Premie res pages de CRI - Page 2 - premières pages de Cri de Janine Pham Collection D’une fiction, l’autre Illustration de couverture : ©Danièle Maffray, dessin, 2016 du même auteur L’Œil de la sorcière, roman, éd. Jets d’encre, 2008 L’Éléphant blessé, roman, éd. Jets d’encre, 2008 Lettre ouverte d’une citoyenne, roman, éd. Jets d’encre, 2011 Janine Pham Cri roman © Éditions Chèvre-feuille étoilée Montpellier contact@chevre-feuille.fr http://www.chevre-feuille.fr/ septembre 2016 isbn : 978-2-36795-110-2 « L’homme n’a pas une seule et même vie ; il en a plusieurs mises bout à bout et c’est sa misère. » François-René de Chateaubriand Cette histoire est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé, toute analogie de noms, serait pure coïncidence. 11 Préface Chacun porte en soi son monde, des mondes. Le Cambodge fait partie des mondes qui m’habitent : je l’avais coché, dans mon cahier d’écolière comme le meilleur des mondes : ceint de montagnes, il est baigné au sud d’une mer chaude et offre, un peu au nord duTonlé Sap – véritable mer intérieure peuplée de villages flottants et immense réserve piscicole – d’insolites et fascinantes villes-temples que l’on aspire à voir. Et, lorsque la réalité vint se confronter au rêve, ce dernier ne fut pas brisé mais renforcé. Ce pays est devenu un temps le pire des mondes, rejoignant hélas, à un moment de son histoire, la sombre série des régimes concentrationnaires. Après la destitution du prince Sihanouk, en 1970, le pays a subi, pendant cinq années, des bombardements meurtriers, destinés à exterminer les communistes. Puis, les Khmers rouges venus au pouvoir ont évacué les villes, instauré un nouvel ordre dénué de sentiments, d’humanité, d’argent, de liberté, de culture, d’instruction, de réflexion et de pensée. L’« Angkar », organisation implacable, impitoyable et anonyme a semé la terreur, la torture et la mort, soumettant 12 leshabitantsàuneobéissanceabsolue,distinguant,d’uncôté, le peuple nouveau, celui des villes, qu’il fallait rééduquer ou anéantir et, d’un autre, le peuple ancien, celui des campagnes considéré comme le peuple khmer authentique. Dans un pays essentiellement bouddhiste et profondément religieux, la religion était interdite, interdits étaient les sentiments et les émotions. Cueillir, alors qu’on était affamé, les fruits qui poussaient à foison était interdit. Se déplacer sans autorisation était interdit de même que porter des vêtements d’une autre couleur que le noir. Faire son autocritique et dénoncer les autres étaient de règle. Il s’agissait de détruire la propriété individuelle sur le plan matériel et sur le plan mental : penser en terme de « moi » était banni. Beaucoup de ceux qu’ils n’ont pas éliminés ont péri de famine et de fatigue extrême si bien que l’armée vietnamienne a pu, au bout de quatre années, pénétrer sans mal dans ce pays dévasté par son propre régime qui continuait de faire couler le sang ; les mines demeurant enfouies dans les chemins et les champs, explosant au passage des fuyards, au pied des paysans, les tuaient, les amputaient. Ceux qui sont parvenus à fuir se sont entassés dans des camps de réfugiés en Thaïlande, aux abords des frontières, dans l’attente d’un pays d’accueil faute de quoi ils étaient renvoyés dans le pays dont ils avaient voulu s’échapper. Cette histoire n’est pas un récit mais un roman qui fait découvrir, loin du confort occidental, infiltré par endroits de misère et de violences, des êtres humains, pareils à vous, tentant de revivre sur leur terre natale ou à l’étranger, apportant dans leur pays d’accueil un peu de leur force, de leur expérience, cachant derrière leur sourire de terribles souvenirs, espérant que la société où ils vivent et où vivent leurs enfants ne couve pas quelque cruelle menace, nous aidant à distinguer ce qui est simplement difficile de ce qui recèle des étincelles de barbarie, nous montrant, avec le film de Roshane Saidnattar, que « l’important, c’est de rester vivant ». 14 Personnages Samana : petite fille, orpheline de mère Seng : père de Samana Vichea : ami de Seng Chamrœun : frère de Seng Sovann : femme du peuple ancien Mom Kor : enfant muette Hung : soldat vietnamien Sovannari : femme défunte de Seng Keo : petit garçon orphelin Ratiana : infirmière Hout : enfant vivant avec une vieille grand-mère Gnoap : fille réfugiée dans la forêt Yearn : garçon unijambiste réfugié dans la forêt avec Gnoap Vong : garçon qui habite avec Yearn et Gnoap Sokhun : garçon vivant avec Yearn et Gnoap Sothorm : kru qui recueille l’enfant muette, Keo et Vong Samnang : fils paralysé de Sothorm Sok : homme auquel Sothorm confie l’enfant muette, Vong et Keo pour qu’il les aide à fuir en Thaïlande Sineth : femme qui aide Sovann et Seng à fuir Oun : guide qui conduit les fuyards hors des frontières du Cambodge
Premie res pages de CRI - Page 2
Premie res pages de CRI - Page 3
viapresse