essentiellement axé mon travail sur l’édition d’un journal que je trouvais indispensable et des activités d’expression artistique, très valorisantes pour ces enfants en difficulté, j’ai perdu mon emploi. 5 Notre éducation ne sera bientôt qu’une éducation de tête : nos enfants voient beaucoup de choses, trop de choses ; les images accumulées défilent en kaléidoscope permanent devant leurs yeux hallucinés ; leurs oreilles n’ont pas le temps d’écouter le chant du sable dans leurs mains ou le clapotis de l’eau qui frissonne dans le ruisseau ; leurs sens saturés d’odeurs excessives, deviennent imperméables aux émanations diffuses d’une terre mouillée de pluie, à l’humilité d’une fleur des champs apparemment sans parfum mais dont la délicatesse fait rêver ceux qui y sont restés sensibles. Célestin Freinet J’ai été réaffectée dans l’enseignement ordinaire à l’Athénée royal de Waremme où j’ai travaillé durant vingt-sept ans. D’abord, pendant trois ans, j’ai eu une classe d’enfants âgés de deux à quatre ans. Mettre en pratique les fondements de la pédagogie Freinet avec des tout petits, très nombreux (trente élèves et plus en fin d’année) fut un travail astreignant mais passionnant. C’est là que j’ai appris mon métier. Puis pendant vingt-quatre ans, j’ai travaillé avec des enfants de quatre à six ans. De l’enseignement spécial à l’enseignement ordinaire FÉVRIER2013 6 UNECLASSEMATERNELLE,NATURELLEMENT Comment fonctionnait la classe ? Tout simplement, tout naturellement... Le travail en ateliers libres, coopératifs et permanents, était la base des activités de la classe. La journée démarrait à 8 h 30 par un entretien libre, durant lequel les enfants qui le souhaitaient pouvaient s’exprimer librement. J’avais l’habitude de noter (très rapidement) les paroles et les conversations des enfants dans un petit cahier (qui était pour moi un véritable outil de travail). Au début de l’année, c’est moi qui donnais la parole aux enfants et puis, très rapidement, ceux de troisième maternelle qui se sentaient prêts pouvaient donner, à tour de rôle, la parole aux autres. Un moment que les enfants appréciaient beaucoup, tant celui qui donnait la parole que ceux qui pouvaient la prendre. À 9 h, commençait le travail en ateliers libres, les enfants choisissaient leur(s) ateliers(s) : ateliers peinture, dessin-écriture (dans un petit cahier ou sur feuilles volantes), bibliothèque, prêt de livres, jeux symboliques (poupées, magasin, déguisement, ferme...), jeux de calcul, construction, eau, découpage-collage, ordinateur (traitement de texte). 7 Les ateliers étaient libres, c’est-à-dire que les enfants choisissaient leur atelier, décidaient ce qu’ils allaient réaliser seul ou avec d’autres. Ils avaient la possibilité de travailler dans le même atelier, autant de fois qu’ils le souhaitaient. Chaque atelier avait ses règles propres. Les ateliers étaient permanents, c’est-à-dire qu’ils étaient ouverts tous les jours (matin et après-midi). Non, les enfants ne s’y sont jamais ennuyés, au contraire, lorsque je parlais un peu trop, ils m’interrompaient en me disant : « C’est quand qu’on peut aller travailler dans les ateliers ? » À propos des ateliers UNECLASSEMATERNELLE,NATURELLEMENT 8 UNECLASSEMATERNELLE,NATURELLEMENT Les ateliers étaient coopératifs, c’est-à-dire que c’est ensemble qu’on apprenait et qu’on s’entraidait. Vers 10 h, 10 h 15, suivant le travail des enfants, on rangeait les ateliers tous ensemble (ceux qui avaient fini les premiers aidaient les autres). Puis c’était la collation, assis à table, dans la classe, car je demandais aux enfants d’apporter essentiellement des fruits que j’épluchais avec eux. Les systèmes scolaires d’éducation partent, pour enseigner, de la rationalisation des démarches et des savoirs. Ils isolent des savoirs (objets d’enseignement), établissent des programmes et des progressions, des techniques et des procédures (qui prennent aujourd'hui le nom d’ingénieries didactiques, conçoivent des manuels pour provoquer des itinéraires d’apprentissages). Ce sont bien des «itinéraires», avec les indications accompagnées de descriptions de tous les lieux par où l’on doit passer pour aller d’un endroit à un autre. La Méthode naturelle fait un renversement, ou plutôt un rétablissement : elle favorise des processus singuliers pour déclencher et faciliter des cheminements non prévisibles. Ces cheminements sont lents, progressifs, diversifiés et incertains. On «suit un itinéraire balisé», mais on «cherche son chemin». La méthode naturelle permet à chaque enfant de chercher son chemin par la pratique vivante des tâtonnements, orientés par l'expérience et les contraintes du milieu. Nicolas Go 9 Après la récréation, à 11 h, mise en commun du travail réalisé dans les ateliers. Moment très important où le travail de chacun ou de chaque groupe est présenté à toute la classe et où de nombreux apprentissages se mettent en place ; où les découvertes, constatations, questions de chaque enfant, où les interactions entre enfants font la richesse de ces moments qui surgissaient parfois de manière inattendue ou détournée. À 11 h 30, moment collectif dont le contenu variait d’un jour à l’autre : . le lundi, plan de travail pour la semaine, organisation du travail . les autres jours : selon les circonstances, correspondance (lecture d’une lettre qu’on venait de recevoir ou réponse à la lettre des correspondants) . lecture d’un livre et conversation . comptines, poèmes, chants .psychomotricité. À 12 h : diner, récréation. À 13 h 30 : poursuite du travail en ateliers libres. 14 h 40 : rangement collectif de la classe, lecture d’un ou plusieurs albums. 15 h 30 : retour. * En résumé La parole, le dessin, l’écriture, la peinture, les constructions ne deviennent expression libre et personnelle qu’avec le temps. Il y a tout un travail d’essais et erreurs, de tâtonnements, qui doit se mettre en place avant qu’un travail personnel ne surgisse et que des réalisations riches et créatives n’apparaissent. Pour cela, il faut prendre le temps, il faut donner du temps aux enfants, suffisamment de temps pour qu’ils puissent répéter leurs expériences autant de fois qu’ils le désirent, dans un climat de confiance et d’ouverture. UNECLASSEMATERNELLE,NATURELLEMENT 10 UNECLASSEMATERNELLE,NATURELLEMENT Les activités théâtrales Outre le travail en ateliers, les activités artistiques et théâtrales ont occupé une place très importante, ainsi que la correspondance et le journal scolaire, toutes ces activités s’imbriquant les unes aux autres, au fil des jours. Le travail théâtral a occupé une place tout à fait privilégiée. Chaque année, nous avons réalisé un projet-théâtre, véritable création, accompagnés dans ce travail par deux personnes très importantes : Hannie, artiste-peintre qui nous a aidés dans toutes nos activités artistiques. Nicolas, animateur-comédien qui s’est occupé du travail corporel, de la mise en scène et de la régie. Nous avons travaillé à nous trois durant de nombreuses années, ce qui a créé des liens forts entre nous. Ensemble, enfants et adultes, nous avons beaucoup travaillé, tâtonné, cherché, essayé pour en arriver à des créations collectives de plus en plus dépouillées et complexes à la fois. Au cours de toutes ces années de travail, j’ai vécu avec les enfants des moments de travail intense, de recherches, de tâtonnements, de création, de coopération, de plaisir à vivre ensemble. 11 Au fil des ans, j’ai appris à me donner de plus en plus de libertés, fuyant les chemins tout tracés, la banalité, les futilités, les contraintes inutiles... Cela ne s’est pas fait sans conflit avec la hiérarchie. J’ai progressivement abandonné tout ce qui était inutile, pour donner toute mon énergie à l’essentiel, c'est-à-dire . une relation vraie avec les enfants dans le respect de leur vitalité, de leur personnalité, de leurs forces et leurs difficultés, de leurs propres démarches d’apprentissage ; . une écoute attentive des enfants et cela à tous les moments de la journée ; que de paroles importantes surgissent quand on ne s’y attend pas ! . la possibilité pour chaque enfant d’entrer dans un processus de créativité où il pourra faire l’expérience d’une réussite et non d’un échec et d’une démarche de travail d’où seront bannis la performance et le rendement. J’ai toujours travaillé dans des écoles traditionnelles (ce ne fut pas toujours facile), donc à contrecourant, ce qui a développé chez moi un esprit d’indépendance. Être membre d’Éducation populaire, rencontrer d’autres enseignants, partager son travail, ouvrir sa classe, coopérer et chercher ensemble… est chose indispensable. Dans le mouvement Freinet, j’ai rencontré beaucoup d’enseignants ; certaines rencontres se sont transformées en liens d’amitié qui ont enrichi mon travail et qui m’ont permis de travailler avec bonheur durant toutes ces années. Françoise Dor Vos enfants sont comme des brebis, ils veulent toujours monter. Vous n’avez de paix et de certitude que si vous savez les y aider, les précéder parfois vers les cimes ou les suivre… Tous les chemins sont bons qui mènent vers les cimes. Célestin Freinet UNECLASSEMATERNELLE,NATURELLEMENT Si l’on peut conclure...
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