Ludewic Mac Kwin De Davy - Page 1 - http://poesis.fr/ Cercle Littéraire Multilingue et Multiculturel Poesis Editio in Multis Linguis 1 Ecrire est une thérapie, c’est m’affaler dans un canapé avec une plume cinglante pour déchirer l’insipide convenance, c’est lâcher sur un désert blanc tout ce que je pense et que je n’oserais dire à haute voix sans ce vocabulaire trop soigné qui lui enlève Ŕ à la pensée - sa barbarie originelle, c’est aller au fond de ce qui est en moi de plus dégueulasse, le vomir et le badigeonner sur les parois noircies de ma névrose.. Je survis parce que j’écris, des calligraphies vulgaires d’un mauvais gout, qu’importe l’esthétisme littéraire, le travail de la rime, la sculpture sémantique, le beau foireux de la linguistique, l’étymologie ennuyeuse, je griffonne et je rature comme les pensées me viennent sans jamais relire, sans jamais y revenir.. Ecrire les débilités autour de moi, de ces amis, docteurs en tout, agrégés en absolu, experts émérites en saturation intellectuelle, qui m’ennuient tellement, dont le carriérisme obsessionnel rend si vide la personnalité.. De ces gens qui s’empressent de me témoigner de l’affection aussi feinte que basse, parce qu’ils se disent qu’avoir ma carte de visite pourrait leur être utile un de ces jours, parce qu’ils m’ont vu quelques fois à la télévision, parce qu’ils attendent en retour le même sentiment d’estime et d’amour alors que je ne les connais pas, que je ne veux pas les connaitre, que je n’en ai cure.. De ceux qui me regardent de haut parce que je porte un jean pourri sans Rolex avec cette allure perdue de celui qui a raté sa vie, et qui deviennent tout à coup dociles à la vue de ma carte bancaire « gold », courbettes, gentillesses et sourires résonnant dans mon mépris comme un ricanement de hyènes.. Ecrire les faux-semblants, les diners que je ne peux refuser, des sempiternelles discussions entourées d’un bourdonnement de futilités pendant lesquelles j’ai juste envie de me suicider, ou de sortir un AK 47 pour faire taire définitivement les vantardises savamment dosées, le m’as-tu-vu ridicule de ces invités aussi brillants qu’insupportables.. Ecrire le soporifique discours sur la primo genèse, des complexités philosophiques de Hegel, de Schopenhauer, de Bacon, des débats d’ego à n’en plus finir, épuisants répétitifs, écouter inlassablement les glorieux en carton-pâte que j’acclame avec des viva empoisonnés.. Ecrire les superbes hypocrisies du quotidien, celles qui me disent ce que je veux entendre, dont la pitoyable flagornerie creuse un peu plus mon inébranlable dédain.. De ces copineries sur sables mouvants que beaucoup nomment amitié, qui applaudissent sur tout, même de mes éternuements, dans le but moqueur de me persuader de mon exceptionnalité, comme si j’en avais envie, imbécile corruption.. Je n’ai jamais compris le besoin presque vital qu’ont certaines personnes de se faire aimer et aduler, de se sentir important et épanouies dans une mare infestée d’alligators courtisans.. Cette volonté dépressive de se mettre en avant, de 2 quémander tels des mendiants l’approbation de la plèbe, de recevoir les éloges mensongers d’une foule qui dans l’ombre n’est que médisances et méchancetés.. Je ne comprendrais jamais sans doute cette propension à se faire aimer, au risque de se fourvoyer, à se dépersonnaliser, à finir prisonnier des appréciations des autres.. Ecrire les douces sournoises du langage à double standard, de ceux qui n’ont pas de cran pour dire les choses comme ils les pensent, et qui rejoignent très souvent la meute en hurlant avec elle dès qu’un petit impertinent ose les dire, les assumer.. Ecrire les misérables jubilations de la petite renommée, le torse bombée, le menton levé, et cette charmante humilité travaillée pour encore mieux renforcer sa vanité.. Tenir la considération par le sentimentalisme le plus primaire, celui du cœur, personne n’y résiste tout le monde accourt, verse quelques compassions et conclut par un «vous êtes formidable», en ce temps d’hiver un peu de chaleur, même usurpée, ne fait pas de mal.. Ecrire l’aigreur camouflée, le ressentiment obligé de s’aplatir devant le triomphant, des acrimonies silencieuses et souterraines qui bouillent dans le noir, poignard en main, haine pavlovienne mais sourire impeccable avec petite tape sur le dos.. Ecrire les années passées dans les couloirs de la bureaucratie de cette organisation internationale gigantesque et impuissante.. La bureaucratie c’est la mort, c’est rentrer dans un état végétatif, comateux, oui, la mort.. Ecrire chaque jour de cette vie monotone, à plancher sur des problèmes sans le cœur avec la passion du technocrate, arpenter les prestigieux sommets d’où rien n’émane sauf les promesses renouvelées, aussitôt avortées.. Copenhague et les autres.. Ecrire ces missions dans l’enfer du Nord-Kivu, de cette faucheuse tutoyée à Colombo dans la braise des Tamouls, des mobilisations pour des causes justes et qui ont fini dans l’indifférence totale, ces objectifs du millénaire pour le développement qui nous passent par-dessus la tête.. Ecrire chaque mot de toutes ces allocutions qui n’ont rien changé, des poignées de main si fermes et si décevantes, de cette démission inéluctable qui a tout bouleversé, la nécessité de partir pour se reconstruire, pour récupérer les débris de soi rescapés du broyeur, essayer de les recoller aussi loin que possible de ce foutoir, entamer une marche dans le monde et en revenir métamorphosé, méconnaissable.. Ecrire cette nouvelle vie, à défendre devant les tribunaux des convictions polémiques, les phrases de ces plaidoiries virulentes, gagner souvent, perdre parfois, mais toujours ressortir avec le sentiment d’être utile et de faire progresser les choses.. Ecrire les désertions amicales lorsque la tempête s’est abattue, et le retour des déserteurs avec le soleil dans cette nauséeuse fausse repentance qui chagrine mon âme autant qu’elle insulte mon intelligence.. Ecrire les aveux des autres et les libérer, se les approprier et essayer de comprendre, peut-être envisager de pardonner.. Ecrire les érotismes chatouilleurs quand les envies se font pressentantes, ne pas retenir la plume, ouvrir les vannes, écriture automatique gribouillant les plaisirs étouffés, éjaculations sauvages sur une feuille effarouchée perdant sa virginité.. Désosser la retenue morale, chevaucher à 3 bout de souffle les fantasmes les plus abrupts que je pensais avoir tués, liberté retrouvée, émancipation du pervers, capitulation des mièvreries désolantes, voir l’horreur dans le regard qui croyait me connaitre, sentir le dégout grandissant, l’effroi dans le sourire crispé de cette femme qui s’interroge sur l’identité de cet homme qu’elle a épousé.. Ecrire le masque à terre, sans parures ni pudeur, briser les chaines de la civilité qui m’attachent dans la vie réelle, me fendant en courtoisie fastidieuse, nu de tout sauf de moi-même.. Ecrire est ma thérapie, les mots ont été mes premiers confidents, qu’ils ont toujours été là quand j’en avais le plus besoin.. Je verse dans leur creux mes colères, mes jouissances, mes obscurités, mes éclipses, quelques soleils aussi, ça et là.. Ecrire est essentiellement pour moi une vomissure calligraphiée.. Ludewic Mac Kwin De Davy 4 Contents Section française..................................................................................................................... 6 Ludewic Mac Kwin De Davy ................................................................................................. 7 Valeriu Butulescu.............................................................................................................. 78 Ahlem Ismail..................................................................................................................... 81 Annaris Arezki.................................................................................................................. 83 Catarina Dasilvamonteiro ................................................................................................. 84 Didier Hippon alias Little D ............................................................................................. 87 Djelloul NEDJARI........................................................................................................... 89 Edmond Michon................................................................................................................ 92 Gérard Netter .................................................................................................................... 94 Galix Aristil ...................................................................................................................... 96 Iulia Toyo.......................................................................................................................... 98 Jean Yves Metellus ......................................................................................................... 102 Jeannine Mourier ............................................................................................................ 104 Kamel Rachedi................................................................................................................ 106 Kelly Lunani ................................................................................................................... 108 Marc Novost.................................................................................................................... 110 Merlin Lucien Koussong................................................................................................. 113 Mira Kuraj....................................................................................................................... 115 Mohamed Farid............................................................................................................... 121 Monia Boulila ................................................................................................................. 124 Monia Bousselmi ............................................................................................................ 132 Nicole Dugros ................................................................................................................. 135 Patrick Aspe.................................................................................................................... 138 Rosa Chichi..................................................................................................................... 143 Sandrine Schipani-Friedmann......................................................................................... 144 Smail Baydada ................................................................................................................ 153 Violinne........................................................................................................................... 156 Zoran Savic ..................................................................................................................... 159 English section.................................................................................................................... 163 Ludewic Mac Kwin De Davy ......................................................................................... 164 Valeriu Butulescu............................................................................................................ 168 Iulia Toyo........................................................................................................................ 170 Kelly Lunani ................................................................................................................... 174 Loup Solitaire alias Jean-François Bouchard ................................................................. 181 Monia Bousselmi ............................................................................................................ 183 Theodor Palamaru........................................................................................................... 185 Secţiunea română................................................................................................................ 197 Ludewic Mac Kwin De Davy ......................................................................................... 198 Valeriu Butulescu............................................................................................................ 206 Viorel Darie .................................................................................................................... 212 Iulia Toyo........................................................................................................................ 226 Luiza Cala ....................................................................................................................... 230 Violinne........................................................................................................................... 231 Sección español / català ...................................................................................................... 234 5 Ludewic Mac Kwin De Davy ......................................................................................... 235 Valeriu Butulescu............................................................................................................ 237 Sezione Italiana................................................................................................................... 239 Ludewic Mac Kwin De Davy ......................................................................................... 240 Rosa Chichi..................................................................................................................... 243 Section Arabe...................................................................................................................... 244 Ines Abassi...................................................................................................................... 245 Monia Boulila ................................................................................................................. 250 Monia Bousselmi ............................................................................................................ 253 Section Swahili ................................................................................................................... 257 Kelly Lunani ................................................................................................................... 258 6 Section française Luiza Cala - Cetatea iubirii (La ville de l'amour), huile sur toile, 50-60 cm 7 Ludewic Mac Kwin De Davy Des roses écarlates.. Que le vent soufflant au creux de minuit Attise les feux incendiaires de mes nuits Des silences assourdissants des tourments inaudibles Que ce souffle volé aux existences fragiles Vacillantes sanglantes oppressantes Bâties sur des émotions insensées sur des promesses d’argile Fasse éclore dans mes ténèbres flamboyantes Les roses écarlates de mes espoirs.. Ludewic Mac Kwin De Davy, tous droits réservés 8 Merci.. A ceux qui ont porté sur leurs échines pliées La lourdeur de la croix posée sur mon dos A ceux qui ont arraché la couronne D’épines déposée sur mon front A ceux qui ont offert de l’eau au pénitent Desséché par la longue errance dans le désert A ceux qui ont ressenti dans leur chair Les morsures du fouet de ma destinée Qui ont crié sans jamais trahir Qui ont accouru sans jamais frémir A ceux dont les larmes ont rejoint les miennes Dans un obscur sanglot des âmes à genoux Devant l’infamie, la médisance, la méchanceté A ceux qui ont dessiné des soleils au creux de mes nuits De petites chaleurs dans les grands froids De petites lumières qui sont restées allumées Malgré la rigueur des rafales de vent A ceux qui m’ont murmuré des confidences inavouables Qui ont ouvert leurs cœurs au mien Malgré la méfiance naturelle des hommes Qui n’osent pas, se frôlant à peine, s’aimant d’un souffle A ceux qui ont marché sur les tortueux sentiers de mes infortunes A mes cotés avec la discrétion et la délicatesse des ombres Qui jamais ne se perdent dans l’obscurité A ceux qui ont d’un regard embrassé mes tristesses Sans jamais tomber dans la pitié Qui fait mal qui humilie qui salie Qui ont su éponger les sueurs de l’angoisse Et les transpirations de la peur Les cauchemars de l’intimidation les violences sauvages Des pierres que l’on jette sur la dignité conspuée Lapidation épouvantable A ceux qui sont restés jusqu’au bout de mes silences Sans fin, polaires, toujours en pointillé A ceux que le temps emportera Dans son écoulement implacable Que je ne verrai plus A ceux que la vie éloignera un instant ou une éternité Dont le souvenir s’effacera, peut-être A ceux que je verrai à nouveau au carrefour du destin Demain ou plus loin A tous ceux là, je voudrais dire merci.. Ludewic Mac Kwin De Davy, tous droits réservés 9 Insomnie Fievreuse Qui saura m’offrir les ombres de la nuit Le silencieux velours du ciel étoilé La douceur des voix éteintes Et la fragilité des beautés endormies Qui saura me donner le temps qui fuit Les chuchotis étouffés des ébats voilés La tendresse gourmande des pudeurs feintes Et les parcelles du bonheur éparpillé dans l’infini Qui saura retirer les colères de l’infamie La crasse derrière les teintes Les longs moments de solitude violée Et le poids de la croix des hurlements du sanglant bruit Qui saura baisser le rideau de mes nuits Les flots acides à coup de déchirures dévoilées La musique grisée sans les paroles saintes Et la lumière au bout du couloir de ma vie.. Ludewic Mac Kwin De Davy, tous droits réservés 10 Mon rêve familier.. J’ai fait ce rêve étrange et pénétrant D’une femme que j’ai aimée Qui n’est ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre D’échos des murmures du passé Echapper de lèvres qui jamais ne se rencontreront Des souvenirs brulants enlacés dans des draps Définitivement défaits Des caresses effleurant des émotions endormies Que j’ai cru longtemps enterrés J’ai fait ce rêve étrange et pénétrant D’une femme que j’ai aimée Qui n’est ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre Dépouillée de ses défauts insupportables Que l’on apprend à choyer La rendant par là-même inestimable Dont la beauté désormais fanée Garde les mille couleurs flamboyantes des jours heureux Et ce souffle chaud sur un cœur froid Du pessimisme en auto-flagellation Et ces regards doux posés sur les contours abrupts D’un visage tuméfié par l’accoutumance à l’obscurité Et ces rires qui faisaient voler en éclats Les tristesses accumulées dessinant des rides balafrées J’ai fait ce reve étrange et pénétrant D’une femme que j’ai aimée Qui s’est évanouie dans les brumes du passé Et qui est revenue tel un spectre hanté ma nuit Réveillant des sentiments mal tués.. Ludewic Mac Kwin De Davy, tous droits réservés
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