La revue 100 Numero 26 - Page 2 - La revue 100% Auteurs est destinée à présenter au public des auteurs non ou peu connus. 2 Sommaire - Couverture : Michèle SEBAL - Billet du mois : L’impact d’un poème sur une vie par Lisa GIRAUD TAYLOR, page 3 - Chronique : Un espoir sans faim, par Marie BARRILLON, suivi d'un entretien avec l'auteur Cindy BOULANGER, page 7 - Poésie : L’Anière, l’Ane et la Carotte, David CLAUDE, page13 - Chronique : Etheline ou le secret des muses par Marie BARRILLON, page 15 - Nouvelle : Le bal populaire de Lordius, page 19 - Chronique : Poussières rubis par Grégoire MULLER, page 26 - Poésie : La Vieille Dame et la Moquerie, David CLAUDE, page 32 - Chronique : Intermittences par Marie BARRILLON, page 34 - Concours littéraires, page 36 - Appel aux auteurs : page 37 - Participations, page 41 - Livre du mois : La mayonnaise a pris de Frédéric BERRY, page 42 - Partenaires, page 44 3 Billet du mois : L’impact d’un poème sur une vie : « Nothing Gold Can Stay » Robert Lee Frost Récemment une personne m’a indiqué n’avoir que peu lu dans sa vie et n’avoir pratiquement pas de « culture littéraire », mais qu’elle avait retenu un poème de Victor Hugo et l’avait fait sien. J’ai répondu sincèrement que l’étendue des connaissances n’était pas un gage d’intelligence ou de « culture » et qu’il valait mieux lire un livre par an, le comprendre, l’intégrer et l’ingérer dans sa vie, plutôt que de lire à la chaîne des livres qui s’effacent automatiquement après lecture (ce livre s’autodétruira…). Après coup, il m’a semblé étonnant que cette personne n’ait pas eu accès aux livres et n’ait pas eu le goût pour la lecture. On sait que près de deux millions de personnes ne savent pas lire, pas du tout. Pourtant elles ont dû fréquenter les bancs de l’école, au moins jusqu’à l’âge légal. Cependant, beaucoup lisent mais ne comprennent pas et ne saisissent pas le sens des mots et des idées développées. Je trouve cela triste (même si c’est compréhensible). Pour ma part, j’ai eu la chance de développer mon sens de la lecture et d’avoir des rayonnages pleins de livres passionnants. Étant d’un naturel curieux, poussée en cela par des grands-parents cultivés, j’ai eu l’opportunité de lire un peu tout ce qui me tombait sous la main, sans tenir compte ni de l’âge « supposé correct » pour entreprendre cette lecture. 4 Et un jour, au détour d’un film (« The Outsiders » de Francis Ford Coppola, pour ne pas le citer), j’ai entendu ce poème intitulé « Nothing Gold Can Stay » du poète américain Robert Lee Frost. Ayant vu ce film en version originale, je n’avais pas saisi tout le sens sur le coup (oui, à l’époque, la subtilité de l’accent américain me dépassait un peu, trop habituée ceux à mes copains liverpuldiens ou londoniens). J’ai récupéré ce poème par une amie américaine et j’en suis tombée amoureuse. 5 En français, on traduit aisément ce poème par « L’Or n’est en rien éternel », le voici : Nature tes premiers vert sont or Ta fraîcheur est trésor Ta feuille nouvelle est fleur Mais ne le reste qu’une heure La fleur s’efface devant la feuille Et l’Éden en chagrin se recueille L’aube cède au jour cruel L’or n’est en rien éternel. Pendant des années, je n’ai eu de cesse que de citer Frost, ces poèmes, et surtout celui-ci quand on en venait à me demander mes influences littéraires. Il y avait d’autres auteurs, poètes et livres qui m’avaient influencée mais aucun n’avait et n’aura, jamais l’importance de celui-là. Pourtant un autre poème de Frost semble régir ma pensée depuis mon adolescence. Une phrase surtout « Deux routes divergeaient dans un bois, et moi, j’ai pris celle qui était la moins empruntée et cela fait toute la différence » (traduction personnelle de « Two roads diverged in a wood, and I, I took the one less traveled by, And that has made all the difference »). Mais « L’Or n’est en rien éternel » a touché mon âme plus que je saurais l’expliquer réellement. C’est un peu comme tomber amoureux, on n’arrive pas à clairement exprimer pourquoi cette personne plutôt qu’une autre. Il y a plein de raisons logiques, de sens, d’explications rationnelles, mais une reste indéfinissable et demeure un mystère même des années plus tard. Pour moi, ce poème est comme un port d’attache, un lien qui s’est établi entre mon enfance et mon adolescence ; un passage obligé, 6 mais nécessaire vers l’indépendance avec ce petit goût de gâchis qui subsiste jusqu’à la fin. Ce poème peut être assez facile à interpréter si vous remplacez « Nature » par Enfant et « Or » par « Innocence » et que vous êtes sensibles à cette perte d’innocence qui arrive toujours trop tôt et brutalement. En cela, Frost est un poète touchant, qui a fait la part belle à la vie rurale, aux symboles et un certain lyrisme. Il évoquait ce lien entre l’homme et la nature et arrive à reproduire la lenteur en poésie. Il prônait le plaisir esthétique et la sagesse par rapport à la perplexité et le chaos. Il écrivit notamment un poème pour l’inauguration de la présidence Kennedy. Ci-après, un lien précieux vers la récitation de ce poème dans le film The Outsiders, et même si ce film peut paraître un brin démodé, il reste un des films sur l’amitié les plus émouvants que je connaisse. http://www.youtube.com/watch?v=9_d8FKgrZ1E&feature=player_e mbedded Je vous souhaite d’avoir vous aussi un poème, un livre, un extrait de pièce, etc. qui vous tienne chaud et qui vous ramène « à la maison »… un peu comme une chanson qui vous rappelle de bons souvenirs… Un livre, de la musique… cela me paraît parfait comme combinaison. Parmi mes ouvrages préférés, on peut trouver « Volonté d’un petit garçon » (1913), « New Hampshire » (1923), « Le Ruisseau à l’ouest » (1928) et « Un masque de raison » (1945). Lisa GIRAUD TAYLOR 7 Chronique Un espoir sans faim, Cindy BOULANGER, Editions Edilivre « J’avais besoin d’être comprise par une adulte au sujet du fait que je n’avais pas eu de maman. C’était pour moi un moyen de comprendre mon passé, un moyen de savoir ce qu’était la complicité entre une mère et sa fille. C’était un moyen pour moi de me prouver que ce n’était pas de ma faute si je n’avais pas eu l’affection d’une mère. Il fallait prouver à cette petite fille de deux ans qui était en moi, que ce n’était pas de sa faute si elle n’avait pas reçu l’affection qu’une petite fille de son âge aurait dû avoir. Elle appelait au secours depuis trop longtemps. Si seulement on pouvait combler ce manque pour éviter qu’elle ne se fasse du mal, et avoir un peu de compassion pour elle… » Extrait du livre L’anorexie L’anorexie touche beaucoup de monde, et en l’occurrence un nombre important d’adolescents. D’après le site savoir.fr, « En France, l’anorexie concerne particulièrement les adolescents dont l’âge est compris entre 12 et 18 ans, il y a prédominance féminine avec une moyenne de 6 à 10 filles pour un garçon et un taux de 1% des adolescentes sont anorexiques.[…] L’anorexie du type restrictif où le trouble du comportement alimentaire de la 8 personne concernée se limite au refus de se nourrir et l’anorexie du type boulimique où la personne souffrante alterne comportement de refus de nourriture avec comportement d’absorption de quantités considérables de nourriture dont elle se débarrasse par se faire vomir par la suite. Ce type d’anorexie mentale est désigné par l’anorexie avec crise de boulimie/vomissements.» L’histoire de Cindy raconte ce parcours dont elle a été victime dès son plus jeune âge. Après une enfance perturbée, placée en famille d’accueil dès l’âge de deux ans et demi, l’auteur a décidé de raconter son histoire afin de fournir un témoignage de ce que furent ces années d’anorexie. En constante recherche d’amour et de tendresse qu’elle n’avait plus de sa mère trop éloignée et qu’elle ne trouve pas non plus au sein de sa famille d’accueil, elle sombre dans un premier temps, petit à petit, dans l’anorexie. En grandissant, elle en vient à alterner entre anorexie et boulimie : « J’étais devenue une phobique de la prise de poids et une accro à l’amaigrissement ». Mais, personne autour d’elle ne semble entendre ou voir ce cheminement tout comme les appels au secours qu’elle ne parvient pas à formuler avec les mots. L’heure des combats… Au fil de ce parcours, elle passera également par les étapes d’automutilations comme si elles étaient une véritable nécessité : « Je demandais une maman pour soigner ma cicatrice que je ressentais chaque soir avant de m’endormir ». Il aura fallu à l’auteur de nombreuses années pour s’en sortir, seule, au terme de divers combats et de beaucoup de souffrances très difficiles. 9 Elle s’est aperçue que si aucune aide extérieure ne se tournait vers elle, elle n’avait pas d’autre choix que de se battre elle-même pour sa survie, pour sa vie, mais également que « même si on n’a plus d’espoir, il ne faut pas oublier que l’espoir est sans fin, car une partie reste en nous pour notre bien ! » Il lui fallait donc combattre ses démons qui lui dictaient de faire ce que finalement elle ne devait pas faire « J’étais esclave de cette voix qui me disait de maigrir par tous les moyens. […] Mon désir de maigrir me maintenait en vie dans ma tête ». Malgré ces actes répétés que « cette petite voix » lui imposait de faire et les aspects négatifs, voire dévastateurs, elle ne parvenait pas à s’y soustraire, y trouvant un bien-être malgré la dangerosité que cela engendrait : « J’avais l’impression d’avancer quand je n’avais rien dans l’estomac ». À tel point qu’elle y trouvait un sens à sa survie : « Heureusement que je ne m’autorisais pas à manger car sinon j’aurais eu une grosse culpabilité de m’autoriser à respirer ». Toujours est-il qu’à force de courage, elle est parvenue à l’issue de son combat pour redonner à sa vie un véritable sens. Un témoignage qui mérite d’être lu et partagé. Marie BARRILLON Informations sur le livre : Titre : Un espoir sans faim Auteur : Cindy BOULANGER Editions : Edilivre ISBN : 9782907681834 Prix : 14€ 10 Entretien Entretien avec Cindy BOULANGER, auteur de « Un espoir sans faim », Editions Edilivre 100% Auteurs : Les lecteurs aiment découvrir leurs auteurs autrement qu’à travers leurs livres. D’où vous vient ce goût pour l’écriture ? Cindy BOULANGER : Depuis l’adolescence j’écrivais beaucoup de lettres à mes proches que je donnais ou gardais et je les relisais des mois après. C’est de ma vie que vient le goût pour l’écriture, quand je n’avais personne à qui parler étant ado, j’écrivais, comme une lettre destinée à moi-même. 100% Auteurs : quelle part prend l’écriture dans votre quotidien ? Est-ce un passe-temps, telle une occupation de loisir, ou une réelle passion ? Cindy BOULANGER : L’écriture n’est certainement pas un passetemps pour moi, c’est une réelle passion que je bâtis au quotidien, j’ai besoin d’écrire pour avancer dans mon chemin de vie. 100% Auteurs : Votre vie sans l’écriture, pensez-vous que ce soit possible pour vous ? Cindy BOULANGER : Je ne pense pas. 100% Auteurs : Suivant les uns et les autres, les méthodes de travail sont assez différentes. Avez-vous l’habitude d’établir un plan de travail ou écrivez-vous plutôt à l’instinct en suivant les pas que votre inspiration vous impose ? 11 Cindy BOULANGER : J’écris à l’instinct en suivant le pas de mon inspiration, et la mélodie de mon cœur. 100% Auteurs : Une citation que vous affectionnez particulièrement, ce serait laquelle ? Pourquoi celle-là ? Cindy BOULANGER : « Ce qui ne tue pas, rend plus fort », parce que je suis une des preuves vivantes de cette citation véritablement vraie. 100% Auteurs : Nombre d’auteurs ont des "petits trucs", des "petites manies", voire des addictions comme par exemple un café (ou thé) à portée de main, un stylo plutôt qu’un autre... Avez-vous également ce genre d’habitudes ? Cindy BOULANGER : Oui, j’ai mon cœur. 100% Auteurs : J’ai souvent pour habitude de dire qu’on ne donne pas rendez-vous à l’inspiration, qu’elle est seule décisionnaire. Dans votre cas, est-elle innée ou au contraire avez-vous besoin de réflexion avant d’entamer un projet d’écriture ? Cindy BOULANGER : J’ai besoin effectivement que l’inspiration vienne à moi, sinon je ne peux pas écrire. Je peux rester deux mois sans écrire comme toute une nuit à écrire sans arrêt. 100% Auteurs : La question curieuse, s’il devait y en avoir une, serait la suivante. Y a-t-il des projets littéraires en cours ? (si oui) Acceptezvous de nous en parler ? Cindy BOULANGER : J’ai effectivement un projet d’écriture pour but d’aider les personnes atteintes de troubles alimentaires. J’ai l’intention de faire un « cahier à conseils, combattre les troubles alimentaires » où, m’aidant de mon vécu, j’établirai des conseils afin
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