Lire un extrait de The Mortal Instruments 01 - Page 2 - Lire un extrait de La Cité des Ténèbres T1, de Cassandra Clare - 2500 mots Directeur de collection : XAVIER D’ALMEIDA Titre original : City of Bones Book One in The Mortal Instrument Trilogy Loi no 49 956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse : janvier 2012. First published in 2007 by Margaret K. McElderry Books An imprit of Simon & Schuster Children’s Publishing Division, New York. Copyright © 2007 by Cassandra Clare, LLC. © 2008, éditions Pocket Jeunesse, département d’Univers Poche, pour la traduction. © 2012, éditions Pocket Jeunesse, département d’Univers Poche, pour la présente édition. ISBN 978-2-266-22282-2 HAVAS POCHE - Grand format - Coupe mortelle - 140 x 225 - 6/10/2011 - 7 : 55 - page 4 Première partie : Descente dans les ténèbres [...] pour chanter le Chaos et la nuit éternelle. Grâce à la Divinité qui me protège, je suis descendu dans les espaces ténébreux, et je remonte sans aucun accident aux lieux que tu éclaires. John Milton, Le Paradis perdu HAVAS POCHE - Grand format - Coupe mortelle - 140 x 225 - 6/10/2011 - 7 : 55 - page 9 1 Charivari — Tu plaisantes ! dit le videur en croisant les bras sur son torse massif. Il baissa les yeux vers le garçon au sweat-shirt rouge et secoua sa tête rasée : — Tu ne vas pas entrer avec ce machin. La cinquantaine d’adolescents qui patientaient en file indienne devant le Charivari tendirent l’oreille. L’attente était longue avant d’entrer dans le club, surtout le dimanche, et, en général, il ne se passait pas grand-chose dans la file. Les videurs étaient du genre coriace et ne rataient pas ceux qui avaient l’air de chercher la bagarre. Comme tous les autres, Clary Fray, quinze ans, qui était venue avec son meilleur ami, Simon, se pencha pour mieux entendre dans l’espoir qu’un peu d’action surviendrait. Le gamin brandit l’objet en question au-dessus de sa tête. On aurait dit un pieu en bois, très pointu : — Allez ! Ça fait partie du costume. Le videur leva un sourcil : — Ah bon ? Et tu es déguisé en quoi ? 11 HAVAS POCHE - Grand format - Coupe mortelle - 140 x 225 - 6/10/2011 - 7 : 55 - page 11 Le gamin sourit. « Il est plutôt banal, pour le Charivari », songea Clary. Ses cheveux teints en bleu électrique se dressaient sur sa tête comme les tentacules d’un poulpe effarouché, mais son visage n’arborait aucun tatouage ni piercing sophistiqué. — En chasseur de vampires. Il tordit le pieu comme un brin d’herbe dans sa main : — C’est du caoutchouc. Vous voyez ? Il avait de grands yeux d’un vert trop limpide : ils étaient de la couleur de l’antigel et de l’herbe au printemps. « Des verres de contact, probablement », pensa Clary. Le videur haussa les épaules : — C’est bon, passe. Le gamin se faufila comme une anguille à l’intérieur. Clary admira le mouvement de ses épaules et sa façon de rejeter ses cheveux en arrière. Nonchalant, voilà l’adjectif que sa mère aurait employé pour le décrire. — Il t’a tapé dans l’œil, pas vrai ? demanda Simon d’un ton résigné. Clary le gratifia d’un coup de coude dans les côtes, mais ne répondit pas. Le club était noyé sous des panaches de fumée artificielle. Des spots colorés éclairaient la piste de danse d’une féerie de bleus et de verts acidulés, d’ors et de roses vifs. Le garçon au sweat-shirt rouge caressa le long pieu effilé avec un sourire satisfait. Un vrai jeu d’enfant : il avait suffi d’un petit charme pour donner à son arme une apparence inoffensive. Un coup d’œil au 12 La Coupe Mortelle HAVAS POCHE - Grand format - Coupe mortelle - 140 x 225 - 6/10/2011 - 7 : 55 - page 12 videur et, à la seconde où leurs regards s’étaient croisés, le tour était joué. Bien sûr, il n’avait pas besoin de se donner tant de mal, mais ça faisait partie du jeu, agir au nez et à la barbe des Terrestres, les berner, s’amuser de leurs yeux hagards et de leur air imbécile. Mais les humains avaient des usages bien à eux. Le garçon parcourut du regard la piste de danse, où des Terrestres vêtus de cuir et de soie agitaient leurs bras frêles parmi les colonnes mouvantes de fumée. Les filles secouaient leurs cheveux, les garçons balançaient leurs hanches moulées de cuir noir, et leur peau nue luisait de sueur. Toute cette vitalité, cette énergie qu’ils dégageaient lui donnaient le tournis. Il réprima une grimace. Ces gamins ne connaissaient pas leur chance. Ils ignoraient tout de son monde dépourvu de vie, éclairé par un soleil de cendre. Leurs existences se consumaient comme la flamme d’une chandelle. Son arme à la main, il avançait vers la piste lorsqu’une fille se détacha de la foule des danseurs pour venir à sa rencontre. Il la dévisagea. Elle était belle, pour une humaine : des cheveux noirs comme de l’encre, et des yeux charbonneux. Elle portait une longue robe blanche, de celles que les femmes revêtaient autrefois. Des manches bouffantes en dentelle couvraient ses bras fins. À son cou pendait une lourde chaîne en argent ornée d’une pierre rouge, grosse comme le poing d’un nouveau-né. Il l’apprécia d’un coup d’œil : il s’agissait d’un bijou précieux. Comme elle s’approchait, il se mit à saliver. La vie semblait s’échapper d’elle comme du sang d’une plaie béante. Elle sourit en passant près de lui et l’appela du regard. 13 La Coupe Mortelle HAVAS POCHE - Grand format - Coupe mortelle - 140 x 225 - 6/10/2011 - 7 : 55 - page 13 Il la suivit ; il sentait déjà le goût de sa mort sur ses lèvres. C’était toujours un jeu d’enfant. Il imaginait la force vitale de la fille se propager comme du feu dans ses propres veines... Ces humains étaient d’une bêtise ! Ils possédaient un bien inestimable, qu’ils ne prenaient pas la peine de protéger. Ils gâchaient leur vie pour de l’argent, pour des sachets de poudre, pour le sourire charmeur d’un étranger. La fille, tel un fantôme blême, s’enfonça dans le rideau de fumée colorée. Soudain, elle se retourna et, souriante, releva sa robe pour lui montrer ses cuissardes. Il s’avança vers elle d’un pas nonchalant. Sa présence toute proche lui chatouillait la peau. De près, elle était moins jolie : son mascara avait coulé, et la sueur collait les cheveux sur sa nuque. À l’odeur de mort qui se dégageait d’elle s’ajoutait le relent à peine perceptible de la dépravation. « Je te tiens », songea-t-il. Avec un sourire tranquille, la fille s’adossa à une porte, sur laquelle était peint en lettres rouges : ENTRÉE INTERDITE – RÉSERVE. Elle tâtonna derrière elle pour trouver la poignée, ouvrit la porte et se glissa à l’intérieur. Dans la pénombre, il distingua des caisses empilées et des câbles enroulés sur le sol. Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour s’assurer que personne ne l’épiait. Si elle voulait de l’intimité, elle allait être servie. Il entra à son tour, sans s’apercevoir qu’il était suivi. — Bonne musique, pas vrai ? dit Simon. Clary ne répondit pas. Ils dansaient, ou du moins s’efforçaient de danser, se balançant d’avant en arrière 14 La Coupe Mortelle HAVAS POCHE - Grand format - Coupe mortelle - 140 x 225 - 6/10/2011 - 7 : 55 - page 14 et se penchant brusquement de temps à autre comme s’ils venaient de faire tomber une lentille de contact, coincés entre un groupe d’adolescents corsetés de fer et un jeune couple d’Asiatiques qui s’embrassaient avec fougue. Un garçon à la lèvre piercée distribuait de l’ecstasy ; le ventilateur faisait voler les pans de son pantalon de treillis. Clary ne prêtait pas grande attention à ses voisins, son regard était fixé sur le garçon aux cheveux bleus qui avait négocié pour entrer dans le club. Il rôdait au milieu de la foule avec l’air de chercher quelque chose. Sa façon de bouger lui était familière... — Moi, je m’amuse comme un fou, poursuivit Simon. Clary en doutait. Simon, comme toujours, détonnait parmi les clients du club, avec son jean et son vieux T-shirt arborant l’inscription MADE IN BROOKLYN. Avec ses cheveux coupés en brosse – châtain foncé, et non roses ou verts – et ses lunettes perchées de guingois sur le bout du nez, il avait l’air de sortir d’un club d’échecs. — Mmm... Clary savait pertinemment qu’il avait accepté de l’accompagner au Charivari pour lui faire plaisir, et qu’il s’ennuyait ferme. Elle-même ignorait pourquoi elle aimait cet endroit. Était-ce parce que les vêtements et la musique y créaient une atmosphère irréelle ? Là, elle avait l’impression de vivre la vie de quelqu’un d’autre, loin de sa propre existence sans intérêt. Mais jamais elle n’avait eu le cran de parler à quelqu’un d’autre que Simon. 15 La Coupe Mortelle HAVAS POCHE - Grand format - Coupe mortelle - 140 x 225 - 6/10/2011 - 7 : 55 - page 15 Le garçon aux cheveux bleus s’éloigna de la piste. Il semblait un peu perdu, comme s’il n’avait pas trouvé ce qu’il cherchait. Clary se demanda ce qui arriverait si elle l’abordait pour se présenter et lui proposer de visiter les lieux. Dans ce cas, peut-être se contenterait-il de la dévisager avec froideur. À moins qu’il ne soit timide, lui aussi. Peut-être qu’il lui serait reconnaissant de lui parler, en s’efforçant de ne pas le montrer, comme tous les garçons. Mais elle s’en apercevrait. Peut-être... L’inconnu aux cheveux bleus se figea brusquement, comme un chien de chasse à l’arrêt. Clary suivit son regard et aperçut la fille en robe blanche. « Bon, pensa-t-elle en ravalant sa déception, c’est comme ça. » La chanceuse, sublime, était le genre de fille que Clary aurait aimé dessiner : grande, mince comme un fil, avec une longue crinière de cheveux noirs. Même à cette distance, Clary voyait le pendentif rouge à son cou. Il semblait battre tel un cœur sous les néons de la piste. — Je trouve que DJ Bat fait un boulot exceptionnel, ce soir, dit Simon. Qu’est-ce que tu en penses ? Pour toute réponse, Clary leva les yeux au ciel : Simon détestait la trance. Elle reporta son attention sur la fille en robe blanche. Dans l’obscurité et la fumée artificielle, le tissu clair semblait briller comme un phare. Pas étonnant que le garçon aux cheveux bleus la suive comme sous l’effet d’un sortilège, trop fasciné pour remarquer les deux silhouettes en noir qui se faufilaient derrière lui à travers la foule. 16 La Coupe Mortelle HAVAS POCHE - Grand format - Coupe mortelle - 140 x 225 - 6/10/2011 - 7 : 55 - page 16 Clary s’arrêta de danser pour observer les deux garçons, grands et vêtus de noir. Elle n’aurait pas su expliquer comment elle avait deviné qu’ils le suivaient, mais cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. C’était peut-être leur allure, réglée sur la sienne, ou leurs regards attentifs, la grâce furtive de leurs mouvements. Une vague inquiétude l’envahit. — Au fait, reprit Simon, je voulais te dire que depuis quelque temps je me travestis. Ah, et je couche avec ta mère. J’ai pensé qu’il fallait te mettre au courant. La fille avait atteint le mur du club, et ouvert une porte sur laquelle était écrit : ENTRÉE INTERDITE. Elle fit signe au garçon de venir, et ils disparurent derrière la porte. Cela n’avait rien d’extraordinaire, un couple qui se cachait dans un coin sombre pour se bécoter ; ce qui était bizarre, en revanche, c’était le fait qu’ils soient suivis. Clary se hissa sur la pointe des pieds pour dominer la foule. Les deux garçons en noir s’étaient arrêtés devant la porte et semblaient en grande conversation. L’un était brun, l’autre blond. Le blond fouilla dans sa poche et en sortit un objet long et effilé qui étincela sous les stroboscopes. Un couteau. — Simon ! s’écria Clary en lui agrippant le bras. — Quoi ? fit Simon avec inquiétude. Je ne couche pas avec ta mère, tu sais. J’essayais seulement d’attirer ton attention. Non qu’elle soit moche, c’est une femme très attirante pour son âge. — Tu as vu ces types ? Clary agita frénétiquement la main, manquant éborgner au passage une grosse fille qui dansait près d’elle. Cette dernière lui jeta un regard assassin. 17 La Coupe Mortelle HAVAS POCHE - Grand format - Coupe mortelle - 140 x 225 - 6/10/2011 - 7 : 55 - page 17 — Pardon ! Tu vois ces deux types là-bas, près de la porte ? Simon plissa les yeux, puis haussa les épaules : — Je ne vois rien du tout. — Regarde mieux ! Ils suivaient le garçon aux cheveux bleus... — Celui qui t’a tapé dans l’œil ? — Oui, mais la question n’est pas là. L’un d’eux a sorti un couteau. — Tu en es sûre ? Simon scruta le fond de la salle et secoua la tête : — Je ne vois toujours personne. Il redressa les épaules d’un air important : — Je vais chercher la sécurité. Toi, tu restes ici. Il s’éloigna en jouant des coudes. Clary se retourna juste à temps pour voir le blond disparaître derrière la porte, l’autre sur ses talons. Elle jeta un regard autour d’elle : Simon en était toujours à essayer de quitter la piste, mais il ne faisait pas beaucoup de progrès. Elle aurait beau crier, personne ne l’entendrait et, le temps que Simon revienne, il serait peut-être déjà trop tard. En se mordant la lèvre, Clary se fraya un chemin parmi la foule. — Comment tu t’appelles ? La fille se retourna et sourit. Une lumière ténue filtrait à travers les fenêtres à barreaux de la réserve, noircies par la crasse. Des câbles électriques, des débris de boules de disco et des pots de peinture jonchaient le sol. — Isabelle. — Joli prénom. 18 La Coupe Mortelle HAVAS POCHE - Grand format - Coupe mortelle - 140 x 225 - 6/10/2011 - 7 : 55 - page 18
Lire un extrait de The Mortal Instruments 01 - Page 2
Lire un extrait de The Mortal Instruments 01 - Page 3
viapresse