BSC NEWS MARS 2012 - Page 3 - BSC NEWS MAGAZINE de MARS 2012 avec Ken Keirns, Fabrice Gaignault, Anne-Marie Baron, Emmanuelle Friedmann, Aurélio, Mina Agossi 3 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 45 - MARS 2012 Couverture:KenKeirns de NICOLAS VIDAL Alors que l’édition 2012 du Salon du Livre est sur le point de s’achever, il est urgent de trouver une piste très sérieuse de réflexion quant à la question cruciale de l’avenir du livre. Il y a bien cette frénétique et déraisonnable agitation autour de ce qu’on appelle les nouveaux supports. Beaucoup sont ceux qui dans le monde du livre et de l’édition tentent de se persuader que la tablette saura ressusciter le livre. Mais les ventes toujours plus importantes de ces tablettes et l’exponentielle course à la performance technologique ne permettent pas de dissimuler des chiffres beaucoup plus inquiétants : le nombre de téléchargements des livres sur ces supports n’est pas florissant malgré ce que certains prévoyaient. Ces précieuses indications doivent considérablement refroidir l’optimisme qui consistait à penser que les nouveaux formats que prendrait le livre seraient des garanties solides de viabilité, de pérennité pour l’amener vers sa résurrection. Que nenni. Il faut aujourd’hui se poser franchement la question de l’avenir du livre, non pas en espérant fébrilement qu’elle se résume à son seul format tant il est réconfortant de s’en persuader, mais dangereux de le croire. Il est temps de nous avouer à nous-mêmes que le livre est en danger. La lecture séduit de moins en moins parce que le lecteur se raréfie. Le livre ne stimule plus la passion de lire. Et les nouveaux supports ne sont pas des alliés, ils sont simplement d’autres outils destinés à ceux qui lisent déjà et qui font partie d’un public acquis. Quelle est cette curieuse idée de croire que la littérature sur écran fera sens pour quelqu’un qui ne lit jamais ? Il est illusoire de croire que le public se passionnera soudainement et massivement pour l’oeuvre d’Honoré de Balzac, d’Ernest Hemingway, de Boris Vian, ou encore de Jack Kerouac simplement parce qu’ils sont dématérialisés sur une tablette. Car ici, il n’est pas question ni de formes ni de formats, il est question d’un intérêt crucial pour la lecture. Espérons que le futur président de la République aura à coeur d’investir dans une politique de sensibilisation à la lecture, car le temps presse. Au temps béni de la petite phrase, il s’établit le curieux constat de la désertification pour les Lettres et du peu d’attrait pour les mots et le verbe. Aujourd’hui, dans la rédaction du BSC NEWS, nous pensons plus que jamais qu’il faut convaincre de la nécessité et du plaisir de lire. C’est pourquoi nous vous proposons une nouvelle fois, en ce début de printemps, un numéro très riche, passionnant qui vous fera découvrir toute une pléiade de livres, de talents et d’artistes à découvrir de toute urgence. L’avenir du livre de NICOLAS VIDALL’édito n’est pas une histoire de format 4 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 45 - MARS 2012 Sommaire Jazz Club Benjamin Lacombe Auteur Benoît Dubuisson LivreIllustration Ken Keirns Fabrice Gaignault Mina Agossi 5 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 45 - MARS 2012 Sommaire Livre Thierry Dedieu Jean-Marcel Erre Jeunesse Livre Anne-Marie Baron Lettres Emmanuelle Friedmann Livre Corinne Hoex 6 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 45 - MARS 2012 7 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 45 - MARS 2012 Ken Keirns a grandi à Flint dans le Michigan et vit aujourd'hui en Floride. Il peint des toiles mêlant humour, histoires personnelles et étrangeté. Les tableaux de ce peintre américain, qui a exposé de nombreuses fois dans de grandes galeries à Los Angeles, C h i c a g o , N e w Yo r k , S a n Francisco ou encore Londres, cherchent à éveiller la curiosité en mettant en scène toutes sortes de sujets féminins dans des cadres surréalistes: vous y croiserez des jeunes femmes aux compagnons simiesques personnifiés, des animaux aux caractéristiques anthropomorphiques marquées ou encore des visages mystérieux et déterminés ceints d'arrière- plans floutés. Ken Keirns aime aussi les jouets, plaisanter et garde un petit coin d'enfance très frais au creux de ses réponses... 1,2,3, vous êtes prêt(s)? Ken Keirns Illustration Propos recueillis par Julie Cadilhac 8 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 45 - MARS 2012 Si vous deviez citer deux mentors artistiques, lesquels serait-ce et pourquoi? John Singer Sargent d'abord, parce que j'ai toujours admiré sa capacité à trouver l'équilibre parfait entre des éléments fortement détaillés ( comme les teintes de peau) et une touche picturale très libre dans ses oeuvres. C'était aussi un formidable dessinateur. Dave McKean ensuite, parce que la couverture stylisée qu'il a créée pour la série de comics intitulée Sandman et ses romans graphiques ont complètement changé mon idée de ce que l'illustration pouvait être. Son utilisation de médias mixtes (il mélange du dessin, de la peinture, de la photographie, du c o l l a g e , d e l'infographie et de la sculpture) a élevé l'imagerie des comics à un autre niveau. Je n'avais jamais rien vu avant comme Batman Les Fous d'Arkham , p a r e x e m p l e , u n roman graphique dans lequel il incorpore un mélange complexe de peintures et d'objets trouvés qui font que l'histoire semble surgir carrément des pages. C ' é t a i t v r a i m e n t "inspirant". Dessiniez-vous enfant déjà, inspiré par le calme des lacs du Michigan? Je dessinais tout le temps quand j'étais gamin, surtout des voitures de course, des monstres et des requins. J'utilisais aussi le rouleau de papier adhésif de ma mère et je fabriquais des maisons hantées et des dinosaures en carton ( avec lesquels après je m'amusais à faire un feu de joie très souvent). Dans mes toiles, je m'inspire beaucoup de mes expériences personnelles, la nostalgie, la culture populaire et les jouets vintage. 9 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 45 - MARS 2012 10 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 45 - MARS 2012 Pas de lac dans vos toiles mais plusieurs thèmes récurrents en toile de fond: la forêt, la nuit festive, la nuit tout court… pourquoi? Je n'ai pas d'affinités particulières avec l'eau parce que je n'ai pas grandi autour des lacs. Flint est une ville d'usines automobiles qui prospéraient autrefois mais qui sont toutes parties ailleurs maintenant. J'aime les arrière- plans flous et sombres parce qu'ils ajoutent un élément de mystère et aident à attirer l'attention de celui qui regarde la toile sur les caractères principaux. On y trouve aussi beaucoup de maisons qui brûlent… Les bâtiments qui brûlent représentent une coupe franche avec le passé, un n e t t o y a g e cathartique des mémoires. Tous vos tableaux ne sont faits qu'à la peinture à l'huile? Oui, je travaille à p e u p r è s exclusivement q u ' a v e c l a p e i n t u r e à l'huile ces d e r n i e r s temps. Des femmes qui se ressemblent beaucoup… comme une obsession? Un fantasme? L'héroïne de vos toiles? Bien que beaucoup de gens m'aient demandé si c'est la même personne, je peux vous répondre que ça ne l'est pas. Il y a , certes, un esthétique qui m'appelle plus qu'une autre mais chaque femme dessinée est un personnage différent. Très peu d'hommes dans vos photos ; ils ne vous inspirent pas?… ou pour la représentation de la virilité, vous vous êtes dit que les singes, c'était pas mal aussi… Ce n'est pas que je n'aime pas peindre les hommes, je préfère simplement que les femmes restent au centre de l'histoire de ma toile. Quelquefois j'utilise des singes pour représenter les hommes, que ce soit pour dessiner mes amis ou moi-même. Je trouve que les singes ont un attrait universel et savent donner à la peinture lumière et drôlerie. Vous jouez ainsi s u r l a personnification des animaux qui deviennent des s u j e t s à p a r t entière dans vos toiles…est-ce par goût de l'étrange que vous parsemez vos tableaux de bêtes à poils en costume de ville? Je peins les animaux que j'apprécie, ce qui inclue la présence récurrente de singes, des carlins, une chèvre démoniaque et un chat D e v o n R e x . A l'exception du chat qui appartient à un ami, tous les autres sont le fruit de mon imagination. Je les t r o u v e amusants à peindre et très narratifs. Ce l'on voit semble être vrai même si l'animal est représenté comme un compagnon et qu'il prend des qualités anthropomorphiques, non? 11 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 45 - MARS 2012 12 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 45 - MARS 2012 De nombreux singes, oui... dont Benjamin. La planète des singes a longtemps été votre livre de chevet? Mon intérêt pour les singes a vraiment commencé quand je suis devenu adulte et que j'ai découvert que mon meilleur ami était terrifié par eux. Donc, bien sûr, j'ai tiré profit de cette information et fait tout ce que je pouvais pour les rendre absolument dingues. Quand nous étions colocataires à l'université, je dessinais des singes et les cachais un peu partout dans la chambre et, même après avoir déménagé, j'achetais des petits singes en jouets et les lui envoyais. C'est une plaisanterie entre nous qui dure depuis des années. Je n'ai jamais lu le livre mais j'adorais le fi l m L a planète des singes quand j'étais gosse. D'ailleurs pas d e b ê t e s à p l u m e s à l'horizon…ou m ê m e d'insectes? J ' a i p e i n t p l u s i e u r s oiseaux par le passé et un couple de mantes religieuses. J'aime peindre les punaises mais peindre les insectes est un sujet assez compliqué: ils ont tendance à rendre les gens mal à l'aise ou effrayés et ce ne sont pas les émotions que j'essaie d'évoquer dans mes toiles. Vous mettez en scène des jeunes femmes accompagnées d'un animal de compagnie aux airs de marionnette: Vos femmes sont- elles un peu dominatrices? Il y a quelques années, j'ai peint un tableau avec une femme avec des chats dans les mains pour un show à la Rotofugi Gallery. C'était à la fois stupide et fun et ça a eu un vrai succès. Donc, c'est devenu une tradition qui veut que, quand je fais un show là-bas, je peins toujours une femme avec un animal différent dans les mains. Il y a eu des chats, des lapins, des cochons, des carlins et des bouledogues français. Pa r m i v o s t o i l e s , o n t r o u v e u n e interprétation des deux personnages principaux d'Eternel Sunshine of the spotless
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