TDOMagDEF - Page 2 - Feuilletez les premières pages de Timbrés de l'orthographe, 1er magazine entièrement consacré à la langue française. c POUR NE PLUS FAIRE DE FAUTES D’ORTHOGRAPHE 300 trucs et astuces efficaces et faciles cauchemar ou cauchemar prêtouprès? oval ou oval coexister ou co-ex quatre-vingts et quatre-vingt-dix-neuf aigu et aiguë xisterouco-exister Jean-Pierre Colignon prêt ou près? oval ou ov coexisterouco-exister quatre-vingtsetquatre-vingt-dix-neuf aiguetaiguë ouco-exister TRUCS ET ASTUCES POUR VISER LE ZÉRO FAUTE ! disponible en librairie TIMBRÉS DE L’ORTHOGRAPHE / ÉTÉ 2012 • 3 SOMMAIRE ÉDITO EXPRESSIF ® Romain Dutreix 5 FAÇON DE PARLER ® Frédérick Gersal 6 ACTUALITÉS ® Chiflet en liberté 15 ENTRETIEN ® Eric-Emmanuel Schmitt « Aimer les mots, c’est aimer la vie » 16 RÉSOLUTIONS ® Trucs et astuces pour ne plus faire de fautes 20 CONCOURS 2012 ® Les Timbrés envahissent la Sorbonne 26 PLANÈTE MOTS ® A l’ouest des mots 34 ® Correspondance pour Londres 40 ® Certificat d’adoption 44 LEXIQUE ® Ces nombs propres devenus communs 50 RACINES ® Travail, vous avez dit travail ? 57 POURQUOI DIT-ON ? ® Comme des bêtes ! 58 PAROLE D’EXPERT ® Érasme, best-seller de nos ancêtres 73 SPÉCIAL JEUX ® Dictées 78 ® 100 questions sur les expressions 84 ® Jeux de lettres 90 ® Solutions 96 Sommes-nous tous et toutes Timbrés ? L a langue française a de quoi nous faire tourner la tête, nous déstabiliser, pire nous anéantir. Que celui ou celle qui ne s’est jamais interrogé sur un participe passé, un verbe conjugué ou même un genre trompeur me jette la pre- mière pierre ! Pourtant, la relation des Français avec la (leur) langue est unique au monde. Nous sommes conscients de dé- tenir au bout de notre stylo ou de notre clavier un trésor qu’il faut protéger – jour après jour – pour éviter d’avoir un matin à pousser les portes d’un musée qui – je l’espère – ne lui sera jamais consacré. Pourtant, la langue française est aussi un sujet historique pas- sionnant. Quel plaisir en effet d’enquêter pour découvrir,tel un inspecteur chevronné, les origines surprenantes, logiques, épa- tantes, inattendues voire totalement saugrenues de nos mots fa- voris et de nos expressions préférées.Les pages de nos diction- naires sont pleines de surprises pour qui sait prendre le temps de flâner plutôt que de se contenter de simplement feuilleter. Ce magazine comble un vide – insupportable – pour tous les Timbré(e)s de l’orthographe que nous sommes. Il se veut le lien entre tous celles et ceux qui aiment jouer avec les mots, en apprendre de nouveaux, connaître de nouvelles astuces et dompter ces satanées chausse-trappes orthographiques. Oui, l’orthographe nous joue des mauvais tours, la grammaire nous maltraite et la conjugaison adore nous torturer : mais pourvu que ça dure ! STÉPHANE CHABENAT Timbrés de l’orthographe Magazine est édité par Editions de l’Opportun 16, rue Dupetit Thouars 75003 PARIS www.editionsopportun.com Capital social : 30 000 € - RCS 513 881 805 Directrice de la Publication et de la Rédaction : Stéphane Chabenat Rédaction en chef : Stéphane Chabenat Maquette : IDZine Rédaction : Sylvie Brunet,Yves Cunow, Jean-Loup Chiflet, Bénédicte Gaillard, Delphine Gaston, Frédérick Gersal, Martin Horce, Jean Maillet, Georges Planelles. Illustrations : Romain Dutreix, Stéphane Humbert-Basset Secrétariat de rédaction : Brigitte de Zélicourt Dépôt légal : Juillet 2012 CPPAP : en cours / N°ISSN : en cours Pour tout renseignement sur le concours des Timbrés de l’orthographe www.timbresdelorthographe.fr Chef de projet : Servanne Morin 01 49 96 57 09 TIMBRÉS DE L’ORTHOGRAPHE / ÉTÉ 2012 • 4 Vouloir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, Boire un canon, S’en jeter un derrière la cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hôpital qui se moque de la cha- rité, Menteur comme un soutien-gorge, En faire tout un pataquès, Pas piqué des vers, Avoir les portugaises ensa- blées, Bon comme la romaine, Prendre des vessies pour des lanternes Vouloir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, Boire un canon, S’en jeter un derrière la cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hôpital qui se moque de la charité, Menteur comme un soutien-gorge, En faire tout un pataquès, Pas piqué des vers, Avoir les por- tugaises ensablées, Bon comme la romaine, Prendre des vessies pour des lanternes Vouloir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, Boire un canon, S’en jeter un derrière la cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hô- pital qui se moque de la charité, Menteur comme un sou- tien-gorge, En faire tout un pataquès, Pas piqué des vers, Avoir les portugaises ensablées, Bon comme la romaine, Prendre des vessies pour des lanternes Vouloir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, Boire un canon, S’en jeter un derrière la cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hôpital qui se moque de la charité, Menteur comme un soutien-gorge, En faire tout un pataquès, Pas piqué des vers, Avoir les portugaises ensablées, Bon comme la romaine, Prendre des vessies pour des lanternes Vou- loir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, Boire un canon, S’en jeter un derrière la cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hôpital qui se moque de la cha- DISPONIBLE EN LIBRAIRIE le bras long, Boire un canon, S’en jeter un derrière la cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hôpital qui se moque de la charité, Menteur comme un soutien-gorge, En faire tout un pataquès, Pas piqué des vers, Avoir les por- tugaises ensablées, Bon comme la romaine, Prendre des vessies pour des lanternes Vouloir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, Boire un canon, S’en jeter un derrière la cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hô- pital qui se moque de la charité, Menteur comme un sou- tien-gorge, En faire tout un pataquès, Pas piqué des vers, Avoir les portugaises ensablées, Bon comme la romaine, Prendre des vessies pour des lanternes Vouloir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, Boire un canon, S’en jeter un derrière la cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hôpital qui se moque de la charité, Menteur comme un soutien-gorge, En faire tout un pataquès, Pas piqué des vers, Avoir les portugaises ensablées, Bon comme la romaine, Prendre des vessies pour des lanternes Vou- loir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hôpital qui se moque de la charité, Menteur comme un soutien-gorge, En faire tout un pataquès, Pas piqué des vers, Avoir les por- tugaises ensablées, Bon comme la romaine, Prendre des vessies pour des lanternes Vouloir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, Boire un canon, S’en jeter un derrière la cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hô- pital qui se moque de la charité, Menteur comme un sou- tien-gorge, En faire tout un pataquès, Pas piqué des vers, Avoir les portugaises ensablées, Bon comme la romaine, Prendre des vessies pour des lanternes Vouloir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, Boire un canon, S’en jeter un derrière la cravate, Mettre les écureuils à pied, C’est l’hôpital qui se moque de la charité, Menteur comme un soutien-gorge, En faire tout un pataquès, Pas piqué des vers, Avoir les portugaises ensablées, Bon comme la romaine, Prendre des vessies pour des lanternes Vou- loir le beurre et l’argent du beurre, Avoir le bras long, ET VOUS, QUELLE EST VOTRE EXPRESSION PRÉFÉRÉE ? 6 • TIMBRÉS DE L’ORTHOGRAPHE / ÉTÉ 2012 « Se dorer la pilule » évoque une pause, un moment de détente, de farniente, histoire d’en profiter pour se faire dorer par les rayons du soleil. Pour découvrir l’origine de cette expression, il faut nous rendre chez les ancêtres de nos pharmaciens, les apothicaires ! Ils fabriquaient dans leurs officines des remèdes, des potions, des pilules ! Le mot pilule vient du latin « pilula » dési- gnant une « petite balle ». Cette pilule était conçue avec une pâte composée de substances diverses, ce qui lui donnait bien souvent un mauvais goût. Il n’était pas facile d’« avaler la pilule » ! Cette pilule, difficile à avaler, vous restait en travers de la gorge. Pour les patients qui voulaient se soigner, la pilule était amère ! Alors, pour les aider, certains apothicaires ajoutent du sucre. D’autres vont encore plus loin en recouvrant leurs pilules d’une mince pellicule d’argent ou même d’or, voilà sans doute un médicament qui était hors de prix, vendu à prix d’or ! Si la pilule dorée n’était réservée qu’à une couche aisée de la population, en revanche, aujourd’hui, il suffit d’un transat et de quelques rayons de soleil pour « se dorer la pilule »… I Se dorer pilule la CHRISTOPHEABRAMOWITZ FAÇON DE PARLER Frédérick Gersal TIMBRÉS DE L’ORTHOGRAPHE / ÉTÉ 2012 • 7 8 • TIMBRÉS DE L’ORTHOGRAPHE / ÉTÉ 2012 ACTUALITÉS Q ue l’on ait appré- cié ou non la pé- riode électorale que vient de tra- verser la France, reconnais- sons au moins un mérite à la campagne : elle nous a per- mis de redécouvrir un mot ancien : impétrant. Parce qu’Arnaud Montebourg a réussi à le placer dans une de ses interviews entre les deux tours de la primaire socialiste, mais surtout parce qu’il l’a employé probablement à contresens, ce nom, un tant soit peu tombé dans l’oubli, a bénéficié d’une merveilleuse publicité qui lui a donné un regain de jeunesse et de vita- lité. Il n’est pas un journal qui n’ait publié un billet, un arti- cle, un papier, un entrefilet à ce sujet. Ne parlons pas des blogs des amoureux ou dé- fenseurs de la langue française qui s’en sont fait un régal ! Mais qu’est-ce qu’un impé- trant ? Nos dictionnaires sont unanimes et affirment tous que l’impétrant est celui qui a obtenu quelque chose d’une autorité compétente à la suite d’une requête, et, en particu- lier, celui qui a obtenu un di- plôme. Le Grand Robert de la langue française prévient sans ménagement : « C’est un abus d’employer impé- trant au sens de “candidat, postulant”. » Arnaud Mon- tebourg a donc abusé ;mais il n’est pas le seul, sans quoi la remarque du Grand Robert n’aurait pas lieu d’être. Il faut dire que l’on a affaire à un mot plutôt complexe. Au départ, rien de bien com-pli- qué :impétrant est le substan- tif formé sur le participe pré- sent du verbe impétrer, qui signifie lui-même « obtenir quelque chose (un bénéfice, un titre…) d’une autorité compétente ». Et c’est là que le problème se corse.Les éty- mologistes s’accordent à dire que le verbe a été emprunté au XIIe siècle (sous la forme empetrer, sans aucun rapport avec notre actuel empêtrer) au latin impetrare « parvenir à ses fins, obtenir ». Mais il y avait eu ce que les linguistes appel- lent un « glissement de sens » entre le latin et le français,car empetrer a d’abord signifié « réclamer » (une façon d’obte- nir quelque chose, c’est de le réclamer). Ce n’est qu’un siè- cle plus tard que l’emploi s’est spécialisé dans le sens que l’on connaît aujourd’hui.Peut-être n’y a-t-il qu’un pas à franchir pour passer du statut de celui qui « réclame » à celui de « candidat ». I BÉNÉDICTE GAILLARD + JUSTE G A-t-on à ce point un sentiment d'injustice généralisée qu'on éprouve le besoin d'ajouter « juste » à toutes les phrases ? Cet emploi adverbial, au sens de seulement, simplement, calqué sur l’anglais « just » est vidé de son sens et fait partie de ces mots inutiles qui sont juste là pour banaliser le discours. J'ai juste envie de vous dire qu'au bout d'un moment ça n'apporte rien et qu'en plus ça sonne faux. + JE GÈRE G Au sens propre, gérer c'est administrer, diriger. Au quotidien, la gestion a envahi tous les domaines : on gère son temps, son stress, ses enfants, son boulot, son mari, la belle- famille, les urgences, tout ce qui a priori est ingérable. Si bien que l'expression « je gère », employée absolument, a pris le sens de faire face à tout, puisqu'il n'est même plus besoin de préciser quoi. Bref, y'a pas de souci, on est capable de faire les douze travaux d'Hercule à soi seul. Plus affirmatif encore : « T'inquiète, je gère. » - HAS BEEN G Au risque de verser dans la tautologie, dire d'une expression qu'elle est has been, c'est has been ! Et pauvre par-dessus le marché tant l'éventail est large, à tous les niveaux de langue : désuet, suranné, obsolète, démodé, ringard... Zoom sur l'étymologie : has been, c'est un present perfect, comme son nom l'indique, il a un pied dans le présent et un dans le passé. Et comme la mode est un éternel recommencement, gare au come-back. L’INCONNU DU MOIS E n droit français, l'usurpation d'identité est un délit qui peut coûter bonbon et même vous conduire tout droit en zon- zon. En linguistique, c'est moins risqué, mais confondre des paronymes, c'est s'exposer à passer pour inculte, ce qui constitue parfois une lourde peine aussi dans son genre. Car ils se ressemblent beaucoup – par leur ortho- graphe, ne différant parfois que d'une lettre, par leur consonance. L'étymologie ne fait pas mystère de cette proximité : le mot vient du grec « paronumos », formé de « para » (à côté) et de « onoma » (nom). Mais les paro- nymes n'ont pas du tout le même sens. Ainsi dans le couple infraction / effraction, il ne s'en est fallu que d'un préfixe, mais il change tout. Commettre une infraction, c'est violer une loi, enfreindre une règle, se rendre volontai- rement ou non coupable d'une transgression. Pénétrer dans un lieu public ou une propriété privée par effraction, c'est y entrer violem- ment, en cassant un carreau, en brisant une porte ou en forçant une serrure, à des fins de vol ou de vandalisme. Ainsi procèdent souvent les cambrioleurs, surtout lorsqu'ils profitent de l'absence des propriétaires, en été. Au fait, vous avez bien vérifié que l'alarme était branchée en partant ? I BG Usurpation d'identité Effraction / infraction TIMBRÉS DE L’ORTHOGRAPHE / ÉTÉ 2012 • 9 I l en va des familles de mots comme des familles de personnes : il y a des familles plus ou moins nombreuses, des familles très unies, d’autres déchirées, des familles recomposées… Prenons l’exemple de la fa- mille du nom chien (apparu en ancien français au XIe siè- cle sous la forme chen). L’an- cêtre, le latin canis qui signi- fiait également « chien », a donné naissance à une fa- mille nombreuse : Le Petit Robert de la langue française en dénombre une quinzaine encore vivants aujourd’hui. Parmi les descendants légi- times – ils ont de forts airs de ressemblance avec chien ou canis aussi bien par le sens que par la forme –, on trouve chenil, attesté au XIVe siècle ainsi que les emprunts sa- vants canin (fin du XIVe siè- cle) et canidé (XIXe siècle). Un premier fratricide a alors lieu, car le savant canin a pure- ment et simplement évincé le populaire chienin. De canin est né canine (on disait dent canine), alors que dent féline n’a jamais vu le jour. S’il y a bien un air de famille entre chien (chen) et chenet ou chenille, les liens de pa- renté semblent s’arrêter là. Mais certificats de naissance à l’appui, les étymologistes garantissent la filiation : les premiers chenets étaient sou- vent ornés de têtes de chien sculptées ; quant à chenille, il descend du latin populaire canicula qui signifie au sens propre « petite chienne ». La larve a pris ce nom en raison de la ressemblance de sa tête avec celle d’un chien nous dit-on. Mentionnons cani- cule, le petit frère de chenille. En effet, Canicula était le nom donné à l’étoile Sirius qui de fin juillet à fin août (donc au moment des fortes chaleurs) se lève quand le Soleil se couche et se couche quand le Soleil se lève. C’est peut-être parce qu’il est né d’un mariage mixte que canaille ressemble moins à ses cousins. Arrivé en France vers 1470, il vient de l’italien canaglia qui signifiait « troupe de chiens » et dont le suffixe -aglia a une valeur nettement péjorative. Cagne (mot péjoratif désignant une chienne ou une femme pa- resseuse et méprisable) a, lui, du sang provençal (canha issu du même ancêtre latin canis) dans les veines. Il est en fin de vie, mais son des- cendant cagneux (« qui a les genoux tournés en dedans », comprenez : à la manière de ceux d’un chien ») est bien vivant. Des tests d’ADN sont en cours pour vérifier si requin est un enfant légitime de la famille ou non. Il semblerait qu’il soit issu de quien, forme picarde de chien : le chien de mer n’est-il pas un requin ? Quant à chiot, malgré son air de famille, s’il veut faire par- tie de la fratrie, il devra se faire adopter. D’abord écrit chiaux, chiot est une forme dialectale de l’ancien fran- çais chael, lui-même issu du latin catulus, qui désignait d’une façon générale le petit d’un animal. Seul survivant de l’ancêtre latin, il a bien le droit à une famille… I BG SAGA P lus vite ! Plus vite ! Dans un monde où l'immédiateté est de rigueur, on a souvent la tentation de remplacer une expression de quelques mots par un sigle, un acronyme, au motif que l'urgence n'en serait que mieux traitée pour peu que le vocabulaire y mette du sien. c'est le cas d'« ASAP » Version contractée de « as soon as possible » (traduisez : « dès que possible »). À l'origine, les Américains l'utilisent dans les transmissions radio de l'armée. L'informatique la fait sienne et la langue courante s'en empare. En français, appliquant l'usage phonétique qui veut que la lettre s placée entre deux voyelles donne le son [z], on prononce [azap], ce qui ajoute à l'étrangeté, si on réfléchit bien. Par rapport à la forme française, le gain n'est pas avéré, ni pour le message, ni pour la clarté du propos. On serait tenté de dire que cet emprunt à l'anglais n'est guère rentable, sauf à considérer que le franglais est un must, qu'il confère aux locuteurs une sorte de supériorité, une connivence entre initiés. En l'occurrence, n'est-ce pas plutôt une manière de snobisme dont on se passerait volontiers, tant il est vrai que « dès que possible » fait parfaitement l'affaire ? Pour les inconditionnels du jargon cryptique synthétique, il y a toujours DQP ! L'humour et la dérision, dans leur grande sagesse, ont détourné ASAP de son sens, lui préférant « À faire seulement après la pause ». Laquelle est à prendre... dès que possible. I DELPHINE GASTON Stop au franglais ASAP Trop stylé D ans une société dont on nous dit que le « tout image » a établi son règne, on n’a jamais autant parlé de figures de style, on ne les a jamais autant exploitées pour accessoiriser le discours. Le pouvoir de l’image a-t-il be- soin d’être contrebalancé par une parole élaborée ? Fait-on plus de forme pour masquer le défaut de fond ? Prati- quons-nous une méthode Coué qui consisterait à invo- quer le style dans l’espoir qu’il se manifeste enfin ? Les figures de style sont-elles les nouveaux clichés ? Cli- ché. Comme la photo. Nous voilà revenus à l’image, tout se tient. I DG 16 • TIMBRÉS DE L’ORTHOGRAPHE / ÉTÉ 2012 ENTRETIEN DEPUIS VINGT ANS, SES ROMANS SONT PARMI LES PLUS LUS ET SES PIÈCES OCCUPENT LES PLUS BELLES SCÈNES. TRADUIT DANS UNE QUARANTAINE DE PAYS, CE BRILLANT TOUCHE-À-TOUT EST CETTE ANNÉE LE PARRAIN DU CONCOURS DE DICTÉE LES TIMBRÉS DE L’ORTHOGRAPHE. ourquoi parrainez-vous la deuxième édition des « Tim- brés de l’orthographe » ? ® La langue française est ma grande partenaire. Je m’amuse avec elle, je jouis avec elle, je me bats avec ou contre elle. Nous entretenons une relation amoureuse. Tout ce qui tourne autour d’elle me passionne, y compris l’orthographe. Plus la langue française se laisse ap- privoiser, plus elle me plaît parce qu’elle conserve toujours une part de mystère. J’adore ces compétitions qui mettent en valeur la langue française et sa connaissance. Vous permettez-vous des libertés avec l’orthographe ? ® Jamais ! Il m’arrive de faire des fautes par négligence mais je les corrige aussitôt. Pour violer sciemment une règle, il faudrait que cela produise un sens, ce qui ne m’est encore ja- mais arrivé. Êtes-vous favorable à l’évolution de la langue, à l’intégration d’an- glicismes, par exemple ? ® Le français s’est toujours enrichi de termes étrangers, provenant de l’italien, de l’anglais, de l’arabe… C’est une évolution normale et saine. Vous vivez à Bruxelles, avez-vous adopté quelques belgicismes ? ® Dans mon langage courant, aucun, sauf quand je fais par- ler un personnage belge. Les Belges ne font pas, comme nous, la distinction entre « savoir » et « pouvoir ». Ils vous diront : « Demain ? Je sais venir. » De même, ils disent : « J’ai difficile avec » là où nous disons : « J’ai des difficultés avec. » C’est amusant et plein de charme. Quand avez-vous commencé à écrire ? ® J’ai rédigé mon premier roman à 11 ans après avoir lu tous les Arsène Lupin de la bibliothèque de mon père. J’ai acheté un gros cahier rouge et noirci cinquante pages que j’ai intitulées Une nouvelle aventure d’Arsène Lupin par Éric- ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT P REPÈRES 28 mars 1960 Naissance à Sainte-Foy-lès-Lyon 1985 Agrégé de philosophie 1994 La Secte des égoïstes 2001 Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran 2002 Oscar et la Dame rose 2006 Odette Toulemonde et autres histoires 2011 La Femme au miroir 2012 Les 10 enfants que Madame Ming n’a jamais eu. Un mot d’amour : Le baiser Un mot gentil : Merci Un gros mot : Merde Un mot piège : Foi Un faux ami : Dieu Un grand mot : Hospitalité Un mot universel : Désir Un mot gourmand : Gratiné Un mot magique : Style JULIENVASQUEZ 18 • TIMBRÉS DE L’ORTHOGRAPHE / ÉTÉ 2012 ENTRETIEN En compagnie de Frédérick Gersal, maître de cérémonie des Timbrés de l'orthographe. JULIENVASQUEZ
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