BSCNEWS octobre 2013 - Page 2 - BSC NEWS MAGAZINE - OCTOBRE 2013 - Invité(e)s : Jean Dufaux, Ortie, Jose Luis Munuera, Christophe Rauck, Sophie Anglade, Philippe Mérot, Philippe Richelle, 2 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 62 - OCTOBRE 2013 L’ÉDITO de NICOLAS VIDAL L'immanquable marronnier d'une saison qui se termine pour laisser la place à une autre nous claque aux oreilles depuis quelques jours. En cette mi-octobre, le passage de témoin se fait sous un air plus frais et des nuits plus longues. Bien heureusement que l'entrée dans un automne glacé qui annonce l'hiver se fait juste après la grande messe de l'édition française : la rentrée littéraire qui, étonnamment, a déjà vieilli de plusieurs semaines nous apparaît déjà bien loin, engloutie sous d'autres livres et d'autres actualités. C'est donc le temps de faire ses provisions culturelles et de constituer déjà les piles de livres qui égaieront vos longues soirées d'hiver. À ce sujet, lit-on plus ou mieux en hiver qu'en été ? Je n'en sais strictement rien, mais nous lisons certainement très différemment. À cette idée, il est bon de se préparer à affronter le froid et la bruine autant que les vents et les neiges. Pour ma part, je ne sais où donner de la tête tant les livres qui s'empilent sur mon bureau et concurrencent tour à tour ma curiosité et mon impatience de les ouvrir. Après avoir englouti, "Le maître des orphelins" de jean Zimmermann (10/18), j'ai dû faire des choix savants d'ordre et de chronologie afin de choisir mes prochaines lectures. C'est en fait un véritable dilemme que d'aller ça et là d'un côté à l'autre de sa bibliothèque pour poser la main sur le prochain livre dans lequel je me jetterai à corps perdu. Ce choix n'a en fait rien d'objectif. Il est une accumulation de préférences littéraires qu'il faut combattre pour se donner toutes les possibilités de découvertes et de plaisirs. En politique, on parle de créer les conditions du rassemblement. Moi je préfère parler du plaisir spontané et honnête de lire. Ce mois-ci, le sommaire du BSC NEWS s'appuie sur une nouvelle sélection de romanciers, d'illustrateurs, de musiciens et d'artistes qui créent, écrivent, dessinent, jouent sous une seule et même bannière: celle du talent. Nous recevons entre autres le duo formé de Jean Dufaux et de José Luis Munuera ainsi que Philippe Richelle pour la bande dessinée. Sandrine Anglade et Christian Rauck seront nos invités de la rubrique Théâtre. Le Label Laborie et Ortie garnissent nos pages musicales. Vous retrouverez également comme c h a q u e m o i s u n e p r o f u s i o n d e chroniques et d’articles qui vous présenteront nos derniers coups de coeur culturels. Des provisions culturelles pour l’hiver ! 3 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 62 - OCTOBRE 2013 ✪ ✪ ✪ Le BSC NEWS, c est aussi un site d actualités ! Suivez quotidiennement l’actualité de la culture sur le BSCNEWS.FR 4 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 62 - OCTOBRE 2013 JEAN DUFAUX SAnDRINE ANGLADE JOSE LUIS MUNUERA BANDE DESSINÉE - P6 BANDE DESSINÉE - P17 THÉÂTRE PHILIPPE RICHELLE BANDE DESSINÉE - P26 5 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 62 - OCTOBRE 2013 CHRISTOPHE RAUCK JAZZ JEAN-MICHEL LEYGONIE JAZZ - P144 Nu masculin EXPO - P152 ORTIE JAZZ - P138 THÉÂTRE - P46 6 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 62 - OCTOBRE 2013 À VENIR KINTERVIEW PAR JULIE CADILHAC / Photo Dargaud - Catherine Lambermont JEAN DUFAUX BANDE DESSINÉE 7 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 62 - OCTOBRE 2013 Quelle a été la genèse de Sortilèges? Blanche d'Entremonde est-elle sortie d'un de vos songes? Toutes mes histoires, mots, images, montage, découpage, trottinent dans ma tête bien avant que je ne me mette à l'écriture. Chaque récit faisant partie d'un vaste ensemble que je commence à découvrir avec les années qui passent. Il y a donc dans les spirales ( celles qui ne sont pas encore trop atteintes ) de ma tête l'univers d' Entremonde qui cherche à s'exprimer et qui, pour éclore, attend une rencontre. La rencontre doit se révéler magique.Ce fut le cas avec José Luis M u n u e r a . L e s s o n g e s a l o r s s e cadenassent. Tout en sachant que les contes font sauter les verrous avec une grande aisance. Votre imaginaire se nourrit des oppositions: en créant un Royaume d'en Bas, vous poussiez donc ce thème à son acmé? "Mais écrire, n'est-ce pas refuser tout confort? Comme disait le poète, ce n'est pas le but qui compte… mais le voyage." Auteur d'une œuvre impressionnante (plus de 200 titres), Jean Dufaux est également président du jury des prix Diagonale qui récompensent , chaque année en Belgique, des artistes de la bd et a été nommé chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres en 2009. Complaintes des landes perdues, Double Masque, Murena, Rapaces, Croisades, Barracuda, Loup de pluie, Conquistador sont autant d'histoires singulières structurées sur ses thèmes de prédilection: le pouvoir de la folie, la solitude et ses psychés, le temps et ses égarements ou encore les blessures du passé. Ses albums, s'unissant à des illustrateurs européens de grand talent, vendus à des millions d'exemplaires et récompensés de nombreux prix, sont diffusés dans une douzaine de pays. C'est ainsi qu'avec José Luis Munuera il a conçu Sortilèges, une série au charme puissant qui raconte les épisodes épiques de la vie de Blanche d'Entremonde, jeune femme courageuse qu'une sourde machination familiale a exclu du trône au profit d'un frère incompétent et vil... et de Maldoror qui régne sur le monde d'en Bas dans lequel les coups bas sont des us de bonne guerre. Deux tomes sont aujourd'hui parus: le second , plus machiavélique et plus sombre, transforme la Belle en guerrière matricide et le Diable en amoureux transi. Entre tensions dramatiques et humour, cette fiction, qui prend pour décor le Moyen-Âge, ses superstitions et sa féerie, nous a littéralement conquis. Nous sommes donc très honorés de recevoir Jean Dufaux, un alchimiste du scénario au propos inspiré! 8 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 62 - OCTOBRE 2013 Exact. Le gémeaux que je suis creuse ses pistes, sa dualité… Pas d'ombre sans lumière et l'inverse. Cette formule résume toute une partie de mon travail. Ma vie et mes imaginaires restent fragiles entre pics et ravins, entre la voix du bas (tellement char meuse) et celle du haut (tellement exigeante). Quand je tends la main à mon ombre, elle me refuse souvent l'accolade. Donc, j'écris pour l'amadouer… Ces oppositions ne se confrontent paradoxalement pas toujours : certaines finissent par s'embrasser, fusionnent et finissent même par basculer de l'autre côté...c'était un peu ça le jeu de ce scénario? Blanche d'Entremonde va-t-elle finir Reine du Royaume d'en Bas? Heureusement, sinon, mon imaginaire serait brisé, éclaterait en mille parcelles. J'ai acquis le bréviaire qui me permet de passer d'un monde à l'autre, qui me permet surtout de passer la frontière, sachant que c'est là que se situe le danger, que c'est là que s'enluminent les plus belles histoires. Quitte à ne pas en revenir…Mais écrire, n'est-ce pas refuser tout confort? Comme disait le poète, ce n'est pas le but qui compte… mais le voyage. Vous égrenez ça et là des clins d'œil à d'autres œuvres littéraires (et plus largement artistiques) : un ingrédient "Une culture sans écho est une culture morte. Alors, oui, je sème des petits cailloux dans mes histoires." "La culture, cela sert à crever les cloisons, à abattre les frontières, à accepter les différences." 9 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 62 - OCTOBRE 2013 10 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 62 - OCTOBRE 2013 indispensable selon vous à la jubilation du lecteur? S'il y a bien un chose que je déteste, ce sont les cloisonnements culturels. La culture, cela sert à crever les cloisons, à abattre les frontières, à accepter les différences. Chaque mot doit posséder une résonance. Chaque image doit propager ses ronds dans l'eau. Une culture sans écho est une culture morte. Alors, oui, je sème des petits cailloux dans mes h i s t o i re s . E t j e m e b a t s p o u r s a u v e g a r d e r t o u t e m é m o i r e culturelle. A l'heure où notre société d e c o n s o m m a t i o n e f f a c e u n maximum de repères, d'images, pour les remplacer par d'autres, plus comestibles, plus malléables, plus au goût du jour. Méfiez-vous des jours qui prétendent avoir du goût. C'est qu'ils n'ont plus de mémoire. Si, pour comprendre votre idéal scénaristique, vous nous citiez une bande-dessinée d'un "mentor"... laquelle serait-ce? Et pourquoi? Je n'ai pas de mentor en bande dessinée. Des gens que j'admire oui: JACOBS, JIJE, TILLIEUX, l'esprit et l'équipe de PILOTE. Les pilotis de SORTILEGES seraient plutôt à chercher du côté de Cocteau, de Tristan et Yseult, de la quête du Graal, des récits de Chrétien de Troyes, de Von Chamisso, d'Hoffmann… Le pouvoir rend fou dans Sortilèges, autorise tous les forfaits... un thème qui crée une noirceur dont vous atténuez l'effet en rendant la folie excentrique et carrément drôle ? "Il n'y a pas de tragédie sans humour. Il n'y a pas de joie sans grincement. Notre vie est ainsi faite…" "Méfiez-vous des jours qui prétendent avoir du goût. C'est qu'ils n'ont plus de mémoire." 11 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 62 - OCTOBRE 2013
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