La revue 100 Numero8 sept 2011 - Page 1 - La revue n°8 du 15 septembre 2011 p. 2 Sommaire - Couverture : Michèle SEBAL - Edito : Clément CHATAIN, page 3 - Nouvelle : Luc Lavoie, page 6 - Poésie : Corinne CHAMPAGNE, page 8 - Chronique : Génération NOTHOMB, par Clément CHATAIN, page 10 - Interview : Annick STEVENSON, par Clément CHATAIN, page 13 - Poésie : Catherine BELRHITI, page 17 - Chronique : Le rocher, par Marie BARRILON, page 18 - Article : Marie FONTAINE, page 21 - Information : Salon du livre de Somain, page 23 - Information : Vernissage, page 25 - Résultat du jeu des "Personnalités littéraires", page 26 - Réponses à la question FB, page 29 - Participation, page 30 - Livre du mois, Jarwal le lutin, page 31 p. 3 La revue 100% Auteurs L’édito : Clément CHATAIN La rentrée littéraire en chiffres et en lettres ! Fin des vacances, place au travail et surtout à la rentrée littéraire tant attendue chaque année… Pourtant, quelques questions hantent mon esprit au sujet de cet emballement face à des années qui se ressemblent inlassablement… QUELQUES CHIFFRES POUR DES LETTRES OUBLIEES… 654 sorties contre 701 en 2011. La crise serait bien présente dans le cénacle de l’édition parisienne. La littérature suivrait ainsi le long fleuve tranquille d’une société ébranlée par des Etats richement endettés et elle semble bien loin de se placer au dessus comme le souhaitait l’économiste Keynes. Une enquête alarmiste menée par Livres Hebdo rappelle que pour la période août 2011 à octobre 2011, nous assistons à une chute de 12% des publications. DES NOMS QUI SE RESSEMBLENT, S’ASSEMBLENT ET S’OUBLIENT… Mais, rassurez vous ou inquiétez vous, vous retrouverez inévitablement des articles du Figaro, du Monde, des magazines Lire et du Magazine littéraire vous rappelant que vous allez pouvoir dévorer les derniers livres de David FOENKINOS, Amélie NOTHOMB, Emmanuel CARRERE, Eric REINHARDT, Eric p. 4 Emmanuel SCHMITT…et j’en passe en oubliant totalement tout au long de l’année qu’une littérature parallèle existe… J’exagère. Nous assisterons également à la sortie du premier roman de quelques auteurs talentueux que la grande édition aura pris soin de balayer l’année suivante si les objectifs (gargantuesques) de rentabilité ne sont pas au rendez vous. Enfin, des têtes d’affiche étrangères se dévoileront comme le fameux "1Q84" de Haruki MURAKAMI. ET LA PETITE EDITION DANS CE MASSACRE ? La petite édition tentera de vivre difficilement sous asphyxie. Des petits éditeurs continueront de rouler dans la farine des auteurs, certains porteront tant bien que mal leurs auteurs souvent maladroitement en oubliant toute marque de respect au profit de la recherche de maigres profits, puis d’autres choisiront à juste titre en dernière solution l’autoédition. La route sera longue et sinueuse pour eux également mais assurément belle s’ils n’oublient pas la réelle raison de leur entreprise : le plaisir des mots. En attendant, la revue 100%Auteurs vous invite à envoyer vos textes en respectant les critères imposés s. Chaque mois, un comité se réunit afin de décider des publications à venir. Chaque texte est lu et aucune forme de ségrégation ne se dessine. Auteur de la grande édition, de la petite édition ou autoédités, vous avez votre place ici si vous êtes talentueux et cela grâce à la main de maître de la créatrice de cette revue, Marie BARRILLON. Bonne lecture à tous et n’oubliez pas que la rentrée littéraire est pour nous, passionné(e)s, quotidienne. p. 5 En attendant, j’invite les éditeurs à méditer cette phrase de Keynes, « Ainsi donc l’auteur de ces essais, malgré tous ses coassements, continue d’espérer et de croire que le jour n’est pas éloigné où le problème économique sera refoulé à la place qui lui revient : l’arrière-plan. » extrait de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie Clément CHATAIN p. 6 Nouvelle Le gouffre du silence Si les mots n’existaient pas, nous serions rochers. Des blocs monolithiques millénaires, faces impassibles et monotones tournées vers le ciel. Nous aurions fait promesse de non ingérence. De non interférence. Notre code de conduite serait l’implacable loi de l’omerta : un indéfectible silence mortifère… Nous aurions bâillonné la voix de l’existence, museler son expression la plus subtile. Motus et bouche cousue. L’immobilisme de la propagation du verbe, l’anesthésie de la langue à l’état pur. L’opacité étanche des choses… Sans mot dire, nous resterions là, pétrifiés, figés, des hommes et des femmes au cœur de pierre. Des boucliers compacts, rigides, impénétrables. Imperméables. Comme ces tonnes de roc reposant à flancs de montagnes, nous apprécierions bien trop l’absence, l’effacement, pour nous engager sur les chemins tortueux de la communication. Préférerions-nous croupir emmurés, endigués sur quelque versant ombragé ? Ou surplomber des fjords majestueux, suspendus sur des corniches escarpées, aux abords de précipices tranchants ? Nous nous tairions sûrement, dans l’interdit d’un écho, massifs indomptables arrachés par le poids du silence, chutant d’une paroi abrupte au fond d’un canyon aux profondeurs abyssales. p. 7 Muets comme des tombes, condamnés, glissants dans une vertigineuse descente. Sans éloquence aucune, sans propos, il n’y aurait jamais nul débat, nulle négociation. Pas de tollé soulevé, ni d’acclamation par la foule. Aucune clameur. Pas une syllabe de trop, pas un mot de travers, l’abdication totale. Imperturbable. Oppressante. Personne pour interrompre. Pour s’opposer. Le calme plat. Le silence radio… Saurions-nous exister affublé d’un tel mutisme, d’une telle aphasie ? Nous ne pourrions sans doute répondre à cette question, puisque pierres, nous demeurerions sans voix. Que de tristes écueils s’engouffrant, privés d’un dernier cri, à jamais prostrés pour l’éternité… Luc Lavoie p. 8 Poésie Avouer ses faiblesses Avouer ses faiblesses Lever le masque de la pudeur T’expliquer ma tristesse Pour que tu soignes mes peurs Couvre-moi de courage Protège-moi de mes pleurs Aime-moi avec rage Sans fausse candeur C’est une douleur assassine Qui me tue chaque jour Le vide se dessine Désarroi bien trop lourd Si seulement tu comprenais Que de toi je n’attends rien Si ce n’est être celle que tu aimais Autant hier que demain Un baiser sur mes regards Ton souffle chaud au creux de mon cou Il n’est jamais trop tard Pour prononcer quelques mots doux Délivre-moi de ma peine Avant que je ne sombre Détache-moi de ces chaînes Pour enfin fuir ces ombres p. 9 Entends ma plainte dans la nuit Comme une complainte elle me sourit Ton amour a comme un goût de sursis Avant de tomber dans l’oubli. Corinne Champagne p. 10 Chronique "Génération NOTHOMB" de Annick STEVENSON, éditions Luce WILQUIN « Eh bien moi, c’est encore plus fort que çà, vous m’avez donné le sixième sens ! Enfin, je ne sais pas si on dit de la lecture qu’elle est un sixième sens, mais ce que je ressens c’est tout comme : j’ai découvert quelque chose en moi d’aussi important que la vue, l’odorat ou le goût. Je lis !!! » Extrait du livre UNE HISTOIRE Sam, jeune homme complexé, travaille dans un atelier qu’il n’apprécie guère. Malgré son inintérêt pour la lecture, un jour où les problèmes quotidiens s’accumulent, il se retrouve à acheter Hygiène de l’assassin. Sa tante, passionnée de littérature et rédactrice pour un journal local, lui avait déjà offert Stupeur et tremblements mais il ne s’y était pas intéressé. Avec Hygiène de l’assassin, c’est le début d’un renouveau pour lui avec la lecture de son premier livre. C’est dans ce contexte qu’il commence sa première lettre à Amélie. « Pour résister à la masse convulsive qui l’attend certains lundis matins, elle s’efforce, disait elle à la même journaliste, de toujours garder à l’esprit que ces lettres sont des cadeaux qu’elle reçoit. Afin de ne pas gâcher le plaisir de la découverte, elle ne les ouvre qu’une à une, n’abordant la suivante que lorsqu’elle a achevé la lecture de la première, pris le temps d’y réfléchir, et d’y répondre avec le respect et la patience qu’elle estime devoir à celle ou celui dont elle est la confidente. p. 11 Elle s’assoit et prend en main la première enveloppe. Une écriture appliquée, qu’elle ne connaît pas. Un timbre aux tons rouge et or représentant une scène du Sud de la France, soigneusement choisi à n’en pas douter ; Elle la décachette, et commence sa lecture. » LA CONSTRUCTION DU ROMAN Annick Stevenson avec Génération NOTHOMB, réussi un jeu de maître où se mêle l’ensemble de ses talents. Journaliste tout d’abord. En effet, elle parsème ce livre d’extraits réels de blogs, forums et groupes FACEBOOK consacrés à l’auteure. C’est d’ailleurs dans ce contexte que je me retrouve dans ce livre. A travers ma propre correspondance avec Annick STEVENSON, j’imagine le travail titanesque fourni pour rassembler ces messages et demander aux auteurs de ces commentaires leur accord pour la publication. D’autant plus qu’il faut être capable de faire le tri sur une toile de plus en plus polluée… Ecrivain, ensuite. Si le dur labeur d’enquêtrice au service du phénomène NOTHOMB est indéniable, il fallait être ensuite capable d’en faire un roman structuré intelligemment en injectant au bon moment les différents passages. Annick Stevenson parvient à nous entrainer totalement dans l’histoire où se mixent mots réels et le récit de Sam romancé quant à lui. Le lecteur ne se perd pas dans l’immensité de ce livre. Annick STEVENSON se glisse aussi bien dans la peau d’Amélie Nothomb où nous retrouvons quelques spécificités de l’auteure que dans celle de Sam. Capable d’adapter son champ lexical à un adolescent, nous observons l’évolution de ce dernier au contact de l’ensemble des livres d’Amélie ainsi que de la correspondance qu’entretient ce dernier avec elle. A travers la construction d’un
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