BSC NEWS JUILLET 2010 - Page 1 - BSC NEWS MAGAZINE JUILLET 2010 - Spécial ÉTÉ - Le magazine culturel et littéraire gratuit - Avec Avec les Interviews d'ARTHUR DE PINS, JORGE GONZÀLEZ, CLAUDE JETTER, JEAN-MARCEL ERRE, LUDOVIC HUART, benjamin Lacombe Ce mois-ci, et une nouvelle fois encore, le BSC NEWS MAGAZINE ne déroge pas à ses envies de découvertes. Malgré cette période particulière pour les médias numériques et les sites d’informations, suite aux révélations de nos confrères de Médiapart sur l’Affaire Woerth- Bettencourt, nous sommes aujourd’hui plus que jamais convaincus de notre rôle de relais culturel. Il n’est pas question ici de légitimer ou de prendre position pour ces révélations qui embrasent aujourd’hui la vie politique française. Par contre, il est bon d’affirmer que les médias numériques et les sites d’informations sérieux jouent un rôle important pour la diffusion de l’information. Ils offrent de nouvelles alternatives médiatiques aux lecteurs et de nouveaux canaux d’idées qui sont cruciaux pour notre démocratie et un antidote à la pensée unique. Mais au-delà de ces horizons nouveaux, un magazine culturel numérique comme le BSC NEWS MAGAZINE (et nous ne sommes pas les seuls bien heureusement ) dégagé en partie des obligations mercantiles de la presse papier, et propulsé par l’indépendance de ton, se doit de proposer à ses lecteurs, de nouveaux visages, de nouveaux auteurs, de nouveaux musiciens, de nouveaux artistes... en fait, de porter à la connaissance de son lectorat les talents d’aujourd’hui et de demain même s’ils sont encore méconnus voire inconnus. J’ai souvent dit que je n’adhérais pas à l’idée de «la rescousse du succès». C’est un choix assumé. J’ai toujours appréhendé le média culturel comme un passeur d’informations, où je prenais et je prends toujours plaisir à découvrir ce que l’on nomme aujourd’hui, avec un brin de suffisance dans la voix, une culture alternative. À ce titre, il me semble intéressant de pouvoir révéler toutes sortes de talents à nos lecteurs plutôt que de traiter en surface une actualité culturelle déjà ressassée mille fois. Ou pire, traiter une information dans le seul but d’attirer un lectorat plus important. C’est de la sorte, à mon sens, que le média numérique gagne en liberté de ton, de mouvement et d’éclectisme. Nous avons fédéré depuis maintenant plus deux ans autour de notre magazine des milliers de lectrices et des lecteurs exigeants, passionné(e)s, fidèles et curieux. Car nous essayons de vous proposer chaque mois une actualité culturelle que nous pensons pertinente et très éloignée des sentiers battus et des couvertures affriolantes. Et aujourd’hui, vous êtes 65 000 à nous lire tous les mois, pour L’EDITO de Nicolas Vidal Photo D.CRESPIN / Copyright Média numérique : imprécateurs ou passeurs d’infos ? par Nicolas Vidal preuve que cette philosophie de l’information compte encore quelques adeptes dans le monde. Pour finir, nous vous avons concocté un programme culturel estival avec les interviews d’Arthur de Pins, Jorge Gonzalez, Claude Jetter, Jean-Marcel Erre, Jessica Nelson, Sylvaine Allié Le Valois. Je vous recommande également la lecture de vos chroniques habituelles qui vous chuchoteront une sélection littéraire incontournable pour ces deux longs mois d’été à venir. Et enfin, pour ne pas perdre le fil de l’écrit et de l’illustration, délectez-vous de notre chronique « La peur de vieillir» à laquelle ont contribué Pierre Gable, Arnaud Taeron, Benjamin Lacombe, Bobi+Bobi, Mary- Loup, Fred le chevalier, lesquels je remercie pour ces travaux de grande qualité. Continuons alors à nous faire passer l’information culturelle et... numérique. Nicolas Vidal SOMMAIRE 81 / Jeunesse - Les livres de Martine par Martine Bréson 45 / Philo - Sous les pavés, la plage par Sophie Sendra 85/ Musique - Les choix d’Eddie par Eddie Williamson 72 / Livres - Mischa Berlinski .... par Stéphanie Hochet 90 / Musique - La musique dans le Ravin par Alexandre Roussel 72/ Livres - Les choix de Mélina par Mélina Hoffmann 47/ Bowie Beat par Yves Budin 49/ L’été de toutes les lectures par Emmanuelle De Boysson 74 / Jazz Club par Guillaume Lagrée 5 / Interview Jul 13/ Rencontre Jessica Nelson 17/ BD Arthur de Pins 26/ Photo Claude Jetter 30/ Musique Classique Le coin des Maudits 32/ Peur de vieillir Décalée & Illustrations 41/ Roman Jean-Marcel Erre 51/ Entretien Sylvaine Allié Le Valois 55/ Illustration Jorge Gonzàlez 62/ Focus Ludovic Huart JUL Propos recueillis par JULIE CADILHAC / Photos D.R Jul est d'abord dessinateur de presse, révélateur graphique quotidien des misères et médiocrités de notre société. Révélé au monde de la bande dessinée avec son "Il faut tuer José Bové" qui raillait les altermondialistes, il a poursuivi sa production inspirée pour le plaisir de nos grognements de citoyen du monde agacé, de patriote malmené, d'employé insatisfait. Silex and the city, A bout de soufre sont autant d'ouvrages caricaturaux aux vertus revigorantes. L'interviewer est donc l'occasion de confronter deux métiers à part entière qui, si les enjeux convergent, nécessitent des techniques différentes. L'opportunité aussi de réaliser quant au dessin de presse , quelle puissance argumentative et quelle ampleur lui confèrent cette réputation légère, ce regard institutionnel permissif pour un genre qui se permet beaucoup plus que les mots et qu'on ne fait jouïssivement pas taire. Jul en BD, Jul en juillet, bulles d'été. Les Editions Beaux Arts ont publié " Plantu et les 77 dessinateurs" dans lequel vous figurez comme un des caricaturistes qui "partent en résistance contre la bêtise ambiante", est-ce ainsi que vous définissez votre métier? Ce n'est pas très éloigné de la vision que je peux en avoir : j'ai vraiment l'impression qu'en particulier dans ma partie "dessins de presse" puisque j'ai deux métiers, en fait, qui cohabitent et qui sont souvent différents, à savoir dessinateur de bandes dessinées et dessinateur de presse. En tant que dessinateur de presse, quand je commente l'actualité, que je fais des dessins sur ce qu'il se passe dans le monde, j'ai vraiment l'impression à la fois de me venger moi-même et de venger mes lecteurs de toutes sortes de choses qu'on subit en tant que consommateur, citoyen ou individu sur la planète: les guerres, les oppressions sociales, sur le lieu de travail par exemple, le bourrage de crâne médiatique sont des choses contre lesquelles je dessine, pour pouvoir respirer plus librement. Il y a une forme de résistance et à la fois ce n'est pas une résistance morbide mais joyeuse qui aide à vivre et donne envie de vivre. Dessinateur de presse est, en général, un métier qui part d'une matière très sombre, très noire mais qui est assez solaire en un sens. Y-a-t-il eu des dessinateurs qui vous ont donné envie de délaisser votre craie de professeur et d'appointer votre crayon? Ou, qu'est-ce qui, plus largement, vous a incité au changement? Je faisais déjà les deux avant mais c'est évident que, dans mon travail, j'ai été vraiment inspiré par de nombreux prédécesseurs - assez variés d'ailleurs - et les gens que j'admire le plus et qui m'ont donné envie de dessiner ne sont pas nécessairement des gens qui font des choses qui ressemblent à mon travail. Mais évidemment, étant petit, j'étais déjà un grand lecteur de bandes dessinées puis ensuite j'ai découvert l'univers satirique Hara- Kiri avec Raiser, j'étais aussi un grand lecteur de Gotlib et ces espèces de maîtres de l'humour ont pour moi beaucoup compté... Sempé également dans un autre style. Ensuite il y avait des gens dont j'appréciais plus particulièrement le travail dans les journaux - il ne s'agissait pas de les copier ou de faire la même chose - mais c'étaient des inspirateurs. Enfin, le pont entre la bande dessinée et le dessin de presse, je l'ai franchi grâce à Pétillon qui dessine au Canard Enchaîné avec son l'enquête corse, des albums comme ça : il était passé du dessin de presse à la bande dessinée de manière vraiment fantastique et pour moi, c'était une vraie référence. Donc aujourd'hui dans le travail que j'accomplis, c'est sûr qu'il y a un avant et un après Pétillon. "Il faut tuer José Bové" est né parce que j'avais lu L'enquête corse. Diriez-vous que vous avez gardé de l'enseignement des réflexes pédagogiques, une volonté de clarté, de rigueur et d'éveil des consciences? Je ne suis pas très pédagogue, je pense, je préfère convaincre par la connivence, séduire par des traits d'esprit plutôt que d'être réellement pédagogue, être très ordonné et orienté. Je préfère créer un peu le trouble, débusquer des choses un peu absurdes et laisser les gens être seuls juges et se faire leur propre opinion; je n'ai pas l'impression que je transmets quelque chose comme le ferait un prof. En revanche, la partie professorale m'a amené à m'intéresser à toutes sortes de choses et le côté "recherche" davantage qu'enseignement finalement m'accompagne toujours. Je me nourris d'absolument tout ce que je lis et que je trouve, que ce soit de la télé -réalité ou des derniers essais philosophiques sur tel ou tel sujet. Je pense que tout est bon à utiliser. Quel rôle accordez-vous au dessin de presse? Est-il un condensé de l'actualité, un moyen d'appâter l'oeil ou la touche légère du journal? Ce n'est pas forcément léger, c'est quelque chose qui permet d'ouvrir l'esprit et de conserver surtout l'esprit critique aiguisé aussi bien chez les gens qui font le dessin de presse que chez ceux qui les lisent, c'est à dire que sur des choses qui nous paraissent évidentes, le dessin de presse pointe des aspects qui ne le sont pas tellement. Aussi, on reste éveillé et l'on garde ce goût de la critique, du second degré et de la distance par rapport aux choses. Très souvent, on a envie de nous mettre la tête un peu sous l'eau et le dessin de presse permet de respirer. Vous semblez être un amateur de jeux de mots, peut-on affirmer que pour JUL, c'est le texte qui donne l'impulsion du dessin? Je pense que c'est un ensemble : il y a certains dessins qui me viennent par le biais du graphisme : je griffonne sur un petit bout de papier et d'un coup, en dessinant une tête de personnage, hop un dessin me vient. Parfois je r é fl é c h i s simplement et p a r u n e analogie sur les mots me vient le dessin qui découle, dans c e c a s , complètement du langage... mais c'est, en général, très entrelacé, et j'aurais du mal à dire lequel vient avant. C ' e s t b i e n s o u v e n t u n s a v a n t mélange, un petit peu miraculeux et, si j'avais la recette, évidemment, je pourrais la refiler à tout le monde. Je pense que c'est le cas pour la plupart des dessinateurs, on est le plus souvent étonné de trouver une idée sur un sujet et on ne sait pas comment elle est venue. La parodie est un bon moyen d'aborder des sujets épineux ou controversés. Peut-on affirmer que le dessinateur peut aller plus loin que le journaliste, que celui qui écrit un texte? Le dessin, par son abord un peu ludique, a -t-il plus de liberté et de marche de manoeuvre? C'est sûrement vrai. On a une liberté de ton très très forte et, ce qui aujourd'hui choquerait chez un Stéphane Guillon ou Didier Porte, pour être vraiment dans l'actualité, apparaît très fade et très neutre pour nous, dessinateurs de presse. On fait dix fois pire tout le temps dans nos colonnes sans que les gens s'offusquent. Il y a une attente par rapport à ça alors que l'écrit ou l'oral sont perçues comme devant être plus sacralisés, plus sérieux. Grâce au dessin, cette mise à distance graphique permet d'aller plus loin, ça c'est sûr. Moi, si je décrivais ou faisais des blagues à l'oral qui correspondent aux gags de mes dessins dans un média, ça passerait très mal, j'aurais tout de suite des procès. Le dessin nous met un peu plus à l'abri. Silex and the city, A bout de soufre sont les titres de vos d e r n i e r s alb um s : à quel point le t i t r e d ' u n e b a n d e dessinée est primordial? J ' a i m e beaucoup les titres et j'aime bien en faire et d ' a i l l e u r s i l m ' a r r i v e s o u v e n t d e titrer les articles des autres, de c o p a i n s q u i cherchent à trouver un titre pour leurs reportages ou autres. Le titre est une porte d'entrée vers un dessin , un album ou un article qui est capital. On se bat dans une jungle littéraire : il faut attirer l'oeil de celui qui arrive dans une librairie, aussi un graphisme et un titre qui sortent un peu de l'ordinaire sont décisifs. Il y a en effet une énorme production de bandes dessinées, 5000 titres par an, cela représente plus de 15 albums nouveaux par jour, c'est complètement délirant! Alors un titre, ça compte justement...mais il ne faut pas que ce soit un titre pour un titre, il faut que ça corresponde à quelque chose de l'album et voilà, tout l'équilibre est là: il faut trouver un titre qui ait du sens, qui soit profond et qui, à la fois, permette tout de suite d'allumer quelque chose dans l'oeil de la personne qui le lit. L'objectif d'A bout de soufre, c'était de dynamiter les icônes d'hier et d'aujourd'hui? Oui, parce qu'il y a des gens qui sont mis au rang d'icônes et qui font très très peur, comme Ben Laden ou Georges Bush, des figures m y t h i q u e s o u i m a g i n a i r e s q u i s o n t épouvantables et puis d'autres , au contraire, qui incarnent vraiment la gentillesse absolue, l'idéal de tout le monde comme, par exemple, Le Petit Prince. Donc mélanger Jérôme Kerviel et le Petit Prince, Barack Obama et Yann Arthus Bertrand, c'est à dire des gens qui sont omniprésents dans les médias et sur lesquels tout le monde a son idée... Nicolas Hulot ou Sarkozy etc... cette galerie de portraits que l'on doit subir toute la journée, pour une fois, on peut s'en emparer et la tordre dans tous les sens, en faire ce que l'on veut et ça c'est un peu jouissif. Vous pratiquez la satire d'une façon un peu salutaire , un moyen d'évacuer les râleries du quotidien, v o u s ê t e s u n accoucheur de la morosité... Il y a une vertu presque médicale dans le blasphème concernant les icônes politiques et culturelles et c'est bien de ne plus être agenouillé devant cette espèce de totem qu'on doit supporter mais d'aller se dérouiller un peu les jambes en courant autour de tout ça . Vous avez participé à la création d'un recueil intitulé "bye bye bush": quelles étaient les consignes données aux illustrateurs qui y figurent? La vôtre " In food we trust" décline à plaisir le thème de l'obésité... C'était assez libre: on devait faire une création pour un album qui sortait à l'occasion de la fin de l'ère Bush puisque, de toutes façons il ne serait pas réélu car il ne se représentait pas et c'était l'occasion de faire un petit bilan...ou alors on pouvait imaginer ce qui se passerait dans le futur et c'est l'option que j'ai choisie. En gros, je ne voulais pas que ce soit trop ancré dans une actualité brûlante, j'ai gardé le thème des élections américaines en y ajoutant cette explosion de l'obésité fantastique aux Etats- Unis; j'ai choisi de prendre un thème de société pour traiter un thème politique, ça permettait de rendre le truc un peu moins éphémère. Plutôt plaisantin que vindicatif? On ne peut pas vraiment prescrire la façon dont sera reçu un dessin. Mon état d'esprit lorsque je crée, c'est surtout de déceler de l'humanité dans toutes les choses, c'est à dire montrer que les mesquineries, les nullités, la méchanceté, la cruauté sont des choses que tout un chacun porte en soi et qu'un tel - qui a l'air d'être le mal incarné - est sans doute plus simplement un minable qui fait des petites choses dans son coin comme nous tous. C'est plus efficace selon moi de ramener les choses qui sont mythifiés à une dimension un peu plus prosaïque, intime, ridicule. Peut-être finalement que cela provoque une sorte d'intimité et cela maintient une forme d'indignation ou de colère mais sans enflammer tout. L'objectif est de maintenir sans arrêt une petite braise d'attention qui ne s'éteindrait jamais ; les grands feux parfois font des flambées fantastiques mais durent peu alors que mon approche est d'être sans arrêt un peu goguenard, ironique pour ne pas fermer l'oeil et ne pas juste se contenter d'un grand coup de gueule qui ne donnerait rien à la fin. En bref, faire une espèce de gymnastique permanente qui ne s'arrêterait jamais. Le tome 2 de Silex and the city sort le 28 août : la famille Dotcom repart pour une nouvelle campagne politique? Le père qui a expérimenté la politique ne peut plus retourner à l'éducation nationale, il a pris le goût de la liberté donc il est recruté par un chasseur de têtes et il va travailler dans le privé. Il va découvrir en fait que la vraie sauvagerie, c'est la vie de bureau et pas du tout le monde tel qu'il avait l'habitude de le voir ; il va bosser pour une boîte pour des concepts innovants. Lui, il va être chargé du dossier sur le monothéisme et sur l'inhumation, en moins 40000 avant J.C ( rires). Tandis que la mère fait une petite dépression nerveuse inter-glaciaire et donc va être arrêtée. Il faut qu'elle trouve un remplaçant pour ses cours de préhistoire-géo et ce remplaçant va être un personnage qui ressemble terriblement au Petit Prince. Le titre "Réduction d u t e m p s d e trouvaille" ainsi que ce cadre à l'époque glaciaire semblent être un clin d'oeil à u n e p é r i o d e contemporaine de c r i s e e t à l'allongement voté des retraites? Autant le premier album traitait de pas m a l d e s u j e t s politiques, autant ce deuxième traite de sujets sociaux que ce soit en rapport avec la consommation - le fils essaie de créer une chaîne de magasins é q u i t a b l e s q u i s'appellent Nature et Découvertes et ses contemporains ne sont pas du tout intéressés par la découverte donc au final il va juste appeler ça Nature - et le père va vraiment s'initier à l'univers des DRH, des réunions de commerciaux et toute cette vie de bureau avec costumes et cravates qu'il ignorait complètement parce qu'il était jusque là fonctionnaire de l'âge de pierre, toute cette dureté-là que tout le monde connaît en France, c'est une façon de l'aborder encore une fois avec la distorsion de 40000 ans de distance. Quelle dernière actualité a provoqué un dessin de JUL? Pour l'instant, je suis encore en train de dessiner sur les démissions de ministres et sur l'affaire Woerth et Bettencourt... mais je fais deux ou trois dessins par jour sur l'actualité et très vite une actualité chasse une autre. J'ai fait aussi aujourd'hui un dessin sur la canicule... Après Silex and the city 2, y aura-t-il un troisième tome? C'est encore dans le canon du pistolet mais ça ne saurait tarder à partir. Une dernière actualité? Oui, depuis trois semaines , nous sommes une poignée de dessinateurs de presse à avoir notre application sur I phone: on peut s'abonner aux dessins de presse et du coup , tous les jours on peut recevoir un dessin que j'ai fait sur son téléphone et ça ne coûte que quelques centimes par mois. C'est le truc nouveau, sympa, dans les nouvelles technologies. L'application se nomme " ça ira mieux demain" et apparemment ça cartonne parce que les gens qui s'occupent de la plateforme disaient que c'était la troisième application news la plus achetée. Merci Jul. LITTÉRATURE Par Harold Cobert Il y a les bonnes idées, et puis il y a LA bonne idée. Celle de Jessica Nelson appartient à cette dernière et très restreinte catégorie. Relire les mythes grecs, revenir aux fondements et aux sédiments de notre culture occidentale sera toujours une activité nécessaire et salvatrice. Tous les grands textes, ou presque, réactualisent d’une manière plus ou moins détournée l’un de ces récits archaïques et fondamentaux qui façonnent notre inconscient individuel et collectif. Seulement voilà : qui lit réellement aujourd’hui L’Iliade et l’Odyssée ? La Toison d’or ? Les douze travaux d’Hercule ? Qui apprend encore le Latin et le Grec ancien pour traduire et lire ces histoires dans le texte ? La désaffection des classes où l’on enseigne « les humanités » a entraîné un désintérêt, sinon une regrettable indifférence, envers cet enseignement et l’acquisition de cette culture. Certes, il existe des éditions modernisées et abrégées pour rendre la lecture de ces mythes accessible tant, dans leur forme originelle, ils apparaissent aux nouvelles générations comme écrits dans une langue étrangère. Pourtant, le sentiment d’étrangeté demeure. Toutes ces histoires de dieux, de demi-dieux et de monstres en tout genre nous semblent à mille années lumière de nous. L’intelligence de Jessica Nelson est de nous replacer, nous, lecteurs du XXIe siècle, au cœur même de ces mythes, de nous rendre, par l’intermédiaire de son héros, parties prenantes et acteurs de ces grands récits. Dans L’ombre de Thésée, premier tome d’une série romanesque intitulée « Les conjurés de Niobé », nous suivons les pérégrinations de Stefanos Alias, un jeune collégien de 14 ans. Ses résultats scolaires ne sont pas fameux. Il est solitaire, un peu perdu dans son corps et sa vie qui deviennent ceux d’un adulte. Jusqu’au jour où, en rentrant de l’école, il découvre qu’il a le pouvoir de se transformer. De cette découverte pour le moins étonnante et déroutante, les révélations s’enchaînent en cascade : il est le fils d’Aristée, dieu de l’élevage, de la chasse et des abeilles, et donc, à ce titre, un descendant de Zeus, et lui-même un quart de dieu ! Si Stefanos a devancé l’appel en découvrant son pouvoir, il était néanmoins dans les plans célestes de lui révéler la vérité de ses origines et de le convoquer sur l’Olympe pour lui confier une mission de la plus haute importance. D’un côté, son père s’étant volatilisé sans laisser d’adresse, les abeilles risquent de disparaître de la surface de la terre, ce qui serait une catastrophe écologique majeure, une terrible menace pour l’équilibre de l’écosystème et du monde. De l’autre, plus personne ne Jessica Nelson, la bonne idée Par Harold Cobert / Photos D.R s’intéressant aux héros de l’Antiquité, ceux-ci n’accomplissent leurs tâches qu’en traînant les pieds et sont également menacés de disparition. Comme Aristée se cache dans l’un de ces grands récits en perdition dans les classes vides de Latin- Grec, Stéfanos partira à sa recherche dans les mythes et aidera au passage les héros fatigués à accomplir leurs actes de bravoure. Mais c’est sans compter une étrange conjuration qui ourdit un putsch contre Zeus, et qui n’aura cesse de mettre des bâtons dans les roues du jeune apprenti héros… Disons-le sans détours : le résultat est tout simplement remarquable. Mieux qu’une réactualisation, Jessica Nelson ressuscite ces légendes dont nous ne connaissons souvent que la partie visible de l’iceberg. En effet, si nous nous souvenons du combat de Thésée contre le Minotaure et du fil d’Ariane, qui connaît vraiment les exploits qu’il a accomplis avant cet événement ou la suite de son destin ? Grâce à la problématique écologique hautement actuelle dans laquelle Jessica Nelson ancre son récit tout en l’enracinant dans l’Antiquité via Aristée, le père de Stéfanos, ainsi qu’aux préoccupations adolescentes de son jeune héros, le mythe et la réalité de notre temps se nourrissent et s’éclairent l’un l’autre. Quand, à l’aune de ces récits et de ces figures grandioses, on écoute nos dirigeants actuels qui ne cessent de nous demander de faire des sacrifices sans consentir à l’once du commencement d’un seul, on est frappé de constater que le héros antique était, lui, le premier à s’offrir en sacrifice pour montrer l’exemple. Une leçon parmi d’autres, venue du fond des âges, que le texte de Jessica Nelson nous invite, une fois le livre refermé, à méditer. Alors, littérature jeunesse ? Oui, mais également, mais surtout, comme la saga Harry Potter, lisible par les adultes qui en apprendront autant que leurs chères petites têtes blondes. Une lecture aussi divertissante que nécessaire, tant on oublie, à une époque où l’excellence mathématique ne forme plus que des joueurs sans scrupule prêts à spéculer jusqu’à la ruine d’un pays entier – la Grèce, comme par hasard… –, que dans le mot « humanités », il y a les mots « humain » et « humanités ». Découvrez ce titre >>>
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